★ Chapitre 28
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J'attends à l'intérieur du café depuis quelques minutes, Havana ne devrait pas tarder à arriver.
J'ai commandé deux thé vert, je sais qu'elle aime ça. C'est la dernière ligne droite. Je veux la convaincre, non, je dois la convaincre.
Il ne fait pas très beau aujourd'hui, à vrai dire, le temps s'est largement dégradé. L'hiver ne tardera pas à pointer le bout de son nez, c'est pourquoi je ne sors plus avec une veste, mais bien un manteau.
— Excuse-moi, je suis un peu en retard, entends-je.
Je relève la tête et aperçois celle qui fait battre mon cœur comme un fou.
— Havana, ne t'en fais pas, installe-toi confortablement. On a beaucoup de choses à se dire, réponds-je en passant une main dans mes cheveux afin de retenir en arrière les quelques mèches gênantes.
Celle-ci s'assoie en face de moi, et nos boissons arrivent quelques minutes plus-tard. Je prends donc mon courage à deux mains, soupire et me lance :
— Tu m'avais dit que la seule solution pour continuer à te fréquenter, c'était de te convaincre, j'ai besoin que tu me dises où nous en sommes toutes les deux.
— Quelque chose ne va pas ? m'interroge-t-elle.
Elle ponctue sa question d'un froncement de sourcils.
— Effectivement, je suis complètement perdue, j'aimerais que tu me rassures en me disant que tout ce que je fais, mon acharnement n'est pas vain, annoncé-je en attrapant ma tasse, n'osant pas croiser ses beaux yeux verts.
Havana ouvre la bouche, prête à me répondre, mais aucun son n'en sort. Je ne sais pas trop comment interpréter son silence pesant et inconfortable.
— Je suis désolée, je ne m'attendais pas à cette question, chuchote-t-elle tout en se triturant les doigts.
Je ne peux pas m'empêcher de la trouver mignonne à ce moment.
— Je ne veux pas te brusquer, ni te forcer, mais j'ai vraiment besoin d'une réponse. Je ne peux pas continuer à rester dans le flou total. Chaque matin je me lève en découvrant avec tristesse que tu n'es pas à mes côtés, ça me rends morose, soufflé-je reposant ma tasse fumante que je tenais tout ce temps dans les mains.
— Je sais que mes voyages à New York n'arrangent pas les choses, mais Halsey, je tiens vraiment à mon travail et je souhaite absolument que mon projet aboutisse.
Je bois une nouvelle gorgée de thé, je comprends tout à fait son point de vue, le travail c'est très important. Je ne peux pas non plus lui demander de tout arrêter. Mais que fait-elle de nous ?
— Havana, je ne cautionnerais pas que tu abandonnes ton travail pour moi. Je veux juste un peu plus d'attention. Qu'il y ait un « nous », déclaré-je tout en mimant les guillemets avec mes doigts.
— Je ne pensais pas que ça te pesait autant, je m'en veux. Aimerais-tu faire quelque chose en particulier ? J'ai tout le reste de la soirée à t'accorder...
Un petit sourire naît sur les commissures de mes lèvres, je baisse la tête pour cacher ma joie.
— On va au Palmas Club ? proposé-je.
— Pourquoi pas !
Je me lève, dépose un billet sur la table et je m'approche d'elle afin que ma bouche se retrouve près de son oreille.
— Prépare-toi pour la meilleure soirée de ta vie, lui susurré-je.
Je commence à partir, puis je me retourne et dis :
— Rendez-vous à vingt heure devant le club !
Je pars ainsi chez moi afin de me préparer. Ce soir sera la soirée du tout pour le tout.
Je suis habillée d'une robe noire patineuse, de hauts talons et des créoles dorées pendent à mes oreilles. J'ai fait un effort pour Havana en restant sobre, je n'ai pas envie qu'elle ait honte de me fréquenter, et je la respecte énormément.
Après plusieurs minutes passées dans les embouteillages, j'arrive devant le club. Havana est déjà là et m'attend.
Je lui prends la main et nous rentrons dans le bâtiment. Immédiatement, comme à mon habitude, je me dirige vers le bar. Un serveur nous demande ce que nous souhaitons, et avec mon plus beau sourire, je réponds que j'aimerais voir Shane.
Shane. Un ami que je ne vois malheureusement pas beaucoup car nos emplois du temps ne coordonnent pas vraiment.
— Je suis désolé, il n'est pas là, réplique le serveur en posant les mains sur le comptoir.
Je fronce les sourcils très étonnée par sa réponse. Il est censé travailler aujourd'hui pourtant...
— Pourquoi ? Normalement il devrait être ici...
— Il a eu un problème, annonce-t-il en haussant les épaules l'air pas très au courant de la réelle situation.
Vraiment ? Je commence à m'inquiéter. En effet, Shane n'est pas le genre de personne à s'absenter à tout va tout viens.
— Sers-nous deux Blue Lagon dans ce cas, intervient Havana en posant la monnaie sur le comptoir.
Il se tourne et part nous préparer nos boissons pendant que nous attendons sagement.
Havana me scrute du coin de l'œil et m'interroge après une petite hésitation :
— Qui est Shane ?
Je lève les yeux vers elle et souris.
— C'est un de mes seuls amis, un très bon ami. Il m'a toujours soutenue et quand je n'étais pas très clean, il s'arrachait toujours les cheveux pour me faire retrouver la raison. C'est un peu grâce à lui si je ne suis pas tombée tout au fond, dévoilé-je.
— Un ange gardien en quelques sortes... Qu'a-t-il fait pour toi exactement ? demande-t-elle les yeux pleins de curiosité.
La lumière a beau être d'un faible faisceau, je peux admirer les moindres traits de son visage. Quand elle est là, il y a constamment une lumière blanche qui éclaire sa personne. Même étant aveugle, je pourrais apercevoir un sourire sur ses lèvres, ses pommettes se soulever ou ses yeux rieurs se fermer.
— Tant de choses, tu n'es sûrement pas prête à découvrir tous mes vieux démons. Parlons-en plus-tard, je suis ici pour te séduire, pas pour te faire fuir.
Un petit sourire apparaît sur ses belles lèvres rosées, un discret sourire.
— Tout ce que je peux te dire, c'est que Shane doit avoir de gros ennuis pour ne pas être au travail. Je lui passerai un coup de fil demain. Allons-nous amuser, finis-je quand je vois les cocktails arriver dans les mains du serveur.
Après avoir ingurgité nos délicieuses boissons, nous allons danser sur la piste. C'est le moment où je mets mon plan séduction en marche. Nous commençons à nous déhancher sur la piste, elle semble plutôt timide au début. Alors je m'approche d'elle posant ma main dans son dos, je caresse ses épaules, ses omoplates faisant courir ma main baladeuse le long de sa colonne vertébrale. Tout doucement, mon corps se retrouve collé au sien, mes hanches se frottants contre les siennes sensuellement. Ma main continue d'explorer son dos, ses délicieuses hanches, finissant sur sa fesse droite.
Comme elle n'émet pas d'objection, nous continuons de danser ainsi, moi la caressant, elle se pressant un peu plus contre moi. La chaleur continue de grimper, je glisse ma tête dans son cou, mes lèvres effleurent sa peau douce. Je me promène, dépose plusieurs baisers tendres prenant bien le temps d'embrasser sa clavicule, je suce sa peau, la lèche laissant des traces.
J'entends un soupir s'échapper de ses lèvres alors je remonte mon visage vers elle. Mes yeux rencontrent les siens, implorants, je colle mon front au sien, nos corps continuants de danser l'un contre l'autre, mes sentiments exerçant une danse endiablée.
— Tu me troubles tellement Havana... soufflé-je dans un murmure.
— C'est toi qui me rends comme ça, réplique-t-elle en pressant d'un coup sa main libre contre ma fesse.
Je la regarde immédiatement, surprise par son geste si explicite et inattendu de sa part. Je décide de me décoller d'elle avec grands regrets, je lui prends la main et nous nous dirigeons vers la sortie. J'ai besoin de prendre l'air, si nous restons enfermées là-haut, je vais finir par craquer.
Nous marchons toutes les deux silencieuses main dans la main le long de la route. Une petite ballade nocturne jusqu'au parc le plus proche.
Nous trouvons un banc où nous nous asseyons, Havana s'allonge la tête sur mes cuisses, je me mets à caresser ses cheveux noirs.
— Je t'en supplie Halsey, raconte-moi ton histoire, j'en ai besoin. Je te veux toute entière, pas seulement un petit bout de toi, je veux tout. C'est ma condition pour qu'il y ait un nous, annonce-t-elle.
Sa requête me fait l'effet d'un violent coup de poignard dans le ventre. Je lui ai pourtant dit qu'elle n'était peut être pas prête. Devrais-je vraiment me livrer ? Ce soir ? Après ce merveilleux moment que nous venons de passer ?
- Après que mes parents ont prononcé leur divorce, j'ai commencé à aller mal. Dans mon enfance, je n'est pas énormément changée, tout à vraiment pris de l'ampleur quand j'ai su m'exprimer, et dévoiler mes opinions. J'étais mal dans ma peau, ma mère était une peste avec moi, elle m'a privée de la musique et de mon père. Comment peux-tu demander à une adolescente de bien se tenir et d'obéir quand elle perd son téléphone et qu'elle ne peut plus sortir voir ses amis ? C'était la même chose pour moi.
Havana lève la tête et examine mon expression, elle doit sûrement y déceler une profonde tristesse. Il est dur pour moi de faire face à cette période, c'est comme plonger dans un océan plein de requins sans savoir nager. Dangereux et mortel.
— C'est horrible... s'indigne-t-elle tout bas.
Ma main continue de s'aventurer dans sa douce chevelure, et je continue mon monologue.
— J'ai commencé à me teindre les cheveux, quand j'ai eu mes dix-huit ans, j'ai commencé à me tatouer la peau, à sortir en boîte et c'est à partir de là que ça à dégénérer. Un jour, j'étais complètement bourrée, un jeune homme m'a abordée, pensant qu'il allait faire de moi son repas. J'étais complètement naïve et je me suis faite avoir. J'ai découvert ce soir là, ce qu'était le sexe, nous avons fait toutes sortes de choses étranges, sales. Le pire dans tout ça, c'est que je prenais plaisir.
Une larme tombe et roule le long de ma joue, me rappeler de ce moment est douloureux, j'aurais préféré l'oublier.
Havana porte une main à sa bouche, sans doute pour masquer le choc qu'elle éprouve face à mes révélations.
— Je me souviens encore de chaque détails, chaque caresse, chaque gémissements, dis-je en fermant les yeux comme pour tenter d'effacer ses images qui se dévoilent devant mes yeux. Le lendemain, Shane m'a trouvée endormie sur le trottoir. Il m'a récupéré, je pleurais, je lui ai tout dis alors que l'on ne se connaissait pas. J'avais honte de ce que j'avais fait.
Je me tais un moment, puis je reprends après une grande inspiration :
— Il m'a consolée, moi la gamine totalement perdue, il a essayé de me raisonner, mais j'ai continué. Je suis vite devenue une habituée du club. Je couchais d'abord avec des hommes, puis seulement avec des filles. J'étais complètement folle et pleine de honte. J'ai arrêté il y a un an de cela, quand une fille a porté plainte contre moi pour viol, alors que c'est elle qui m'avait séduite et qui avait pris son pied.
Havana se relève, pose ses mains de part-et-d'autre de mon visage, ses yeux se plantent dans les miens, nos larmes se scrutent elles aussi.
— Je n'ai rien fait de tel Havana, je te le jure, je n'étais pas non plus une prostituée, c'était la même chose pour tous les partenaires que j'ai eu. J'ai tellement honte, si tu savais. Je n'ai cessé de broyer du noir, de regretter mes actes, je pensais que j'étais une pourriture et que je ne serais jamais capable d'aimer quelqu'un de ma vie. Mais tout à pris un nouveau sens quand tu es arrivée.
Ses mains caressent mon visage, ses doigts tentent d'essuyer le flot de larmes qui se déversent sur mes joues rouges. Je baisse la tête, vulnérable.
- Shane, qu'a-t-il fait ? demande-t-elle la voix tremblante.
— Il m'a offert son amitié, une épaule pour pleurer. Il m'a fait redescendre sur terre, j'ai compris que je ne pouvais pas vivre comme ça. Il m'a prouvé qu'un meilleur avenir s'offrait à moi et que je n'étais pas obligée de souffrir. Que moi aussi j'avais le droit au bonheur. Tout ce qu'il a fait, ça m'a aidée à aller mieux et j'ai enfin pu me regarder dans le miroir au bout d'un long moment. Il m'a sauvé de mes démons, il m'a attrapée avant que je ne tombe du gouffre. Il a fait tout ça alors qu'il aurait pu m'ignorer et me laisser pourrir.
Je souffle enfin, Havana me prend dans ses bras et je suis désormais soulagée d'un poids. Elle ne me juge pas, et m'accepte malgré mes nombreuses erreurs faites par le passé.
— Tu es bien plus qu'une fleur qui menaçait de mourir Halsey, tu es une rose sublime et enivrante qui a su éclore. Je suis heureuse que nos chemins se soient croisés, peu importe qui tu étais avant, je te veux toi, toute entière.
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