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Chapitre 1 : Here I am

Chapitre 1 : Here I am 

Tony Stark n'avait jamais su ce qu'était un père aimant. Howard Stark était le genre d'homme à croire que l'argent remplaçait l'amour. Qu'éduquer Tony pour qu'il soit l'héritier de sa compagnie était une preuve d'amour – et peut-être que ça l'était, Tony n'en savait plus trop rien, à vrai dire. Mais le fait est qu'il n'avait jamais su ce que c'était vraiment. Il ne connaissait pas d'amour inconditionnel, ne l'avait jamais connu.

Il pensait ne jamais le connaitre, en vérité. Il n'était pas fait pour ça.

Jusqu'à ce jour où elle était arrivée, sans prévenir, sur le pas de sa porte, comme dans un vieux cliché romantique. Le regard égaré, le visage pâle. Le ventre arrondi.

- Tony, souffla-t-elle, les larmes lui montant aux yeux avec soulagement quand elle le vit apparaître dans l'embrasure.

Sans prévenir, elle lui sauta au cou et Tony la rattrapa du mieux qu'il put, interdit. Il n'avait jamais été spécialement proche d'elle depuis qu'il la connaissait, à part pour cette unique nuit qu'ils avaient passé ensemble, quelques mois plus tôt.

- Mary ? demanda-t-il, incapable de faire une phrase entière.

Il ne comprenait pas l'étrange sentiment qui s'était installé dans sa poitrine à la vue de la jeune femme qu'il n'avait plus revue depuis qu'ils avaient couché ensemble. Tony avait continué sa vie comme il l'avait toujours fait, sans se poser de questions ; il ne s'était tout simplement pas attendu à la revoir.

- Tu – tu m'invites à entrer ? J'ai...

Elle leva les yeux vers lui, d'incroyables yeux bruns qui l'avaient fasciné la première fois, et il déglutit.

- J'ai quelque chose à te dire.

Elle avait semblé nerveuse et Tony l'avait laissée entrer, jetant un dernier coup d'œil à l'extérieur avant de refermer la porte. Il se demanda comment elle avait fait pour trouver son adresse.

A l'intérieur de cette grande maison impersonnelle et peu décorée dans laquelle il vivait, il fit asseoir Mary sur le canapé après lui avoir servi un verre d'eau, un verre de Scotch pour lui, et attendit qu'elle parle. Son état un peu tremblant et frénétique l'inquiétait quelque peu.

- Alors, euh..., commença-t-il quand il remarqua qu'elle n'avait visiblement pas l'intention de parler en premier. Toi et Richard, vous... ?

Il fit un signe de tête maladroit en direction de son ventre arrondi qu'il osait à peine regarder. Ça l'avait toujours mis mal à l'aise.

Mary eut un rire nerveux, manquant de s'étrangler avec son verre d'eau.

- Richard et moi, on a jamais... on a jamais été ensemble, Tony.

- Oh.

C'était tout ce qu'il était capable de dire alors que la sensation étrange grandissait dans son estomac.

- En fait, euh... je suis enceinte de quatre mois.

Il ne voyait pas pourquoi elle lui disait ça après tout.

- C'est le tien, Tony, ajouta-t-elle avec une légère pointe d'exaspération en voyant son air hébété et interdit.

Il n'avait pas su comment réagir, sur le moment. Et puis, il lui avait demandé si elle était sûre d'elle, s'il était bien de lui, et elle avait semblé offensée, mais il fallait qu'il sache, ce n'était pas la première fois qu'on lui faisait ce coup-là ; il était Tony Stark, après tout. Elle avait alors brandi un papier sous son nez, avec un air froissé et énervé, sur lequel on pouvait lire « test de paternité » et son nom en-dessous.

- Je n'ai couché qu'avec toi, avait-elle dit d'une voix blessée, comme si le fait qu'il doute n'était pas légitime. Mais je savais que tu me demanderais des preuves, alors les voici. Cet enfant est de toi, que tu le veuilles ou non.

Alors, évidemment, il lui avait demandé ce qu'elle attendait de lui, si elle était venue pour avoir de l'argent pour élever cet enfant, ou le menacer de tout révéler à la presse à scandale. Mais il s'était avéré qu'elle ne voulait vraiment rien de tout ça, et Tony s'était crispé.

- Je veux que tu sois là pour lui, avait-elle répondu comme si c'était la chose la plus évidente du monde, et Tony avait ri, d'un rire jaune et sans joie.

- Je peux te donner autant d'argent que tu veux, Mary, mais moi, être père ? laisse-moi rire. Ce gamin n'a pas besoin de moi dans sa vie.

- J'ai pas besoin de ton argent. Mais cet enfant va avoir besoin d'un père.

- Alors trouve quelqu'un d'autre.

La réponse avait claqué dans l'air, comme une gifle en plein visage, et le visage de Mary s'affaissa. Il perdit toute trace de colère pour laisser la place à la tristesse. Tony avait bien conscience d'agir comme un connard sans cœur – c'était ce pour quoi il était réputé, après tout – mais il ne voulait rien à voir à faire avec tout ça. Il avait une compagnie à faire tourner, il n'avait pas de temps à perdre avec... ça. Et le connaissant, même s'il restait pour l'élever, il finirait par merder et détruire cet enfant, comme son père l'avait fait avec lui.

Tony ne connaissait rien à tout ça. Le seul amour qu'il ait reçu était celui de sa mère. Son père l'avait toujours rejeté, et Tony avait toujours eu l'impression de n'être qu'une déception à ses yeux. Il avait été élevé pour faire du profit, pour être le meilleur. Comment serait-il capable d'être père à son tour sans reproduire le même schéma honteux ?

- Je vois, avait murmuré Mary d'un air profondément blessé et triste. Je savais bien que c'était une erreur de venir. Je pensais... je pensais que tu assumerais ce qu'on a fait ensemble.

Elle s'était levée sans un regard de plus vers lui, et Tony était partagé entre la frustration et la tristesse. Elle ne pouvait pas espérer de lui qu'il soit un père. Ne savait-elle pas qui il était ?

- Mary, attends, intervint-il quand elle avait atteint la porte d'entrée.

Elle s'était arrêtée puis retournée vers lui, les traits toujours froissés, et le temps s'était comme suspendu. Le silence s'était étiré pendant de longues secondes, et quand Mary crut que finalement il ne dirait rien, Tony lui dit :

- Écoute, j'ai pas envie d'être père. Mais je peux subvenir à tes besoins et ceux du bébé. Tu peux me demander ce que tu veux.

C'était la seule façon qu'il connaissait d'« assumer ». Tout passait toujours par l'argent. Et Mary eut l'air encore plus déçue qu'auparavant. Elle le regarda fixement pendant un long moment, d'un regard impérieux et intelligent, un regard brun et profond, et Tony sentit presque ses mains devenir moites ; il ne savait pas quoi faire, il était Tony Stark et rien d'autre, un père ? jamais, il fuyait tous les sentiments, quels qu'ils soient. Puis, un faible sourire incurva les fines lèvres pâles de Mary.

- Tu le regretteras, Tony.

Puis, sans un mot de plus, elle secoua doucement la tête, ouvrit la porte d'entrée et s'engouffra dans l'épaisseur de la nuit noire qui régnait au-dehors de cette maison trop grande et trop lumineuse.

Dans l'obscurité. Inconnue de lui. Voilà où Mary disparaissait. Comme l'enfant à venir.

Et Tony se convainquit que c'était mieux comme ça.

Après cette soirée, il n'eut plus aucune nouvelle de Mary, alors ce fut aussi plus facile pour Tony de prétendre que rien ne s'était passé. Le lendemain de son départ, il avait demandé à Pepper de mettre en place un virement conséquent et régulier vers le compte en banque de la jeune femme. Et c'était tout. Plus de Mary, plus de bébé qui devrait être son enfant, plus de paternité, plus d'Howard, rien. Il ne connaitrait jamais cet enfant, il ne le foutrait jamais en l'air. C'était mieux comme ça.

Tony était une épave. Un désastre sur pieds. La seule chose qu'il savait faire à peu près bien, c'était inventer. Mais les relations humaines – sauf charnelles – lui étaient trop inconnues, trop hasardeuses ; il n'était pas fait pour ça. Il était trop... lui. Il détruisait tous ceux qu'il approchait, il n'avait jamais été et ne serait jamais à la hauteur. Comment pouvait-on espérer de lui qu'il s'occupe d'un humain miniature totalement dépendant de lui ? La seule chose qu'il serait capable de faire serait d'engager une armée de précepteurs pour l'éduquer et l'élever, et clairement... ce n'était pas forcément quelque chose qu'il voulait faire vivre à un enfant. Lui l'avait vécu, avait été pratiquement élevé par Jarvis. Cet enfant méritait mieux que ça. Et il savait que Mary saurait faire ce qu'il fallait. Lui, jamais.

Trois mois passèrent, sans que ces questions ne viennent à nouveau tarauder l'esprit de Tony. Il s'était fait à l'idée qu'il ne saurait jamais être père. Fin de la discussion.

Sauf que le destin a parfois une drôle de façon de distribuer les cartes...

Il était plus de vingt-trois heures, en cette chaude soirée d'été. Tony travaillait dans le labo sur un quelconque projet d'armement hightech pour Stark Industries, le volume de sa musique poussé au maximum, un verre empli d'un liquide ambré sur un coin de table. Une soirée banale, en somme, comme les autres.

Quand il reçut un appel d'un numéro inconnu.

Agacé, et se demandant bien qui pouvait lui téléphoner à une heure pareille, il demanda à Jarvis de décrocher.

- Stark, répondit-il. J'espère que vous avez une bonne raison de m'appeler à cette heure-ci.

- Mr. Stark, je suis le Docteur Jeff.

Tony fronça les sourcils et reposa le tournevis qu'il tenait dans les mains, se concentrant davantage sur la conversation.

- Je vous appelle concernant Mary Fitzpatrick, elle est à l'hôpital suite à un accident de voiture. Dans son dossier médical, il est écrit que vous êtes le père de l'enfant, et il n'y avait personne d'autre à contacter...

Le cœur de Tony tomba dans sa poitrine. Il en avait presque volontairement oublié son existence, mais tout lui revint d'un coup avec la force d'une gifle en pleine figure.

- Arrêtez de tourner autour du pot, claqua Tony, frustré et agacé – et stressé, bordel, pourquoi ses mains tremblaient-elles ?

- Écoutez, Mary est enceinte de seulement sept mois, et... on ne sait pas si elle va s'en sortir. Ni elle, ni le bébé. Son état est très grave. Je pense que vous devriez venir, Mr. Stark.

Il fallut de longues secondes à Tony pour comprendre les implications des propos du médecin. Mary était dans un état grave. Peut-être... peut-être qu'elle allait mourir... et le bébé aussi. Il ne savait pas quoi ressentir.

Il était perdu. Vraiment, il ne savait plus comment réagir, comment respirer, tout son être était paralysé. Il avait l'impression d'entendre la voix de son père résonner dans ses oreilles, comme une mauvaise bande-son, et il secoua la tête pour la chasser. Il ne pouvait perdre pied maintenant.

- Mr. Stark ? Vous êtes toujours là ?

- O-oui, oui, répondit-il d'une voix absente en se levant lentement de sa chaise, sans vraiment savoir ce qu'il allait faire.

Il avait dit à Mary qu'il ne voulait pas être père et qu'il pouvait seulement subvenir à ses besoins et ceux de l'enfant... mais pouvait-il rester ici, dans son labo, en sachant qu'elle était entre la vie et la mort ? Tony était réputé pour être un connard... il en était même clairement un... mais il était en partie responsable de tout ça, après tout... et même si tout son être lui hurlait littéralement de raccrocher au nez du docteur, il n'était pas assez stupide et inhumain pour le faire. Il ne pouvait pas faire ça à Mary, pas vrai ?

Il fallait qu'il arrête d'être un lâche parfois. Soufflant un grand coup, il se dit qu'il fallait simplement qu'il s'assure que Mary allait bien – et c'était tout. Ensuite, il retournerait à sa vie désastreuse et sinistrée, et il oublierait tout ça une bonne fois tout de suite.

Il demanda au médecin l'adresse de l'hôpital et se dépêcha de quitter son labo, grimpant dans une de ses Audi, tremblant de façon incontrôlable, sans même savoir pourquoi. Ce n'était pas... il ne savait pas comment réagir, la seule chose qu'il savait, c'était qu'il fallait qu'il aille voir Mary. Ils ne se connaissaient que très peu, mais ils étaient liés, maintenant, même s'il avait du mal à l'admettre, même s'il ne voulait rien avoir à faire avec cet enfant.

Le trajet jusqu'à l'hôpital passa dans un flou le plus total. Il avait l'impression d'avoir cligné des yeux et d'être arrivé la seconde d'après. Il n'était pas prêt à voir Mary, à être confronté à tout ça.

Comporte-toi en adulte, pour une fois, merde.

A l'accueil, on fut surpris de le voir, et encore plus de l'entendre demander les urgences maternité. Mais son regard noir fut suffisant à étouffer les exclamations admiratives et choquées. Il s'assit ensuite sur une des chaises en plastique inconfortables de la salle d'attente et commença à patienter, son pied tapant nerveusement le sol.

De longues minutes passèrent, se transformant en heures. Personne n'était venu le voir, encore, et il commençait à se demander ce qu'il faisait là, à attendre comme un idiot. Et pour quoi ? Il ferait mieux de rentrer chez lui...

- Mr. Stark ?

Tony releva immédiatement la tête pour voir le médecin qui venait d'arriver. Vêtu d'une blouse bleue, il s'approcha de lui avec un air assez sérieux, et Tony sentit son cœur battre un peu plus fort contre sa poitrine.

- Nous avons réussi à sauver votre enfant. Vous avez un fils. Félicitations.

Et c'était comme si la Terre s'était soudainement arrêtée de tourner.

Il avait un fils.

Il avait un fils.

- Je...

Ses yeux picotaient étrangement, et sa gorge était nouée.

Il avait un fils.

L'homme sembla voir son émotion, et il lui fit un faible sourire.

- En revanche...

Le cœur de Tony se mit à battre plus fort quand il vit le regard du médecin, sa posture fatiguée et son air désolé. Et il sut. Il sut avant même qu'il prononce les mots à voix haute.

- Votre femme... votre femme n'a pas survécu. Les dommages étaient trop importants. Je suis vraiment désolé.

Et il avait l'air de l'être. Tony ne songea même pas à le corriger. Il essayait d'assimiler les propos du médecin. Mary était morte. Mary était morte. Elle n'avait pas survécu. Mais l'enfant... l'enfant était... en vie. L'enfant était en vie et venait de perdre sa mère. Mary était morte.

Qu'est-ce que... qu'est-ce que ça impliquait ?

- Il y a aussi autre chose que vous devez savoir, Mr. Stark, c'est pas rapport à votre fils. Même s'il n'a heureusement subi aucun dommage des suites de l'accident, il est considéré comme un grand prématuré, étant donné qu'il est né au cours de la trentième semaine de grossesse. Il va falloir qu'il reste au sein de l'unité de néonatalogie jusqu'à ce que son état de santé soit suffisamment stable pour lui permettre de sortir de là en toute sécurité.

Le cœur de Tony se serra inexplicablement dans sa poitrine et ses paumes devinrent moites. C'était... c'était trop d'informations d'un seul coup, il avait l'impression que sa tête allait exploser, parce que lui, Tony Stark, entre tous... il avait un fils. Un fils.

- J'ai... je crois que j'ai besoin de m'asseoir, murmura-t-il d'une voix blanche, son cœur battant très fort dans sa poitrine.

Il vacilla légèrement sur ses pieds, les oreilles bourdonnantes, des points noirs dansant devant ses yeux. Le médecin le stabilisa immédiatement en plaçant une main sur son torse et l'autre dans son dos, avant de le guider vers une des chaises du couloir vide.

Mon Dieu. Il ne pouvait pas croire ce qui était en train de se passer... il... il ne fallait pas qu'il se laisse submerger. Il aurait dû s'attendre à ce que tout parte dans tous les sens, depuis cette fois où Mary était venue le trouver chez lui, le ventre rond et les yeux humides, trois mois plus tôt. Et maintenant... elle était morte. Comme ça. Dans un claquement de doigts.

Et il avait un fils.

Comment était-il supposé ignorer ça ?

Le médecin lui ramena un verre d'eau, que Tony but d'une seule traite, les mains tremblantes. Le temps s'était comme suspendu, la Terre arrêtée de tourner. Il était père.

D'un seul coup.

Rien de tout cela n'avait l'air réel...

Mon Dieu, il avait un fils.

- Il faudra que vous signiez quelques documents, également... pour le certificat de naissance, notamment...

Tony acquiesça vaguement, un peu absent. Le médecin continua à lui parler, mais il n'écoutait pas vraiment. Ses pensées tourbillonnaient autour de la même phrase, j'aiunfilsj'aiunfilsj'aiunfils. Qu'aurait dit son père s'il était là ? et sa mère ?

Sa mère aurait dit... sa mère aurait été heureuse, il en était sûr.

Quant à son père... il l'aurait sans doute traité d'irresponsable et aurait tout fait pour étouffer l'affaire comme s'il avait quatorze ans. Sauf qu'il était un homme, maintenant... et son père n'était plus là. Et il avait un fils. Un fils.

- Est-ce que... est-ce que je vais pouvoir aller le voir ? demanda-t-il doucement, sentant sa gorge se nouer un peu plus.

Il n'était pas sûr d'être celui qui avait demandé ça, à dire vrai. Il était guidé par un instinct dont il ne soupçonnait pas l'existence. Il avait envie de voir son... son fils... pour rendre les choses réelles, mais dans le même temps, il avait aussi peur de sortir de son état d'hébétude et de rendre les choses réelles, parce qu'à partir de ce moment-là, sa vie basculerait à tout jamais.

Mais qu'est-ce qu'il était en train de raconter...

Sa vie avait basculé au moment où Mary avait franchi le pas de sa porte pour lui annoncer qu'elle attendait un enfant de lui. Parce qu'à ce moment-là, il n'était plus le seul Stark dans l'univers.

- C'est ce que j'allais vous proposer, lui sourit gentiment le médecin, s'assurant qu'il avait repris des couleurs. Ce sera même mieux pour lui si vous passez un peu de temps avec lui... Vous pouvez vous lever ?

Tony acquiesça frénétiquement, les mains toujours un peu tremblantes, et se mit sur ses pieds. Il avait l'impression que ses jambes étaient faites de coton et qu'elles pourraient le lâcher à tout moment.

Il vivait dans un monde parallèle.

- Suivez-moi, je vous y conduis.

Tony suivit alors le médecin dans le dédale de couloirs qui se ressemblaient tous. Ils franchirent d'innombrables portes, croisèrent de nombreux infirmiers et infirmières, puis ils entrèrent dans le service de néonatalogie, et l'atmosphère changea. Tony sentit ses mains devenir un peu moites, son cœur battre un peu plus fort, un peu plus vite.

Il avait un fils.

Il n'avait eu le temps de se préparer à rien, plongé dans son déni. Il ne savait même pas encore ce qu'il allait faire, quelle décision il devait prendre, il aurait aimé que quelqu'un décide à sa place. Il n'était pas quelqu'un de respectable, quelqu'un de bien... il faisait tourner une entreprise qui vendait des armes, couchait avec une fille différente à chaque soirée qu'il faisait et passait le plus clair de son temps dans son labo, à bricoler, musique montée à un volume tel qu'elle lui éclatait les tympans. Il n'était pas... il n'était pas un père. Il s'était toujours dit qu'il n'aurait jamais d'enfants à cause de ça, justement. Parce que comment pourrait-il être assez bon pour ne pas entacher un être aussi pur et innocent qu'un bébé ? Il ne voulait pas ressembler à Howard, mais il avait l'impression – la crainte, la terreur, profondément ancrée – qu'il y était destiné, maudit en quelque sorte.

- On y est, le prévint le médecin avec un petit sourire quand ils arrivèrent devant une porte close rose saumon, pourvue d'une petite fenêtre quadrillée. Il faut juste que vous enfiliez cette blouse et que vous vous désinfectiez bien les mains. Son système immunitaire est très peu développé, et ses poumons ne sont pas encore matures, tout comme son système digestif, alors il faut faire très attention.

Tony n'était pas prêt à ça.

Le médecin lui tendit une blouse bleue que Tony enfila avec ses mains tremblantes, avant de se les laver consciencieusement dans un petit lavabo en inox prévu à cet effet. Ses genoux étaient faibles quand il se mit devant la porte, et que le médecin actionna doucement la poignée en faisant le moins de bruit possible.

D'abord, Tony ne vit pas grand-chose. La pièce était plongée dans une semi-obscurité et il dut plisser les yeux pour distinguer ce qui se passait à l'intérieur. Il entendit un moniteur cardiaque qui mesurait les battements du cœur d'un petit être hors de sa portée qui se trouvait dans une couveuse.

Immensément minuscule...

Loin de tout ce que Tony avait pu imaginer.

Il était tellement petit, à vrai dire, que les appareils médicaux qui lui recouvraient la bouche semblaient mille fois trop grands pour lui.

Tony sentait son cœur exploser dans sa poitrine alors que ses jambes le guidaient machinalement vers la couveuse dans laquelle se trouvait l'enfant immobile. Son enfant.

C'était comme... c'était comme un miracle personnel, se rendit-il compte. Parmi tout ce qu'il avait pu inventer, dans sa vie, il avait créé... il avait contribué à créer ce petit être fragile et... absolument incroyable. Il n'avait même plus les mots pour décrire ce qu'il ressentait. Le sentiment qui l'étouffa à ce moment-là était si fort qu'il vacilla.

Les larmes lui montèrent aux yeux quand il s'approcha suffisamment pour voir le visage paisible et endormi du bébé allongé au milieu des couvertures. Ses mains minuscules étaient serrées en poings près de son visage et sa petite poitrine se soulevait rapidement au rythme de sa respiration.

- Est-ce que je... est-ce que..., souffla Tony en jetant un bref coup d'œil au médecin qui se tenait en retrait pour les laisser à leur première rencontre.

Tony tremblait de tous ses membres, et il osait à peine détourner le regard de son garçon. Il ne savait même pas vraiment ce qu'il demandait, il était comme hypnotisé, et perdu. Infiniment perdu.

- Bien sûr, murmura le médecin avec un gentil sourire. Je repasserai tout à l'heure. N'hésitez pas à m'appeler au moindre problème.

Il ne voulait pas rester seul ici, il avait trop peur de faire un pas de travers, de renverser quelque chose, de casser ce petit être innocent et immaculé qui respirait rapidement, les yeux fermés, mais il n'eut pas le temps de protester, que le médecin était déjà parti, laissant Tony seul avec l'enfant endormi.

Il l'entendit à peine refermer la porte derrière lui. Pendant un moment, l'homme resta figé dans la pièce, écoutant le bip régulier et rapide du moniteur cardiaque. Et puis, mu d'une force inexplicable, d'un pas lent, Tony se dirigea vers la couveuse et glissa sa main tremblante, qui semblait géante, à côté du petit, par l'orifice créée à cet effet.

- Hey, chuchota-t-il, les yeux plein de larmes, la voix chevrotante.

Sa lèvre inférieure tremblait.

Et puis, quand son doigt toucha la peau douce de la paume du bébé endormi, et que ses doigts minuscules se refermèrent autour du sien, il crut que sa poitrine allait exploser face aux émotions et à l'amour purs qui éclatèrent à l'intérieur.

Mon Dieu.

C'était son fils. 

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