5. Folle hardiesse (version modifiée)
Athénor murmura entre ses dents avec le plus de retenue possible. Il voulait crier sa joie mais la peur due à la présence de son père était plus forte.
— Cache ça ! Si mon père l'apprend tu ne sortiras pas libre de cet endroit.
Elle obéit et remit l'âme sous ses vêtements. Puis elle s'assit, prête à négocier. Athénor l'imita et se plaça en face d'elle, un million de question avait jailli dans son esprit, assorti d'une décharge d'adrénaline à tuer un taureau.
— Comment est-ce possible ? Ce n'est pas croyable ! il se tut un instant et respira profondément avant de reprendre d'une voix basse. Lyros savait ? Bien sûr que non sinon il serait parti avec le vaisseau avant, pourquoi ne lui as-tu rien dit ? Une véritable âme... Tu en veux combien ?
— Elle n'est pas à vendre, répondit Zelda, je te l'ai dit je viens avec vous. Lyros aussi.
Ce n'était pas négociable, Lyros était son ancre depuis toujours, la vie ne valait rien sans lui. Elle ne l'abandonnerait pour rien au monde. Athénor lui répéta qu'il ne partirait pas sans Ulys et que les deux ne pourraient pas s'entendre. Il essaya d'insister sur le fait qu'ils auraient plus besoin d'un pilote que d'un ingénieur mais Zelda n'était pas de cet avis. Lyros connaissait les plans du vaisseau, elle les lui avait fournis. Il pourrait le réparer, lui seul en avait les capacités.
— Il est plus facile d'apprendre à piloter qu'à réparer.
Athénor éclata de rire.
— Ne répète jamais cela à Ulys. De plus nous allons avoir besoin d'un pilote expérimenté de suite, personne ne nous autorisera à décoller, ce sera une fuite et si tu penses que personne ne nous poursuivra tu te trompes, nous allons devenir des fugitifs, des hors-la-loi et... Qu'y a-t-il de drôle ?
Elle le regarda avec un sourire et lui répondit qu'il avait dit "nous", il les considérait déjà comme une équipe. Elle lui fit un rapide résumé de la situation : il avait le pilote, elle avait l'âme et un ingénieur. Il ajouta qu'il était un commandant né et que tout vaisseau avait besoin de son commandant.
— Tu auras aussi besoin de moi. Phoebos n'obéira que s'il sait que je suis d'accord. En plus d'après Lyros il faudra plus d'âme, une seule ne peut suffire. Pour alimenter les armes et boucliers notamment. Et à moins que tu ne sois un gardien tu as besoin de moi.
Il la regarda avec soin. Elle se prétendait de cette espèce disparue que furent les gardiens, mais rien ne la distinguait d'une humaine, hormis l'âme à son cou. Zelda était tout ce qu'il y avait de plus normale, et têtue.
— Nous serons hors la loi, l'entends-tu ? Je ne me tire pas d'ici pour aller sauver la veuve et l'orphelin.
— Je le sais.
— En admettant que nous réussissions à partir et que nous échappions aux chasseurs que mon père va lancer, nous devrons probablement voler pour survivre.
— Qu'il en soit ainsi.
— Et si comme tu le prétends tu peux récupérer des âmes, il nous faudra d'abord des victimes. Cela fera de nous des criminels, la peine de mort est garantie.
— Tant que Lyros vient, cela m'est égal.
Cela ne pouvait donc pas être simple ? Athénor se recula dans son fauteuil, ferma les yeux et prit quelques instants pour réfléchir. Etrangement ce n'était pas la peine capitale qui l'effrayait le plus dans cette aventure mais bien l'ambiance qui allait régner avec Ulys et Lyros à bord. Les deux éternels rivaux coincés dans le même vaisseau allaient être un challenge de tous les instants. Et pourtant s'ils voulaient partir il n'y avait pas trois mille solutions. Athénor rouvrit les yeux et se leva. Zelda fit de même et il lui tendit une main.
— Je suis d'accord avec tes conditions, voici les miennes : je serai seul maître à bord. Les ordres du commandant de vaisseau ne se discutent pas, Lyros saura te le dire, la hiérarchie militaire est ainsi. Je le crois assez intelligent pour obéir. Nous serons quatre : Lyros, toi, Ulys et moi.
Elle acquiesça et il poursuivit.
— Quand pouvez-vous être prêts ?
— Dans quelques heures.
— Très bien, dans ce cas rendez-vous ce soir au hangar avec vos affaires. Nous nous cacherons dans le vaisseau en attendant une ouverture pour le décollage.
Zelda parut satisfaite, elle lui tendit une main qu'il saisit et ils scellèrent ainsi leur alliance. Elle se dirigea ensuite vers la porte et il l'accompagna. Il n'y avait plus personne, le haut-mentor était parti travailler, ou en inspection, peu importait, il était toujours très occupé. Athénor s'en trouva soulagé, affronter le regard scrutateur de son père après avoir fomenté une désertion n'était pas la plus brillante des idées. La jeune femme allait partir lorsqu'une question lui vint, elle connaissait les raisons qui la poussaient à partir, celles qui habitaient dans le coeur de Lyros, mais lui, le fils du haut-mentor, quels malheurs pouvaient bien habiter son coeur ? Au point qu'il décide de violer les lois du vaisseau cité et décide de fuir. Elle plongea son regard et voulut lire en lui mais elle ne possédait pas ce don, pas même une intuition.
— Un jour je te le dirai. Mais pas maintenant, répondit-il à sa question muette.
— Bientôt j'espère.
Il n'aimait en parler, il le dirait donc une seule et unique fois, ce soir, lorsqu'ils seraient tous réunis et n'en parlerait plus jamais.
Zelda partit sur ces mots et regagna ses quartiers avec facilité. Lyros l'accueillit triomphant, le robot était réparé et le repas prêt. Elle lui rendit son plus beau sourire.
— Quoi ?
— On plie bagages !
— Quoi ?
— J'ai parlé à Athénor, on part ce soir.
— Quoi ?!
Elle lui résuma son repas avec le haut-mentor puis la discussion avec son fils. Elle avoua au détour d'une phrase qu'elle avait toujours possédé l'âme de Phoebos, chose à laquelle Lyros répondit avec éloquence : « Quoi ? », au grand damne de sa soeur qui dut lui expliquer pourquoi sa mère l'avait forcé à garder le secret toute ces années.
— Et tu lui as dit à lui d'abord ?
Il n'était que son frère après tout, il s'était juste battu pour la protéger d'imbéciles qui ne comprenaient pas leur liens. Il l'avait juste aidée à faire ses devoirs. Il l'avait juste aidée à trouver un travail intéressant. Il avait juste été là lorsque son premier amour avait essayé de profiter d'elle. Il l'avait juste réconfortée lorsqu'il lui avait brisé le cœur. Il avait juste toujours été là et c'était à l'autre abruti qu'elle parlait pour la première de l'âme qu'elle possédait.
— J'ai négocié ta place à bord.
— Bon, j'imagine qu'un commandant de vaisseau ne sera pas inutile mais quand même.
— Ulys vient aussi.
— Quoi ?!
Là c'en était trop.
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Merci d'avoir lu ce chapitre !
Axel.
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