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ISLA

Je n'avais rencontré qu'une seule femme que j'appelais vraiment paranoïaque. Celle-ci se prénommait Nova Xénia Demidov et c'était ma petite sœur. Je devais avouer que ses explications quant aux derniers événements venus secouer sa petite vie plate me paraissaient étranges. Pas que je ne la croyais pas, elle ne me mentait jamais. Seulement, quelqu'un semblait vouloir lui faire peur ou jouer avec ses nerfs et le montrer empirerait la chose. Mes mains dans ses cheveux châtains foncées, je m'attelai à lui faire une tresse en épi de blé, mais elle bougea, manquant de gâcher mon travail.

— Doucement ! l'avertis-je en reprenant ma tâche.

— Mais tu ne te rends pas compte ?! On dirait que tu t'en fiches... souffla-t-elle.

— Si, très bien. Je pense que tu paniques un peu pour rien. Si tu crains quelque chose, alors restes sur tes gardes. Tu m'avais fait le même coup quand tu étais en première. Tu te rappelles ?

Elle grogna en murmurant un « Oh seigneur, pitié, pas cette histoire ». Et je la comprenais. Même si elle détestait cette anecdote, je l'adorais et pour cause, quatre ans plus tard, ça l'embarrassait encore. Un garçon était très attiré par elle et sa timidité l'empêchait de l'inviter à manger quelque part ou même faire une sortie. Il avait trouvé intelligent de l'espionner sur les réseaux sociaux en laissant des likes et commentaires ou encore en la regardant de façon insistante à chaque pause.

— Dans ce cas, tu as contrarié quelqu'un récemment ?

— À part Chris et sa douzaine de potes ? Ou encore le chauffeur Uber aux mains un peu trop baladeuses à qui j'ai donné un coup d'escarpin dans les couilles ? demanda-t-elle en portant sa main sous son menton pour soutenir sa tête.

Elle savait jouer avec ses expressions physiques, une vraie actrice quand elle le souhaitait. Ici même, elle se donnait un faux air de penseuse puis elle fit bruyamment claquer sa langue contre son palais. Pas qu'elle aimait s'attirer des ennuis ou être méchante, mais son sacré caractère mêlé à un grain de folie n'était pas du goût de tous. Et elle s'en fichait éperdument. À cette allure, elle s'apprêtait à avoir plus d'ennemis que d'amis et finir seule avec une douzaine de chats.

— Non, j'ai été un ange. Vraiment. Tu sais que j'aime taquiner mes amies, mais ça s'arrête là, ajouta-t-elle.

Je terminai sa tresse et m'écartai de ma sœur pour me diriger vers ma coiffeuse, devant laquelle je m'assis. Je regardai mon reflet brièvement avant de sortir des tiroirs les produits de cosmétiques nécessaires pour rafraîchir mon teint. Nova m'observa faire avant de s'allonger sur le dos, les yeux rivés sur le plafond. Elle était déjà prête et n'avait plus qu'à m'attendre.

— Et le garçon que tu trouves mignon... En cours d'espagnol, c'est ça ? questionnai-je en me concentrant sur ce que j'appliquais sur mon visage.

— Il a une copine, répondit-elle avec nonchalance.

— Tu as regardé tes notifications sur OkCupid ?

— Primo, c'est toi qui m'as inscrite alors pourquoi je regarderais ? Deuxio, je n'aime pas les sites de rencontres. Tertio, les mecs veulent que des plans culs sur des applications comme ça, grogna-t-elle en se redressant.

J'attrapai mon téléphone et cherchai dans mes applications avant de trouver la bonne et cliquer dessus. Je tombai sur mon profil, ou plutôt celui de Nova, je jetai un œil aux notifications jusqu'à ce que l'une d'entre elles m'intéresse. Elle avait un nouveau match ! Preuve que je ne faisais pas vivre ce profil pour rien ! Je cliquai sur la photo de l'homme en question. Je manquai de pouffer de rire en voyant son prénom « Sinner », à la place je secouai la tête puis zyeutai ses photos. Pas mon style, mais carrément celui de ma sœur... Grand, cheveux ébène, des yeux bleus cristal, un petit air de bad boy... L'air plutôt classe malgré sa coupe style années 20. Je parcourus vite fait sa biographie et ses réponses aux questions du site avant de me tourner vers ma cadette, un sourire aux lèvres.

— Tu as un match avec un beau gosse !

Elle se leva immédiatement et se pencha par-dessus mon épaule, regardant l'écran avant que je ne décide d'envoyer un message.

Nova – Hey ! Régner sur l'Enfer, ça vaut des vacances à Hawaii ? aha

— Mais qu'est-ce que tu as fait ! Arrête ça !

Elle tenta de m'arracher le portable des mains, j'étais persuadée qu'elle cherchait déjà à supprimer le message. Trop tard. Il venait de répondre. Je me levai pour être à sa hauteur et lire le message.

Sinner – Si tu parles de pures satisfaction alors oui. Qui n'aimerait pas avoir le pouvoir absolu sur un royaume ?

— Avec tes conneries, je réponds quoi moi ? Excuse-moi, c'est ma sœur qui fait n'importe quoi ? souffla-t-elle avant de croiser les bras en faisant une petite moue.

— Tu lui répondras plus tard. Après quelques verres, tu auras plus d'inspiration ! rétorquai-je accompagné d'un clin d'œil.

*

Au bout de trois verres, l'alcool commença à faire son effet. Je n'étais pas bourrée, mais pompette. J'aimais tout le monde, notamment le garçon qui m'avait attiré au centre de la piste de danse ou plutôt du salon. C'était un vacancier Néerlandais, un grand blond aux yeux noisette et malgré son petit accent, je ne pouvais pas m'empêcher de le trouver craquant. Et puis, il savait parler aux filles... Au creux de mon oreille, je l'écoutais me raconter ce qui lui plaisait à Miami et chez ses habitantes, sans utiliser les mauvais mots, ceux qui vous donnent envie de rejeter immédiatement un mec. Il maniait les mots comme un pro. Il savait aussi très bien se servir de sa langue, je pouvais le confirmer.

Je jetai un œil dans la pièce avant d'apercevoir Nova discuter avec Charlie, une de ses amies. Nous avions toutes les deux des amies en commun, elle n'en faisait pas partie, mais la règle lors des soirées Jenny, c'était de ramener le plus de monde possible. L'appartement, très sobre et minimaliste en décoration, était bondé ; ce qui apportait un sacré contraste. Le prince charmant me tira de mes pensées, me forçant à me concentrer sur sa voix, difficilement audible avec une musique aussi bruyante. Je ne remerciai pas le DJ pour avoir choisi de passer du rock alternatif pile à ce moment !

— Ça te dit d'aller à mon hôtel ?

Je m'apprêtai à répondre au moment où je suivis du regard Nova, cette dernière se faufilait à travers la foule. Une jeune femme l'arrêta, sûrement pour lui demander quelque chose. J'imaginai que cette chose était les toilettes lorsque la fille renversa son estomac sur ses propres pieds et sa robe. Nova ne fut pas épargnée, de nombreux morceaux avaient volé sur ses escarpins et ses vêtements. Devenant rouge, elle poussa la malade et se fraya un chemin à travers la foule pour quitter l'appartement. Elle n'avait plus qu'à retourner à la maison pour se changer...

— Mmmh... Une prochaine fois, OK ? Je t'enverrai un message pour remettre ça à plus tard.

Je me détachai de ses bras et courus après ma petite sœur. Cette dernière quitta le logement et descendit les escaliers. Je lui emboitai le pas et mordis ma lèvre inférieure pour éviter de rire, ce qui l'énerverait davantage. Je lui accordais bien une petite crise : elle était couverte de gerbe qui n'était pas la sienne et elle détestait les gens qui ne savaient pas boire.

— Tu as besoin d'un chauffeur, il me semble !

— Je peux rentrer à pied. Profite de la soirée, Isla.

Je savais qu'elle ne voulait pas me déranger, d'autant plus qu'au fond, elle ne s'avérait pas être une fana de grosses soirées. Elle préférait plutôt squatter un bar avec quelques amies, même si elle ne l'avouerait jamais pour ne pas passer pour une looseuse et que les gens découvrent sa vraie nature, son côté introverti.

— Si je te laisse y aller à pieds, tu en as pour plus d'une demi-heure. Ou alors commence à réfléchir quant au modèle de voitures que tu souhaites acheter.

Elle grogna, mais une fois à l'extérieur de l'immeuble, elle marcha vers ma voiture. Avant de monter à l'intérieur, elle retira ses escarpins et essuya le peu qu'il y avait sur elle et ses chaussures.

— Tu sais que tu pourrais arrêter de te forcer ? Personne ne te force à jouer un rôle.

— Montrer sa vulnérabilité, c'est accepter de se faire bouffer par les autres, grommela-t-elle.

— Tu irais bien avec le fameux Sinner de OkCupid.

Elle tourna la tête vers moi et ses iris chocolat me lancèrent des éclairs, sauf que ses lèvres la trahirent. Un sourire commençait déjà à étirer ses lèvres similaires aux miennes, charnues.

— Je me tais, c'est ça ? demandai-je avec un air innocent.

— Bingo, Einstein !

NOVA

De retour à la maison, la première chose que je fis, c'était me réfugier à la salle de bain pour me débarrasser de mes vêtements puant l'alcool et le vomi. Définitivement, je détestais la rousse qui avait été incapable de se retenir. Elle n'avait même pas pu attendre que je réponde. En soit, c'était encore plus humiliant pour elle, mais...

« Qu'elle aille se mettre sa bouteille là où je pense ! »

Démaquillée et déshabillée, je sautai sous la douche. Je profitai de l'eau chaude, mais ne squattai pas longtemps, sachant très bien qu'Isla voudrait en faire de même, bien qu'elle ne puait pas autant que moi avant que je me savonne. Quand je me sentis beaucoup mieux, j'éteignis l'eau, m'essuyai et enfilai ma nuisette. Les cheveux encore humides, je les sentais goutter dans mon dos, mais j'en avais que faire, c'était agréable avec le temps si humide et chaud qui planait sur Miami d'avril à octobre.

En ouvrant la porte de la salle de bain, je n'entendis pas une mouche volée. Un silence de mort régnait. D'habitude, Isla se faisait davantage entendre, notamment après plusieurs verres d'alcool.

— Isla ! Tu peux me préparer une tisane ?

Pas de réponse. Je fronçai sous les sourcils et avançai sur la pointe des pieds avec prudence, évitant que la peau humide de la plante de mes pieds claque contre le parquet. Je me déplaçai avec lenteur et discrétion dans le couloir qu'aux portes ouvertes du salon. Je découvris ma sœur retenue par les bras d'un homme, un couteau sous la gorge. Mon cœur loupa un battement. Mes mains tremblaient. L'angoisse montait en moi.

— On peut vous donner ce que vous voulez, mais relâchez-la... dis-je d'une voix posée même si l'envie de lui sauter dessus ne manquait pas.

La peur ne me quittait pas pour autant. Il me fit signe d'approcher et mes pieds me portèrent lentement jusqu'à lui. Il relâcha violemment ma sœur au sol, la laissant tomber dans un bruit sourd avant d'attraper mon bras avec fermeté.

— Lâchez-moi ! criai-je en essayant de me défaire de son emprise.

Je tentai de lui donner un coup avec mon autre bras, mais il le réceptionna sans difficulté. Les deux bras bloqués, je poussai un grognement, serrai les dents et lui envoyai un coup de genou dans les cacahuètes. Il ne bougea pas d'une semelle ! Avec son incroyable force, il réunit mes poignées ensemble et les tint d'une seule main. À l'aide de sa main libre, il sortit une seringue de sa poche et enfonça l'aiguille dans la veine visible de mon avant-bras droit. Je grimaçai, mes yeux ne se détachaient pas du liquide rouge extrait. Quand il eut terminé, il retira l'aiguille et me relâcha de la même manière que ma sœur. Je m'écoulai au sol, je me retins de tomber la tête la première avec mes mains. À quatre pattes, je me redressai lentement avant de remarquer qu'Isla avait disparu.

— Eh ! Face de cul !

Immédiatement, je relevai le nez et vis ma sœur avec son pistolet en main, pointé sur l'homme. Elle appuya plusieurs fois sur la détente. Les balles se logèrent dans le torse de l'homme. Aussitôt, j'accourus aux côtés de la brune, ayant peur qu'un corps sans vie me tombe dessus. Ses genoux ne se plièrent pas. Il ne s'effondra pas. Les balles n'avaient aucun impact. Un sourire sadique étira ses fines lippes et ses yeux devinrent entièrement noirs le temps d'un flash.

— Je suis le fils de Lucifer, mortelles ! rugit-il.

Suite à son expression faciale, les plis de son front furent mit en avant. Je m'accrochai à la jambe d'Isla, qui elle-même, était sur le point de vaciller. La tension était palpable. Je craignais qu'il nous égorge l'une après l'autre... Les yeux écarquillés, je l'observai marcher à reculons en direction de la fenêtre.

« Non... Il ne va pas faire ça... »

— Priez pour être l'élue !

Sur ces derniers mois, il se jeta contre la fenêtre et la vitre se brisa sous l'impact. Je me remis sur mes deux jambes et accourus à la fenêtre, les morceaux de verre jonchaient le sol et lacéraient légèrement mes pieds. J'ignorai la douleur, je voulais savoir où était passé cette chose. Cette chose parce que c'était inhumain et qu'il ne s'était pas écrasé au sol en se fracassant le crâne et la colonne vertébrale comme le ferait toute personne normale... Il avait disparu.

(Voici Sinner, pour ceux qui n'ont pas encore regardé le trailer)

HEY !

✨Je vous avoue que je ne sais pas ce que ça vaut pour un premier chapitre, mais donnez-moi vos avis. :)

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✨ Petite intervention de Sinner et d'un démon, avez-vous apprécié ?

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Caroline.