Chapitre 7 : My arms to shield you from the world
Chapitre 7 : My arms to shield you from the world (Forever Against My Chest)
- Tony... Tony... Hey, mon pote !
- Hein ? qu'est-ce qui a ?
Tony rouvrit subitement ses yeux qu'il ne se rappelait pas avoir fermés. Il était allongé dans le canapé, une couverture sur les jambes, et un poids sur la poitrine... Son regard se posa sur le visage apaisé de Peter, profondément endormi contre son torse, ses petits poings serrés près de son front. Il sourit instinctivement avant de lever les yeux vers Rhodey, qui était penché au-dessus de lui, posant doucement, sans même s'en rendre compte tant le geste était habituel, une main dans les boucles claires du bébé qui dormait à poings fermés.
- T'es arrivé quand ? demanda-t-il doucement à son ami – pour ne pas réveiller Peter.
- Il y a plus de deux heures, je me suis dit qu'il était temps que je te réveille après avoir vu les quarante-cinq appels manqués d'Obadiah.
Tony cligna rapidement des yeux et les frotta brièvement de son poing pour en chasser le sommeil qui alourdissait ses paupières. Mon Dieu, il était épuisé.
Et « épuisé » était un euphémisme en comparaison de ce qu'il ressentait réellement.
Au diable Obadiah Stane.
- Qu'est-ce qui se passe, Tony ? s'inquiéta Rhodey d'un air soucieux, lançant un bref regard au visage de Peter, calme et apaisé, appuyé contre la poitrine de Tony.
Sa bouche rosée était entrouverte, et tordue par la position de sa tête, tournée vers le dossier du canapé crème. Tony caressait légèrement ses boucles châtain, en un geste apaisant.
- Je t'ai jamais vu aussi crevé, continua Rhodey en croisant ses bras sur son torse, ses sourcils froncés. Et c'est rien de le dire.
Tony savait qu'il faisait référence à ses nombreuses frasques au MIT.
- Je croyais que Peter faisait largement ses nuits, maintenant ?
Et Tony savait parfaitement à quoi son ami pensait. T'es-tu remis à boire ? demandait son regard. Il aurait dû en être offensé, mais il n'en avait même pas la force. Il souffla, toujours écrasé de fatigue, son corps lourd, ses jambes enroulées dans un plaid moelleux et chaud, qui remontait jusqu'à sa poitrine, recouvrant le petit corps de bébé de Peter.
- C'est pas – ou plus – exactement le cas.
- Comment ça ?
Peter avait finalement fêté son premier anniversaire, quelques semaines plus tôt.
Déjà.
Et depuis sa première crise d'asthme, quelques mois auparavant, les choses avaient semblé dégringoler à une vitesse vertigineuse, et Tony avait comme perdu l'équilibre dans la chute.
Rhodey l'avait bien compris, semble-t-il, la dernière fois qu'il l'avait eu au téléphone. Quelque chose n'allait pas. C'était pour cette raison qu'il avait fait en sorte de revenir le voir le plus rapidement possible, même s'il avait manqué l'anniversaire de son filleul, à son grand regret.
- Ça fait quelques semaines que ça dure, soupira Tony, en se frottant de nouveau les yeux. Il a eu plusieurs épisodes de crises, la nuit, sans prévenir, et je – bref, j'arrivais pas à le lâcher des yeux après ce qui s'est passé la dernière fois.
Rhodey fronça les sourcils d'un air soucieux.
- On a fait plusieurs aller-retours aux urgences à cause de ça, et ça a fini par se calmer un peu, j'ai eu le temps de bosser sur Supremia pendant deux jours avant qu'il tombe malade à nouveau.
- Qu'est-ce qu'il a eu ? demanda Rhodey dont le froncement de sourcils s'accentua, et une certaine appréhension lui serra la poitrine.
Parce que Tony avait un air hanté, le regard vague. Pourquoi ne lui avait-il rien dit au téléphone ?
- C'était un simple rhume, au départ, alors, tu me connais hein, dit amèrement Tony, sans oser regarder son ami, comme s'il avait honte, j'ai couru chez le médecin, encore une fois – je vais sans doute prendre un abonnement. Peter peut pas... enfin, il faut vraiment éviter qu'il tombe malade, avec ses problèmes, depuis... enfin, tu sais.
- Oui.
Les poumons de son filleul étaient encore fragiles suite aux complications qu'il avait subies lors de son hospitalisation, à la naissance. Il était donc suivi de près par son médecin, mais ça n'empêchait rien, et depuis sa première crise d'asthme, Tony était sur le qui-vive, le surveillant constamment, de peur de rater le moindre signe – de peur de faillir. Rhodey comprenait maintenant cet air hanté qu'arborait son meilleur ami, lequel devait s'être rendu malade d'inquiétude.
Peter était la meilleure chose qui lui soit arrivée dans la vie. Et la vérité, c'était qu'il était terrifié à l'idée de le perdre.
- Après ça, surinfection bactérienne, ou quelque chose comme ça, continua Tony en faisant un vague geste désintéressé de la main, comme pour se détacher de la situation. Il a eu un genre d'infection à l'oreille, ça l'a tenu réveillé des nuits entières à cause de la douleur... alors tu penses qu'on n'a pas vraiment dormi, lui et moi, pendant quelques temps, soupira-t-il en passant une nouvelle fois sa main sur son visage.
Tony n'avait jamais eu aussi mal que lorsqu'il avait vu son fils incapable de s'endormir parce qu'il souffrait trop. Portant sa main à son oreille, son beau visage de bébé se tordant sous la douleur et les pleurs déchirants, rompus par la toux et ses difficultés à respirer. Tony avait tout fait. Il avait passé des heures chez le médecin, l'avait fait venir et revenir pour ausculter Peter – parce que Tony ne prendrait jamais aucun risque pour la santé de son fils après tout ce par quoi il était passé dès sa naissance.
Alors, si garder Peter en sécurité impliquait de ne pas dormir pendant des nuits entières – qu'il en soit ainsi. Voir son fils souffrir, pleurer, chercher plus que jamais à être porté et réconforté... ça lui avait brisé le cœur.
- C'est pour cette raison qu'Obadiah te harcèle, je suppose, commenta Rhodey, parce qu'il connaissait l'homme et sa reluctance envers Peter.
Obi était marié à son travail, un homme exigeant et peu patient. Pire que tout, il semblait nourrir une aversion mal dissimulée à l'encontre de Peter qui ne plaisait que très peu au Colonel.
- J'ai pu travailler à chaque fois que Peter dormait, mais j'étais crevé aussi, alors tu penses bien que c'était pas forcément le travail le plus qualitatif que j'ai pu produire..., grimaça Tony en faisant glisser son index le long de la joue ronde de Peter, lequel soupira faiblement dans son sommeil, et l'homme sourit. Sinon je l'emmenais avec moi à Stark Industries, parce que ce gamin est incapable de me laisser partir toute une journée sans mener la vie dure à son baby-sitter, et Happy refuse catégoriquement de le garder avec lui. Du coup j'ai laissé tomber l'idée de le laisser tout seul pour le moment.
Il savait que c'était un problème dont il fallait vraiment qu'il se préoccupe, mais ça avait été la dernière de ses inquiétudes, avec tout ce qui s'était passé. Peter avait besoin de son père près de lui, il n'avait pas sa mère pour le réconforter, Tony ne voulait pas s'en éloigner trop longtemps également, et quel était le problème ?
Qu'on frappe Tony à genoux s'il fallait qu'il laisse tomber son fils.
Evidemment, il se leurrait en pensant que ça ne posait pas un réel souci. Mais la vérité, c'était qu'il était trop inquiet à l'idée qu'il arrive quelque chose à Peter si jamais il n'était pas là, si ses yeux ne se posaient pas sur lui de temps en temps. Il savait que ce n'était pas sain et qu'il devait travailler sur ça, mais ensuite, Peter était tombé malade, et alors... ça avait été pire que tout.
Tony avait l'habitude de dormir très peu, de passer plusieurs jours d'affilée sans dormir, parfois, même s'il avait changé ses habitudes quelque peu, maintenant que son fils était là, mais jamais il n'avait aussi peu dormi.
Peter avait fini par reprendre de la vigueur, après avoir été malade pendant un peu plus de deux semaines, et Tony commençait enfin à s'autoriser à respirer un peu. Il n'était plus en train de surveiller constamment son bébé de peur qu'il ne s'étouffe alors qu'il s'était laissé aller à fermer les yeux – il ne se le serait jamais pardonné, et l'idée lui donnait envie de vomir. Evidemment, il avait ajouté de nouveaux protocoles au code de Jarvis, pour veiller sur son fils, mais Tony ne parvenait pas à lui faire entièrement confiance – ce n'était qu'un ordinateur, après tout.
- Ça explique donc ton allure de zombie, finit par commenter Rhodey en essayant de détendre l'atmosphère, et Tony eut un raclement de gorge moqueur.
- Jamais autant que toi, l'ornithorynque.
Le ton était amusé et taquin, mais Rhodey voyait bien qu'au-délà de ça, son ami était vraiment épuisé.
- Comment ça se passe, pour toi ? Toujours en train de lécher les bottes du Gouvernement ? demanda Tony pour changer de sujet après avoir réajusté sa prise sur Peter, qui dormait toujours à poings fermés, complètement ignorant ce qui se tramait autour de lui.
Ils discutèrent ainsi un moment, rattrapant le temps passé sans se voir ou se parler, et Rhodey était ravi de pouvoir changer un peu les idées de Tony. L'homme finit par s'asseoir sur le canapé, juste à côté, son regard se posant de temps en temps sur son filleul, et ses yeux avaient cette lueur protectrice dont il n'arrivait pas à se défaire.
Ils étaient en train de parler d'Obi quand Tony remarqua le petit froncement de sourcils de Peter, qui indiquait toujours son réveil imminent. Il sourit par anticipation, se coupant dans sa phrase, et quelques secondes après, l'enfant ouvrit des yeux embrumés de sommeil. Sa tête se leva, prenant conscience de son environnement, puis il posa son regard sur son père, comme pour se rassurer.
- Hey là, munchkin, murmura doucement Tony, et Rhodey sourit face au ton doux qu'il adoptait toujours envers son fils.
Peter se frotta les yeux d'un air fatigué, soupirant légèrement, avant de reposer son front contre le torse de son père, comme pour se rendormir, et Rhodey rit.
- Oncle Rhodey est venu te voir.
- Odi ? demanda Peter avec un intérêt nouveau, et le concerné sentit son cœur fondre comme neige au soleil.
- Hey, gamin, le salua Rhodey avec un sourire qui lui faisait mal à la mâchoire tant il était immense.
Peter releva la tête vers la source du bruit, regarda Rhodey, regarda Tony, puis regarda de nouveau Rhodey avant de ramper sur le torse de son père et enfouir son visage encore barbouillé de sommeil dans le creux de son cou.
Rhodey rit de nouveau. Ce gamin était adorable.
Tony frotta lentement le dos de Peter pour le réveiller – il savait que son fils était un grand adepte des câlins, et que ceux du réveil étaient particulièrement appréciés.
Une fois bien plus alerte, Peter se jeta littéralement dans les bras de son parrain, qui ne pouvait décidément pas être plus heureux de le voir en si bonne forme. Il put passer du temps avec lui pendant que Tony lui préparait un goûter improvisé, puis observa son meilleur ami jongler avec son fils pour le nourrir alors que ce dernier se faisait un malin plaisir de courir tout autour du canapé pour éviter son père, riant à gorge déployée.
Et Tony – Tony, que pouvait-il faire d'autre face à une telle démonstration de joie non contenue après ces dernières semaines épouvantables ? Il ne pouvait s'empêcher de rire alors même que son gamin le faisait tourner et courir dans tous les sens, rien que pour avaler une bouchée de compote par ci, et un morceau de gâteau par là. Rhodey, comme à son habitude, demeurait inutile, à bien des égards.
- Tu nous accompagnes en promenade ? J'essaie de – enfin, tu vois, le faire sortir un peu quand même, après sa sieste, histoire qu'il voie pas juste la maison et Stark Industries, lui proposa finalement Tony en essuyant la compote qui s'était éparpillée sur les joues rondes de Peter, lequel était assis sur ses genoux et bondissait joyeusement, insouciant des difficultés de son père. Hey, Pete, laisse-moi nettoyer ça, tu vas être tout collant après et tu sais que je déteste quand tu es tout collant –
Un commentaire qui fit rire Peter, sans même qu'il ait besoin de le comprendre.
Rhodey secoua la tête d'un air amusé.
- Pourquoi pas, lui répondit-il avant de se lever. Va prendre une douche avant d'y aller, je vais m'occuper de ce...
- Lutin maléfique ? finit Tony à sa place avec un air presque désespéré alors que Peter s'amusait toujours avec lui.
- Le fait que tu connaisses le mot « lutin » est toujours aussi surprenant, même un an après.
Tony roula des yeux, sans méchanceté, avant de prendre Peter par les aisselles pour le mettre dans les bras de Rhodey. L'enfant poussa un petit gémissement de protestation dès qu'il quitta son père, toute insouciance envolée de son visage, mais Rhodey prit immédiatement la main, et Tony caressa légèrement sa joue avec un grand sourire avant de se diriger vers la salle de bain.
- Je reviens dans cinq minutes, lui dit-il par-dessus son épaule en ouvrant la porte.
- Tu peux prendre ton temps, je vais savoir m'en occuper tout seul, tu sais, rétorqua Rhodey en haussant un sourcil.
Tony s'arrêta et se tourna vers lui avec un sourire goguenard.
- Oh je voudrais bien. Mais cinq minutes, c'est le temps que tu as avant qu'il se mette à hurler à la mort parce qu'il ne me voit plus.
Puis il referma la porte derrière lui.
Rhodey, déterminé à donner tort à son ami, baissa les yeux vers un Peter entièrement tourné vers l'endroit où son père venait de disparaitre.
- Allez viens là, gamin, on va prouver à ton père qu'il a tort. C'est pas ton Oncle Rhodey le meilleur ?
*
Evidemment, et comme ses calculs étaient absolument toujours exacts, Peter se mit à gémir et à renifler quatre minutes et quarante cinq secondes après que la porte se soit refermée.
Et c'était la chose la plus attendrissante et la plus triste que Rhodey ait jamais vue, parce que tout à coup, le visage de Peter avait rougi légèrement et ses grands yeux s'étaient remplis de larmes, ses petites lèvres incurvées en une moue triste, et son attention n'était plus tournée vers le livre que Rhodey avait commencé à lui lire, mais vers cette porte désespérément fermée.
- Hey, Pete, regarde-moi, regarde ton Oncle Rhodey, papa –
Peter tourna aussitôt la tête vers lui en reconnaissant le mot bien-aimé, l'intérêt illuminant son regard.
- Papa ? demanda-t-il avec espoir.
- Oui, papa, il arrive, ton papa, essaya de le rassurer Rhodey. Tu veux jouer en attendant ?
Peter le regarda avec un air triste et boudeur qui lui fendit le cœur. En deux parties distinctes et de façon sonore.
Les reniflements s'intensifièrent quand il remarqua que Tony n'était toujours pas là. Puis, sans prévenir, sans même que Rhodey ait eu le temps de faire quoi que ce soit pour l'en empêcher, Peter se redressa sur ses petites jambes et se précipita vers la porte de la salle de bain, en haletant frénétiquement. Rhodey le suivit.
- Peter, viens par là !
Le petit s'appuya contre la porte.
- Papapapapapapapa ! s'exclama-t-il d'une seule traite, babillant pour faire revenir son père, et Rhodey le prit dans ses bras.
Ce fut à ce moment-là qu'il se mit à pleurer ; son visage se tordit soudainement, sa teinte rougeâtre s'intensifia, et Rhodey paniqua.
- Hey, hey, non, pleure pas, chéri, hey –
Et puis, la porte s'ouvrit.
- Tu vois, je te l'avais dit, nota Tony, les cheveux encore humides, avant de tendre les bras vers son fils dont les pleurs s'arrêtèrent instantanément. Viens voir ton père, viens me raconter toutes les horribles choses que t'a faites ton Oncle Rhodey –
Peter se blottit dans ses bras comme si son père avait été absent pendant des lustres, et Rhodey pinça les lèvres d'un air blasé, haussant un sourcil en direction du sourire fier et goguenard de son ami, celui qui criait c'est qui le meilleur, l'ornithorynque ?, et Rhodey le lui aurait fait ravaler avec grand plaisir s'il n'était pas celui qui venait de réconforter son filleul rien qu'en le pressant contre sa poitrine.
Il fallut une demi-heure de plus pour habiller Peter. Une demi-heure parce que le petit, en essayant visiblement d'aider son père, touchait à tout, tendant différents produits en direction de Tony, babillant joyeusement – et ils pouvaient reconnaitre quelques mots, par ci, par là, mais rien de vraiment compréhensible dans l'ensemble – tandis que son père essayait de le distraire pour pouvoir le préparer.
Le temps était chaud et le soleil brillait de mille éclats. Ils durent prendre la voiture pour se rendre à la plage, parce que l'extravagance et l'excentricité de Tony étaient telles que sa maison reposait au sommet d'un immense rocher, loin de Malibu même.
Lors de leur sortie de la propriété, ils passèrent devant deux vans noirs appartenant à des agences de presse – les mêmes qui se trouvaient là lorsque Rhodey était arrivé, plusieurs heures plus tôt, et l'homme se demanda vaguement si ces gens campaient là. Heureusement, les vitres de la citadine que Tony avait choisi pour l'occasion étaient teintées ; de cette manière, personne ne pouvait apercevoir Peter.
Tony n'était pas encore prêt à le dévoiler au grand public. Il savait que cela devrait arriver un jour, mais il voulait que ce soit le plus tard possible. Il ne connaissait que trop bien les désastres et dérives auxquels cela pouvait conduire.
Le trajet fut bref, mais agréable.
Lorsqu'ils arrivèrent au parking situé au-dessus des falaises qui surplombaient El Matador State Beach, Peter chantonnait toujours joyeusement en secouant ses petites jambes dans son siège auto, tandis que les deux amis le regardaient de temps en temps dans le rétroviseur avec un sourire attendri qui se transformait en petit rire lorsqu'ils croisaient le regard de l'autre.
Quelle bande de crétins.
Une fois garé, Tony détacha Peter pour le prendre dans ses bras. Lorsque le vent fouetta son visage, décoiffant ses beaux cheveux bouclés, Peter poussa un petit cri, à la fois de surprise et d'excitation, tandis qu'il tournait de grands yeux écarquillés vers l'horizon en tendant la main devant lui, tirant un grand sourire heureux à Tony.
- Oui, oui, on y va, lui dit-il, Rhodey croisant les bras sur son torse avec un air apaisé.
- Da ! da ! s'écria Peter avec un air sérieux, sautillant dans les bras de son père, son doigt toujours tendu vers l'horizon et sa tête faisant l'aller-retour entre le visage de Tony et le ciel d'un bleu aigue-marine.
- Je me demande de qui il tient cette infinie patience, persifla Rhodey.
- Assurément de sa mère, rétorqua Tony sans hésiter avant de se diriger vers le ponton qui menait aux escaliers en bois, lesquels descendaient jusqu'à la plage.
Rhodey le suivit implicitement avec un petit rire incrédule.
La descente fut longue et pénible. Peter se tortillait dans tous les sens, excité par tout ce qu'il percevait d'inhabituel ; l'odeur du sel, le fracas des vagues sur les rochers, le vent humide qui secouait ses boucles claires. Tony, lui, faisait de son mieux pour le tenir en place tout en essayant de mettre un pied devant l'autre, de peur de rater une marche tant le chemin était pentu. Peter, de son côté, voulait à tout prix être déposé au sol pour pouvoir courir tout son soûl, et Tony avait simplement hâte d'arriver sur le sable, où il ne craignait pas de le laisser jouer – tant que c'était loin de l'eau et des rochers.
Enfin, lorsque ses pieds se posèrent sur le sable fin, Peter sembla s'agiter plus que tout.
- Là, là, je te pose, je te pose –
- Le digne fils de son père, se moqua Rhodey, et Tony fronça le nez en désaccord.
Bien qu'il lui fût difficile de nier ce point.
- Da ! Da ! Da ! s'exclamait Peter en haletant de façon surexcitée. Papa !
- Toi tu sais comment m'amadouer, rit Tony en ajustant le t-shirt de Peter pour le faire redescendre sur son ventre, avant de le laisser faire quelques pas dans le sable.
Il était toujours émerveillé d'entendre ce petit éclat de soleil l'appeler papa.
Comme à chaque fois, Peter regarda ses pieds avec étonnement, leva les yeux vers son père, regarda de nouveau ses pieds, puis fit un pas, deux, trois, avant de s'élancer prudemment. De temps en temps, il vérifiait que Tony était toujours là, même s'il ne s'éloignait jamais de trop loin – Tony y veillait – et son père esquissait un grand sourire, parfois un geste pour l'encourager, et le sourire de Peter s'illuminait.
Mon Dieu. Qu'est-ce qu'il aimait ce gamin. Un morceau d'étoile qu'il avait volé au ciel.
- Sérieux, Tony, sourit Rhodey à côté de lui, tandis qu'ils marchaient tranquillement sur le sable, longeant la berge.
- Mh ? répondit distraitement le concerné sans lâcher des yeux son fils qui regardait son environnement avec une curiosité sans limite.
Il était toujours ébloui de voir à quel point cet enfant marchait bien pour son âge, même dans le sable, et même s'il savait que ça le fatiguait très vite.
- Tu sais, je trouve que ça te va bien.
- Quoi ?
- Ça. Peter. La paternité. Tu vois ce que je veux dire, répondit Rhodey en lui donnant un coup de coude dans le bras.
Tony fit craquer ses doigts, un geste nerveux.
- Ouais, ben..., répondit-il, sans vraiment savoir quoi dire, et finit par hausser les épaules, plissant des yeux pour regarder Peter en dépit du soleil qui lui brûlait la rétine.
- Papa ! s'écria soudainement Peter d'un air excité, là où il s'était laissé tomber, sa main pleine de sable. Oh.
Un immense sourire fendit le visage de Tony – et il remercia mentalement son fils pour l'échappée qu'il lui permettait – puis il se dirigea vers lui pour l'aider à se relever – et éviter, accessoirement, qu'il enfourne la poignée de sable dans sa bouche.
- Hey, qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Rhodey à Peter en le suivant.
- Da ! répondit le gamin avec un air profondément sérieux, comme s'il expliquait à son oncle ce que c'était.
- Du sable, articula Tony en s'accroupissant devant lui, et Peter leva des yeux perplexes vers son père – un regard concentré, comme s'il essayait d'assimiler.
- Sab' ? essaya-t-il de répéter, et Tony sentit son cœur courir une course folle dans sa poitrine.
- Oui, du sable, chéri, répondit-il en le prenant dans ses bras.
Par réflexe, Peter lâcha la poignée qu'il avait en main, et la regarda s'écouler sur le sol avec un air surpris.
- Oh ! Sab' !
Tony et Rhodey rirent.
- Pa'ti ! s'exclama Peter sans comprendre, se tournant vers son père pour une explication que Tony ne savait pas vraiment comment lui donner.
- Tu veux aller en ramasser encore ? lui demanda-t-il malgré tout.
Et comme s'il avait compris, Peter s'agita de nouveau dans ses bras en lui faisant comprendre qu'il voulait descendre, ce que Tony fit à contrecœur – mon Dieu, son fils voulait déjà se défaire de lui, à peine plus âgé d'un an, alors qu'est-ce que ça serait dans six mois, dans deux ans, dans dix ? Merde, il ne voulait pas encore y penser.
Ils continuèrent à marcher en silence, apaisés par le fracas des vagues sur les rochers et attendris par les cris et les éclats de rire de Peter, jusqu'à ce que Rhodey rompe à nouveau le silence.
- Alors, il parait que t'as pas encore renvoyé Pepper Potts auprès d'Obi.
Tony haussa les épaules, se sentant peu concerné.
- Elle fait le job. Je vois pas pourquoi je la renverrais.
- Pour la simple et bonne raison que t'as renvoyé absolument toutes tes assistantes depuis le début ? sourit Rhodey d'un air moqueur.
- C'étaient des incompétentes.
Rhodes secoua la tête, à la fois amusé et incrédule. L'exigence et l'excentricité de son meilleur ami ne l'étonnaient plus, mais cela ne l'empêchait pas de se sentir exaspéré par son comportement.
- Papa ! l'interpela de nouveau Peter, et Tony se tourna immédiatement vers lui, alerté par la tonalité bien moins joyeuse qu'il avait employée.
Comme l'homme s'y était attendu, Peter avait fini par se fatiguer assez rapidement, et c'était normal. Il marchait tout seul depuis peu de temps, et marcher dans le sable était bien plus fatigant que les quelques pas qu'il effectuait du salon à l'atelier, à la maison. Associez à cela une multitude de nouvelles sensations à assimiler, et vous obtiendrez un Peter Stark assis par terre dans le sable, refusant de se relever, les bras tendus vers un Tony Stark plus proche de la tendresse que de l'exaspération face à son comportement.
Une fois bien installé dans les bras de son père, Peter entoura son cou de ses petits bras et appuya sa tempe contre son épaule, regardant les vagues qui s'écrasaient contre la rive avec des yeux entrouverts. Rhodey lui lança un regard attendri, tandis que Tony posait une main douce et réconfortante dans son dos pour le soutenir.
- On rentre ? proposa ce dernier à son ami, haussant un sourcil.
- Il vaut mieux, rit légèrement Rhodey.
*
Peter s'était endormi dans les bras de Tony avant qu'ils aient fini leur ascension pour retourner à la voiture.
Tony allait ouvrir la portière arrière quand Rhodey l'interpela.
- Tony, euh –
- Quoi ? demanda l'homme en se tournant vers son ami, alerté par son ton inquiet et pressant.
Ce fut à ce moment-là qu'il les vit.
Les vautours.
Ces enfoirés incapables de le laisser tranquille une seule putain de minute.
- Monte dans la voiture, ordonna-t-il rapidement à Rhodey en portant une main au visage de Peter pour le cacher.
C'était comme si, maintenant qu'il les avait vus, les paparazzis devenaient plus imposants, une menace sortie de l'ombre prête à faire imploser le monde qu'il avait réussi à construire en un an. Aussitôt, des flashes se firent voir et entendre, et Tony grinça des dents, ouvrant la portière à la volée pour déposer Peter dans son siège auto le plus rapidement possible – il espérait qu'ils n'aient pas vu son visage, mais...
- Monte avec lui, lui dit Rhodey d'une voix pressante en passant à côté de lui.
Tony reconnut là son comportement militaire qui reprenait le dessus, cet air autoritaire et imposant, cette façon de prendre le contrôle qui le rassurait ou l'agaçait. En cet instant, cependant, il ne ressentait rien d'autre qu'un mélange détonnant de rage pure et de panique, qui grondaient dans sa poitrine et menaçaient de le faire suffoquer.
Les photographes se rapprochèrent de la voiture en une masse compacte, leurs yeux vissés derrière les objectifs imposants de leurs appareils, formant un attroupement autour d'eux, qui ne faisait rien pour arranger sa panique frénétique et grandissante.
- Merde, merde, merde, jura-t-il dans sa barbe en se débattant avec le siège et les ceintures et Peter dans ses bras et cette putain de porte qui ne se fermait pas –
Quand celle-ci claqua derrière lui, la voiture gronda bruyamment, achevant définitivement de réveiller Peter, qui cligna des yeux pour en chasser le sommeil.
Les pneus de la voiture crissèrent quand elle dérapa sur le sol rocheux.
Peter se mit immédiatement à pleurer de frayeur.
- Papa, gémit-il avec de grands yeux écarquillés, sa petite poitrine se soulevant rapidement.
- Shhh, shh, hey, Peter, se dépêcha Tony de le rassurer, reprenant immédiatement une voix douce et réconfortante.
- Papa...
- C'est rien, chéri, t'inquiète pas, continua Tony en embrassant sa tempe avant de le serrer fort contre lui, et Peter se blottit volontiers dans son cou.
Ses petites mains serrèrent son t-shirt et le cœur de Tony se serra avec une telle violence que cela lui coupa le souffle.
- Ça va ? lui demanda Rhodey d'une voix grave en regardant Tony dans le rétroviseur, et l'homme ne répondit rien, trop concentré sur la respiration qui s'était bloquée dans sa poitrine depuis qu'ils avaient aperçus ces enfoirés sur le parking.
Il jeta un œil dans le rétroviseur, pour voir que plusieurs vans les suivaient, alors que Rhodey roulait à toute allure, et le Colonel sentit la colère qui bouillonnait dans son propre estomac. Voir son neveu dans cet état, effrayé, secoué, tout ça à cause de ces vautours...
Peter se blottit davantage contre Tony, son front contre son cou.
- Shh, c'est rien, chéri, murmura Tony d'une voix légèrement tremblante.
- Putain, marmonna Rhodey de façon presque inaudible, ses yeux se posant alternativement sur le rétroviseur et sur la route. Ils vont pas nous lâcher jusqu'à ce qu'on arrive.
Tony serra la mâchoire et préféra se concentrer sur Peter.
Parce que dans un coin de son esprit, il y avait cette certitude que son monde s'était soudainement écroulé ; que l'étrange quiétude dans laquelle il avait vécu sa première année auprès de son fils était révolue, et définitivement derrière lui.
Parce qu'après ça, plus rien ne serait jamais comme avant, et c'était de sa faute. C'était toujours de sa faute. Il était censé protéger Peter, et l'exposer au monde entier en faisait une cible. L'exposer au monde entier mettait sa vie en danger ; ce soir, toute la planète saurait que Tony Stark avait un fils, il le savait.
Il n'y avait rien qu'il puisse faire.
C'était trop tard. Peter – Peter allait être exposé. Il ne serait – il ne serait jamais plus en sécurité et Tony –
Tony avait échoué.
*
TADA !
Alors, vous voyez, j'étais persuadée que moins d'un mois s'était écoulé depuis le dernier chapitre... En fait y en a deux qui sont passés entre temps ;-;
Et je vous aurais pas encore posté ce chapitre si j'avais pas changé d'avis entre temps...
En effet, ce chapitre 7 fait actuellement 4900 mots... et ne contient que la moitié de ce que j'avais prévu d'écrire.
Donc, bon, étant donné l'extrême longueur de ce chapitre, je me suis décidée à le couper en deux.
Moi qui avait prévu de commencer Iron Man 1 dans le chapitre 8... Ben ça sera pour le chapitre 9 !
Sérieusement, écrire ce chapitre m'a fait du bien. Je l'aime beaucoup, pourtant il ne s'y passe pas grand chose, j'ai l'impression, je ne sais pas... J'adore Peter. J'adore Tony. J'ai hâte de vous écrire le chapitre 8.
J'espère que ça vous a plu. 🥺❤️
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