7. décollage (version modifiée)
— C'est une pure folie, murmura Zelda, nous sommes tous complètement fous.
— Toi la première répliqua son frère, concentré sur une console de la salle du générateur. Maintenant tais-toi, je dois me concentrer. Il reste à peine cinq minutes.
Ses neurones fonctionnaient à toute vitesse, le Wollion réfléchissait en silence à toutes les possibilités. Dans quelques minutes Phoebos serait inséré dans le générateur et prendrait le contrôle du vaisseau. Il diffuserait toute sa puissance dans les entrailles du monstre de métal et lui donnerait ainsi vie. Un gigantesque robot vivant, voilà ce dans quoi ils se trouvaient tous. Il y avait tellement de priorités que Lyros ne savait pas laquelle choisir. Il devait empêcher le vaisseau de les détecter comme des intrus, le basculer en mode survie et couper tous les systèmes dans les zones inutilisées. Il devait également établir les communications avec la passerelle de commandement où se trouvaient Athénor et l'abruti, Ulys.
— Trois minutes, déclara Zelda en jetant un coup d'œil à sa montre.
Comme personne n'avait pensé à emmener de communicateur ils n'avaient pour le moment aucun moyen de communication. La parade fut de se donner deux heures pour tout préparer, et le laps de temps touchait à sa fin. Ne restait qu'à prier que chacun ait fait sa part du travail.
— Quarante-cinq secondes.
Lyros reçut comme une décharge électrique, il se leva d'un bond, et s'approcha de Zelda. Elle était aussi peu rassurée que lui et tenait Phoebos entre ses mains. Elle l'avait libéré de sa chaîne, mais elle le conservait contre son cœur.
— Tu crois qu'il va m'en vouloir ? demanda-t-elle à son aîné.
— S'il est comme moi, répondit Lyros, il est heureux de t'aider.
Zelda lui sourit et déposa un baiser sur sa joue couverte de fourrure bleue.
— C'est l'heure, annonça-t-elle, c'est maintenant ou jamais.
La jeune femme prit une grande inspiration, Lyros ouvrit le générateur, un grand pilier qui plongeait dans les entrailles du vaisseau, et elle y inséra l'âme. Rien ne se passa. Puis, Zelda sentit la force de Phoebos prendre possession des lieux. Tout s'éclaira.
— Par tous les hauts-mentors ! s'écria-t-elle. Tu savais que c'était un gouffre ?
A présent que tout était lumineux elle voyait très nettement l'espace dans lequel elle se trouvait, et surtout le néant. La pièce était immense, seulement traversée par la petite passerelle sur laquelle ils se trouvaient. Deux consoles et le grand pilier du générateur habillaient le centre, pour le reste ce n'était que du vide.
— C'est pour laisser un peu de liberté à l'âme de ce que je sais, allez Zelda ! On s'arrache, je ne peux pas contrôler les systèmes de survie d'ici ! dit Lyros alors qu'il l'entraînait vers la sortie. Nous faisons trop de bruit, on va nous repérer !
— Les gardes vont nous tirer dessus ? Est-ce que le vaisseau va résister ? Ils vont tuer Phoebos ?
Le Wollion ne lui répondit pas mais accéléra le pas. Sous eux, le vrombissement caractéristique des propulseurs se fit entendre. Ulys faisait décoller le vaisseau. C'était la seule solution possible, mais il demeurait un problème de taille : le hangar était verrouillé.
Une voix résonna dans les haut-parleurs de la coursive.
— Athénor à la salle des moteurs, Lyros tu m'entends ?
Le Wollion se jeta sur le premier communicateur qu'il vit et appuya sur un bouton argenté.
— Athénor c'est Lyros ! L'âme a fusionné mais je dois aller dans la salle de contrôle des machines pour couper les systèmes annexes. Qu'est-ce qu'il se passe en haut ?
— C'est un peu le bordel ! hurla une voix derrière Athénor.
Le commandant les informa qu'ils avaient fait un peu de bruit et qu'une brigade les avait repérés.
— Ils vont nous abattre ! Ulys a fait décoller le vaisseau.
— On est coincé ! cria le pilote. Le hangar est fermé on est piégé !
La panique se diffusa aussi vite que l'énergie dans tout le vaisseau. Ce dernier manœuvrait lentement dans le hangar alors que les militaires se déployaient tout autour. Ulys usait de toute sa subtilité pour éviter de toucher quelque chose.
Lyros gagna à toute vitesse la salle de contrôle des machines. Ici il était aveugle, mais pas pour longtemps, un panneau afficha rapidement une vue en deux dimensions interactives du hangar. Il put constater que pas moins de trente hommes et plusieurs machines de guerre apparaissaient. Il se précipita sur un ordinateur et chercha un moyen d'ouvrir le hangar. Il connaissait les systèmes de commandes, il s'était toute sa vie préparer à avoir entre ses mains un vaisseau de combat, envoyer une commande au système du vaisseau-cité ne devrait pas être la pire des choses. Et pourtant il éprouvait des difficultés. Le vaisseau n'était pas reconnu par le système de la cité, maudite interopérabilité.
Pendant ce temps-là Zelda courait jusqu'à la passerelle. Elle se perdit en chemin, ouvrit une porte et laissa échapper une expression de surprise. Elle chercha le communicateur et appuya sur le bouton droit, comme elle avait vu son frère faire peu avant.
— Athénor, Lyros, vous m'entendez ?
— Où es-tu Zelda ? demandèrent en chœur les deux mâles.
— J'ai trouvé la salle des bombes, ou des missiles je ne sais pas trop. Il y en a plein, si ça explose nous sommes tous morts, vaisseau-cité inclus.
— Des bombes ? Tu en es sûre ? s'enquit son frère.
— Viens vérifier si tu ne me crois pas !
Du haut de la passerelle Athénor chercha dans les plans du vaisseau un quelconque renseignement pouvant infirmer ou confirmer ses dires alors qu'Ulys commençait à paniquer.
— Elle a dit « bombes » ?
— C'est un vaisseau de combat Ulys, il y a forcément des trucs qui pètent.
— Oui mais ce n'est pas le moment de dire ça ! Oh mince, ils vont tirer Athénor, regarde ! Ils vont tirer !
De la baie ils virent parfaitement la pointe du canon se tourner vers eux. Une communication entrante fut signalée. Athénor la mit sur haut-parleur et tout le monde put entendre l'ultimatum du lieutenant, émissaire du haut-mentor.
La porte de la passerelle s'ouvrit et Zelda entra, essoufflée.
— Ils ont l'air en rogne, on se rend ? proposa-t-elle. Après tout ils ne vont que nous condamner à mort.
— Plutôt crever ici ! vociféra Ulys. Ouvrez-moi ce fichu hangar !
Il tournait le dos à Athénor, confortablement assis dans le large fauteuil du pilote, face à la baie. Les commandes entre les mains, il faisait corps avec le vaisseau. Et dans le cœur du générateur Phoebos ressentait toute l'excitation de son pilote. Ils fusionnaient en esprit l'un avec l'autre, prêts à partir.
Lyros, perdu dans les commandes, grogna, sortit un petit appareil de son sac et appuya dessus.
— Plan B !
Une explosion retentit dans le hangar, derrière les soldats. Le sas s'ouvrit et Ulys les engouffra dans l'ouverture, propulseurs à pleine puissance. Les militaires qui s'étaient dispersés autour d'eux et n'avaient pas songé à s'accrocher aux systèmes de sécurité placés un peu partout dans le but de prévenir ce genre de problèmes furent aspirés. Les autres durent attendre que quelqu'un réussisse à refermer le hangar via une console auxiliaire.
Le vaisseau s'élança dans l'espace et l'équipage put goûter à une liberté nouvelle.
— Comment est-ce possible ? s'étonna Athénor qui activa les haut-parleurs. Zelda c'est toi ?
— Non, répondit la concernée, c'est vous ?
— Toujours avoir un plan B les abrutis, on ne vous a pas appris cela à l'académie ?
— Lyros ! s'exclama Zelda. T'es le meilleur ! Mais comment ?
— La malle magique de papa.
Le militaire rejoignit sa sœur et les deux humains tandis que Lyros faisait le tour des systèmes en bas. La technologie autour de lui était comme une friandise qu'il avait hâte de goûter. Tout était si magique, plein de composés nouveaux, si supérieurement conçu. Il était aux anges.
— Au fait vous avez pensé à activer les boucliers ? demanda l'ingénieur.
— Oups, répondit Athénor alors qu'Ulys ricana.
— Ouais, je l'ai fait. Le commandant est fort en stratégie mais le pilotage ce n'est pas son truc.
— Ni l'ingénierie, ajouta Lyros, que ferais-tu sans nous commandant ?
Athénor bomba le torse et, les yeux rivé vers l'univers des possibles, se sentit vivant.
— Un commandant sans équipage n'est rien messieurs, déclara-t-il d'une voix forte. Maintenant Lyros, emmène-nous dans la nébuleuse de Colchique. Bascule dans un vortex dès que possible et sème-moi les escadrons qui vont débarquer d'un instant à l'autre. Lyros ! Rapport des systèmes et évaluation des ressources ! Zelda, dis-moi que votre père vous a appris à vous servir d'armes...
Il ne termina pas sa phrase, encore une communication en provenance du vaisseau-cité arriva. Le visage du père d'Athénor, aussi froid et austère qu'à l'accoutumée, mais plus énervé d'après Ulys, apparut sur un vaste écran.
— Ici le haut-mentor, vous avez volé la propriété du vaisseau-cité. Déclinez votre identité et rendez-vous immédiatement !
Athénor inspira un grand coup puis pianota sur la console de commandement. La surprise fut grande pour le haut-mentor qui découvrit en même temps qu'une partie de son état-major son fils.
— Ici Athénor, commandant du vaisseau de combat, il hésita un instant et sourit légèrement à Zelda. Commandant du vaisseau de combat Phoebos. Terminé !
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