Andrea - II
Il fallait donc retrouver cette femme si repoussante et attirante à la fois.
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La semaine suivante fut consacrée à la recherche de la personne placée en haut de sa liste de celles et ceux qu'elle souhaitait voir disparaitre. Elle récapitula dans un premier temps tout ce qu'elle savait sur elle, puis tout ce qu'elle supposait. Elle commençait à la connaître, elle et sa façon si étrange de penser. Elle se renseigna sur elle davantage, afin d'avoir des détails plus intimes que ceux qu'avaient impliqué l'enquête, notamment son casier judiciaire ou sa date de naissance. Elle voulait la connaître vraiment, elle, pas simplement son mode opératoire, mais sa façon d'être, pour deviner par la suite où elle se cachait, et agir en conséquence. Cela prendrait des mois peut-être, mais ces recherches l'apaisaient. Elle se détachait de son rôle de policière pour se concentrer sur ce qu'elle voulait vraiment connaître, à savoir la nature la plus personnelle de cette femme, et non pas de la tueuse en série. Les réseaux sociaux présentaient Sine MacLaren comme une femme rayonnante, brillante, cultivée et en soif d'apprendre toujours plus, ce qui lui sembla proche de la réalité. Elle semblait étonnamment sociable et populaire. Mais ces sourires qu'elle faisait à l'appareil photo étaient suffisants pour faire oublier les atrocités qu'elle commettait dans l'ombre.
Quand ses enfants furent entrés dans son appartement pour sa garde, elle fit l'effort de discuter avec son odieux ex-mari. La conversation se termina ordinairement: elle le gifla. Elle ne supportait plus ses reproches et ses couteaux verbaux lancés contre elle, surtout en ces circonstances, mais regretta quand même son acte. Le bruit résonna dans le couloir. Après un échange de regards où des excuses n'étaient plus nécessaires, elle lui souhaita une bonne journée et claqua la porte. Elle se mit à rire nerveusement pour ce qu'elle venait de faire. Elle continua de rire avec ses filles durant le repas. Et elles étaient bien plus heureuses comme ça que durant l'époque où elle était mariée. Après avoir longtemps discuté, elles montèrent se coucher tandis qu'elle débarrassait les assiettes.
Elle sortit sur le balcon, une cigarette à la main. Son moment préféré de la journée, après ses retrouvailles avec ses filles. Neuf heures étaient passées. Son téléphone sonna. Marc. Elle hésita un instant puis décrocha.
- Salut, Marc.
- Hey, Andrea.. Tu m'as dit de te tenir au courant de l'enquête, alors je te le dis. On a localisé Sine MacLaren. Une caméra de vidéosurveillance l'a vue entrer dans le vieil entrepôt, juste derrière la mairie. On part sur place.
Andrea s'attendait à tout sauf à ce qu'elle soit localisée aussi vite.
- Je vois..
Elle s'apprêtait à lui dire qu'elle arrivait immédiatement, quand elle se retint par la force des choses.
- Bon courage. Et sois prudent.
- On va l'avoir, je te le promets, Andrea. Bon, il faut que je te laisse maintenant. Les autres m'attendent. Bonne nuit.
Quand il raccrocha, elle enfila un manteau par-dessus son pyjama, mit un bonnet, mit ses chaussures aussi vite qu'elle ne l'avait jamais fait, et prit son sac à main. Elle ferma la porte derrière elle puis courut dans les escaliers. Elle marcha sur un lacet mal noué et trébucha par la suite, dévalant le reste des escaliers en roulant. Etourdie et souffrant de tout son corps, elle se releva immédiatement et continua de courir aussi vite que tout à l'heure. Elle manqua de tomber une fois de plus, mais la peur lui donnait des ailes. Elle se retrouva au parking de son immeuble en un instant, puis monta dans sa fiat 500 et fonça dans la direction de la mairie. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle faisait.
Certains diraient qu'elle n'était pas en pleine possession de ses moyens.
D'autres diraient qu'elle commence à écouter sa voix.
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