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Chapitre 3 : Une délicate vague

Chapitre 3

Une délicate vague

Raphaele

Jeudi 9 février 2023, Appartement d'Alessio et Raphaele

Nous avons tous des failles.

J'ai une faille : un passé éternellement répété dans ma tête. Le passé se révèle dans chaque couleur des feux d'artifice près de la mer, près d'un casino. Accompagné de cris, le passé s'envole dans les couloirs du lycée. Ma mémoire grave en moi, tous ces bruits, ces émotions, ses sentiments et ses odeurs. J'ai une faille et c'est celle d'un passé que je crains d'oublier.

Mais ici, à Monaco, les rues ne portent aucune trace de moi. Elles sont vierges de souvenirs, exemptes de toute empreinte de ma vie. Les pavés ne résonnent pas de pas hésitants, mais de petits pas à nouveau comme un enfant qui marche pour la première fois. C'est une toile vide que je dois remplir de couleur, tisser des liens visibles dans chaque recoin, chaque boutique et chaque banc de parc. J'imagine déjà les vagues chanter mon prénom sous ma planche qui danse.

Souvent je ferme mes yeux et cette toile prend vie devant moi, m'accordant enfin quelque chose que je n'attendais plus comme une musique que j'invente. Qui sait ? N'est-ce pas en rêvant que nous obtenons ce que l'on désire le plus ? Romantique à souhait, je rêve de trouver au creux des cordes de mon violon cette douce mélodie romantique qui me dit que j'ai enfin découvert la vraie lumière dorée du soleil couchant. Ses cordes, aussi fragiles et incertaines soient-elles, m'offrent ce peu d'espoir.

Quand l'hiver venait frapper l'Italie, mon aire de jeu, qu'était la nature, se transformait en prison. Je peinais à me divertir dans ces week-ends où le vent glacial méditerranéen me frappait le visage. Je m'asseyais dans le coin du salon de mes grands-parents et je dessinais sur une feuille avec des crayons que j'avais du mal à tailler toute seule. Je fredonnais des chansons dans la cuisine avec mamie qui cuisinait de bonnes pâtes à l'italienne. Je chouinais lorsqu'elle mettait trop d'épices. Mon grand-père, toujours d'une discrétion effrayante, jouait du violon, en vibrant ses cordes dans les couloirs de la maison familiale.

Écouter attentivement mon grand-père jouer du violon pendant des heures me réconfortait. Le son céleste de cet instrument me berçait toutes les nuits alors que je craignais le tonnerre. Chaque corde caressait mon esprit et amusait mon imagination. Un soir où les ronflements de mes grands-parents envahissaient le couloir de la maison, je m'étais glissée dans le salon pour dérober le violon. J'étais insatiable d'apprentissage. Je voulais faire comme il faisant, avec son visage posé sur la mentonnière.

Italien, mon grand-père ne jure que par la séduction et chaque dimanche, alors que ma grand-mère dort, il coupe des bouquets de fleurs sauvages pour lui emmener. Toujours en admiration avec le sourire de sa femme, il continue en lui embrassant le coin des lèvres et en lui souhaitant une très bonne matinée. Mes grands-parents symbolisent l'amour, le vrai, et m'ont donné ce bel exemple.

Emery et Alessio s'absentent souvent, depuis quelques jours. La saison s'approche et si moi, je n'ai que mon appareil à emballer, les garçons s'enfoncent dans de longues préparations. À la fin d'une journée en France, sur le circuit Paul Ricard pour des essais, Alessio voulait inviter Emery pour dîner. Même si son coéquipier ne voulait pas nous déranger, mon meilleur ami a insisté. Nous avons discuté des heures et des heures ensembles, tous les trois. Emery commérait sur d'autres pilotes ; Alessio commérait sur Emery.

Mes journées s'allongent, presque trop ennuyeuses. Je profite de mon temps de repos avant le début de mon travail pour jouer du violon. Mio nonno me l'a offert pour mes dix-huit ans. Il me dispensait de cours chaque soir pendant les vacances d'hiver. Je l'admirais gratter les cordes et lui, raffolait de nos moments à deux, sans nonna, ni papa. Dans cette pièce de l'appartement, je trouve refuge entre les rideaux et le bureau. La chaise devient moins confortable au fil des heures, mais c'est lorsque j'entends la sonnerie de mon téléphone retenir que je vois l'heure. J'ai joué pendant trois heures qu'il est à présent seize heures.

« J'ai une petite surprise pour nous ce soir. Rendez-vous sur le port. Emery »

Ma respiration se coupe instantanément à la vue du message. Mon cœur atteint battement, tout aussi étonné que moi de recevoir un message de Emery. Il n'est pas possible pour moi d'admettre le contraire de points. Ce message me fait ressentir des émotions que je ne voulais plus ressentir. Le cœur garde la trace de toutes nos émotions, de tous nos sentiments, de toutes ces personnes qui nous ont fait du bien, qui nous ont fait du mal. Je relis le message une dernière fois pour m'assurer de n'avoir rien raté. Il a une surprise pour nous deux, pas Alessio ?

Mes doigts effleurent l'écran du téléphone, où les mots d'Emery m'arrachent un sourire. Un frisson d'excitation m'envahit, mêlé à cette pointe d'appréhension que mon meilleur ami me demande d'oublier, de temps en temps. Je ressens cette légèrement palpitation, mais je ne sais expliquer ce l'effet qu'elle me fait.

Je m'égare dans mes pensées pendant des secondes qui me paraissent des heures. Le violon repose à côté de moi, grand témoin de mes états d'âme. Le gardien de mes émotions analyse la situation, mais il ne comprend pas non plus.

Emery est un ami d'Alessio avec qui je n'avais pas imaginé une simple amitié. Il était présent pour Alessio et je n'en savais pas plus. Je m'interroge sur les soudains signes que mon corps veut me faire comprendre. Je ne le connais pas énormément, mais sa carrure protectrice est un aimant qui m'appelle, qui me crie de m'y blottir. Son rire irait parfaitement avec la mélodie du violon dans un salon éclairé par la lumière d'un après-midi hivernal. Il respire la simplicité, la douceur.

Accepter ce rendez-vous sans connaître ses intentions m'effraie, mais je franchis le pas de la porte, m'encourageant mentalement à descendre dans la rue pour le rejoindre sur le port.

Tu ne peux rien y changer, Raphaele ! Réveille-toi, tu dois avancer maintenant. La violence de ses paroles résonne encore en moi, à chaque fois que je continue difficilement d'avancer après tant d'années.

Il y a ce quelque chose dans la façon dont il me regarde, dont il me parle ces derniers temps. Et pourtant, au lieu de fuir, cette pensée m'apaise d'une manière encore inédite. Je me surprends à être plus forte que ma faille. Je ne peux m'empêcher de sourire en pensant y l'idée d'un rendez-vous, d'un premier rendez-vous entre Emery et moi. Peut-être suis-je naïve, mais j'ai besoin d'y croire pour une fois depuis longtemps. Alors que j'atteins le port, les rayons du soleil qui s'apprêtent à se coucher peignent le ciel d'un camaïeu de rose. Je m'arrête pour admirer le spectacle, laissant mon esprit vagabonder.

— Je craignais que tu ne viennes pas, me sourit Emery, en s'avançant dans ma direction.

Je lui rends son sourire, sentant le vent caresser mon visage. J'enfouis mes mains dans la poche de mon manteau que j'ai enfilé sur ma tenue des plus confortables. Alessio dîne avec des amis, je n'ai pas pu lui demander des conseils sur les vêtements à mettre pour un potentiel rendez-vous amoureux sur un port, en plein hiver. Je trouve quand même que mon jean, mon cardigan et mes tennis font l'affaire. Emery met en valeur le pull bleu marine, assorti à ses yeux bleu brillant.

— J'avais envie de te voir, aussi, réponds-je doucement.

Il incline légèrement la tête, ses yeux pétillants d'une lueur d'espoir. Nous nous regardons un instant, comme si nos regards se répondaient, partageant déjà une complicité vieille de vingt ans.

— D'après l'application que j'ai installée, c'est bientôt l'heure du coucher du soleil, m'informe-t-il, en grimpant dans un voilier qui est devant nous. J'ai pensé que je pourrais t'impressionner avec cette sortie.

Il me tend sa main pour m'aider à embarquer sur le petit bateau lumineux. Sa main dans ma sienne, nous sommes plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Il étend ses lèvres en un rictus et me demande de rejoindre le pont. J'inspire grandement, sentant le parfum salé de la mer nous enveloppant. Emery m'affirme savoir naviguer, alors je l'observe, assise près de lui. Le bateau s'éloigne de la côte, loin du quai. Le spectacle devant nous démarre, avec en premier plan l'or du soleil quand il s'endort. L'horizon nous appelle, nous chuchote de l'admirer dans sa danse de lumière dorée.

— C'est magnifique, murmuré-je, émerveillée par la vue au loin.

— Attends de voir Monaco depuis le large, dit-il en souriant, ses yeux toujours si brillants.

Nous nous installons tous les deux sur le pont, face à une mer calme, apaisante. Emery ajuste les voiles et les cordages avec habilité. Je l'observe en silence, assise. Lorsqu'il prend place à mes côtés, il a des verres de vins et m'en tend un. « À cette belle nuit ensembles », trinquons-nous. L'air frais nous balade sur le bateau et je sens mes épaules se détendre.

— Tu as déjà navigué avant ? me demande-t-il en se tournant vers moi, assis en tailleur. Tu fais du surf, alors je ne serai pas étonné d'apprendre que tu navigues tous les week-ends !

— Et je suis même une sirène ! m'exclamé-je en faisant de gros yeux.

Nous éclatons de rire, sirotant notre verre de vins. Emery m'écoute parler du surf. Il n'en a jamais fait, mais il rêverait savoir faire d'autres sports que la formule 1 et le tennis qu'il pratique aussi souvent que possible. Je commence à me sentir plus à l'aise en sa présence. Nous passons plusieurs minutes ainsi, en silence, concentrés sur le voyage que poursuit le bateau et sur des anecdotes. Nous savourons chacun les mots de l'autre.

— Quand il a remarqué la disparition de son violon, il était dans une colère noire que je ne savais même pas si j'allais lui donner ou j'allais le poser en cachette sur son lit ! raconté-je. Un moment, il s'est arrêté de chercher et il a ri tout seul dans le jardin. Il avait compris que je l'avais et que j'essayais d'apprendre toute seule. Il m'a alors appris.

— C'est mon grand-père aussi qui m'a fait découvrir le karting, explique-t-il en baissant la tête, pensif. Quand il a pris sa retraite de pilote, il est devenu directeur d'une écurie. Il avait un talent tellement fou...

Ses mots restent suspendus dans les embruns. Le temps s'arrête, ses mains tremblent légèrement et ses yeux s'embrument. En racontant l'histoire de son grand-père, il devient vulnérable, rempli d'émotions qui gravitent autour de lui. Je l'écoute attentivement raconter toutes les fois où il était avec lui, plus qu'avec ses parents. Je ne le montre pas, mais je me sens chanceuse d'être privilégiée. Il n'a peut-être pas raconté cette histoire qu'à moi, mais j'en suis reconnaissante. Sa vulnérabilité le montre nu, bien plus que s'il enlevait les vêtements qui l'empêchent de se geler sur place.

Emery profite d'une minute sans bruit pour me parler d'amour.

— N'en veux pas à Alessio, commence-t-il, en faisant une moue. Je lui ai demandé si tu avais quelqu'un dans ta vie.

Mes lèvres s'étirent, se coinçant être mes lèvres. Son regard posé sur moi, je lui fais signe de continuer son récit. Savoir qu'il s'est renseigné sur moi avant de m'inviter fait bondir mon cœur hors de ma poitrine comme une enfant qui vit une amourette.

— C'était très clair pour lui, inspire-t-il, hésitant. Si je te faisais du mal après ce que tu as vécu, il me tue.

Il sort un ricanement de ses lèvres. Mon cœur s'arrête et je reste immobile de la tête aux pieds. Le verre dans ma main tremble légèrement, mais je n'y porte plus attention. Je me concentre sur autre chose : je détourne les yeux, cherchant un endroit dans l'horizon pour respirer.

— Raphaele... ?

Je sens mon visage se crisper et ma gorge se nouer. Emery pose sa main réconfortante sur mon épaule.

— Je n'ai juste pas eu de chance en amour, c'est tout.

Je prends une respiration, essayant de stabiliser mes émotions.

— Je t'ai raconté de la fois où...

Emery change de sujet, ajoutant un clin d'œil. Le soleil s'est couché très vite, nous poussant à installer les luminaires qu'il a prévu pour cette nuit à la belle étoile. Nos regards se croisent, et un silence chargé en émotion nous fait valser. Mes battements de cœur vont au rythme des vagues qui dansent contre le bateau. Je me laisse aller à cet instant, fermant les yeux un moment pour savourer cette paix. Le moment délicat entre Emery et moi s'est estompé et je le remercie d'avoir changé la conversation. Le vent apporte une fraicheur que je ne cesserai jamais d'aimer plus que tout. Je ferme mes yeux, inspirant la pureté de l'air marin.

— Les choses simples sont les plus belles, dit Emery, brisant le silence.

Il inspire, les yeux fermés à son tour. Son visage, illuminé par les lumières tamisées paraît doux, tranquille. Ses lèvres esquissent un sourire satisfait, et je me sens soudainement attirée par leur courbe. Je me surprends à mordre les miennes, essayant de contenir cette soudaine envie de les goûter. Mon cœur bat à un rythme effréné.

Instinctivement, comme s'il avait entendu ma respiration de plus en plus lourde dans cette nuit étoilée, il ouvre les yeux, me cherchant du regard. L'intensité de ses prunelles bleus me coupe le souffle comme si elles pouvaient lire au plus profond de moi. Son regard s'assombrit, sa bouche entrouverte trahissant cette minute palpable. Il se penche doucement vers moi, son souffle chaud sur mon visage.

— À quoi penses-tu ? demande-t-il, d'une voix presque sauvage.

Mes joues s'empourprent, et je baisse légèrement la tête, hésitante. Au goût de tes lèvres. Le moment est suspendu, nos regards ancrés l'un dans l'autre. Emery se penche un peu plus près, et caresse ma joue. Nos lèvres sont sur le point de se rencontrer lorsque soudain, le bateau tangue, nous faisant perdre l'équilibre.

— Oh ! m'écrié-je de surprise, en essayant de me rattraper à la rambarde.

Emery me retient, mais nous sommes tous les deux revenu à la réalité, frappés par la violente vague. Le bateau se balance de plus en plus dangereusement, le signe pour nous de retourner à quai. Nous nous éloignons l'un de l'autre, une gêne palpable dans l'air.

— Désolé pour ça, dit-il en souriant nerveusement. Je veux dire, désolé pour le bateau qui a fait des siennes, pas pour...

Nous arrivons au port. Emery sort du bateau en premier pour me tendre sa main.

— Merci pour ce rendez-vous, dis-je doucement. C'était un très bon choix.

— J'aurais préféré que les vagues patientent, avoue-t-il, ses yeux évitant les miens.

Nous marchons côte à côté en direction de mon appartement, la tension entre nous palpable. À chaque pas, je repense à ce manqué, me demandant ce qui se serait passé si le voilier n'avait pas bougé, nous obligeant à nous écarter. La peur me trahit. Je suis persuadée que les vagues l'ont senti, les vagues le savaient. Elles voulaient que j'attende, que je sois certaine de vouloir passer à autre chose. Les signes sont importants, mais la déception se fait ressentir dans mes yeux fatigués.

Avant même d'arriver à l'appartement, j'appréhende l'avis de Alessio au sujet de ce soir. Il va se montrer exigeant, refusant que je ressasse le passé.

— Au prochain rendez-vous, qui sait, lui fais-je comprendre, un rictus au coin de mes lèvres.

— Tu es vraiment certaine d'accepter un deuxième rendez-vous avec moi ? demande-t-il, un sourire émerveillé se dessinant sur ses lèvres.

Je ris doucement, un peu gênée par son étonnement. Aurais-je dû dire non ?

— Je ne m'attendais pas à ce que tu sois prête à me revoir !

— Je devrais te voir durant la championnat de Formule 1, de toute manière, fais-je, en faisant un clin d'œil.

En arrivant à l'appartement, Alessio est assis sur le canapé, un livre à la main. Il ne lit pas. Il a certainement pris le premier sur la table basse quand nous a entendus dans le couloir. Emery entre pour le saluer, et je prends le temps de ranger mes affaires sur le porte-manteau.

— Alors, cette soirée ? nous interroge-t-il.

— C'était... intéressant, répond Emery, en retrouvant la porte d'entrée. Je vais y aller, il se fait tard. Bonne nuit Raphaele.

Sa voix est douce. Il dépose un baiser sur ma joue, lentement.

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