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Chapitre 2 : Come back to life, 'cause I'm paralyzed

Chapitre 2 : Come back to life, 'cause I'm paralyzed

Il avait été incapable de partir. Incapable de quitter cette chaise sur laquelle il était assis, cette chambre, cet hôpital.

La situation semblait tellement irréelle. Tony vivait dans une sorte de bulle qu'il savait prête à éclater au moment où il quitterait la chambre d'hôpital. Jamais il n'aurait imaginé ça, avant d'avoir posé les yeux sur cette minuscule créature qui n'était autre que sa création, une partie de lui, et certainement la plus belle chose et le plus bel accomplissement de toute sa vie chaotique et dépravée.

Parce que Tony était un trou noir qui aspirait la lumière.

Il n'aurait sans doute jamais cru que du chaos qu'avait été sa vie depuis son enfance découlerait soudainement, parmi les entrelacements enchevêtrés de son existence, quelque chose d'aussi incroyablement pur et immaculé. Tony était comme une forêt ravagée par les flammes ; et de ses cendres était née une pousse encore plus belle et encore plus forte.

Tout avait été bouleversé. L'ordre cosmique, la gravité.

Il ne savait combien d'heures il était resté dans cette petite chambre d'hôpital, seulement raccroché à l'axe de la Terre par cette main minuscule qui tenait son doigt avec une force titanesque. Le temps s'était comme suspendu. Tony était resté là, à regarder, à observer, mémoriser les traits d'un visage si étonnamment similaire au sien – la courbe du nez, la forme de sa bouche. Une partie de lui.

Il était resté là à s'émerveiller, à contempler, à avoir peur.

Peur de ce que ça impliquait, peur de ce gigantesque cataclysme contenu en cet être encore inconscient de tout cela. Qui n'avait rien demandé à personne, et qui était juste là, et qui respirait. Tony ne pouvait pas l'abandonner. C'était ce à quoi ses réflexions l'avaient mené, lors de ces nombreuses heures à penser. Cet enfant était le sien. Il n'avait pas le droit de tout foutre en l'air. Il était temps d'amener un peu de lueur et d'ordre à sa vie si sombre et chaotique.

Il s'était focalisé sur la respiration et le rythme cardiaque de l'enfant endormi ; et c'était rassurant, en un sens, la régularité de ces gestes et de ces sons l'aidait à se fixer et à se calmer. Ce bébé n'était là que depuis quelques heures, et il provoquait déjà en lui des réactions spectaculaires. C'était une force de la nature.

Comme Tony.

Alors il était resté, tout simplement. Il ne s'imaginait pas sortir d'ici. Il avait trop peur que quelque chose se brise.

Après de longues heures, alors que ses paupières devenaient lourdes et difficiles à soulever, alors même qu'il n'avait pas bougé de sa place près de la couveuse, un bruit l'avait réveillé en sursaut. Un râle. D'abord, Tony avait cru à une sorte de bruit fantasmagorique l'ayant fait sursauter dans son état de semi-conscience, et ses yeux s'étaient ouverts d'un seul coup. Il avait regardé le bébé qui n'avait pas bougé, les yeux toujours fermés et le visage à moitié mangé par les appareils médicaux qui l'entouraient. Et puis, ça avait recommencé, et cette fois, Tony était bien réveillé : le petit avait fait une grimace et émis une sorte de râle du fond de sa gorge. Ses signes vitaux étaient toujours stables, et personne n'avait fait irruption dans la pièce, comme dans les films. Mais le cœur de Tony, lui, battait durement contre sa poitrine, et il avait arrêté de respirer pendant quelques secondes. Quand rien de nouveau ne se produisit, il relâcha son souffle coincé dans sa gorge, mais cette fois : ses yeux ne quittèrent pas le garçon endormi.

Je suis là.

Le phénomène se reproduisit plusieurs fois au cours de la nuit, inquiétant Tony. Mais personne n'était venu le voir, alors il se dit qu'il paniquait sans doute pour pas grand-chose. Après tout, il n'y connaissait rien. Alors à chaque fois que cela arrivait, il agissait instinctivement et essayait d'apaiser l'enfant qui toussait en caressant légèrement le haut de la petite main qui tenait toujours férocement son doigt, et rien qu'avec ça, les crises semblaient moins dures, moins longues. Dès qu'il avait découvert ce pouvoir magique, il n'avait plus arrêté de l'exercer, et s'émerveillait à chaque fois de ses effets.

- M. Stark ? demanda doucement une infirmière en rentrant dans la pièce, un peu plus tard, un air un peu surpris sur le visage.

Elle referma silencieusement la porte derrière elle, et Tony cligna des yeux plusieurs fois pour en chasser le sommeil qui s'y était logé. Il se sentait raidi, à être resté assis, perdu dans ses pensées, observant la petite poitrine de cet enfant se soulever rapidement au rythme de sa respiration.

- Vous êtes toujours là ? continua la jeune femme en se dirigeant vers la couveuse.

Où croyait-elle qu'il irait ? C'était son fils qui était là.

Tony se râcla la gorge.

- Où voulez-vous que j'aille ? demanda-t-il sèchement.

- Normalement vous n'êtes pas autorisé à rester là la nuit, mais comme il vient juste de naître et que personne ne vous a rien dit...

Elle laissa sa phrase en suspens et Tony n'aima pas le fait qu'elle suggère qu'il n'avait aucun droit de rester ici. Il fronça les sourcils, mais avant qu'il ait pu lâcher une remarque sarcastique, elle continua à parler.

- Je viens de prendre mon service et je suis venue voir comment se portait ce petit bonhomme qui nous est arrivé hier soir, dit-elle doucement en souriant au bébé qui refusait toujours de lâcher le doigt de son père. Le médecin n'est pas encore passé ?

- Non.

- On va vérifier que tout va bien, alors.

L'infirmière commença à vérifier les appareils qui entouraient la couveuse, étudiant les comptes-rendus, les dossiers accrochés, avant de froncer les sourcils.

- Mh...

Le cœur de Tony se serra légèrement, d'une façon qu'il trouvait presque inexplicable ; il ne savait même pas à quoi renvoyait cet état de fait, parce que... était-ce de l'inquiétude, qu'il ressentait, soudainement ?

- Qu'est-ce qui se passe ?

La jeune femme ne répondit pas et sortit son stéthoscope de sa poche, plaçant l'arceau dans ses oreilles et l'autre extrémité de l'instrument sur la petite poitrine du bébé dont la tête était tournée vers Tony. Sa main n'avait toujours pas lâché son doigt. Il s'y accrochait comme à sa propre vie, et Tony en était plus bouleversé qu'il ne voulait bien l'admettre.

- Ben alors, mon bonhomme, qu'est-ce que tu nous fais, là..., murmura l'infirmière en écoutant attentivement les poumons et le cœur du bébé.

Elle leva ensuite la tête vers Tony qui ne la lâchait pas des yeux, les nerfs en pelote. Il détestait qu'on le fasse attendre, et encore plus dans une situation pareille. Il y avait en plus cette étrange sensation, ce pressentiment que quelque chose n'allait pas et qui venait de nulle part – et qui l'avait grignoté sournoisement au cours des dernières heures.

- Est-ce que vous avez remarqué quelque chose de différent, chez lui ? lui demanda-t-elle.

- Il... euh, je sais pas, il avait une respiration irrégulière et il faisait parfois quelques bruits de gorge – qu'est-ce que ça veut dire ? qu'est-ce qu'il a ?

Et était-ce de la panique, vraiment, qu'il sentait poindre dans le creux de son estomac ?

Le froncement de sourcils de l'infirmière s'accentua davantage, et Tony sentit son cœur battre durement contre sa poitrine.

- Il faut faire quelques examens supplémentaires, je vais aller chercher le médecin. Ne bougez pas.

Quelques examens supplémentaires ? Qu'est-ce que c'était censé vouloir dire ?

Tony tourna son visage inquiet vers le petit dont la respiration était rapide et se terminait parfois en une exhalation profonde et saccadée. De nouveau, il frotta doucement son pouce contre la peau translucide et aussi un peu bleue de la petite main qui entourait son index. L'enfant produisait des râles et grimaçait d'une telle façon que tout son visage était tordu en des sanglots silencieux, comme s'il voulait pleurer mais n'y arrivait pas.

Le cœur de Tony se serra dans sa poitrine, inexplicablement. D'une étrange façon, il savait que le petit était en train de souffrir, mais il ne pouvait rien faire contre ça. Et le sentiment d'impuissance qui le saisit soudainement était complètement nouveau et vraiment désagréable. Il décida immédiatement qu'il détestait ça.

Cette fois il paniquait vraiment, et il le savait. Le bébé avait commencé à s'agiter dans sa couveuse, battant des jambes et des bras de façon désordonnée, produisant des petits râles, la respiration rapide et saccadée, et Tony ne pouvait rien faire, et il prit peur. Comment pouvait-il prétendre être père, comment avait-il pu penser qu'il en serait capable ne serait-ce qu'une seconde, alors qu'il ne comprenait rien à ce qui se passait, alors qu'il était inutile ? Tony était doué pour réparer et construire des choses. Mais il n'avait aucune connaissance des humains, et encore moins des humains miniatures.

Qu'était-il censé faire, bordel ?

Le bébé avait lâché son doigt, pour la première fois depuis de longues heures, et Tony ressentit une sorte de vide qui le prit de court et lui coupa presque le souffle. Pour la première fois depuis de longues heures, il se sentit démuni et seul. Il allait devenir dingue avec toute cette situation, tout ça le dépassait. Il passa une main nerveuse sur son visage puis dans ses cheveux et détourna le regard de l'enfant agité qui avait envie d'hurler à plein poumons et qui en était incapable.

C'est alors que le médecin qu'il avait vu la veille entra dans la pièce, suivi de deux infirmières. Il lança à peine un regard à Tony, lequel se plaça automatiquement en retrait. Maintenant, la couveuse était cachée par l'équipe médicale qui s'affairait autour de lui.

- Faites-lui passer une radiographie des poumons, et on fera ensuite un test des gaz sanguins, décida très rapidement le docteur. Allez, on y va.

Tony ne comprenait rien à ce qui se passait, il pouvait juste voir que le médecin avait un air grave sur le visage, et les infirmières s'exécutèrent sans protester, emportant la couveuse hors de la chambre, et si c'était possible, la panique de Tony redoubla d'intensité. On emportait son fils loin d'ici. Et ne plus le voir, tout à coup, en être privé, le rendait douloureusement malade.

- M. Stark, l'interpela le médecin en se rapprochant de lui.

Il rangea son stéthoscope dans sa poche.

- Je sais que c'est très impressionnant.

Et Tony détesta qu'il s'adresse à lui comme s'il était un enfant qui ne comprenait rien et qu'il fallait ménager.

- Mais c'est quelque chose qui arrive souvent avec les bébés prématurés, surtout les grands prématurés comme le vôtre, commença-t-il à lui expliquer.

Tony frotta sa main contre sa poitrine, qui était incroyablement serrée. Il était à deux doigts d'étouffer et de faire une crise de panique au milieu de cette chambre d'hôpital. Il ne pouvait pas perdre pied maintenant.

- Qu'est-ce que... qu'est-ce qu'il a ? Il va bien ? ne put-il s'empêcher de demander.

- Il faut qu'on lui fasse passer des tests pour confirmer le diagnostic, mais je pense que votre fils présente un syndrome de détresse respiratoire.

Les mots se frayaient difficilement un chemin à travers le brouillard épais qui entourait son esprit. Il ne comprenait absolument rien, et ce n'était pas une chose à laquelle il était habitué, bien au contraire.

- Qu'est-ce que c'est censé vouloir dire ? claqua-t-il en fronçant les sourcils.

- Votre fils est né prématurément, Monsieur Stark, à vingt-huit semaines, plus précisément. Ça veut dire que son développement n'est pas terminé. Chez les bébés nés à cet âge, les défenses immunitaires sont faibles donc les risques d'infection sont élevés, le cerveau n'est pas complètement développé ce qui peut poser des problèmes neurologiques et de développement plus tard, mais ce qui nous inquiète pour le moment, ce sont ses poumons. A cet âge, ils ne sont pas encore matures et manquent d'une substance qu'on appelle du surfactant, c'est ça qui permet l'ouverture des poumons.

- Donc il... il ne...

Tony aussi avait l'impression de ne plus respirer correctement. Il dut s'asseoir pour assimiler la nouvelle. Il n'avait... il n'avait rien envisagé de tout ça. C'était beaucoup trop, beaucoup plus qu'il ne pouvait en supporter d'un seul coup. Dans quelle espèce de réalité parallèle vivait-il ?

- Il est petit et faible. Et je me dois de vous informer de tout ça parce que vous êtes son père, M. Stark, continua le médecin d'une voix sérieuse, le visage grave et ferme.

Et cela frappa Tony. Vous êtes son père. Il fallait... il fallait qu'il se reprenne. Il fallait qu'il soit là.

- Est-ce qu'il va... est-ce qu'il va s'en sortir ? demanda-t-il en levant yeux vers l'homme qui attendait qu'il agisse en tant que père.

Sauf que Tony ne savait pas faire ça. Il ne savait pas comment agissait un père. Il n'en avait jamais vraiment eu.

- Nous allons tout faire pour. Mais il faut que je sois honnête avec vous... il est possible qu'il ne survive pas.

Et les mots claquèrent dans l'air comme une claque en pleine figure.

- Il faut que vous soyez fort pour lui. Je vais m'occuper de lui et nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que tout se passe bien, d'accord ?

Tony acquiesça mécaniquement, les yeux flous, le cœur au bord des lèvres. Il était perdu.

- Vous devriez appeler quelqu'un pour vous tenir compagnie. Vous avez quelqu'un que vous pouvez contacter ?

- Oui, je... dans combien de temps je pourrai le revoir ?

C'était ce qui l'angoissait le plus, sans qu'il sache vraiment pourquoi. Le fait de ne pas voir l'enfant, de ne pas savoir ce qui allait se passer lui était difficilement supportable. Il... il détestait les équations à facteurs inconnus. Voilà tout.

- Je ne sais pas, il faut que nous lui fassions passer des tests et que nous le passions sous oxygène. Ça peut durer plusieurs heures.

- D'accord.

La gorge de Tony était sèche et il était épuisé. Le médecin le raccompagna hors de la chambre, et il y avait un goût de fatalité, de fin, de non-retour, dans ce geste, comme s'il ne pourrait plus revenir ici, comme s'il n'y avait plus rien qui l'attendait, plus rien qui le retenait. Comme s'il allait devoir rentrer chez lui et oublier que la gravité avait été inversée et l'ordre cosmique totalement bouleversé. Comme s'il était capable d'oublier tout ce qui venait de se passer, dans cet espace-temps figé dans l'univers. Un entre-deux dans sa vie chaotique.

Tony ne voulait pas quitter de vue cette chambre. Il voulait être là quand ils ramèneraient l'enfant ; parce qu'ils le ramèneraient, il n'y avait aucune raison pour que ce ne soit pas le cas, pas vrai ? Il s'assit à même le sol, en face de la porte close, contre le mur, s'y laissant glisser avec épuisement. Il se fichait de l'air qu'il arborait et au fait qu'il ne devait sans doute pas se ressembler en ce moment-là. Il était dans un hôpital et il attendait que son fils aille mieux. Il attendait qu'il respire.

Et c'était comme si le temps s'était suspendu alors...

Les heures passèrent, sans qu'il ait de nouvelles, rien. Pas d'infirmière, pas de médecin. Pas d'enfant. Il n'y avait qu'un tournoiement incessant comparable à une ruche bourdonnante autour de lui, mais il n'y prêtait que peu d'attention. Il était trop perdu, partagé entre plusieurs sentiments contradictoires.

Et Tony était quelqu'un qui aimait réfléchir seul, qui n'appréciait que la compagnie charnelle et celle de certaines personnes bien particulières, telles que Pepper, Happy, et...

Rhodey.

C'est en pensant à lui que les mots du médecin lui revinrent en tête : vous avez quelqu'un que vous pouvez contacter ? Il avait besoin de son ami pour se recentrer, pour comprendre tout ce qu'il ressentait. Parce que Tony était une épave, une flamme vacillante prête à prendre l'eau et à s'éteindre, alors que Rhodey était solide, droit. Il l'ancrait au monde. Rhodey était son repère.

Il sortit son téléphone de sa poche et composa le numéro de son meilleur ami, les doigts tremblants.

- Hey, Tones, je te manque déjà ? répondit-il après trois sonneries, et Tony sourit légèrement.

Soulagé, parce qu'enfin, quelque chose le sortait de cet hôpital et de ses pensées tourbillonnantes, il se frotta un œil avec sa main libre avant de la passer dans ses cheveux.

- Ouais, on peut dire ça.

- Qu'est-ce qui se passe ?

- Rien.

- Tony.

- Est-ce que t'es à Malibu ? demanda Tony en se maudissant intérieurement pour paraître aussi faible.

- Non, mais je peux y être dans peu de temps. Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe ?

- Je peux pas simplement avoir envie de te voir, Honey Bear ?

Le silence à l'autre bout du fil fut assez éloquent et intimidant pour que Tony laisse tomber le sarcasme.

- Bon, ok..., capitula-t-il en soupirant, laissant retomber sa tête contre le mur en ignorant le regard interrogateur d'une infirmière qui passa rapidement devant lui. Tu peux venir au Westlake Surgical Center ?

- Dis-moi ce qui se passe, Tony, ordonna fermement Rhodey, et Tony l'entendit se mettre en route.

- Tu te rappelles de cette femme, Mary Fitzpatrick ?

- Qui ?

- Cette femme avec qui j'ai passé la nuit, au gala, en décembre...

- Tony, tu crois vraiment que je me rappelle de toutes les femmes avec lesquelles tu as couché ou quoi ? Sérieux, mec –

- Ok, ok, ok, bon... elle... elle est venue me voir y a trois mois pour m'annoncer qu'elle était enceinte –

- Est-ce que tu as fait un test ? demanda immédiatement Rhodey.

- Oui.

- Oh bordel, Tony. Bordel de merde.

- Oui, je sais.

Il avait la désagréable impression de se faire réprimander par ses parents.

- J'arrive. Dis-moi où tu es, je suis là dans cinq minutes.

Et cinq minutes plus tard, Rhodey le trouva là, assis, les traits tirés. L'inquiétude le rongeant, malgré son soulagement de savoir que quelqu'un pourrait peut-être l'aider à prendre les choses en main. Il l'aida à se relever et posa son bras sur son épaule, le stabilisant et l'observant d'un air soucieux.

- Faut que tu m'aides, lui dit simplement Tony.

Parce qu'il était à deux doigts de flancher, de tout envoyer en l'air. Il était soumis à d'incroyables sentiments contradictoires, entre celui de foutre le camp d'ici et de tout oublier, et celui de remuer l'hôpital pour enfin revoir son fils.

- Je suis là. Mais il faut que tu m'expliques ce qui se passe, là... Viens, on va te chercher un café. T'en as pas bu depuis combien de temps ? essaya-t-il de plaisanter pour détendre l'atmosphère, et le cœur de Tony s'allégea légèrement.

Il n'était plus seul, cette fois. Rhodey le conduisit jusqu'à la cafétéria, mais le cœur de Tony était réticent, un peu ailleurs. Il aurait préféré, d'une certaine manière, rester devant cette chambre d'hôpital. Ne plus s'y trouver le rendait nerveux. Mais Rhodey était lui aussi sa propre force de la nature, et il avait cette capacité à le calmer même quand Tony se trouvait dans les états les plus calamiteux qui soient et boire un café le réveilla quelque peu. Cela lui éclaircit les idées.

- Raconte-moi tout ce qui s'est passé.

Alors Tony parla.

Il lui confia avoir couché avec Mary en Janvier dernier, lors d'un gala dont il se souvenait à peine, qu'elle était venue le voir quatre mois après pour lui annoncer qu'elle était enceinte de lui, test de paternité à l'appui, qu'il l'avait rejetée et qu'il l'avait oubliée, et Rhodey le réprimanda pour son geste même s'il le comprenait, il lui dit qu'il aurait dû l'appeler, qu'il l'aurait aidé. Mais Tony n'était pas prêt, et Rhodey le savait. Il avait toujours été là pour le soutenir depuis qu'ils étaient enfants, il avait vu les désastres occasionnés par le manque d'amour qu'Howard Stark avait créé, la crevasse dans le cœur de Tony et les meurtrissures qu'il avait dans le creux de sa poitrine. Il savait les démons qui le tourmentaient encore aujourd'hui.

Il lui raconta ensuite tout ce qui s'était passé la veille, l'accident, la mort de Mary et l'enfant, bon sang... Si petit, si incroyable, déjà, son fils. La nuit qu'il avait passée près de lui, sans trop savoir pourquoi, cette attraction, et son impression que quelque chose n'allait pas avec lui, le médecin...

- Je sais pas ce que je vais faire, lui confia-t-il à la fin, passant une main sur son visage fatigué.

Rhodey l'observa un moment, buvant une gorgée de son café.

- Qu'est-ce que tu veux faire ?

- J'en sais rien ! Je suis pas... je vais le foutre en l'air, Rhodey.

- Tu n'en sais rien.

- Si, je le sais. Je sais pas comment... je sais pas comment m'occuper d'un bébé. Et je dirige une entreprise qui vend des putains d'armes.

- Tu crois qu'on devient parent avec un genre de manuel ? se moqua légèrement Rhodey.

- Je suis pas prêt pour ça.

Il n'était pas prêt.

- D'accord. Et alors quoi ? Tu vas simplement rentrer chez toi et oublier tout ça ? oublier que tu as un fils qui vient de naitre, et qui a déjà perdu sa mère ? Le confier à une famille quelconque ou pire, aller en foyer d'accueil et risquer d'être baladé de foyers en foyers sans jamais trouver quelqu'un pour l'aimer ?

Tony sentit son cœur se serrer en imaginant ça. Mais ne serait-ce pas mieux que de vivre avec quelqu'un d'aussi détruit qu'il l'était ? quelqu'un d'aussi destructeur ?

- Tu... peut-être que tu peux l'adopter ? proposa faiblement Tony, même si l'idée le rendait malade.

Parce qu'au fond de lui, il savait, bordel. Il n'arriverait pas à partir d'ici et à oublier. Mais en même temps...

Rhodey manqua de s'étouffer avec son café.

- Oui, bon, d'accord, maugréa Tony en grimaçant. C'est pas ma meilleure idée.

- Et de loin, se moqua le militaire.

Ils restèrent silencieux un moment, Tony traçant et retraçant le bord du verre, plongé dans ses pensées. Toutes tournées vers ce petit garçon...

- Qu'est-ce que tu en penses, toi ? demanda-t-il à son meilleur ami au bout d'un moment.

Même si au fond de lui... bordel, il savait. Et ça le terrifiait.

Qu'aurait dit Howard s'il était là ?

- Prends tes responsabilités, Tony. Voilà ce que j'en pense. Ce gamin a besoin de toi, que tu le veuilles ou non. Tu peux pas le laisser tomber.

- Je sais, murmura-t-il.

- Et tu seras pas tout seul. Si tu nous laisses t'aider, on sera là pour toi et pour lui.

- T'as raison, admit-il avant de lever les yeux vers Rhodey.

Ce dernier comprit que c'était sa façon à lui de le remercier. Tony n'avait jamais été très doué pour exprimer ce qu'il ressentait, mais Rhodey se dit que peut-être cet enfant l'aiderait à changer... à aller mieux, à avancer. A remettre de l'ordre dans sa vie. Il y veillerait. Parce que Tony ne méritait pas la spirale autodestructrice dans laquelle il s'était volontairement plongé.

- On remonte ? proposa-t-il à son ami, lequel hocha la tête.

Rhodey l'accompagna jusqu'à l'endroit où il était assis avant qu'il arrive. La porte était toujours close, et ils restèrent là, en silence, pendant de longues minutes.

- Alors, j'ai un neveu, du coup.

Les lèvres de Tony s'étirèrent pour la première fois depuis de très longues heures.

- Bordel, oui.

- Comment il s'appelle, alors ? demanda Rhodey en lui donnant un petit coup de coude.

Et c'est à ce moment-là que Tony se rendit compte que cet enfant n'avait même pas de nom. Il n'avait signé aucun certificat de naissance, il n'était... il n'était encore qu'un inconnu aux yeux du monde. Il n'y avait même pas réfléchi, à dire vrai, parce qu'il ne se sentait pas comme s'il avait le droit de le nommer. Ça rendait les choses trop réelles, trop... concrètes.

- Euh...

Rhodey comprit immédiatement, et c'était pour cette raison qu'il était son meilleur ami. Tony n'avait rien besoin de dire : il savait.

- C'est le moment d'y réfléchir, alors.

- J'ai absolument aucune idée. C'est pas le genre de choses auxquelles les gens réfléchissent pendant des mois ?

Il était de nouveau en train de paniquer ; la moindre décision à prendre le renvoyait dans des gouffres d'angoisse et de nervosité. Mais il avait aussi peur d'avancer dans cette direction, parce que l'inquiétude la plus grande et qui n'avait pas quitté son esprit, ces dernières heures... c'était de savoir si son fils allait survivre. Tony avait peur, et il le savait, mais il ne voulait pas avoir peur comme ça. C'était irrationnel, il ne connaissait pas ça. Pas cette peur dévorante et déchirante, comme s'il était déjà trop attaché, comme s'il n'y avait pas de retour possible.

Peut-être que c'était le cas...

Rhodey sembla lire ses pensées sur son visage et il redevint sérieux.

- Je suis sûr qu'il va s'en sortir, essaya-t-il de le rassurer.

Tony renifla avec fierté et mépris, froissé que Rhodey suggère qu'il avait peur. La vérité, pourtant, c'était qu'il était complètement terrifié de voir le médecin arriver avec un air grave, pour lui annoncer qu'il n'avait pas survécu. Qu'est-ce qu'il ferait si ça arrivait ? alors qu'il avait encore du mal à accepter sa paternité, alors qu'il venait juste de prendre la décision... la décision d'être là pour lui ?

- C'est ton fils, après tout, ajouta Rhodey avec un léger sourire. Et on sait toi comme moi que les Stark sont des hommes de fer.

Tony eut un rire étranglé qui le surprit. Il ne s'était pas rendu compte qu'une gêne s'était formée dans sa gorge et que ses yeux s'étaient troublés. Rhodey passa un bras autour de ses épaules en guise de soutien et le serra légèrement.

- Ça va aller.

Ils restèrent silencieux quelques instants, Tony tentant tant bien que mal de ravaler ces stupides larmes qui s'étaient coincées dans sa gorge, et Rhodey le laissant se reprendre.

- Hey, qu'est-ce que tu penses de James ?

- Quoi, comme James Rhodes ? se moqua Tony.

- James Jr. Un nom de champion.

- Ben voyons.

- Anthony ?

Tony leva les yeux au ciel.

- Certainement pas.

- Ben désolé, j'essaie d'aider, moi ! s'indigna Rhodey, et cela détendit largement l'atmosphère, bien que l'estomac de Tony soit encore serré par l'inquiétude et que ses yeux continuent à scanner les alentours.

- M. Stark ? les interrompit soudainement la voix du médecin qui se rapprochait.

Le cœur de Tony se serra violemment, le peu de bonne humeur que Rhodey lui avait apporté se volatilisa.

- Colonel Rhodes, se présenta Rhodey en tendant sa main au médecin quand ce dernier lui lança un regard interrogateur.

- Comment il va ? demanda immédiatement Tony, mourant de connaitre la réponse, tout en ne la voulant pas, d'un autre côté.

Il devenait dingue.

- C'était bien un syndrome de détresse respiratoire, comme je le soupçonnais.

Rhodey exerça une petite pression sur son épaule pour l'ancrer au sol.

- Ça va sûrement être un peu impressionnant quand vous le verrez, parce qu'on l'a mis sous ventilateur afin de l'aider à respirer, et on a ajouté une perfusion qui lui injecte un produit permettant à ses poumons de créer plus de surfactant, vous vous souvenez ?

Tony acquiesça fébrilement.

- Je peux... je peux le voir, alors ? Il va bien ?

- On va devoir le garder sous surveillance un peu plus étroite, maintenant, mais oui, vous pouvez le voir, M. Stark.

Il se fichait éperdument que Rhodey le voit dans cet état, maintenant. Tout ce qui comptait, c'était que son fils aille bien. Il réfléchirait à tout ça plus tard, quand il n'aurait pas un bébé à aller voir.

Tony ne perdit pas une seconde, vite suivi par Rhodey. Comme la première fois qu'il était rentré dans la chambre, il se désinfecta les mains dans le petit lave-main prévu à cet effet et on l'aida à enfiler une nouvelle blouse stérile. Rhodey fit la même chose, et Tony entra doucement dans la chambre.

Même s'il avait détesté que le médecin lui parle comme s'il était un enfant qui avait besoin d'être rassuré, Tony se rendit alors compte qu'il avait eu raison de le prévenir, parce que oui, c'était impressionnant. L'enfant reposait dans la couveuse chauffée, enveloppé dans une couverture blanche à motifs rouges, un petit bonnet blanc recouvrant sa tête, et il était entouré de plusieurs appareils médicaux, encore plus que tout à l'heure, le plus gros étant le respirateur qui faisait que sa petite poitrine se soulevait à un rythme régulier, bien que toujours un peu rapide.

- Le respirateur permet à votre fils de respirer convenablement, en attendant que ses poumons produisent davantage de surfactant, expliqua le médecin à voix basse, et Tony l'écouta sans jamais détacher son regard du bébé endormi. Il y a aussi un petit appareil qui lui envoie de l'oxygène. On va surveiller son état, mais il devrait aller bien.

La gêne dans la gorge de Tony était revenue avec la force d'une tempête. Une gifle en pleine figure. Il allait bien. Il allait s'en sortir. Et toute cette angoisse qu'il avait essayé de museler pendant des heures se desserra lentement, lui permettant de respirer à son tour.

- Vous avez un petit garçon très fort, sourit le docteur. C'est un battant. Vous pouvez être fier, M. Stark.

Les Stark sont des hommes de fer.

Et cet enfant était un Stark. Il était son fils.

- Je vous laisse avec lui, finit le médecin en sortant ensuite de la chambre.

Tony n'y prêta pas attention, frappé par la puissance de cette réalisation. Parce qu'il n'abandonnerait pas cet enfant, il n'abandonnerait pas son fils. Ils allaient s'en sortir tous les deux.

- Mon Dieu, Tony, murmura Rhodey en s'approchant de la couveuse, se plaçant à côté de lui, un sourire aux lèvres. Il te ressemble vraiment.

Tony ne répondit pas, se mordant l'intérieur de la joue pour retenir les larmes qui lui brouillaient la vue. Rhodey serra son épaule sans rien dire quand ses yeux débordèrent.

Il s'essuya rapidement les joues en reniflant, se détournant de son ami.

- Désolé, s'excusa-t-il.

- T'as pas à t'excuser, c'est normal, répondit Rhodey. J'ai un super neveu.

Et comme Tony précédemment, Rhodey passa sa main dans l'ouverture de la couveuse prévue à cet effet et glissa son index dans la paume de l'enfant. Et comme pour Tony précédemment, la magie opéra quand sa petite main se serra autour de son doigt. L'expression de Rhodey changea du tout au tout, s'adoucissant comme Tony ne l'avait jamais vue.

- Regarde-moi cette poigne qu'il a déjà. Ouais, t'es un champion, sourit-il en direction du petit. T'es un champion comme ton père.

Le cœur de Tony se serra, mais avec un sentiment qu'il ne reconnaissait pas. Ce n'était pas de l'angoisse, ça n'avait rien d'aussi négatif. C'était quelque chose comme... de la tendresse. Un sentiment qu'il n'avait jamais connu jusqu'alors.

Il n'était qu'un tourbillon d'émotions.

- Tu pourrais l'appeler Pietro, déclara Rhodey avec un petit sourire. Ça veut dire « fort », en Latin. Parce que t'as un véritable warrior, ici.

Tony sourit à son tour, et Rhodey lui laissa sa place près de la couveuse. Tony s'assit sur la chaise et passa sa main dans l'ouverture, une chose qu'il mourait d'envie de faire depuis que le petit avait lâché son doigt, quelques heures auparavant. Et quand enfin, sa main se resserra de nouveau autour de son index, le secouant doucement, Tony eut l'impression qu'il était complet.

- Pietro ? demanda-t-il doucement, sans conviction, en regardant le bébé pour avoir une quelconque réaction.

Mais il était trop petit pour ça, encore.

- Pietro Stark. Non, hein ? J'aime pas non plus.

Rhodey poussa une petite exclamation indignée.

- Peter ? C'est un dérivé.

- Ça sonne bien.

- Peter Stark ? T'en penses quoi, gamin ?

A nouveau, sa main secoua son doigt, et Tony sourit. Peter Stark. Ça sonnait merveilleusement bien dans sa tête.

Oui, Tony Stark avait un fils.

Et il savait qu'il ne serait plus jamais seul, désormais.

*****

Je suis ébahie que le premier chapitre ait été aussi bien accueilli. Je vous remercie infiniment pour tous vos commentaires et votes, ça me touche beaucoup, et ça m'a aussi fait beaucoup de bien.

J'ai passé beaucoup de temps sur ce chapitre, je sais, mais je voulais qu'il me plaise. J'espère que ça a aussi été votre cas, et que vous n'êtes pas déçus. 

Prenez soin de vous.

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