
Partie 2
Cela fait trois jours que mère et moi sommes rentrés au manoir Malfoy. Je déteste cette maison, elle me rappelle trop de mauvais souvenirs. Il y fait froid aussi. Ou bien, c'est à l'intérieur de moi, je ne sais pas, c'est sûrement ça. Hier, j'ai reçu un hibou du ministère. Mère et moi sommes convoqués dans trois semaines. Et je ne sais plus quoi penser. Je n'ai pas parlé à Potter depuis qu'il m'a soigné le bras. J'aurais aimé lui écrire une lettre, mais je ne sais pas trop quoi y mettre. J'aurais voulu m'excuser de mon attitude, mais... je n'ai pas vraiment l'habitude de faire ce genre de choses.
Depuis notre retour au manoir, mère ne m'a pas dit un seul mot. J'ai bien essayé de lui arracher une phrase. En vain. Les repas son tellement silencieux que parfois, j'ai l'impression que l'air vibre dans mes oreilles. Je n'ai plus eu de contact avec personne. Ni Blaise, ni Pansy.
Un bruit contre la vitre attire mon attention. Je fronce les sourcils et me lève pour rejoindre la fenêtre. Mon cœur se met soudain à battre plus vite. J'ouvre la fenêtre et laisse la chouette blanche entrer. Elle se pose sur mon lit et tend la patte. Je prends délicatement l'enveloppe entre mes doigts, mais la chouette ne s'en va pas. J'en déduis donc que Potter attend une réponse.
Malfoy,
Salut, comment tu vas ? J'espère que tu vas bien. Je sais que ça ne doit pas être facile de se retrouver seul dans l'attente d'un procès. J'ai déjà vécu ça, tu sais ? Le plus important dans ce genre de situation, c'est de ne pas désespérer et de garder la tête haute. Tu es assez doué pour ça, il me semble, non ?
J'aurais aimé te voir avant le procès, enfin, si tu le veux bien. Nous avons besoin de discuter tous les deux. Ou plutôt, c'est moi qui ai besoin de te parler. Je sais que nos relations n'ont pas été faciles jusqu'à maintenant, nous n'avons jamais été amis. Mais je pense que les choses peuvent changer. Je veux que les choses changent. Et toi ? Qu'en penses-tu ? D'après toi, si on avait l'occasion de parler civilement, pourrait-on être amis ? Moi, je pense que oui.
Il me semble aussi que la dernière fois que nous avons discutés, tu ne m'avais pas donné ta réponse au sujet du procès. J'aurais aimé que tu me renvois ta réponse. Veux-tu, oui ou non, que je te défende lors du procès ?
H. Potter.
Je relis la lettre plusieurs fois de suite avant de me décider à prendre un parchemin et une plume dans le tiroir de mon bureau. Je m'assieds sur la chaise, réfléchis un moment, trempe ma plume dans l'encre noir et commence à écrire.
Potter,
Je vais bien, merci de t'inquiéter. Pour le procès, je ne sais pas vraiment comment je me sens. Anxieux, j'ai peur aussi. Un peu. Pourquoi est-ce que je t'avoue ça ? Par pur désespoir, je crois. Je ne pense pas survivre à ce procès. Ni moi, ni ma mère. Je ne comprends même pas comment toi, tu peux croire une chose pareille. Le ministre va nous faire porter le poids des erreurs de mon père et de ce qu'a fait Voldemort, et même le Grand Harry Potter n'y peut rien. Que tu le veuilles ou non.
Pour ta proposition de se voir avant le procès, et bien, j'accepte. Je ne sais pas pourquoi, d'ailleurs mais je pense que j'ai... besoin de te voir. Pour t'insulter une dernière fois peut-être. Que dirais-tu qu'on se voit dans une semaine, vers quinze heures sur le Chemin de Traverse ?
En ce qui concerne ta proposition. Je ne sais pas. Je ne pense pas avoir la moindre chance de remporter ce procès de toute façon. Je ne comprends toujours pas pourquoi tu veux m'aider, j'y ai réfléchi pendant deux jours pourtant. Enfin bref. Les Gryffondors, Potter qui plus est, sont complètement incompréhensibles.
D. Malfoy.
P.S : si je dois te voir, je préfère que ce soit seul a seul. Donc sans Weasley et Granger. Et la pot de colle.
Je relis le parchemin deux fois, soupire et me relève pour me diriger vers la chouette. Je lui accroche la réponse à la patte et elle s'envole de nouveau par la fenêtre. Je la regarde s'en aller et disparaître au loin. Il se fait tard et je devrais être couché. Je ne sais pas pourquoi, mais l'idée de revoir Potter me fait plaisir. Et je souris comme un idiot. Non, l'idiot c'est Potter, pas moi ! Je referme la fenêtre, empêchant ainsi le froid de s'insinuer dans la chambre, et me glisse sous les couvertures après avoir éteint les lumières d'un coup de baguette.
Potter, fut ma dernière pensée avant de sombrer dans le sommeil.
~~HPDM~~
Une semaine plus tard, quatorze heures.
Tendu, je suis tendu. Hyper tendu. Le procès approche, mais j'ai l'impression que ce n'est pas seulement pour ça. Cette après-midi j'ai rendez-vous avec Potter. Ce n'est pas ça qui me rend aussi tendu. Ce ne peut pas être ça. Alors pourquoi suis-je en train de faire les cent pas dans ma chambre ?
- Saleté de Potter !
Je m'assois sur mon lit et prends ma tête entre mes mains. Pourquoi suis-je donc aussi tendu par Merlin ? Respire Draco, respire. Aller, un peu de courage, ce n'est rien qu'un rendez-vous idiot, pour parler. Parler et rien d'autre... Mais est-ce vraiment tout ce que je souhaite ? Parler ? Je me relève et retourne dans la salle de bains pour me planter devant le miroir. Je passe une main distraite dans mes cheveux et fixe mon reflet d'un œil critique. J'ai l'impression que mes yeux gris sont plus sombres que d'habitude et que mes cheveux sont plus ternes. Euh, mais pourquoi est-ce que je fais attention à mon apparence, moi ?
- Draco.
Je fais volte face rapidement et me retrouve nez à nez avec ma mère. Son teint est plus pâle qu'hier encore, elle a l'air fatigué et ses mains tremblent légèrement.
- Tu sors ?
- Je... oui. J'ai un rendez-vous.
- A quelle heure reviens-tu ?
- Je ne sais pas. Tu... Tu veux que je reste ?
- Non.
Et sur ce, elle fait demi-tour et quitte la salle de bains, sans plus un mot. Elle ne va vraiment pas bien depuis la mort de père, mais que puis-je faire pour que ça change ? Dois-je vraiment faire changer les choses ? Après tout, dans deux semaines aura lieu le procès au ministère. Le ministre de la magie, Rufus Scrimgeour, fera tout pour que mère et moi finissons en prison. Ou pour qu'on reçoive le baiser du détraqueur. Je ne peux rien faire. Nous n'avons aucune chance.
Sauf si Potter nous aide, dit une petite voix dans ma tête. Mais je décide de l'ignorer. Ça ne sert à rien. Je ne veux pas qu'il m'aide. Je n'ai pas besoin qu'il m'aide. Je sais que ce procès est perdu d'avance.
Je prends une grande inspiration et sors de la salle de bains. Je dévale l'escalier et m'arrête soudainement. Pourquoi est-ce que je cours ? Pourquoi suis-je aussi pressé ? Pourquoi mon cœur bat-il si vite ?... Quel idiot je fais ! On dirait une adolescente à son premier rendez-vous. Non, pas possible. Pas moi. Je prends une grande inspiration et m'éloigne du manoir afin de transplaner. Dès que je passe la porte, je sens des regards sur moi. Les Aurors ne nous lâchent pas du regard. Je sais déjà qu'en quittant le manoir, je me ferai suivre et surveiller jusqu'à ce que je rentre.
~~HPDM~~
Potter est assis dans le pub, comme convenu, une chope de Bièraubeurre devant lui. Je suis en retard de deux minutes mais lui a l'air d'être là depuis un moment. Je le regarde quelques secondes puis me décide à entrer. Je m'avance, serpentant au milieu de ces gens qui me regardent bizarrement et rejoins Potter à sa table, au fond de la salle.
- T'es en retard, dit Potter sans prendre la peine de relever la tête, le nez dans sa boisson.
- T'es en avance.
- Ce qui ne t'empêche pas d'être en retard, Malfoy.
- Mouais. Ce n'est pas pour nous disputer que tu m'as fais venir, n'est ce pas ?
- Non, en effet.
Quand Potter lève la tête, je suis surpris par ce que je vois dans ses yeux. De la peine... de la... tristesse. Pourquoi ? Ce n'était pas logique.
- Malfoy, tu as réfléchi à ma proposition ? me demanda-t-il en regardant ailleurs.
C'est comme... c'est comme s'il évitait volontairement mon regard. Pourquoi ?
- Oui.
Il me jette un coup d'œil rapide, mais se détourne promptement.
- Alors ?
- Je... J'accepte.
- Vrai ? demanda-t-il, en me regardant droit dans les yeux cette fois-ci, visiblement surpris... et content ?
Ses yeux. Pourquoi ses yeux brillent-ils autant en cet instant ? Pourquoi y a t-il autant de satisfaction dans ses yeux ? Autant d'espoir ?
- Oui. Mais je trouve quand même que ça ne sert à rien. Mais si tu veux perdre ton temps avec moi, vas-y.
- Je sais que je ne perds pas mon temps. Ils n'ont pas le droit de te faire quoi que ce soit, je ne les laisserais pas faire.
- Pourquoi ?
- Pourquoi quoi ? demande-t-il les yeux plissés d'incompréhension.
- Pourquoi le fait de prendre la défense de moi et ma mère lors de ce procès semble-t-il te tenir tant à cœur ? Tu ne m'a pourtant jamais porté dans ton cœur que je sache.
- Ta mère m'a sauvé la vie. Je lui dois bien ça.
- D'accord. Et moi alors ? Pourquoi tiens-tu tant à me défendre ?
- Ta mère t'aime. A quoi servirait-il de lui sauver la vie si toi, tu devais finir comme une coquille vide ou à Azkaban ? Elle a déjà perdu son mari. Je ne peux pas retirer à ta mère ce qu'elle a de plus précieux, en l'occurrence, toi. Personne ne peut faire ça. Personne ne mérite ça. Je sais ce que c'est que de perdre un membre de sa famille, je ne souhaite ça à personne. Même pas à elle.
- Donc la sauver sera facile, c'est ça ?
- C'est pas ce que j'ai dit. Mais j'espère que ça le sera. Enfin bon, c'est bien d'espérer.
- Et pour moi ? Quel argument donneras-tu pour ma défense ? dis-je les bras croisés, un sourire amusé aux lèvres.
Il pense pouvoir sauver le monde entier mais il a tort et il va finir par s'en rendre compte le jour du procès. Ça va faire mal s'il n'est pas assez convaincant et que le Magenmagot me déclare coupable.
- Tu es innocent. Tu n'as tué personne et tu as aidé l'Ordre du Phénix. Tu m'a sauvé la vie en quelque sorte, comme celle de beaucoup d'autres. Tu as essayé de tuer Dumbledore, c'est vrai, mais tu ne l'as pas fait et si tu as tenté une chose pareille, c'était seulement pour aider ta mère.
- Et ?
- Et... je ne permettrais à personne de te faire le moindre mal. De quelle sorte que ce soit.
Je fronce les sourcils, mais de quoi parle-t-il enfin ?
- Tu ne vas pas bien Potter.
- Non, Draco, je ne vais pas bien. Depuis un moment déjà.
Je ne sais pas pourquoi, mais le simple fait qu'il m'appelle par mon prénom me donne des frissons. Son regard est tellement sérieux. Pourquoi ? Hum, ça fait beaucoup de pourquoi.
- Qu'est-ce que tu as ?
Il prend sa tête entre ses mains, les coudes posés sur la table. Pris d'un élan soudain, je lui prends les mains entre les miennes. Il relève la tête et croise mon regard. Il détourne les yeux. Encore.
- Qu'est-ce qui t'arrive Potter ? Tu n'as pas l'air bien.
- Moi, comparé à toi, j'ai une bonne raison de finir mes jours à Azkaban.
- Comment ça ?
- J'ai tué.
- On a tous tué pendant cette guerre, Potter.
- Pendant cette guerre on a tous tués, c'est vrai, mais moi c'est différent. On a tous tués sans réellement voir de qui il s'agissait. On a tous tués avec des sorts mineurs. Moi j'ai tué avec un sortilège impardonnable. Moi j'étais en face de lui et...
- Et tu ne pouvais rien faire d'autre. C'était lui ou toi. Tout le monde est content que tu l'ais tué, personne ne te mettra en prison pour ça.
Il récupère violemment ses mains et se lève.
- Viens, allons autre part.
- Ça ne sert à rien, les Aurors me suivent partout où je vais.
- Je sais, viens !
Je me relève avec un soupir et le suis hors du pub après qu'il ait posé quelques gallions sur la table. Les gens dehors me dévisage avec haine et mépris, je n'en attendais pas mieux de leur part. Mon père m'a habitué à ce genre de regard et puis, ce n'est rien comparé à un doloris après tout. On longe les boutiques et nous éloignons de l'agitation. Il nous fait asseoir quelque part sur un banc à l'écart. Je me mets à côté de lui et attends. Sa tête prise de nouveau entre ses mains, les coudes sur les genoux, il ne dit rien. Mais qu'est-ce qu'il attend bon sang ?!
- Potter, je...
- Draco ?
Je le regarde et attends. Pourquoi est-ce qu'il m'appelle par mon prénom ?
- Qu'est-ce que tu feras... après ?
- Après quoi ?
- Le procès.
- Je ne suis même pas sûr...
- Que feras-tu après que nous ayons remporté le procès ?
Il relève et la tête et me regarde dans les yeux. Pourquoi ses yeux sont-ils si verts ? Si intense ? Si plein de quelque chose que je ne connais pas, que je ne comprends pas ?
- Je... je ne sais pas. Je pense que ma mère et moi quitterons l'Angleterre. Pour oublier. Pour pouvoir... avancer, faire autre chose, tu comprends ?
- Et si je te demandais de rester. Tu le ferais ?
- Pourquoi voudrais-tu que je reste ? je lui demande les yeux plissés.
- Je ne sais pas. Tu pourrais aussi bien recommencer ici. Quitter simplement ton manoir et non le pays.
- J'ai besoin d'avancer Potter et ma mère aussi. Les gens ici ne nous laisserons jamais oublier, quoi qu'on fasse. Même si tu plaides notre cause, les gens n'oublieront pas !
- Moi, je peux t'aider à oublier.
- Comment ? Pourquoi ?! Mais t'es complètement malade Potter ! Occupe-toi plutôt de ta rouquine ! m'écriais-je en me relevant.
Je ne sais pas pourquoi mais, je ne peux m'empêcher d'avoir mal, quelque part en moi. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive. Pourquoi veut-il m'aider ? Par charité ? Je n'ai pas besoin de ça !
- Je n'en ai que faire de ma rouquine comme tu dis. Mais qu'est-ce qui est trop compliqué à comprendre là dedans ? Je ne t'oblige à rien après tout.
- Mais... tu... Et puis tant pis, je rentre chez moi.
Il se relève et m'empoigne par le coude.
- S'il te plait Draco...
- Je ne t'ai jamais autorisé à m'appeler par mon prénom. Et puis, qu'est-ce que tu veux ? Qu'est-ce que tu cherches là dedans ? Qu'est-ce que me défendre pourrait t'apporter ?
- Rien !
- Alors pourquoi tu le fais ?! C'est juste... n'importe quoi ! C'est pas comme si on était amis ! Qu'est-ce que tu cherche à la fin ? Il y a sûrement quelque chose !
- Non, Dra... Malfoy. Je ne veux rien à part te défendre ! Essai de comprendre !
- Je n'ai pas la mentalité d'un Gryffondor. Quoi que tu fasses, Potter, je ne te comprendrais jamais. Maintenant laisse moi tranquille. On se revoit au procès.
Et..., je m'en vais. Il m'énerve le Potter, oui, il m'énerve. Lui et ses bonnes intentions. Lui et ses yeux si brillants. Lui et sa manie de toujours vouloir sauver tout le monde. Ce n'est pas ce que je veux à la fin ! Je ne veux pas qu'il me prenne en pitié ! Je veux qu'il... qu'il... je ne sais même pas ce que je veux. Il n'y avait pourtant aucune pitié dans ses yeux, mais ce qu'il y avait... ce qu'il y avait... je ne comprends pas ce qu'il y avait. Je ne comprends pas ce que j'y ai vu. Je ne comprends pas et ça m'énerve.
Mais... qu'est-ce que qu'il se passe ? Il ne pleut pas pourtant, alors... pourquoi ai-je le visage humide ? Pourquoi est-ce que je me sens comme ça ? Foutu Potter !
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