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Chapitre 5 : L'envol

Assise à mon bureau, je regardais sans vraiment le voir mon cahier d'histoire. Cela faisait une bonne trentaine de minutes que je bloquais sur une question pourtant simple comme bonjour. Rien à faire, je n'arrivais pas à me concentrer. Dans la maison il n'y avait presque aucun bruit. Seuls régnaient le murmure ténu de la télévision et le ronflement paisible de mon chien qui semblait avoir rejoint le pays des songes.
Depuis longtemps maintenant, je brûlais d'envie d'ouvrir La boite, cette boîte qui, depuis maintenant trois ans, sommeillait au fond de mon placard. Trois ans, trois ans que ma tante est morte, trois ans qu'elle m'avait légué ce cadeau, trois ans que pas une fois je n'avais eu le courage de l'ouvrir... Mais aujourd'hui je le devais, je le sentais j'étais prête, et l'échéance de l'opération qui devait se dérouler le lendemain ne me laissait pour ainsi dire, plus le choix. Repoussant ma chaise, je m'approchais de ma penderie, le ventre noué. À maintes reprises, j'avais essayé d'aller jusqu'au bout, d'ouvrir enfin ce précieux cadeau et, chaque fois, je n'avais pu...
Le jour de la mort de ma tante se rappelait sans cesse à ma mémoire et je ne savais si l'ouverture de cette boite m'aiderait à apaiser ce sentiment d'inachevé qui m'habitait ou si au contraire , elle le raviverait. Soulevant doucement les piles de vêtements sous lesquelles j'avais enfoui la boite, je finis enfin par l'atteindre. La sortant de mon placard, je fis tomber du même coup un sac de toile claire. Celui-ci contenait le cadeau d'anniversaire que ma meilleure amie d'enfance Lana m'avait offert cette année là. C'était une paire de pointes d'une blancheur immaculée dont les longs rubans crèmes glissèrent au sol avec légèreté une fois sortis de leur étui. Je les posai sur mon lit puis je m'assis par terre, la boîte sur les genoux. Curieusement, je ne tremblai pas cette fois. Je fermai les yeux, attrapai le présent de ma tante. Passant lentement mes doigts sur les contours de la boite, j'en soulevai délicatement le couvercle avant de plonger ma main à l'intérieur. Je sentis la douceur d'une étoffe. Elle était soyeuse, elle m'était familière, elle m'appelait. Toujours sans ouvrir les yeux, je sortis le tissu de sa boîte avant de le tendre à bout de bras devant moi. Quand j'ouvris les yeux, je ne pus retenir un hoquet de surprise en voyant la belle robe de soie rouge que je tenais à la main. Cette robe, je m'en souvenais; le jour où j'étais allée voir ma tante à l'opéra pour la première fois, je l'avais vue danser dans cette robe...
– Maman, maman on va où dis ?
– On va voir Lise danser.
– Tatie va danser là-dedans ?
– Et oui, dit ma mère en souriant, tu sais, c'est sont métier à ta tante de danser dans des opéras. » À la fin du ballet, j'étais partie rejoindre ma tante en coulisses, des étoiles dans les yeux.
– Hey Tatie Tatie, t'as trop bien dansé !
– Merci ma puce, c'est gentil, m'avait répondu ma tante avec un grand sourire, son grand sourire.
Je me souvenais encore de son expression avec une netteté incroyable, son sourire de gamine qui s'étirait d'une oreille à l'autre, ses yeux ambrés si semblables aux miens qui se plissaient, le froncement de son petit nez en trompette, je me souvenais de tout, absolument tout, et ça me faisait mal...
– Oh et ta robe, elle est trop belle tu sais. Je peux l'essayer ? avais-je demandé en prenant mon air de chien battu.
– Mmmh, je ne sais pas, qu'en penses-tu Laura ? avait-elle demandé à ma mère, les yeux pétillants de malice.
– Fais comme tu veux, s'était défaussée ma mère – Bon, je te propose un marché Aéchoupette
– Ne m'appelle pas comme ça, avais-je râlé, avant de me reprendre et de demander sur un ton on ne peut plus sérieux, bon alors, c'est quoi ton marché ?
– Je te propose de te donner cette robe, mais seulement le jour où elle t'ira et bien sûr si tu pratiques encore la danse.
– Mais c'est dans super longtemps ça ! C'est pas juste.
– Bon alors je te donne le droit d'ajouter une condition.
– D'accord. Alors promets moi qu'on dansera ensemble le jour où je porterai cette robe.
– Marché conclu, avait accepté ma tante.
Fébrilement, je me déshabillai avant d'enfiler maladroitement la robe. Aussitôt que je l'eus mise, je me sentis bien. Le léger tissu frôlait ma peau avec douceur et le bustier de la robe épousait mes formes à la perfection. J'avais l'impression d'avoir une seconde peau. M'asseyant sur mon lit, je saisis la paires de pointes blanches et les enfilai. Comme je m'y attendais, c'était là aussi exactement ma taille. Affublée de ces nouveaux accoutrements, je me sentais à ma place mais un léger malaise m'habitait ; et si je ne savais plus danser ?
Depuis la mort de ma tante, l'année de mes onze ans, j'avais arrêté de danser. Danser me la rappelait sans cesse, et c'était une torture pour moi, moi qui ne voulais que l'oublier, enterrer son absence et tous mes souvenirs d'elle pourtant si chers à mon coeur.
Respirant profondément, je me mis debout et m'étirais doucement, je pris le temps...
De longues minutes plus tard, je me décidai enfin à tenter quelques pas et une pirouette. Mon corps n'avait rien oublié de cette force et de cette souplesse. Galvanisée par ces petites victoires je décidai de sortir de la maison. Il fallait que je danse, vraiment...
– Je vais me promener, lâchai-je à la cantonade en quittant la maison.
Une fois dehors, je descendis en sautillant le chemin. Autour de moi, le vent faisait bruisser les feuilles encore humides de la dernière pluie et les oiseaux chantaient. Le soleil s'infiltrait entre les feuilles, caressait mon visage et éclairait le paysage. Je vis le monde s'éveiller autour de moi, je vis la vie jaillir de tous les côtés, je vis cette petite fleur jaune qui relevait la tête même après l'orage, je vis ces trois pousses vertes qui transperçaient le béton, je vis la nature parler, je vis les oiseaux chanter. Je goûtais aux plaisirs simples, ceux qui se passaient de mots...
Arrivée sur le parking situé en bas de mon chemin, je me mis à marcher tranquillement tout en tournant sur moi-même. Petit à petit, mes pas hésitants et incertains se transformèrent en une danse fluide et aérienne. Autour de moi, les voiles de ma robe se mouvaient comme autant de pétales de rose jetées dans l'air frais du soir tandis que mon corps lui, m'emportait à nouveau dans le ballet endiablé d'une passion trop longtemps contenue...
La danse m'avait manqué et me ramenait à elle, enfin...
Qu'importe que mon opération réussisse ou non, à présent, je pouvais partir sereinement. La danse était mon langage et plus jamais je ne la quitterai, j'étais à nouveau entière...
J'entendais le claquement de mes pointes sur l'asphalte. Je percevais le clapotis des gouttes d'eau, qui jaillissaient des flaques lorsque d'un mouvement brusque, je troublais leurs surfaces lisses. Je sentais l'air frais sur ma peau. Je voyais l'immensité de ce ciel qui semblait s'étendre à perte de vue.... pourtant, j'étais ailleurs.
Je voyageais dans un océan de visions qui n'était pas miennes.
J'étais cette danseuse voilée de soleil qui dansait sur cette place de Cuba où l'odeur de la sueur se mélangeait à celle des épices. J'étais cette guerrière parée d'albâtre qui, dressée sur un rocher faisait face à la houle et se battait sauvagement contre les assauts des vagues. J'étais cette jeune fille discrète, qui, au fond d'un bar de banlieue, esquissait les premiers pas d'une danse laissée dans l'oubli. J'étais cette âme égarée virevoltant autour de d'un lac calme pour y trouver la paix.

Et puis, je fus là.

Là, dans ces gradins. Là, dans cette salle aux lourdes tentures carmin où la danseuse qui n'était plus moi s'apprêtait à entamer son final. La danseuse était là, son visage brillant de sueur, éclairé par la lumière tamisée de l'opéra.

Au milieu de cette immense scène de bois laquée, elle était seule et ce fut aussi seule que, dans un dernier élan, elle s'envola vers le ciel.

Dans un grand jeté parfait, elle prit son envol, s'élevant au-dessus de la scène tel un ange, les bras tendus vers le ciel comme pour s'y raccrocher.

Le temps s'arrêta, comme suspendu par un fil.

Le souffle chaud de l'effort, la vue qui se trouble, les muscles de la danseuse lâchèrent et le fragile équilibre qui maintenait la danseuse dans les airs se rompit...

La danseuse s'écrasa au sol dans un bruit sourd et moi, je hurlai...

J'avais onze ans ce jours-là. Onze petites années...J'avais tant pleuré...

Aujourd'hui, j'en ai quatorze, et je pleure encore... 

Aux larmes coulant sur mes joues vinrent s'ajouter des gouttes de pluie. L'averse fut drue, trempant sans pitié la légère robe pourpre qui m'habillait. Mais la pluie fut ma compagne. Au fur et à mesure de ma longue communion, ma danse crue et agressive se fit plus douce, adoptant des mouvements plus lents et doux, emplis de la chaleur des êtres aimés... Quand, dans une dernière pirouette, je m'arrêtai, harassée, je levai mes yeux vers le ciel et y vis le soleil... Autour de moi tombaient les dernières gouttes de l'averse et, au loin, se dessinait un arc en ciel. Je souris. 

Voila voilaaaaaa ! Chapitre 5 ! Surement le plus beau que j'ai écrit ( je trouve, et vous ? ) mais aussi le seul totalement inventé et ou je n'ai mis zéro expérience personnelle ( ok, ok peut-être mon rapport à la nature ). J'ai voulu essayer de donner à la mort, cette mort qui me fait tant peur et que je n'ai pourtant jamais expérimentée, un aspect délicat, puissant, et... célébrer la beauté de l'éphémère comme celui parfois indélébile du souvenir.

Bisooous 😜😘  

Assassinefangirl

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