Loan, il avait souvent le regard lumineux, et ses grands yeux étaient de ceux qui vous aspirent l'âme comme s'ils pouvaient en laver les péchés. Loan, il faisait sans doute partie des personnes les plus pures que j'aie jamais rencontrées. Ça se lisait dans son visage. Loan, il n'aurait pas été capable de tuer un moustique sans se sentir coupable. S'il était encore là, il m'aurait sans doute interdit de pleurer et de souffrir s'il venait à disparaître.

Sauf que moi, je l'ai vu. Je l'ai vu tomber. Je l'ai vu se prendre de convulsions et mourir. Je l'ai vu, le souffle court, le visage écarlate, les joues mouillées de larmes dans son agonie silencieuse.

J'ai vu le temps passer entre mes doigts si vite et si lentement à la fois que je n'ai plus su quoi faire de mes mains. J'ai vu la lueur dans ses yeux s'éteindre alors que les miens s'emplissaient de larmes de rage, d'impuissance, et de tristesse.

Loan, il était tellement bon qu'il ne pouvait pas même comprendre qu'un être humain puisse faire du mal à l'un de ses congénères, et après avoir dédié sa jeunesse à des études de médecine pour sauver des vies, c'était une putain de maladie qui avait achevé la sienne.

Loan, il aurait dit que c'était l'ironie du sort.