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Cimetière et soupe

Image par vlanka de Pixabay  


Simone prit sa veste. La beige, un peu plus fine que sa grosse parka d'hiver. Le printemps commençait à pointer doucement le bout de son nez. Cette histoire allait prendre un tournant. Simone s'en souviendrait toujours. On était jeudi, Simone le savait car c'était jour de cimetière. Elle referma la porte de son appartement derrière elle, puis de sa clef, fit un double tour. On n'est jamais trop prudents. Il n'y avait pourtant rien à voler, sauf peut-être de nombreux souvenirs, mais c'était ainsi. On ferme la porte puis, un double tour.

Il était assis là, par terre devant les boites aux lettres, la tête entre les mains. Ce jeune, Simone l'avait déjà aperçu plusieurs fois. Il habitait l'immeuble, peut être au deuxième étage lui semblait-il. Simone n'aimait pas juger sur l'apparence, les gens font bien ce qu'ils veulent après tout, mais le garçon de seize ans environ avait le crâne quasiment rasé, sauf une immense mèche de cheveux sur le devant qui lui barrait le visage et lui cachait les yeux. Il portait des vêtements amples et une boucle d'oreilles noires.

Simone n'était pas spécialement empathique, mais si on croise une personne, on est tenu de la saluer, sa mère se serait retournée dans sa tombe si tel n'avait pas été le cas. On ne remet pas quatre-vingt ans d'éducation à la poubelle comme cela, n'est-ce pas ?

― Bonjour, le salua-t-elle.

Quel mal lui en a pris ? Le jeune homme leva la tête vers elle et quelque chose dans son regard lui transperça le cœur. Mais, tout de suite après, il rebaissa les yeux et son visage se dissimula derrière ses cheveux, il y a des regards torturés qu'on préfère garder pour soi.

― 'jour, grommela-t-il.

Bon, au moins il avait un semblant d'éducation.

― As-tu besoin de quelque chose ? s'entendit demander Simone à sa grande surprise.

― Nan. J'attends ma mère, répondit-il très doucement la tête toujours baissée vers le sol.

Simone avait déjà vu la mère du gamin plusieurs fois. Pas forcément une personne très recommandable ou maternelle lui semblait-il. D'ailleurs, cela faisait bien plusieurs temps qu'elle ne l'avait pas croisée. Mais son éducation lui avait aussi appris à ne pas se mêler de la vie d'autrui, le gamin ne la regardait plus, aussi elle passa son chemin.

Simone se dirigea vers l'arrêt de bus. Le numéro sept. Celui qui se rend au cimetière à l'autre bout de la ville, tout en passant devant l'hôpital et la place du marché. Il y en avait bien pour vingt minutes de trajet et Simone aimait ce petit rituel. Bien que sa destination ne soit pas des plus folichonnes, le seul fait de monter dans le bus constituait toute une aventure.

Avec son mari Georges, ils n'avaient que très peu voyagé. Ils auraient pu, mais ni elle ni lui n'aimaient sortir de leur zone de confort. Oh, ils avaient bien faits quelques circuits organisés, toujours en autocar. Notamment pour aller à Lourdes. Elle avait aimé contempler des paysages différents mais elle avait tout autant aimé rentrer chez elle, retrouver ses petites habitudes.

Le bus stoppa devant la grille du cimetière et Simone descendit du bus. Elle avait ici sa routine. Elle remonta l'allée principale, à la tombe de « Robert Dufond » elle tourna à droite, puis à la toute petite sépulture de « Madeleine Fournait », décédée à l'âge de deux ans, elle prit à gauche. C'était là. Là que reposait son tendre époux.

Malgré l'arthrose, Simone s'agenouilla et entreprit d'arracher les quelques mauvaises herbes. Oh ! Il n'y en avait pas beaucoup, mais cela lui tenait à cœur. Puis elle redressa la plaque indiquant « A mon époux » et vérifia l'état des plantes. Elle aimait que la tombe soit toujours joliment fleurie. Elle amènerait une fleur la semaine prochaine, pour l'arrivée du printemps, « ça égayera un peu », se dit-elle. Elle observa le visage rond et bienveillant dans le médaillon. Son cher Georges. Quinze ans sans lui, et il lui manquait toujours autant.

Comme à l'accoutumée, elle repartit en sens inverse en direction du grand robinet près de la grille. Il y avait toujours plusieurs arrosoirs. Si elle avait le choix, elle prenait le violet, elle lui trouvait une forme rigolote. Sinon, c'était le vert. Une fois son récipient rempli d'eau, elle retourna vers la tombe. « Robert Dufond », droite, « Madeleine Fournait », gauche. Elle arrosa les cyclamens colorés et les chrysanthèmes.

Cependant, aujourd'hui, la tête de Simone n'était pas entièrement à ce qu'elle faisait. Et cela la contrariait. Un regard noir tourmenté s'immisçait dans son esprit. Elle secoua la tête pour se reconcentrer sur ses prières. Elle était là pour Georges, enfin bon ! Déjà que son esprit avait divagué pendant tout le trajet de bus, elle n'allait pas encore se laisser distraire ! L'image d'une mèche de cheveux qui retombe vint encore perturber son oraison.

En fin d'après-midi, ce fut donc une vieille dame perturbée qui reprit le chemin du retour. Voyez-vous, elle monta dans le bus et en oublia même de saluer le chauffeur. Alors imaginez sa contrariété lorsqu'elle poussa la porte cochère de l'immeuble et qu'elle vit le jeune garçon, toujours prostré. Deux heures s'étaient écoulées et il n'avait pas bougé.

Au bruit que fit la porte, le jeune releva la tête vers Simone. Celle-ci était bien désemparée. Que devait-elle faire ? Passer devant lui comme si de rien n'était ? Lui parler ? Lui redire bonjour ? Elle n'eut pas trop le temps de réfléchir que ses mots sortirent de sa bouche.

― Qu'est-ce que tu fais encore là ? Tu n'as pas école ?

Les grands yeux noirs qui l'avaient poursuivie tout l'après-midi la fixaient, la mettant mal à l'aise. Ils étaient encore plus expressifs que dans son souvenir. Simone n'était pas tellement sûre de savoir ce qu'ils avaient à dire. Elle tenait à sa tranquillité ! Puis, comme le jeune ne répondait pas, elle se souvint de ce qu'il lui avait dit plus tôt.

― Et ta mère ? Elle n'est pas rentrée ?

― Faut croire que nan...

Il la fixait intensément à ces mots, comme pour la jauger un peu. Et alors ? Que vas-tu faire maintenant ?

― Ne reste pas dans le couloir, lui dit-elle. J'ai de la soupe. Lève-toi.

Puis elle prit la direction de sa porte d'entrée. Du coin de l'œil, elle vit le jeune hésiter puis finalement, ramasser son sac et se lever pour la suivre. Clef dans la serrure, le double tour en sens inverse. Elle sentait sa présence derrière elle, faut dire qu'il était sacrément grand pour un gamin. Ils sont de plus en plus grands à cette époque, se dit-elle.

Elle fit comme d'habitude, elle déboutonna sa veste et l'accrocha au porte manteau dans l'entrée. Puis elle posa sa canne et son sac. Le garçon l'observait sans mot dire. Ils étaient tous les deux en train de se demander dans quelle situation ils venaient de se mettre.

Simone indiqua le fauteuil à l'adolescent qui s'assit dedans. Il la regarda faire son ballet. Aucun d'eux ne parlait. Elle sortait ses casseroles, ses ustensiles de cuisine, ses légumes.

― Tu sais éplucher des carottes ? demanda la vieille dame au bout d'un moment.

Le jeune sembla surpris. Alors elle lui fit signe de se lever et de s'installer à la table avec elle. Avant, elle tourna le bouton du poste radio, elle aimait bien écouter les informations en cuisinant. Il n'avait à priori jamais tenu d'économe entre ses doigts mais, Simone lui expliqua comment procéder et ils épluchèrent leurs légumes en silence : les carottes pour lui, les pommes de terre pour elle. Elle ajouta un poireau frais qu'elle avait acheté sur le marché ce matin. Elle réfléchissait, il mangerait sûrement plus qu'elle, peut-être pourrait-elle lui donner un peu de fromage ou de charcuterie pour accompagner le potage ?

Toujours la mèche de cheveux tombant devant son visage fin, il s'appliquait à faire les tâches correctement. Simone aima ce détail. Ses yeux semblaient moins sombres que précédemment ou alors c'était l'éclairage ? Puis, elle mit tous les légumes dans sa grosse casserole, un cube de bouillon pour le goût. Elle sortit ensuite le couvert, deux grosses assiettes creuses, il se leva et la suivit pour disposer les cuillères et couteaux.

― Quand va rentrer ta mère ? demanda soudain Simone.

Le jeune baissa la tête et haussa les épaules.

― 'chai pas, dit-il en fixant ses pieds.

Il releva son regard vers elle, sembla y lire quelque chose qui lui donna confiance.

― 'l'est pas rentrée depuis longtemps.

― Longtemps comment ? demanda Simone semblant comprendre.

― Longtemps.

Ils s'observèrent un moment. Simone servit deux louchées brûlantes de soupe dans chaque assiette, qu'elle accompagna de deux tranches de pain frais.

― Comment t'appelles-tu ?

― Noa.

― Moi c'est Simone. Allez mange Noa, tant que c'est chaud.

Son ton était un peu bourru mais le jeune plongea sa cuillère dans le potage. La soirée passa vite, c'est fou comme le temps s'accélère lorsqu'on partage sa solitude. Et Simone en était presque sûre, lorsque Noa avait repassé le seuil de sa porte, elle avait aperçu les prémisses d'un sourire.

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