mercenaires, armements et autres souvenirs
Un bruit de ferraille et de slogans résonnait aux marchés aux puces. Cassiope se faisait aborder de tous les côtés. Ses bonnes manières l'obligeaient à répondre, s'excusant avec un sourire désolé et un hochement de tête désapprobateur. Elle ne se sentait pas à l'aise, dans toute cette agitation. Cela l'empêchait de se concentrer. De plus, elle ne savait même pas ce qu'elle venait faire là. Sa mère ne lui avait pas touché mot depuis ce matin, prétextant n'être « pas d'humeur ». Elle avait passé sa matinée à rager en silence. Elle se sentait comme un pion qu'on déplace sur le grand échiquier de sa mère. Elle n'avait pas sentie ça depuis la mort de la reine. Mais son sentiment d'impuissance était revenue au galop, la laissant, elle aussi, d'humeur massacrante. Yui, lui, promenait son regard sur les différents étalages et maintenait la main de Cassiope. Il ne pouvait s'empêcher d'imaginer Cassiope, avalée par la foule de marchands, disparaissant à tout jamais au milieu de ces gens. Il n'est pourtant pas loin de la réalité, puisque la jeune femme se fait alpaguer tout les trois pas, maximum. Cette pensée arriva presque à lui faire décrocher un sourire. Lui aussi, était de mauvaise humeur. Il n'aimait pas cette ambiance générale que générait la plus vieille à faire des cachotteries à tout bout de champs. Il trouvait ça usant. Surtout qu'ils allaient bien finir par le découvrir, puisqu'ils étaient avec elle ! Tenir la main de la plus jeune le calmait, même si leur promenade romantique, dans un entrepôt usé par le temps, plein de rouille, un toit en tôle, incapable d'échanger le moindre mot avec elle,... Bref... Il ne faut pas se plaindre ! Il lui tient la main, c'est le principal.
Sinistia finit par s'arrêter devant un drôle de stand. Un type louche à grosses lunettes et aux joues joufflus souleva le rideau derrière lui et Sinistia rentra, leur demandant de patienter quelques instants.
-J'en ai pas pour longtemps. Après, je te ferais rentrer Cassiope. Il est temps que tu deviennes une vraie mercenaire. Dit-elle avec un air de malice.
Le masque de faux semblant de Cassiope se brisa pour laisser place à une bouche entrouverte et des jambes flageolantes. Yui lui serra un peu la main et elle se reprit avant de lui chuchoter :
-Qu'est-ce qu'elle va encore me faire faire ?
-Si j'ai bien compris ce qu'elle vient de dire, tu vas devenir un membre à part entière de la confrérie des mercenaires. Tu vas recevoir sa marque.
-Mais pourquoi ici ... ?
Elle jeta un coup d'œil aux alentours. Question hygiène, sa mère aurait pu trouver mieux ! De plus, elle l'avait vue déposer sa marque sur tout un tas de gens, sans jamais demander de l'aide à qui que ce soit. Sa mère était comme ça, incapable de demander de l'aide. Elle se débrouillait seule, ou avec ses hommes de mains, à la limite. Et quand elle échouait, elle recommençait jusqu'à réussir. Elle était obstinée, et ça avait payé. Elle était la plus respectée et la plus demandée dans son domaine.
Alors ça ne devait pas avoir de rapport avec la marque.
Sinistia réapparut avec un grand sourire aux lèvres en faisant signe à sa fille d'entrée pendant que le type louche reprit sa place au stand. Yui lâcha, à regret, Cassiope et la regarda filé. Il fut prit d'un moment de panique lorsqu'elle disparut complètement. Même si ça n'en valait pas la peine puisque la jeune fille arriva dans une pièce formé à base de toile de tente où était exposé, partout, des armes ! De toutes sortes ! Des couteaux, des fusils, des pistolets, et même un harpon !
-Qu'est-ce que ma nouvelle mercenaire pourrait bien me servir sans des armes adaptés ? Je sais bien que mes armes, comme celles de Yui, ne te conviennent pas. Je te laisse choisir celles que tu veux. Budget illimité, dans la limite du raisonnable bien sûr. Tu veux vivre de grandes aventures non ? Tu auras besoin de ça.
Cassiope acquiesça. Elle n'aimait pas se battre, préférant l'odeur de papier et d'encre, la bibliothèque aillant toujours été son endroit favoris. Pourtant, si elle se trouvait dans une armurerie à cet instant précis, c'est qu'elle l'avait décidé, avec ces mots : « Je veux me battre avec vous. Je veux devenir comme vous et être plus utile que je ne le suis déjà. Je veux être une mercenaire à part entière. »
Sa mère s'était mise à pleurer... de joie. Une larme seulement, n'oublions pas de qui nous parlons, tout de même. C'était un exploit. Mais depuis, elle s'était enfermé dans sa pièce du quatrième étage, ne descendant que pour les repas qu'elle prenait parfois en décalé. Puis elle était descendue, ce matin, en disant qu'il devait aller aux puces, alors ils sont allés aux puces.
Assise sur le bord d'une des tables, regardant sa fille hésitant sur un canif de chasse et un couteau de cuisine, elle ria intérieurement. Elle repensa à ses débuts, alors qu'elle n'avait que quatorze ans. Elle était le mentor de sa fille comme Guiseppe avait été le sien. Un brave homme qui tentait de dérober le coffre fort du couvent dans laquelle ses parents l'avaient placés à sa naissance. Le même que celui où elle avait laissé Cassiope. Elle avait surpris son futur mentor en plein vol, alors qu'il tentait de trouver la clé, dans le bureau de sœur Galéoppé.
-Si tu cherches à voler de l'argent, c'est pas ici que vous en trouverez, m'sieur.
Il avait sursauté, devant cette gamine aux cheveux roux bouclé, en chemise blanche. Il avait d'abord cru à un esprit mais il s'était vite repris lorsque la gamine lui avait demandé ce qu'il faisait ici. Il lui avait répondu sincèrement, avec une pointe d'angoisse : « tu as raison, je cherchais de l'argent. Mais puisque tu dis qu'il n'y en a pas, je devrais peut-être y aller. »
-Vous volez pour vivre ?
-Oui, répondit-il de sa voix grave. Je n'ai pas trop le choix. Bon je vais y aller du coup.
Il avait passé une main dans ses cheveux noirs et tentait de se calmer. Il ne fallait pas que la gamine en parle. Elle avait vu son visage, il serait obligé de partir de la ville. Hors, il y avait encore quelques nobles intéressants...
-Non, partez pas. Je veux vivre dehors aussi ! J'en peux plus des sœurs. Je suis grande. Je suis forte !
"Quel aplomb cette gamine !" Avait-il pensé.
-Chut ! Il baissa d'un ton, je peux pas t'emmener avec moi, parce que c'est trop dangereux.
-Je m'y ferais. Emmenez-moi ou je cris.
Il avait accepté, à contrecœur. Il se sentait mal d'emmener une gamine dehors, alors qu'il savait bien qu'il ne pourrait pas la nourrir tout les soirs. Et à quoi aurait bien pu lui servir une mioche de son âge ? Au final, elle avait été très utile pour distraire les nobles. Elle faisait son petit numéro : mendiante, musicienne, cracheuse de feu, liseuse de cartes,... , pendant qu'il cambriolait les grosse maison. Puis Guiseppe et elle avaient rejoint un petit groupe de mercenaire alors qu'elle avait seize ans. Même période où il lui avait offert sa première dague.
Sinistia sourit de toutes ses dents face à tant de nostalgie. Ça ne lui ressemblait pas. Elle avait dû être amoureuse de Guiseppe petite, c'est sûr. Avec ses cheveux noirs de jais, ses yeux bleus, sa mâchoire carré...
Sa fille la sortit de ses souvenirs avec quelques couteaux qui ne paient pas de mine mais maniables et aiguisés, un revolver et un grappin.
-Ce sera tout ?
-Oui, je crois bien, répondit sa fille avec un grand sourire.
-Bien. Va rejoindre Yui pendant que je paie et montre lui tout ça. Ça va lui plaire.
Ce qu'elle fit. Sinistia regarda sa fille partir, avec un regard tendre. Un regard de mère. Tout exprimait de la fierté pour sa fille, qui avait tellement grandit en si peu. Elle se reprit. Qu'est-ce qui la rendait si sentimentale et nostalgique aujourd'hui ? Encore un peu plus et elle ferait un compliment à Henri. Il fallait qu'elle se reprenne et vite.
Pourquoi ne pas lancer quelques couteaux sur la cible au fond du jardin ? Ou encore quelques combats au corps à corps avec Yui...
Bah, elle verra ça à la maison . Les activités violentes, c'est pas ce qui manquaient, et puis ça requinquaient !
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