Journal - 2
Je ne ressens plus la même excitation que lorsque je tuais pour la première fois.
on continue
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Ma victime s'appelait Brian Martel. C'était simple et spontané, même pour une fillette de dix ans. Au-delà d'être un simple camarade de classe, il était mon ami, mon amoureux même. J'ai toujours été une fille étrange pour les autres, folle peut-être, mais mon esprit est parfaitement clair, juste différent et les autres ne le comprennent pas. Quand j'ôte une vie, je le fais car le destin le veut. Il faut que cette personne meure, c'est ainsi. Je le sens. Et, ce dix-sept octobre 2005, je l'ai senti pour la première fois.
Nous étions, comme tous les lundis soirs, au square, avenue Rousseau, et nous jouions à la balançoire. Il n'y avait personne autour de nous. Comme à notre habitude, on se racontait ce que l'on pensait des autres camarades de classes, ceux que l'on trouvait mignons, ou gentils, ou ceux que l'on détestait. Alors qu'il me racontait je ne sais quelle aventure, probablement imaginaire, qu'il avait vécu, trois mots ont envahit ma tête. Trois mots inattendus, si clairs, si distincts: IL DOIT MOURIR. Alors que je poussais un cri, Brian sursauta et descendit de la balançoire. Je l'assurais que tout va bien, mais je voyais sur son visage qu'il commençait à avoir peur, peur de moi. Peut-être que mon expression était devenue diabolique, mais je me sentais tout à fait bien. Je le rassurais alors, et lui garantissais que tout allait bien. Que j'allais bien. Que j'avais crié parce que... – je ne sais plus quelle histoire j'avais inventé-. Alors on continua de se balancer, pendant plusieurs minutes où je me concentrais pour voir ce qui allait arriver à ce garçon gentil mais voué à la mort. Je savais alors comment m'y prendre. C'était facile, et je ne ressentais aucune appréhension; j'étais folle d'excitation!
Alors qu'il faisait le cochon pendu sur la barre la plus haute, j'ai lancé la balançoire pour qu'elle entoure le poteau supérieur, où mon ami se suspendait. Il ne cherchait même pas à comprendre pourquoi j'avais enroulé la balançoire autour de la barre de fer. Je montais alors le rejoindre. Alors qu'il se redressait pour se retrouver en position assise, à mon côté je lui dis:
- Ferme les yeux, fais-moi confiance. Je vais te faire une cadeau.
Brian aimait les surprises, pas moi. Il ferma les yeux, s'attendant surement à ce que je lui donne un baiser. J'attrapais derrière moi la balançoire enroulée, la déroulais un petit peu pour que je puisse atteindre Brian. Je la lui passais autour du cou. Alors qu'il ouvrait les yeux pour comprendre ce que je fabriquais, je le poussais de toutes mes forces. Au lieu de tomber sur les graviers juste en bas, il se retrouva pendu, suffoquant. Il se débattit comme il le pouvait, ses yeux blanchissants, pendant quelques secondes où je le regardais agoniser. J'avais fait ce qu'il fallait faire. J'en suis encore persuadée aujourd'hui. J'ai tué mon ami d'enfance, et j'étais au comble de l'excitation. Moi, gamine innocente et plutôt mignonne, avait fait accuser un cancre de ma classe, qui lui aussi s'amusait souvent au square. Il y était d'ailleurs juste après le crime, et avait trouvé le corps. Qui la police avait-elle cru? Une petite fille distinguée ou la brute de l'école? Le cancre avait écopé de plusieurs années de prison. En plus d'avoir détruit la famille de Brian, j'avais détruit celle d'un autre garçon.
Ce fut mon premier meurtre, et pas le dernier. Rester impunie me donna l'envie de commettre d'autres "atrocités", comme l'on pourrait les nommer, dans le monde fermé et cupide dans lequel nous vivons. Je me suis avérée plus discrète, moins audacieuse peut-être. J'étais maline, futée. Il ne fallait pas que je me fourre dans une autre histoire de meurtre, cela aurait paru suspect pour la justice. J'ai alors continué mes études, j'étais plutôt bonne élève. J'étais simple, peut-être même banale. J'ai complètement arrêté le crime pendant toute mon adolescence, en me jurant de reprendre et d'enchaîner les meurtres. J'ai désobéi à mon cerveau pendant bien longtemps, même quand il insistait pour me dire: IL DOIT MOURIR. Je comblerai mon retard après. J'ai choisi un métier où je rencontrerai beaucoup de personnes, et, quand mon cerveau me dirait de tuer quelqu'un, je le ferai. Je suis devenue journaliste. Ma double-vie est parfaite.
Sans énoncer de cas concrets comme celui de la balançoire, j'ai tué beaucoup, beaucoup de gens. Des personnes plus ou moins proches. La petite voix dans ma tête se fait rare, je ne tue pas des personnes chaque semaine, grand bien leur fasse! Et puis, même si elle se mettait à grésiller et à réclamer, je passe plusieurs semaines à préparer. Je suis actuellement en colocation avec deux amis à moi, Nathan et Julia. En attendant de trouver mieux. Je ne suis pas pleine au as, et, les logements de centre-ville à Nîmes sont excessivement chers. Pourquoi ne pas voler? Après tout, le vol est complémentaire avec le crime, pouvez-vous penser... Non, je ne suis pas une voleuse, je ne suis même pas douée pour ça. Je suis une tueuse et j'adore ça, mais je considère encore le vol comme un péché. Le meurtre en est un aussi, mais pas pour moi. Et ça, la justice ne le comprendrait pas, c'est pourquoi je me cache. Au moment où je me suis enfin décidée à écrire, à toi que je ne connais pas, je suis chez moi, à préparer un nouveau meurtre. Malgré mes tentatives de montrer des changements de style entre mes actes, la police a compris qu'une femme mystérieuse tourmentait la ville. Ils n'ont ni visage, ni ADN, ni sang, rien qui ne puisse inculper la gentille petite journaliste, travaillant au journal "Critique sans critique" et qui connaît beaucoup de monde, en partie certains officiers de police. Pourquoi je vous confie tout cela? Je ne le sais pas moi-même Peut-être pour y voir plus clair. Quel prise de risque cependant, d'écrire ce genre d'aveux alors que l'on est en risque d'égarer ses affaires! C'est dans une pièce supplémentaire dans l'appartement que je range tout ce dont j'ai besoin. Un endroit vide, destiné au départ à un quatrième colocataire. Personne n'y a accès, je suis la seule à avoir la clé. Plans, armes -pas d'armes à feu je ne sais m'en servir-, articles de journaux, masques, costumes, maquillage, perruques... J'y range tout, jusqu'à trouver une meilleure planque. Peu de monde pourra lire ses pages, et peut-être qu'au moment où on les lira, je serai morte. Pour l'instant, je vais bien et je mène une double-vie. Une double-vie importante, si importante... Qui donne un sens à tout, surtout à mon existence.
Maintenant que je t'en ai tant dit, pourquoi ne pas tout dire? J'ai vingt-trois ans et des origines paternelles écossaises. J'ai des cheveux bruns avec quelques reflets cuivrés au naturel mais que je cache souvent sous des chapeaux, perruques, ou en faisant de simples teintures. J'ai aussi les yeux verts, que je couvre perpétuellement sous des lunettes sombres – j'en ai tout un stock également- , pu des lentilles; un joli visage qu'il m'arrive de maquiller ou de vieillir, et une grande taille, peut-être mon seul trait parfaitement reconnaissable, qui pourrait me porter préjudice.
Je m'appelle Sine MacLaren, et je vis pour tuer.
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Désolé si ce chapitre vous a paru long, je vais dans l'avenir essayer de réduire. Merci de me lire :)
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