Chapitre 1: Une idée d'habitude -Scène 2 et 3
2. Jennifer
Un brouhaha s'éleva du silence relatif. Thomas se tortilla dans son siège avant de se replacer bien droit pour parer à une gène au milieu du dos. Incapable de trouver une bonne position, il se tourna sur la gauche pour se faire craquer la colonne, mais se rabattit au dernier moment pour éviter le regard de la fille d'à côté. C'était Jennifer. Il avait presque oublié sa présence. Il se rappela le sourire qu'elle lui avait lâché en s'asseyant à côté de lui, ce qui avait précipité chez lui l'envie de changer de place, mais le bus allait démarrer.
Son crâne le chatouilla, comme un légers picotement à la base de l'implantation capillaire. Il se retourna et découvrit une main qui tirait une mèche de ses cheveux qui rebiquait en épi. Derrière lui, deux collégiennes se moquaient.
– T'as vu c'est comme un antenne qui a capter ma main, dit l'une.
– Il est sensible des cheveux, répondit l'autre.
– Quoi ! Leur lâcha-t-il sans pouvoir dire plus.
– Il a dit « quoi » dit l'une en rigolant entretenant le rire l'autre.
Dépité, Thomas regarda l'horloge du bus qui affichait 17h10. Encore quinze minute, se dit-il.
D'un coin de l'oeil, il observait Jennifer et de l'autre il surveillait les deux pestes qui s'avançaient pour le toucher encore. Thomas éteignit sa musique, tout en gardant ses écouteurs pour donner l'impression d'être occuper et tromper son malaise.
À côté, Jennifer restait tranquille. Accoudée sur son repose-bras, elle défilait les actualités facebook et lorgnait Thomas quand son regard insistait trop. À chaque fois il esquivait en faisant mine de ne pas l'observer. Mais il revenait toujours, attirait par les petits rires étouffés qu'elle lâcher entre deux respirations.
Le chauffeur changea de fréquence dès la fin de « Born to be a live » et augmenta le volume pour rivaliser avec le flot des conversations qui se pressait à l'arrière.
Intrigué par ce qui amusait Jennifer, Thomas tenta un coup d'œil furtif. Il avait déjà remarqué qu'elle portait un débardeurs orangé et un leggings et conclut qu'elle avait eu sport dans la journée. Ce que semblait confirmer une légère odeur de déodorant.
Dans la foulée de la première œillade, Thomas se risqua à un second. Maladroitement, il loucha sur son décolleté et bloqua un instant. Le débardeur soulignait l'extrémité du galbe de sa poitrine. Des souvenirs d'elle au collège petite et mignonne avec un grand sourire qui dépassait de ses joues, puis de leurs moments ensemble, défilèrent en cascade, mais il préféra reclore cette aparté psychique.
Avec l'intention de viser uniquement le téléphone, il se prépara à une troisième. Au même moment, elle se redressa pour replacer ses cheveux bruns bouclé en arrière. Thomas se ravisa trop tard. Elle le fixa droite du regard dans l'attente. Assumant son indiscrétion, il baissa la tête pour se faire oublier, s'excusant presque d'exister.
– Y'a un problème Thomas ?
– Heu...non. Pardon, je me suis perdu dans mes pensées.
Cette phrase ne sembla pas la satisfaire, mais Thomas avait déjà mis un mur. La langue de Jennifer tiqua contre son palais en émettant un claquement, puis elle se détourna en soupirant.
Thomas se colla contre la vite pour s'éviter une nouvelle tentation. Dans son reflet qui lui renvoyait l'image de sa mine cerné et le noir de sa veste, il la vit s'adosser contre son siège. Rassuré, son regard traversa son double diaphane pour se perdre dans le paysage. Sur un arbre, il vit une buse haut perché qui toisait le monde.
Le poing sur son front, Jennifer errait sur son téléphone. Du coin de sa vision périphérique elle restait accaparé par Thomas. Sans bouger ou le regarder franchement, elle cherchait à percevoir toutes ses réactions dans l'idée de lancer une discussion. Depuis quelques temps, elle repensait au collège, à leurs complicité et à la manière dont ça s'était fini. Chaque soubresaut qui arrachait Thomas à ses rêverie était autant d'occasion où elle se voyait faire un pas vers lui, mais il replongeait en lui et déserter la réalité.
3. Les autres
Le chaos s'installait dans le bus. Au premier rang, une bagarre entre deux collégiens capta l'attention de Thomas. Le plus fort, un gamins épais, attrapa à la volée la nuque de son camarade. L'autre, tout mince, se tortilla dans tous les sens jusqu'à se retrouver la tête au sol et les pieds sur la banquette. Thomas lâcha un sourire amusé.
Dans la rangée de derrière, à gauche de Thomas, Vincent et Chris, le duo du lycée se tordaient de la scène et ils lâchaient des commentaires inspirés du catch pour entretenir leur rire.
Vincent, la mèche toujours aplatit par un surplus de gèle qui bavait sur son front, essuya les verre de ses lunettes tandis qu'il pleurait de rire. Chris, à côté, mordait sa langue pour se retenir.
Thomas les connaissait de vue et les jalousait de loin. Les deux faisait parler d'eux au lycée, tandis que lui copiné avec la solitude et l'indifférence.
Vincent était un surdoué qui décrochait les meilleurs notes dans les matières scientifiques, mais il s'attirait des ennuis à cause de son arrogance qui le portait à rabaisser tout le monde et s'opposer à toute forme d'autorité. Chris semblait être le seul capable de supporter son caractère. Tout le monde l'adoré et le prenait en exemple. Pendant les récré', Thomas l'avait plusieurs fois aperçu en train d'illustrer ses abdominaux devant des filles. Pour son âge, il arborait une musculature élancé avec des bras épais qu'il avait développé pour préparer ses tournois régionaux de karaté et de judo. Chris avait tout pour lui. Mais ce que Thomas lui enviait le plus était qu'il soit acteur. Récemment, il avait signé pour une sérié télévision, un thriller horrifique. C'en était assez pour faire de lui la coqueluche du lycée. Chris semblait faire partit de cette catégorie de personne à qui tout souriait, tandis que Thomas se sentait bloqué dans sa vie, empêché dès le départ dans ses aspirations à cause de ses problèmes.
Ne supportant plus leur vue, Thomas préféra revenir à ses fantasmagorie où, s'il le souhaitait, lui aussi pouvait briller. Vivre par procuration ses rêves brisées était la seule chose qu'il pouvait se permettre.
En le voyant replonger dans sa léthargie qui le rendait transparent à l'existence, Jennifer s'exaspéra. Elle cherchait en vain comment l'aborder. Cette mine toujours triste et pensif la rebutait, comme s'il était à l'écart des choses. La dernière fois qu'elle l'avait vu ouvert à la vie c'était il y a des année. L'image de son regard lumineux et ses lèvres légères sourire grand déclenchait chez elle un sursaut nostalgique, accompagné d'une vague de joie. Chaque jour cette lumière originelle s'assombrissait, et il désertait la réalité.
Des fous rire se suivirent. Le vacarme devint la nouvelle norme sonore du bus. Des capuchons de stylos, des mouchoirs froissé puis des sacs volèrent depuis les rangées du fond. La guerre entre l'arrière et l'avant fut déclaré.
– Rendez moi mon, demanda un garçon brun.
En réponse, il reçut son sac accompagné de trois autres.
Jennifer laissa de côté Thomas et ses pensées pour se mêler à l'agitation. À une semaine des vacances tout le monde lâchait la pression. Elle voulut en profiter et espérer que Thomas réagisse.
Au fond, un lycéen la taquinait à coup de boule de papier. Elle se prêta au jeu et chercha des munitions dans sa trousse. Son choix se porta sur une vieille gomme oublié au fond. Elle se retourna et tira, plus en force qu'en précision. Le projectile cogna contre le siège de derrière, à quelques centimètre d'une fille attaqué par son voisin qui lui enfoncé ses doigts entre les cottes. Un tir groupé l'obligea à se recroqueviller.
Thomas se redressa pour avoir une vue d'ensemble. Jennifer y vit une opportunité. Comme ça, le flanc à découvert, occupé ailleurs, il était une cible facile. Avec l'énergie de la malice, elle arma un coup de coude et frappa au niveau des cottes flottantes, tout en s'imaginant la riposte de Thomas et s'y préparant.
Surpris, Thomas gémit dans un trait d'air, avant de se tasser dans siège pour étouffer la douleur. Depuis un coup de pied dans l'entrejambe où il avait hurlé de douleur au milieu de tout le monde, il s'était promis de ne plus crier en publique.
– Putain ! T'as pas fini de m'emmerder ! Lâcha-t-il.
L'envie de lui rendre un coup le prit, mais il garda pour lui sa colère. Il préféra se coller contre la vitre et disparaître dans l'horizon. Le voyant s'éloigner au plus dans cet espace confiné, Jennifer prit la mesure de son geste et se dégoûta.
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