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Le gratin de blettes


A dix-neuf heures précises, Noa se trouvait donc devant la porte de la vieille dame octogénaire. Il se balançait d'un pied sur l'autre, tirant sur les manches de son pull, hésitant à sonner. Son estomac se manifesta de manière bruyante. Il lissa sa mèche de cheveux sur le côté, poussa un soupir et pressa le bouton.

Derrière la porte, il entendit le raclement d'une chaise et des petit pas traînants se diriger vers lui. Simone lui souriait, son visage semblait un peu moins antipathique, se dit Noa. Et surtout, une délicieuse odeur de rôti flottait dans l'air. Rien qu'à sentir les effluves, Noa en avait l'eau à la bouche.

― Tu es ponctuel, c'est une bonne qualité, remarqua Simone.

― Bonsoir, répondit timidement Noa.

Il ne savait pas très bien pourquoi sa voisine l'avait invité et par conséquent, une certaine méfiance persistait. Il tirait encore nerveusement sur les manches de son sweat.

― Vous allez mieux ? osa-t-il.

― Oui, il ne fait pas bon vieillir c'est tout. Des fois, je crois encore que je peux me passer de ma canne, mais la réalité me rappelle à l'ordre.

Comme la fois précédente, son hôte l'invita à s'assoir. Il n'eut pas à cuisiner ni à mettre le couvert, tout était prêt. De belles assiettes étaient disposées sur la table, accompagnées de serviettes en tissu rouge dans leur porte serviette en bois, même les verres étaient à pied. On voyait que Simone avait voulu bien le recevoir et Noa en fut embarrassé. Il n'avait pas l'habitude d'être reçu ainsi. Il sourit, encore plus gêné qu'à son arrivée.

Simone lui servit une énorme tranche de côte de bœuf, des pommes de terre rissolées et un gratin de légumes verts que Noa ne connaissait pas. Le tout sentait extrêmement bon et Noa se jeta sur son assiette.

― Mange petit, tu as bien raison.

Il y avait longtemps que le jeune homme n'avait si bien dîné. Entre les hamburgers de son travail d'appoint et la cafétéria du lycée, y'avait pas de quoi se réjouir. Oh, les repas qu'il partageait chez Tristan étaient bons parfois mais, son pote et lui commandaient souvent des pizzas.

― 'chai quoi ? demanda-t-il la bouche pleine de gratin.

― On ne t'a donc rien appris ? Ce sont des blettes.

― 'chai drôlement bon !

Simone le regardait manger, avec un si bel appétit qu'elle sut que ce ne serait pas la dernière fois qu'elle l'inviterait. Et puis, cuisiner pour soi seule cela a quelque chose d'ennuyeux. Elle était bourrue mais au fond, elle avait besoin de partage. Il y avait si longtemps qu'elle vivait seule. Le gamin avait à présent terminé son assiette, il s'était reculé au fond de sa chaise, repus et un peu somnolent. Il observait Simone sans rien oser dire. Foule de questions se bousculaient dans sa tête.

Pourquoi la vieille dame l'avait-elle invité ? Que cherchait-elle ? S'il n'y avait pas trop pensé en arrivant, tellement sa faim était forte, elles revenaient à présent dans sa tête. Une fois de plus, sa méfiance s'intensifia. Peut-être qu'elle allait maintenant lui annoncer que les services sociaux lui avaient trouvé une place en foyer ?

Cela avait toujours été sa hantise. Pourquoi avait-il caché aux adultes et institutions qu'il était seul ? Au départ, c'était surtout un sentiment de honte. Si sa mère avait choisi de partir, c'est qu'il avait fait quelque chose de mal, qu'il l'avait mérité. Avec le temps et les nombreux va-et-vient de sa mère, il avait fini par comprendre que le problème ne venait pas forcément de lui entièrement. Même si son inconscient portait une lourde culpabilité.

Il ne savait pas trop comment ça c'était fait. Au début, il n'avait pas pu, pas su trouver les mots, ni la personne à qui se confier. Et après, il n'avait plus voulu. Il avait peur, peur de finir en foyer, avec d'autres enfants paumés, de mal finir. Ca ne vendait pas du rêve. Sa vie était dure, mais finalement, il avait ses petites habitudes seul. Il avait appris à ne compter plus que sur lui-même, et c'était très bien ainsi.

Des fois, il aurait aimé en parler à Tristan ou Adam, quand sa solitude se faisait trop dure, quand il se disait que la vie ne valait rien, que le poids de sa culpabilité refaisait surface. Mais, jamais il n'avait réussi. Il ne savait pas bien pourquoi il avait lâché le morceau auprès de la vieille dame. Peut-être parce qu'elle l'avait surpris dans un moment de vulnérabilité extrême ?

― Ta mère n'est toujours pas rentrée ?

Nous y voilà, pensa Noa. Il hésita à répondre.

― Peut-être ? risqua-t-il

― Tu peux me dire la vérité tu sais.

― Qu'est-ce que vous voulez ? répondit Noa peut-être un peu trop brutalement.

Il se leva de sa chaise, il voulait partir à présent. Vite mettre de la distance, remonter au deuxième étage et fermer sa porte à double tour. Retrouver son refuge. Simone l'arrêta en posant une main sur son bras.

― Calme-toi petit. Rassieds-toi, j'ai fait une charlotte au chocolat en dessert.

Le jeune fixait Simone, qui faisait une tête de moins que lui. Sa respiration était courte et son cœur battait un peu trop vite.

― Allez, je ne vais pas manger tout ça à moi toute seule. Je ne vais pas te séquestrer, tu pourras partir ensuite.

Et Noa se rassit.

― Pourquoi vous m'avez invité ? Vous allez me dénoncer ?

― Tout de suite les grands mots ! J'ai acheté trop de viande et je voulais tester une recette de gâteau. Tu es mon cobaye, voilà tout. Quant au comportement de ta mère, je n'en pense pas moins. Tu n'as pas l'air bête, tu t'en sors, n'est-ce pas ? Et puis ta mère va rentrer bientôt, on est d'accord ?

Noa sentit que Simone savait exactement la raison pour laquelle elle avait posé cette dernière question. Pour qu'il puisse continuer de mentir, et elle, continuer de faire semblant de le croire. Il hocha la tête, ne sachant trop si il devait se sentir soulagé ou pas encore. Mais, la vieille dama ajouta :

― Je ne te demanderais qu'une chose à présent, c'est de venir tenir compagnie à une ancienne. Puis disons que, tant que ta mère n'est pas « rentrée », tu vas venir ici manger avec moi une fois par semaine, compris ?

Noa était bien trop sous le choc pour répondre. Elle avait réussi par Dieu sait quel tour de passe-passe à l'embobiner. Simone lui servit une belle part de charlotte au chocolat et Noa aurait juré avoir aperçu un sourire victorieux sur les traits ridés de son visage.

Il plongea sa cuillère dans son dessert. Les boudoirs semblaient fondre en bouche. Il songea que manger si bien une fois par semaine, c'était peut être finalement pas cher payé pour conserver sa liberté.



*****

Petit chapitre ici... Simone a bien piégé Noa non? elle l'a jouée finement...

PS: oui mes titres de chapitres sont pourris ^^

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