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Brume II

Les spectres qui vivent le plus longtemps sont paradoxalement ceux qui sont le moins dangereux. Thorn le savait très bien. Dès qu'un spectre, manifestation de l'âme d'un défunt n'étant pas parvenu à traverser le voile, apparaissait quelque part et s'en prenait à quoi que ce soit, sa présence était documentée, une chasse organisée, voir un sinistral appelé. Ces spectres là ne faisaient pas long feu. Ceux moins agressifs, ou plus isolés, eux, avaient peu à craindre des vivants, et finissaient naturellement par s'évaporer lorsque leur énergie vitale avait fini de se consumer. Pour trouver un spectre dont personne n'aurait entendu parler, il suffisait donc à Thorn de se rendre dans un lieu où bien peu de personnes se rendaient, raison pour laquelle elle s'était dirigée vers les ruines de l'antique cité d'Aquamae, prédécesseuse malheureuse de Rivagua. Situé à peine plus au nord, l'ancien cœur de la cité pontique était encore visible au milieu des bois ayant repoussé depuis, avec ses hautes colonnes de pierre encore dressées, que Thorn supposait être les restes d'un temple ou d'une curie. Comme nombre de ruines, celles-ci étaient considérées comme maudites, probablement du fait que les chutes de pierre rendaient les lieux particulièrement dangereux et facilitaient les disparitions soudaines et mystérieuses – conditions propices à la présence de spectre, d'après l'expérience de Thorn. Elle n'avait cependant trouvé qu'un Kasha, ayant établi son territoire dans les bois alentours. Cela n'arrangeait pas vraiment la sinistrale, ce nécrophage étant particulièrement difficile à attraper et agressif lorsqu'on s'en prenait à eux. Mais au moins, tuer la bête permettrait de ramener une preuve de son travail, alors qu'un spectre évaporé ne laissait rien derrière lui.

Thorn se mit donc en chasse, cherchant les traces de griffures sur les arbres caractéristiques des perchoirs favoris du monstre, dans lequel il attendait patiemment qu'une proie passe à sa portée. Très rapidement, rompue aux arts de la chasse, elle parvint à localiser ce qui semblait être la tanière de la créature, un étrange nid composé d'un mélange savant de branche, d'ossements et de chair putréfiée dont l'odeur marquait sa présence et son territoire. Les deux yeux en fente du kasha y brillaient d'une lueur mauvaise. Il savait que l'adversaire était de taille, et ne comptait pas sortir sans une bonne raison. Thorn décida de lui en donner une, en saisissant son arc, encochant l'une de ses flèches à embout explosif, qui vola jusqu'à la branche soutenant la structure avant d'éclater dans un bruit assourdissant qui fit vibrer les feuilles alentour et fuir les oiseaux. Une sorte de miaulement rauque de rage résonna, et le kasha sauta de son nid en péril avant même que celui-ci ne touche le sol. Thorn ne le quitta pas des yeux. Le kasha atterrit élégamment sur ses pattes, et se gonfla pour se faire paraitre plus gros qu'il ne l'était. La créature ressemblait à une sorte de chat, mais dont la tête était démesurée, le museau aplatit, la gueule immenses et emplie de dents effilées, et doté de deux énormes yeux semblables à des soucoupes, occupant la majeure partie de son visage. Ses longs poils rayés étaient de couleur très sombre, lui permettant de mieux se camoufler dans les arbres et les buissons la nuit venue. Mais il faisait encore jour, et le kasha avait perdu l'avantage de la surprise et de la hauteur. Comme Thorn l'avait anticipé, il se jeta à tout vitesse vers un autre tronc pour tenter de regagner un avantage et d'échapper au combat. Une flèche de la sinistrale vint se planter dans sa queue et le cloueur au sol avec un feulement très peu semblable à celui d'un chat. Consciente que le combat était inévitable, le kasha fit volte face. La flèche ne pouvait retenir plus longtemps une bête de son envergure, qui bondit, toutes griffes et crocs dehors, sur Thorn. La sinistrale esquiva sans difficulté. Les kashas étaient courants, dans les baronnies, et elle ne comptait plus le nombre de chasses qu'elle avait menées. Celui là semblait encore être un juvénile, même s'il n'était probablement pas étranger aux quelques disparitions ayant eu lieu autour des ruines. Thorn arrivait donc à prévoir ses mouvements sans difficultés. Le tout était de ne pas le laisser s'enfuir, car le débusquer s'il remontait dans les arbres serait une toute autre paire de manche. La jeune femme porta donc une estocade retournée à la bête qui venait de la passer, ayant laissé tomber son arc pour se saisir de son épée. Un sang rougeâtre en jaillit, accompagné d'un rugissement. Le dos de la bête était bien entaillé, et sa colonne vertébrale devait avoir été touchée, réduisant grandement sa mobilité. Thorn décida qu'il était à son tour de passer à l'action. Lentement, elle plaça son pied en avant et leva son épée, face au kasha hérissé, gonflé en position d'intimidation. Puis, en l'espace d'un instant, elle réduit à néant la distance les séparant. Sa lame noire mordit profondément la chair du kasha, tandis que la sinistrale esquivait plus ou moins bien les imposantes griffes qui l'accueillirent, sans succès puisqu'elles arrachèrent un lambeau de peau de son épaule. La créature, elle, s'en tira à bien moins bon compte. Le flanc percé, elle rugit et tenta de s'enfuir en désespoir de cause, mais sans succès. Placide malgré le sang coulant le long de son bras gauche, Thorn enfonça son épée dans le dos de la bête, transperçant côtes et cage thoracique. Un dernier gargouillement vint éteindre la vie du monstre.

***

Alessio s'était vendu comme étant au cœur de la communication autour de la chasse menée par Thorn, mais celle-ci se montra particulièrement déçue par ses méthodes. Aucune annonce, aucun héraut annonçant la mort du monstre à la populace, aucun placard sur les murs propageant la nouvelle aux lettrés de la cité. Non ; Alessio fit simplement pendre la dépouille pourrissante du kasha sur la place du marché, aux yeux de tous, mais sans réelle explication.

-Les rumeurs marchent bien mieux que les annonces publiques. Avait-il expliqué à une Thorn dubitative. Mes ennemis peuvent bien démentir une annonce officielle de ma part, mais aucun ne peut stopper une rumeur.

-Mais toi non plus. Fit remarquer la brune. Et tu n'en contrôles pas non plus le contenu. Qui sait quelle rumeur va émerger de ça ?

-J'ai préparé le terrain, ne t'en fais pas pour ça. Toute la cité est au courant de ta venue. Tout le monde en connait la raison. Je ne t'aurai pas engagé pour tuer un vulgaire kasha. De toute manière, la majorité des citadins n'a pas la moindre idée de ce à quoi ressemble un kasha.

-Seuls ceux qui ont survécu à une de leurs attaques, je dirai. Admit Thorn. C'est une créature généralement assez discrète.

-Mais assez terrifiante pour justifier d'être la cause de la malédiction. Et c'est tout ce que je désirais !

Dire que Thorn n'était pas convaincue était un euphémisme. Mais Thorn était aussi bonne pour tuer des monstres que mauvaise pour comprendre la psychée humaine, et s'inclina donc devant l'argumentaire d'Alessio, préférant largement baisser les bras que se lancer dans un argumentaire sans fin sur un sujet qu'elle maîtrisait si peu.

-Bon, si tu n'as plus besoin de moi, il est temps d'en venir à mon paiement.

-Quoi ? Tu partirais déjà ? Tu n'as pas passé plus d'une nuit ici !

-A moins que tu ai besoin de quoi que ce soit d'autre de ma part, je ne vois pas de raison de m'attarder. Rétorqua froidement la sinistrale, qui ne désirait plus qu'une chose : mettre les voiles avec son pactole. Et puis, le fait de me voir partir devrait faciliter la propagation de ta rumeur, non ?

-Certes, mais... enfin... tu ne vas pas déjà me fuir, tout de même. En souvenir du bon vieux temps ?

Thorn soupira.

-Oui, le bon vieux temps. Celui où nous n'étions que trois, celui où nous n'étions personne, celui où nous vivions au jour le jour, allant de village en village gagner notre croute, celui où nous étions en paix. Sans titres, sans royaume à gérer, sans attentats à déjouer. C'était en en effet le bon vieux temps. Jusqu'à ce que tu y mettes fin, en mettant dans la tête de Clémence l'idée de reprendre Lomberti.

-Tu te satisfais peut être de ta vie de bohême, Thorn. Rétorqua Alessio, d'un ton grondant. Mais Clémence non. Cesse de projeter tes propres désirs sur elle, comme si une princesse comme elle allait passer sa vie à vagabonder dans la campagne froncique avec une... une...

-Une bête comme moi ?

-Tu sais bien que je n'ai pas voulu dire ça. Grinça le roi.

-Tu crois connaître Clémence si bien que cela, Alessio ? Attaqua Thorn. Tu crois qu'elle aimait sa vie de château quand je suis arrivée dans sa vie ? Cette vie de responsabilités et d'attentes qu'elle était incapable de satisfaire ? Je l'ai sauvée de cette vie, Alessio. Je l'ai plus élevée que ses propres parents ! Et tu me dis que je projette mes désirs sur elle ? Mais n'est ce pas toi qui a vue en l'Aiglon de Lomberti un exutoire pour tes ambitions ? Tu n'étais qu'un deuxième fils de famille secondaire, et te voilà roi d'Illyrie, et maître de la cité de tes ancêtres. N'essaie pas de me faire avaler que tu pensais au bonheur de Clémence en lui mettant cette idée en tête.

Alessio semblait furieux, et les gardes stationnés autour de la petite cour semblaient tendus à l'écoute de la conversation dont le ton ne cessait de monter. Mais le roi sembla parvenir à contenir sa colère, et expira longuement en fermant les yeux.

-Je ne pense pas que tu puisses comprendre ce que représente le poids des responsabilités, Thorn.

-Au contraire, Alessio. C'est parce que je ne les connais que trop bien que je t'en veux autant. Toi, Clémence, vous pouviez échapper à ce poids, mais vous avez fait le choix de vous y soumettre. C'est une liberté à laquelle aucun sinistral ne peut prétendre.

-Permets moi d'en douter. Conclut Alessio. Puisque tu sembles si pressée de me pousser à te mettre à la porte, pars donc ! Et restes rassurée, Clémence ne saura pas que tu es venues ici. Je crois que je comprends pourquoi tu ne veux pas la revoir, et je commence également à penser que c'est pour le mieux.

-Cela nous fait au moins un point d'accord. Railla Thorn.

Alessio ne répondit pas. Il se contenta de siffler un petit homme joufflu, qui accourut en portant une bourse pleine. Le roi, lui, disparut dans le corps de garde sans un regard en arrière pour son ancienne amie, et cette dernière se garda bien de faire autre chose que de compter avec attention les pièces de son paiement du jour.

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