Je m'effondre derrière une des voitures de polices. 

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-Je commence à penser que tu as raison, dit Julia. On ne pourra pas disculper Sine.

Des tas de papiers et des livres de droits parsemaient le salon, juste à côté l'énorme cafetière. Julia s'en resservit à nouveau. Depuis bientôt une semaine, Nathan et elle cherchaient un moyen d'innocenter leur amie, et ils venaient tout juste d'y passer la nuit. Ils avaient d'abord détruit les éléments du bureau, puis nettoyé la pièce de fond en comble. Mais leurs recherches et leurs réflexions dépeignaient la réalité: Sine n'était pas défendable aux yeux de la justice.

- Je me demandais quand tu allais l'admettre, dit Nathan. Ecoute, je pense qu'il n'y a pas de solution. On devrait, je sais pas, créer des faux-papiers, économiser de l'argent et lui faire quitter la France?

- Non, dit Julia. Hors de question. Si elle part, on sait tous les deux qu'elle ne reviendra jamais.

- Mais bon sang, Julia! On parle de la psychopathe du siècle, là!! Tu t'en rends compte, au moins?!

- Elle n'est pas comme ça. Pas vraiment.. Elle est juste.. Particulière...

Avant qu'il n'ouvre la bouche pour protester à nouveau, Julia continua:

- Je ne cautionne pas ses actes, d'accord?

- Ses crimes, corrigea Nathan.

Elle soupira.

- Si elle promet de ne plus commettre de meurtres, tu l'aiderais?

- Je l'aiderais dans tous les cas, Julia. Mais Sine est dangereuse, d'accord? Rien ne la retient ici! Elle n'a plus d'emploi, pas de famille! Je ne veux pas qu'elle aille en prison, ni en hôpital psychiatrique, mais le seule solution est qu'elle s'en aille, et tu le sais autant que moi! Elle pourrait aller, je ne sais pas, en Nouvelle-Zélande?

- Donc ta seule solution est de l'envoyer à l'autre bout du monde ?!

- C'est notre seule option!

- On devrait faire une pause, répondit Julia en se levant brusquement malgré ses jambes engourdies. On parlera de tout ça avec elle.

On frappa à la porte. Julia, après avoir rangé tous les documents le plus rapidement possible, ouvrit et manqua de tomber à la renverse.

- Sine?!

La jeune femme était méconnaissable. Son corps était sale, recouvert de suie noire et de poussière et rouge de chaleur, comme si elle venait d'échapper à l'éruption d'un volcan. Elle semblait presque traumatisée. Son regard terrifié se perdait dans le vague. Elle allait s'effondrer, Julia l'attrapa. Quand elle vit le bandage maladroit, imbibé de sang autour de sa jambe, elle s'empêcha de crier.

- C'est...

- J... J-J'ai... besoin d'un verre, dit Sine.

Aidée de Nathan, elle l'amena à la salle de bain.

- Il faut qu'on te lave, dit-il en la déposant sur un tabouret. On dirait que tu viens de la guerre de 14. C'est quoi ce bandage?

- Il... Il... Le flingue..

- Quoi?! 

- On doit désinfecter, dit Nathan, et t'emmener aux urgences. 

- Non, dit Sine. L..la balle m'a ef-fleurée... J'ai juste besoin de désinfecter.

Ils lui retirèrent ses vêtements et lavèrent son corps et la noirceur qui le recouvrait. Nathan fut émerveillé par la blessure qu'il soigna avec méticulosité et ardeur.

- Que s'est-il passé?! demanda Julia, hors d'elle. Qu'as-tu fait?

- Je... Je...

Sine semblait souffrir de l'intérieur. Elle était terrorisée. Le passé la hantait. Le présent l'oppressait. 

- Qui t'a fait ça?!

- La police, évidemment, dit Nathan. Mais comment ils t'ont retrouvée? Et comment t'es-tu enfuie?

Sine ferma les yeux, incapable de répondre. Son âme était emprisonnée dans son remord. Elle souffrait du mal qu'elle avait causé. Elle souffrait pour Andrea. Elle souffrait pour ces policiers. Ils ne méritaient pas de mourir ainsi. Mais elle se l'était promis. Et elle avait réalisé son destin. 

Les évènements étaient trop récents pour qu'ils soient moins brusques et que l'odeur nauséabonde du remord ne s'évapore. Après que son corps soit nettoyé, sa blessure pansée, elle se sentit légèrement mieux, malgré la saleté de ses ongles et sa plaie douloureuse. Nathan lui tendit un verre de rhum. Elle sentit son esprit s'apaiser peu à peu. Sine s'allongea sur le canapé et s'endormit sur les genoux de Julia qui regardait son visage sinistre. Elle ne l'avait jamais vue dans un tel état de culpabilité, de peur et de mélancolie.

- Qu'as-tu fait... se répétait-elle, tremblante. Qu'as-tu fait, Sine?