Marc Lafont
Qu'as-tu fait, Sine?
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Marc Lafont était horrifié de voir son amie sombrer dans la folie. Il sentait encore l'arme froide contre sa tempe. Il n'était même pas certain qu'elle n'allait pas tirer, et l'abattre. Lui, son plus loyal ami. Ils avaient enfermé tant de criminels ensemble. Résolu tant d'affaires. Il l'admirait tellement. Mais la pression du revolver contre sa tête ruinait tout ce qu'il pensait savoir. Quand Sine disparut, il jeta un regard à ses collègues, et ils comprirent aussitôt. Ils suivirent immédiatement le fléau de cette ville. Car, même s'il devait en mourir, Marc voulait avoir la certitude que cette salope finirait derrière les barreaux à perpétuité. Andrea leur ordonna de s'arrêter et de revenir à l'étage, cependant, à la grande joie de Marc, ils ne rebroussèrent pas chemin. Andrea poussa un juron.
- Bande d'abrutis!! Marc, ordonne-leur de s'arrêter ou je tire.
- Tire si cela te chante, Andrea. Mais j'espère qu'il reste suffisamment de raison en toi pour ne pas appuyer sur cette détente. Cette folle finira derrière les barreaux, que tu tires ou non! D'autres unités arriveront bientôt! Le bâtiment sera cerné! Et tu seras arrêtée. Pourquoi as-tu fais ça?! Depuis le début, pourquoi l'aides-tu?!
- Je veux comprendre! Mon esprit ne sera pas apaisé tant que je ne connaitrais pas sa version, à elle!
- Tu ne pouvais pas écouter sa version lors de sa mise en garde à vue?!
- NON!
Andrea retira son arme du visage de Marc qui s'écarta jusqu'au mur le plus proche. Elle tendit le revolver dans la direction des policiers:
- Ne bougez pas! Je n'hésiterai pas à tirer!
Marc sourit par amusement. Après l'avoir regardée droit dans les yeux, il ordonna:
- Attrapez-là.
Tous s'approchèrent vivement. Andrea protesta avec force, mais ses menaces étaient écrasées par l'ordre de Marc.
- Ne m'obligez pas à le faire!
Un coup de feu retentit, puis un autre. Deux policiers s'effondrèrent sous les coups portés par Andrea, qui se déchainait sur ceux qu'elle voyait. Mais on lui arracha son arme et la cribla de coups fracassants. Elle sentait ses côtes se briser. Mais elle continuait de se battre coûte que coûte contre Marc et ses hommes. Un coup de feu retentit. Andrea recula. Une tache de sang inonda son ventre. Elle recula encore. Un autre coup de feu. Elle recula si vite que son corps passa au-dessus du mur fébrile. Quand il entendit le bruit sourd de son contact avec le sol, Marc hurla de douleur. Il posa son regard sur le bras qui tenait le revolver. Il venait de tuer son amie. Andrea était morte. Tremblant, il revint à ses esprits quand un officier monta les marches, haletant.
- Vous l'avez arrêtée? demanda Marc précipitamment.
- Je.. Je croyais qu'elle était remontée.. Où est Andrea?!
- Allez chercher Sine MacLaren immédiatement! Ne la laissez pas s'enfuir! Vérifiez chaque étage et les alentours du bâtiment, tout de suite!
Il descendit lui-même au rez-de-chaussée. Que la mort d'Andrea soit inutile le hanta. Cette salope s'était échappée... A cause d'elle..
- On l'avait, bon sang. On l'avait!
Il frappa un mur de toutes ses forces. Le soleil se levait tout juste. L'aube était rouge, il la voyait par les petites ouvertures. Soudain, il pensa à Andrea, et pleura. Il ne voulait plus faire ça. Il voulait mettre fin à sa carrière. Il se rappelait tous ces matins où ils discutaient en fumant une cigarette. Des fois où ils avaient frôlé la mort, ensemble. Et elle l'avait trahie, pour le dossier le plus prestigieux de leur carrière. Il pensa à la fascination qu'avait Andrea pour elle. A ce qu'Andrea disait sur la femme empoisonneuse. Sur la façon dont elle l'imaginait, physiquement, et surtout psychologiquement. Elle n'aimait pas le sang. Elle passait en courant d'air. Elle terrorisait la ville depuis des mois. Elle ne se faisait jamais prendre. Aucun ADN. Des témoignages contradictoires. Des endroits divers. Des victimes aléatoires. Une intelligence incroyable, disait Andrea.
- Une intelligence incroyable... murmura-t-il.
Pourquoi Sine MacLaren, dont l'esprit était si brillant, était aussi imprudente? Pourquoi s'était-elle aventurée dans cet entrepôt? Pourquoi l'avaient-ils retrouvée seulement au bout d'une semaine de cavale? Pourquoi avait-elle agit de la sorte? Pourquoi cet endroit? Un bâtiment en travaux au milieu de la ville? Un endroit vieux, usé, inhabité, instable... Pourquoi..
- Quelque chose ne va pas. Il ne faut pas rester ici, pensa-t-il.
Il se précipita hors de la pièce et appela ses hommes, fouillant encore le bâtiment. Il les appela, tremblant et suffocant. Il hurla leurs noms un à un. Certains entendirent, et s'apprêtaient à le rejoindre. D'un coin de l'œil, et dans la panique la plus totale dont il était sous l'emprise, Marc regarda par hasard le parking. Il y vit, du côté, une femme, assise derrière l'une des voitures. Sine MacLaren. Pourquoi ne s'enfuyait-elle pas? Pourquoi se bouchait-elle les oreilles? Pourquoi..
On entendit un grondement sourd. Puis un silence. Puis un grondement plus fort encore. Marc vit les flammes. Et ce fut la dernière chose qu'il verrait.
Dans un bruit semblable à celui d'un ouragan, le bâtiment tout entier explosa.
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