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Chapitre 4 : L'amertume du café

Chapitre 3

Une délicate vague

Raphaele

Samedi 11 février 2023, Monaco

Adolescente, je rêvais de quitter l'école pour naviguer sur les eaux les plus dansantes du monde. Je voyais le monde de couleur bleue, le ciel de couleur or et les bateaux comme des voitures. Les cernes de mon père n'étaient pas si ternes et je les voyais comme un symbole de cette passion réalisée. Mes mains tremblantes et sèches et mes courbatures jusqu'au bas des pieds me rappelaient que mon rêve était à ma portée. Adolescente, je rêvais beaucoup trop. Je croyais encore que les chenilles dans le jardin de ma grand-mère allaient se blottir dans mon estomac pour créer l'amour qui papillonne. Encore une fois, j'étais une adolescente.

Papa me berçait en fredonnant des chansons et il me disait au coin de l'oreille qu'il était possible de rêver et de vivre en même temps. Il me contait son histoire avec maman et comme une enfant, je disais que c'était dégoûtant. Au fond de moi, je ne trouvais pas ça répugnant, mais j'enviais ce qu'ils avaient vécu. Papa tenait la main de maman dans les rues les plus sombres et maman, quant à elle, réalisait les gâteaux préférés de papa. Dans les courses les plus effrénées, maman battait papa et lui riait aux éclats. Si, adolescente, je rêvais trop, je savais certainement que je voulais sentir ces papillons au creux de mon estomac. Je les voulais, je m'impatientais.

De quelle couleur les papillons allaient-ils être ? Leurs ailes allaient-elles être d'un bleu profond ou d'un noir assombrissant ? Et cet amour, allait-il me tenir la main ou me baiser les lèvres ? J'avais tant rêvé de cette histoire d'adolescents qui se baladent main dans la main dans la récréation que j'en ai parlé à mon meilleur ami et il m'a dit, une bonne fois pour toute, que je devais encore attendre et attendre. La nuit, il m'est arrivé de somnoler et de me demander si un jour quelqu'un allait m'aimer comme papa avait aimé maman. Parce que si c'était le manque de maman qui empêchait papa de dormir, c'était le manque d'amour qui m'empêchait moi de fermer mes petits yeux.

Adolescente, je rêvais et j'étais naïve. En contant mon histoire, je ne peux admettre ne pas avoir aimé et ne pas avoir été aimé. J'ai été aimé de la plus belle des façons et détruite de la pire. Mes larmes avaient pleuré de joie et avaient fait de mes joues un fleuve rempli de tristesse. Si je raconte cela avec poésie, c'est parce que mon âme est encore coincée dans ce maudit passé.

Alessio avale son petit-déjeuner, son livre toujours en main. J'ai eu tort : ce livre lui plait.

— Tu écris encore ? me questionne Alessio, d'un regard curieux. Je pensais que tu avais arrêté d'écrire dans son carnet. C'est le date avec Emery qui t'a stressée ?

J'aimerais trouver un bouton qui me permet d'oublier tout le passé. Ce bouton qui fait éteindre chaque émotions que j'ai dans ma tête et qui tourne comme un carrousel. Ce fichu bouton qui pourrait juste faire taire ses pensées trop intrusives. Je desserre le stylo qui est entre mes doigts et je le pose sur le carnet entrouvert. Alessio penche la tête, espérant lire les poèmes que j'ai posé sur ce vieux papier.

— Est-ce que tu crois que si je commence à m'intéresser à un autre, je l'oublierai ? demandé-je, d'une voix tremblante, les yeux baissés vers mes cuisses. Il va peut-être penser que je l'abandonne.

Ma voix est tremblante et chaque mot que je prononce me brûle la gorge. Est-ce si difficile d'avancer ? Mon meilleur ami me regarde, posant sa main sur mon menton pour me redresser la tête. Elle pose ses yeux dans les miens et d'un petit rictus qui se forme sur ses fines lèvres, il inspire et exprime bruyamment.

— Il ne pense pas... dit-il, avant de se corriger. Pardon, ce que je veux dire par là, c'est qu'il ne peut pas savoir si tu l'oublies ou pas. Parce que ça ne sera pas le cas et ce ne le sera jamais, Raphaele. Tu l'aimeras toujours, qu'il y ait un, deux ou même trois hommes dans ta vie. Qui sait, même une femme ou deux. Tu l'aimerais toujours, même si tu as incroyablement envie d'embrasser le bel Emery Mercier, super pilote de Formule 1 !

— Oh, ça va arrête Alessio ! m'écrié-je, en tournant la tête pour qu'il ne me voit pas sourire.

La ville se presse avec les pas frénétiques des habitants. Chacun d'eux vaque à leurs ennuyeuses occupations : une séance de sport en pleine journée, une réunion avec le patron très fortuné qui vient demander des comptes à ses employés, une répétition de danse pour le spectacle de printemps en maternel. En partant de l'appartement, j'ai empoigné le carnet pour lui trouver une place dans mon sac à dos. Il est pour moi sa présence. Il faut que tu m'aides, parce que seule, je n'y arriverai pas.

Essoufflée, je m'arrête enfin en haut du rocher, là où j'aperçois instantanément le palais princier, mon joyau d'architecture préféré. Chaque pierre raconte une histoire, chaque aile a entendu le son des pas d'un passé riche. Je m'arrête un instant pour admirer les façades du palais. Les carabiniers du Principe montent la garde et les touristes les prennent en photos. Je ricane à cette pensée, alors que mon regard analyse l'appareil que j'ai autour du cou. L'avenue Saint-Martin m'interpelle, elle et ses jardins luxueux, fleuris des plus belles espèces méditerranéennes. Je capture chaque détail, même la vue sur la mer, sur les hélicoptères et sur les anciennes voitures qui se frayent un chemin entre les visiteurs et les locaux. Les ruelles sont les seuls endroits qui n'ont pas une foulée de curieux, prêts à bondir sur le petit évènement.

Ma visite au musée océanographique terminée, je redescends vers les quais, la tête remplie de savoir. L'histoire et l'art me passionnent, alors le style baroque de ce musée en bord de mer et les quelques informations sur des espèces marines me remplissent de bonheur. Le café avec de la place n'est pas très loin d'une sculpture. Je m'assieds à une table à l'intérieur, après avoir vérifié qu'il fasse assez chaud pour enlever ma veste.

— Tu aurais dû me dire que tu allais boire un café, entends-je une voix familière dire. Je t'aurais accompagné !

Cette voix rompt le calme du café. Je relève la tête pour découvrir Emery débout à côté de ma table, un sourire en coin. Qui est-ce ? Il n'est pas seul. Une femme aux traits strictes se tient tout près, des cheveux coiffés en carré brun. Déconcertée en voyant cette femme en compagnie de Emery, je chasse rapidement les suppositions auxquelles je pense.

— Salut ! m'exclamé-je, presque faussement, en essayant de cacher mon trouble. Je voulais juste passer du temps...

Je ne peux finir ma phrase qu'ils s'installent, cette femme et Emery, à ma table. Ils font signe au serveur et commandent un café. Elle précise qu'elle veut un Capuccino comme moi, mais sans sucre. Je me racle doucement la gorge et fais des allers-retours avec mes yeux entre lui et elle, qui rient. La femme se présente comme Carolina, alors que je la salue poliment. Elle a une certaine prestance qui va avec sa tenue classe, accordée avec des bottes à talons.

Une pique de jalousie apparait dans mes yeux, mais j'essaie de les écouter parler tous les deux, m'interdisant de m'enfermer dans ma bulle avec des écouteurs que j'allais mettre avant qu'ils se joignent subitement à moi.

— Qu'est-ce que tu as fait de ta journée ? me questionne Emery, l'air intéressé.

— Je suis juste venue prendre un café après un tour au musée océanographique et quelques photos, réponds-je, tentant de maintenir une conversation avec eux, alors qu'ils ont l'air de vouloir parler entre eux uniquement.

Carolina parle de la première visite qu'elle a organisé avec ses amis dans le musée. Elle continue son récit avec des anecdotes de voyages qu'elle a fait avec Emery, mais rien dans ses mots ne m'aident avec mes interrogations. Est-ce une simple amie alors qu'elle lui caresse l'avant-bras quand il parle ? Est-ce sa copine alors qu'il était prêt à m'embrasser ?

Je prends une gorgée de ma boisson chaude, le goût amer du café contraste avec la douceur de la mousse, reflétant la confusion de mes émotions. Je tente de me concentrer sur la conversation, mais je ne cesse de me perdre dans ses pensées qui dérivent vers ce que pourrait signifier la présence de Carolina. Je n'ai pas de sentiment pour Emery. Qui essaie-je de convaincre ? Cela fait trop peu de temps que l'on se connait réellement. Je le trouve d'une gentillesse rare, d'une beauté qui me pousse vers ses lèvres, mais ce n'est pas de l'amour. Ce n'est que de l'attirance, comme le vent attirait les voiles du bateau pendant notre rendez-vous.

Notre rendez-vous ? Il a dit que c'était un rendez-vous. Je sais parfaitement que cela signifie que l'on veut se connaitre pour peut-être ressentir de l'amour, ou du moins, des sentiments semblables. Pourquoi ferait-il cela s'il avait Carolina à ses côtés. Nous sommes si différentes. Elle lève son doigt quand elle boit son thé. Je tiens encore ma tasse avec mes deux mains pour les réchauffer, comme une enfant qui boit son chocolat chaud devant la cheminée de ses grands-parents, dans un hiver enneigé.

— Raphaele ? demande Emery en me sortant de mes pensées. Alors tu viens ?

— Quoi ? Venir où ? essayé-je de comprendre, en évitant son regard.

— La soirée de Thunder ce soir, précise-t-il, en déposant sa tasse de café sur la table. Alessio t'a bien invité, n'est-ce pas ?

Mes yeux deviennent ronds comme les planètes du système solaire. J'avais oublié que je commençais le travail avec cette soirée. Alessio avait baladé ses oreilles au bonne endroit : il avait entendu des employés de son écurie, Thunder Racing, parler de photographes. Ils en avaient besoin pour faire les première photos de la monoplace de la saison. Mon meilleur ami n'a pas hésité à donner mes coordonnées et ses collègues n'avaient pas hésité.

— J'irai, oui. Dis-je en découvrant l'heure qui s'affiche sur mon écran de téléphone. Je vais d'ailleurs devoir vous laisser, j'ai beaucoup de choses à faire. En tout cas, ravie d'avoir fait ta connaissance Caroline.

— C'est Carolina, ma belle, me corrige-t-elle, en s'assurant de bien prononcer le a. Carolina, comme vous dites en Italie.

Elle sourit, en roulant sa langue dans sa bouche pour insister sur les consonnes de son prénom. J'hoche la tête, les sourcils relevés. On roule mieux les r en Italie. Je ramasse mes affaires, enfile ma veste et sort du café. Le vent frais me frappe le visage. Je jette un dernier coup d'œil à travers la fenêtre du café, mais Carolina est à présent seule à table.

— Tu es prête ? me chuchote Emery dans les oreilles. Je te remmène, il commence à faire froid.

— Je... D'accord.

Après quelques secondes d'hésitation, je le suis vers sa voiture. En y entrant, la chaleur m'enveloppe instantanément, alors que le froid extérieur me glaçait le corps. La voiture est presque trop confortable, les sièges en cuir me soutiennent avec une douceur qui m'invite à me détendre. Je sens la fatigue m'envahir, mes paupières s'alourdissant de plus en plus.

Le ronronnement du moteur brise le silence pesant. Emery me jette des petits coups d'œil de temps en temps, s'assurant que je ne sombre pas dans les bras de morphée. Ses regards sont pleins de sollicitude, mais je sens une pointe d'inquiétude dans ses yeux. Je lutte contre le sommeil, mais la chaleur rend mes efforts vains. Je me surprends à fermer les yeux plus longtemps à chaque clignement. Emery ajuste la chauffage, rendant l'atmosphère encore agréable.

Je me surprends à vouloir qu'il attrape ma main, celle qui est posée sur ma cuisse. Enfin, nous arrivons devant mon appartement. Il coupe le moteur et se tourne vers moi, un sourire tendre aux lèvres.

— Je vois bien que tu n'aimes pas Carolina, dit-il doucement.

Je le regarde, à moitié endormie, essayant de comprendre ce qu'il veut dire. Vraiment ? Ne vois-tu pas ? Ses mots flottent dans l'habitacle réchauffé. Il pince ses lèvres, attendant que je lui réponde. Je sens de la culpabilité qui se mélange à ma fatigue.

— J'ai du travail, on se parle ce soir, d'accord ?

Il hoche la tête, prend une grande respiration et déverrouille la voiture. Il est déçu de ma réponse, mais je ne veux pas parler de la présence de cette femme quand la fatigue parle à ma place. Je me mordille les lèvres, regrettant déjà ce que je vais faire. Je me penche vers la place du conducteur et je dépose un baiser sur ses joues rougies par le chaud réconfortant de sa voiture. Ses iris pétillent de curiosité, et je sors de la voiture en le remerciant dans un murmure. En montant les escaliers, je repense à la conversation avec Emery, à son sourire, et à cette tristesse. Il fallait que je sois concentrée.

Une fois à l'intérieur, je pose mon sac sur le canapé. Il me reste assez de temps pour me préparer. Je me dirige vers la salle de bains pour prendre une douche rapide. L'eau chaude me réveille et apaise les muscles qui se sont tendus pendant la journée. Emery est venu là, dessous le pommeau avec moi. Je secoue la tête pour effacer ses souvenirs qui font monter des sentiments en moi.

Après la douche, je sors mes affaires de photographie et les dispose soigneusement sur la table. Mon appareil photo, plusieurs objectifs, des cartes mémoire et des batteries de rechange : tout doit être prêt pour ne pas craindre de rater quelque chose. Je dois faire mes preuves, ce soir. Même si c'était déjà le cas.

Il faut porter du noir pour la soirée, même les employés. Je sors mon haut noir à manches longues et épaules dénudées avec un tissu légèrement brillant qui glisse sous mes doigts. Je mets un pantalon noir à taille haute, évasé aux jambes. La ceinture discrète à boucle carré accentue ma taille. Je patiente dans le salon le temps qu'Alessio finisse de s'apprêter. Il porte une chemise noir ajusté, les manches retroussées jusqu'aux coudes, révélant la montre du sponsor de Thunder Racing, l'écurie dans laquelle il est en compagnie d'Emery. Son pantalon gris foncé en laine fine est coupé à sa taille. Ses chaussures en cuir marrons ajoute sa touche de sophistication qu'il n'arrêtait de vouloir, pendant qu'il mettait de la laque sur ses cheveux.

Cette soirée est importante autant pour Alessio que pour moi. La soirée va d'abord se passer en direct, retranscrit sur des chaînes Youtube avec des milliers de fans qui attendent de découvrir la livery de la monoplace, ses changements et de voir les pilotes en face d'eux, prêts pour une saison effrénée. Alessio n'appréhende pas : il a déjà fait ce genre de soirée et il s'impatiente toujours pour la deuxième qui suit après. Généralement, un petit groupe se fait et part pour danser en boîte et célébrer ce qui est, pour eux, un début de saison.

De mon côté, je ne connais pas la salle. Je ne sais pas comment elle est disposée, ce qu'attend l'écurie comme photographies J'ai réceptionné quelques jours avant, des maquettes de ce qu'ils attendent. Ils m'ont gentiment mis la pression en accentuant sur ce qu'ils ne voulaient pas. J'ai eu le droit à un diaporama par mail qui faisait défiler les précédentes soirées et les photographies qu'ils avaient aimé et détesté. Le stress est d'autant plus présent que mon travail sera les images officielles pour présenter la monoplace de la saison.

— Comme ça Emery était avec Carolina aujourd'hui, dit Alessio en regardant les réseaux sociaux. Je ne savais pas qu'il la revoyait.

— Tu la connais ? questionné-je Alessio alors que nous sommes dans un hall un peu sombre.

— Oui, oui, affirme-t-il. C'est son ex.

Alessio entre enfin dans la salle en poussant des rideaux qui masquent la scène lumineuse. Je ne fais pas attention à ce qui m'entoure, je m'arrête net. Son ex, Carolina est son ex.

— Hey, regarde-moi, me demande Alessio en attrapant mon menton avec sa main. Ils sont amis depuis des années, ça ne veut rien dire. Pourquoi il t'emmènerait en date pour finir avec elle ?

Je détourne le regard, incapable de cacher la déception qui se lit sur mon visage. Alessio continue de parler, tentant de me rassurer, mais ses mots sortent sans m'atteindre. Une vague de tristesse m'envahit, mêlée à une frustration. Je pensais qu'il y avait une complicité n aissante entre lui et moi.

Monaco n'était pas une excuse pour trouver l'amour. J'espérais inutilement recommencer à zéro pour répondre de mon passé par un présent calme. Je ne voulais pas sortir avec Emery. Me convaincre ne marche pas. Je voulais simplement me libérer d'une peur. Quand je regardais Emery, je voyais peut-être des sentiments qui n'avaient qu'une envie : sortir de ma poitrine. Était-ce sincère, ou n'étais-je que cette distraction avant la saison.

Je tente de maîtriser mes émotions. La salle commence à se remplir et je dois encore faire du repérage avant qu'ils commencent le live. Et si j'avais mal interprété les gestes d'Emery à mon égard ? Je prends une profonde respiration, et je retrouve faussement un calme. Ce n'est ni le lieu ni le moment de laisser la place à une fausse note. Malgré mes efforts pour me concentrer, une part de moi ne peut s'empêcher d'avoir ne serait-ce qu'une poussière d'espoir. Espérer que ses mots soient vrais, que l'amitié entre Carolina et lui n'a pas de signification. Espérer que ses coups d'œil dans la voiture qu'il m'a lancé ait été réel, et non une illusion à cause d'une fatigue pesante. Alessio m'adresse un sourire encourageant alors que nous nous avançons vers la scène. Il est là, comme toujours. Je cesse de penser à Emery, de peur que cette situation crée des tensions entre Alessio et lui.

— Raphaele, tu es là, m'interpelle un grand homme avec un haut aux couleurs de l'écurie Thunder. Tu vas te placer en bas de la scène.

La soirée bat à son pleins. Les caméras sont toutes installées et Alessio discute avec des ingénieurs qui sont présents. Les invités sont des représentants de sponsors, des personnes du club VIP de la marque et des employés de l'écurie. De tous les côtés, j'entends de l'italien, de l'allemand et du français. Les pilotes de l'écurie étaient tous les deux à Monaco avant la saison. Emery et Alessio avaient alors trouvé ça bien que la cérémonie se fasse dans les parages, en France, près de la frontière. Inutile de se déplacer en Allemagne.

Je me tiens en contrebas, mon appareil photo fermement tenu entre mes mains. Concentrée, j'observe attentivement la salle, peut-être pour attendre discrètement l'arrivée d'Emery qui se fait désirer. Toute l'équipe s'inquiète de ne pas le voir arriver. Et s'il n'était pas là ? Ses ingénieurs se regroupent derrière la scène et de là où je suis, je les vois rougir. La pression monte à quelques minutes de la découverte de la monoplace. C'est lorsque des journalistes se regroupent devant les rideaux que j'aperçois Emery... au bras de Carolina. C'est clair comme ça. Ils font signe aux journalistes et discutent avec ceux qui viennent converser. Emery porte la même tenue qu'Alessio. Il cherche quelque chose du regard, mais il n'a pas l'air de trouver, tandis que Carolina lui tapote l'épaule, signe qu'il est temps de rejoindre son équipe.

Carolina s'assoit à une des tables qui est dédiées aux proches des pilotes. Je n'ai pas de table attribuée. Je suis employée, pas une amie d'Alessio, pas une... quelque chose d'Emery. Elle porte une grande robe de créateur que j'ai pu admirer dans une vitrine le matin même. Elle est dans un satin vert émeraude, avec une seule manche et une fente qui accorde aux gens le droit d'admirer ses longues jambes. Elle est sûrement mannequin. Ses cheveux sont pincés derrière la tête, dévoilant les fins colliers qu'elle porte au plus près de son cou.

— Et nous voici en direct pour dévoiler la nouvelle monoplace dans laquelle les deux pilotes Thunder Racing vont concourir pour la saison 2024 ! présente un homme vêtu d'un costume, au côté du directeur de l'écurie qui porte les couleurs de l'équipe.

J'ajuste rapidement les paramètres de mon appareil, jouant avec la lumière et les ombres pour obtenir le meilleur premier cliché possible. Chaque rotation de la plateforme me donne l'opportunité de prendre tous les angles de la monoplace et des pilotes. Un documentaire passe en fond, et le présentateur se détend. Alessio et Emery sont sur scène, aux côté du directeurs, près de la géante monoplace. Emery cherche encore quelque chose – ou quelqu'un dans la salle. Au fond de moi, je suis persuadée que c'est Carolina. Il sourit et secoue son bras en l'air pour saluer des personnes qui crient son nom.

Le monde autour de moi s'estompe, les conversations, les éclats de rire, tout. Le murmure sonne à mes oreilles, et mon univers se réduit à cette monoplace que je capture. Le vert sauge de la livery m'interpelle, alors je prends tous les détails. La lumière se réfléchit sur la carrosserie, créant des reflets hypnotiques. Les applaudissements crépitants résonnent encore, marquant la fin de la présentation. Emery et Alessio descendent de la scène, échangeant quelques mots avec des invités. Mon cœur battait la chamade, me concentrant trop longtemps sur le profil de Emery.

Les contours de son visage sont éclairés par les lumière tamisée. Ses cheveux bruns, soigneusement coiffés, encadrent ses traits. Le léger sourire qui joue sur ses lèvres ajoutent une assurance. Il dégage une présence magnétique, m'attirant vers lui. Et si c'était ça que je ressentais ? Une simple attirance qui transcende les lois de l'amour. Mon cœur bat plus fort, partagé entre l'envie et de me laisser emporter et la peur de m'engager. Chaque fois que je suis près de lui, je ressens une chaleur, quelque chose d'inexplicable. Pourtant, une part de moi reste en retrait, effrayée par la douleur d'aimer et de perdre. C'est la peur de brûler encore une fois et de plonger la tête baissée dans un amour qui pourrait être destructeur. Mais comment résister à une attraction comme celle de ses yeux Bleus profonds, que j'imagine en naviguant dans les eaux ? Encore une fois, en regardant son profil, mon cœur s'arrête de battre s'imaginant toutes les choses possibles qui peuvent se passer entre Carolina et lui.

Peut-être que ce n'est pas de l'amour, peut-être que c'est juste une illusion, une simple attirance amplifiée par mes rêves et mes désirs de passer outre le passé. Intérieurement, je reste sur mes gardes, essayant de jongler entre cette envie de m'abandonner à lui et cette nécessité de me protéger. Chaque moment passé avec lui est un combat entre le cœur et l'esprit. Si je pouvais aimer à nouveau sans me perdre et si Emery était celui qui me fera oublier ce doute ?

Ces quelques semaines à Monaco m'ont fait perdre tout mon sens et toute ma rationalité. Je l'ai pourtant rencontré avant janvier. Mais jamais je n'aurais posé les yeux sur lui comme je l'épouse aujourd'hui. N'est-ce pas trop rapide de ressentir des sentiments pour quelqu'un alors que l'amour m'effraie encore plus que les abysses ? Pour savoir si c'est de l'attirance, je devrais m'ouvrir à lui et donc exposer ma vulnérabilité. Et pourtant, il y a tellement d'incertitudes dans cet amour.


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