Andrea Maréchal
Je suis en train de vivre.
on continue
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- Qui a découvert le corps?
Andrea Maréchal, capitaine de police. Ses yeux noirs balayaient la pièce de l'appartement de Sandra Clément, celle-ci dont le cadavre gisait dans sa salle à manger.
- Son compagnon, monsieur Evan Martin. Il nous a appelé aussitôt.
- Gardez-le à ma disposition, et faites analyser le corps et les alentours de la salle à manger par le médecin légiste.
Andrea passa une main dans ses épais cheveux noirs. Cette tueuse avait refait surface. C'était elle qui avait commis ce meurtre, la capitaine de police en était certaine. Mais rien pour le prouver. Sandra Clément était la sixième. La sixième à mourir de cette façon en quelques semaines.
- Vous pensez que c'est elle, à nouveau? demanda le lieutenant, Marc Lafont.
- Il faudra vérifier mais... J'en ai bien l'impression.
Andrea en avait assez. Assez de se faire ridiculiser par cette tarée. Il fallait que cela cesse. Mais qu'avaient-ils sur elle? Rien, sinon quelques témoins dont les vues s'opposaient. L'un la décrivait "blonde", l'autre "grosse". Même dans le dossier officiel, il n'était mentionné cette femme, et pourtant toute l'équipe de police savait bel et bien qu'elle existait. Cette garce avait toujours un coup d'avance. Ce qui signifiait que soit il y avait une taupe parmi la police, soit...
- Capitaine, nous n'avons aucun prélèvement ADN dans la pièce.
- Ce qui veut dire qu'elle n'est probablement pas venue ici, répondit-elle. Il faut que l'on reconstitue l'emploi du temps exact de la victime. Interrogez ses collègues, ses amis, ses voisins, et je veux un rapport complet. Contactez madame MacLaren, il faut qu'elle sache qu'on a un nouveau macchabée sur les bras.
- Capitaine, dit le lieutenant Lafont, est-il sage d'alerter immédiatement la presse? Ne risquons-nous pas un mouvement de panique?
- Nous allons épargner la plupart des informations, cependant il faut que les gens sachent. Il ne faut jamais cacher la vérité. De toute façon, ils savent bien que quelque chose se trame. Les gens parlent, Marc.
- Qu... Vous insinuez que...
- Je n'insinue rien, d'accord? Ne compliquez pas les choses.
Elle soupira, et constata qu'elle avait de plus en plus de mal à garder son sang froid. Cette enquête la torturait.
- Le problème, capitaine, c'est que nous ne connaissons pas le mobile de cette tueuse. Contrairement à la plupart des sérial killer, elle ne laisse pas sa signature, mis à part le poison, son arme de prédilection. Aussi, les victimes n'ont aucun lien, ni origine, ou quoi que ce soit en commun.
- Exactement, dit-elle en se mettant à faire les cent pas. Il n'y a pas de mobile, parce qu'elle est folle. J'ai beaucoup réfléchi, et c'est évident. Elle tue des gens qui n'ont aucun lien. Des gens ordinaires. Nous avons affaire à une psychopathe, ou une mercenaire, éventuellement...
Andrea Maréchal s'attacha les cheveux. Toute cette frustration lui donnait tout à coup chaud. Elle retira sa veste en jean, qu'elle jeta sur le palier, comme on jette de vieilles chaussettes. Son téléphone vibra dans sa poche, elle décrocha:
- Merci de m'avoir appelé.
- Je le fais autant pour moi que pour vous.
Madame MacLaren avait une voix sucrée, à l'inverse d'Andrea qui fumait autant de cigarettes qu'elle le pouvait dans une journée. Elle l'avait rencontré lors d'une affaire plus vieille, dans laquelle la journaliste était venu fouiner; Andrea en avait horreur. Malgré leurs premières divergences, elles avaient appris à se connaître, mais sans dépasser le cadre professionnel. Elles se respectaient et avaient besoin de l'autre pour cette enquête. En plus d'écrire l'article, Sine MacLaren cherchait de son côté des indices, à titre officieux, ou du moins une aide, aussi insignifiante soit-elle. Le Critique sans critique voulait sans cesse le caractère sensationnel de la presse. Depuis peu, Andrea s'était mise à lire les journaux, pour vérifier quelles informations étaient partagées. Heureusement, la jeune journaliste avait du tact et parvenait tant bien que mal à rassurer les nîmois.
- Sandra Clément. Reporter. Vous la connaissiez?
- Très peu, répondit Sine au bout du fil, elle travaillait pour un journal concurrent. Comment est-elle morte?
- Le médecin légiste nous dira, mais je dirais empoisonnement, encore une fois. Il n'y a aucune blessure. Mais il est on-ne-peut-plus probable qu'il s'agisse d'un meurtre. Elle avait une santé impeccable, et un collègue m'a assuré qu'il ne s'agissait pas d'une mort brutale.
- Avez-vous des pistes? Cette femme dont vous m'avez parlé la dernière fois?
- Nous n'avons pas plus de renseignements. Pourriez-vous passer une annonce?
- Bien sûr. Mais j'ai besoin de quelques détails.
- Grande, excentrique. Ou ronde, et gothique. Le problème est que cette petite futée change d'apparence.
- Je préfèrerais ne pas passer d'annonce, c'est trop vague. Par contre, je peux me renseigner autrement. Avez-vous un détail en particulier? Tatouage, piercing..
- Oui. Un témoin prétend l'avoir vue, il y a quelques jours, sortant de chez une autre victime. Elle portait un sac venant d'une maroquinerie du centre ville dont j'ai oublié le nom, le témoin l'a remarqué car, par chance, elle était aussi cliente chez cette maroquinerie. Je vous envoie l'adresse. Je ne peux pas m'y rendre moi-même, parce que les faits ne nous le permettent pas, mais peut-être pourriez-vous me rendre ce service?
- Très bien. Mais les journalistes n'ont pas la côte. Un mensonge serait-il tolérable?
- Tout à fait. Je vous remercie.
- L'article sera publié dans la semaine. Première page.
- Merci. Au revoir.
Andrea raccrocha. Il faisait presque nuit. Elle salua ses collègues, et rentra chez elle, pensant à un détail qui aurait pu lui échapper. Elle savait que quelque chose clochait, son instinct criait alerte.
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