Chapitre 4 : Pouvoirs perdus
Je me retourne avec une lenteur exagérée. Surement pour avoir le temps de rassembler mes idées mais tous mes efforts deviennent inutiles quand je pose mon regard sur lui.
Blaze.
Je ne le connaissais ni d’Ève ni d’Adam, ce que je savais, c’est que je n’avais jamais éprouvé une attirance pareille pour quelqu’un. Son regard avait perdu sa couleur rouge indiquant la faim et la violence, iris étaient d’un gris brûlant qui ne manque pas de me faire effet. Ses longs cils se déploient et sa bouche ferme est une invitation muette à la luxure. Je n’ai jamais vu quelqu’un de pareil, aussi calme, aussi concentré, et je n’ai jamais lu dans les yeux de quelqu’un d’autre autant de détermination.
- Je dois y aller. Je dis d’une voix qui m’impressionne par sa fermeté. Je dois tenir ça de mon père, celui dont ma mère refuse de me parler.
Il me regarde, de bas en haut, et je frissonne à cause de sa caresse immatérielle. C’est dangereux, ce n’est pas naturel. C’est très très dangereux.
- Très bien. Répond-il. Je crois percevoir un soupçon de colère dans sa voix, mais je me perd dans mes pensées dés que j’entends sa voix basse et rauque qui ne manque pas de me faire perdre mes moyens. Je ne lui réponds pas, au lieu de ça, j’ouvre la porte et la referme à une vitesse folle. Je l’aurais presque défoncée si elle n’était pas faite d’une matière bien trop solide. Peut-être un mélange d’acier et d’autre chose ? Non que je ne puisse pas affecter l’acier, mais ça me demande de l’effort et en ce moment, je suis trop bouleversée pour faire quoi que ce soit. Je relève la tête et je vois ma colocataire. Dieu du ciel, mon destin va-t-il arrêter de saboter ma vie un jour ?
C’était la fille bizarre qui avait l’air dans les nuages la moitié du temps. C’est drôle, mais on dirait que ses cheveux se sont un peu éclaircis. Dans la lumière de la chambre, sa peau était d’une pâleur inquiétante et ses yeux étaient désormais dorés. Je ne connaissais aucune espèce qui correspondait à ce genre de changements. Qu’était-elle exactement ? Je n’en savais rien. Mais l’impression de force qu’elle dégageait était suffisante pour me convaincre de ne pas m’en faire une ennemie.
- Comme on se retrouve. Fit-elle en me regardant de ses petits yeux.
Je m’éclairci la gorge comme si j’avais avalé un pigeon vivant. Elle est tellement étrange, c’est sans précédent. D’habitude, je sais qui est quoi, je sais qui fait quoi, je sais comment me protéger de la menace, mais elle est l’exception qui confirme la règle. Je vais vivre avec l’exception et ça m’angoisse. Qu’est-ce que je fais si elle est une sorte de monstre hybride qui mange tout ce qui bouge ? Si elle peut me clouer au sol en un seul instant avec une force que je ne lui connais pas, qu’est-ce que je fais ?
On m’a toujours dit de me méfier de ce qui est trop innocent pour être vrai. J’ai toujours pris ces conseils avec un affreux sérieux. Il s’agit de vie durant les cinq prochaines années, éventuellement moins si j’excelle, ce que je ne crois pas pouvoir faire.
- Salut. Tu es ma colocataire c’est ça ? Je demande prudemment. Je suis vraiment une nouille en communication humaine.
Elle sourit, et tout de suite, j’aime son sourire angélique et plein de bonté.
- Je suis Evangèlina Kane, deuxième année, apprentis. Tu peux m’appeler Eva, Enchantée. Dit-elle en tendant sa main.
Je prends un temps fou à lui retourner le geste. Elle me regarde de ses yeux excités. C’est une deuxième année, mais que faisait-elle lors de la cérémonie d’ouverture alors ?
Je suis de plus en plus confuse.
- Je savais que les dieux ne m’avaient pas abandonnés. J’ai toujours voulu avoir une coloc’, mais ils ont dit que j’étais mieux sans personne. Alors, j’ai du passer ma première année à glander et à lire des bouquins, c’est tellement nul. Mais j’ai vu ton arrivée. Et maintenant on est sœur de clan. Sourit-elle. Sa voix est assez lente, méthodique mais aussi douce. Elle est une sorte de puzzle pour moi, un véritable défi. Je lui souris et lui répond par un :
- Ouais.
Elle ne se laisse pas décourager par ma réponse évidemment trop courte pour en être une.
- Tu sais ce que tu veux devenir, plus tard ? Demande-t-elle en s’asseyant sur son lit.
Je prends enfin le temps d’admirer la chambre. Elle est de superficie moyenne, avec deux grands lits séparés d’un tapis rond fait d’un tissu qui paraissait doux et crémeux. Les murs sont peints en blanc sans aucune autre décoration. Le sol est en marbre si je ne me trompe pas.
- Je n’en sais rien.
C’est vrai. Nous somme sensé devenir utile à la société, exceller dans les domaines que nous maitrisons réellement. Quelqu’un qui aime les maths aidera l’équipe scientifique, ceux qui sont sportifs rejoindront les rangs de soldats pour devenir agent de police dans le réseau fantastique, Ninja au service de l’état, garde du Corps, chef de file, inspecteur, mentor. Ceux qui sont créatifs deviendront peintres, architecte, concepteurs de maquettes, professeurs d’art. Moi, je ne suis douée en rien. La seule chose que je sais faire, c’est arracher l’arbre et les porter derrière moi en courant. Vous imaginez quand on me demandera : « Et toi Arya, qu’est-ce que tu veux faire ? »
« Arracheuse d’arbres. »
J’imagine la scène et je ne peux m’empêcher de grimacer. Pourvu que je trouve ma vocation sinon, je ne serais rien. Rien du tout.
- Moi non plus je ne sais pas. Je ne comprends pas pourquoi tout le monde sait déjà et moi, je n’arrive pas à choisir.
Je soupire et acquiesce. Au moins, je ne suis pas la seule à rester indécise.
- Je crois que je vais dormir, je suis vraiment fatiguée. Je dis en baillant machinalement. La journée a été longue et j’ai du mal à rester debout. Je jette un coup d’œil coupable à ma valise. Je vous déballerais très bientôt petites affaires, promis.
Mon état est plus sérieux que je ne le croyais si je commence à parler à un objet.
- D’accord. Ils ont changé les draps et le couvre-lit ce matin, tu peux dormir sans problème. Je vais faire un tour et j’irais me coucher moi aussi. Me répondit-elle en souriant de toutes ses dents.
- Humpf.
Je me dirige vers mon lit tel une morte vivante. Le poids de toutes ces heures éveillées me retombe sur les épaules tel un coup de marteau. J’ai envie, non j’ai besoin de dormir. Je me laisse tomber sur le lit.
Je ne me soucie plus de l’intérêt général, ni du fait que je risque de causer des dégâts irréparables. Tout ce que je veux faire, c’est fermer les yeux et oublier pendant quelques heures ce que je vis en ce moment. Avant de sombrer, une dernière pensée brève passe comme un éclair de lucidité dans mon inconscience : Que pouvait bien faire Evangélina si tard la nuit ?
« Je me lève. Je suis fatiguée, j’ai couru pendant des heures et des heures, peut-être même plus. Je le cherche, mais qui ? Je ne le sais pas. Il a fait quelque chose, quelque chose de mal. Il doit être puni, et c’est à moi de prendre ma vengeance. C’est à moi de faire régner justice. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Je sais que c’est moi qu’on a choisi pour cette mission, et j’ai décidé d’y aller jusqu’au bout. Les couloirs en brique noire n’aident pas ma progression. Mon cœur bat la chamade, et mon corps pulse tout entier. J’y suis presque.
Je marche encore. Juste un peu, me dis-je mentalement. Un peu plus.
Et j’arrive au bout du couloir, c’est une porte rouge où un seul chiffre est écrit en encre noire. Le chiffre un. Je pose ma main sur la poignée et… »
Je me réveille en sursaut agitée de violents frissons.
Encore, ce cauchemar qui n’en finit jamais. Le cauchemar qui m’a conduit à cet endroit.
Je ne suis jamais arrivée à savoir ce qu’il y’avait derrière cette porte, je ne le sais pas. Jusqu’ici, je ne savais même pas ce qu’il y’avait à la fin du couloir sombre dallé.
Je passe mes mains dans mes cheveux. Ce n’est qu’un foutu mauvais rêve alors pourquoi je sens que mon cœur va exploser dans ma poitrine ?
Je prends une profonde inspiration et jette un coup d’œil au lit voisin pour vérifier que je n’ai tué personne. Fille-étrange est là, entrain de dormir paisiblement. Aucun objet n’est touché, le mur n’est pas fissuré, la chambre n’est pas en feu. Comment cela se fait-il ? Alors que durant tout mes autres cauchemars j’avais au moins réussi à grillé toutes les ampoules et brisé les fenêtres ?
Je n’en sais rien. J’ai l’impression que mes pouvoirs sont quasi-inexistants dans cette pièce. J’essaie de former une boule d’énergie mais je n’y arrive pas. Je n’y arrive absolument pas. J’essaie durant plusieurs minutes, pas une seule étincelle. Pas une bribe d’électricité. J’écarquille les yeux.
J’ai perdu mes pouvoirs.
Une boule d’angoisse remonte le long de ma gorge et refuse de redescendre.
Comment est-ce possible ?
Je me lève et réessaie. Rien, niet. Je jette un coup d’œil paniqué autour de moi, il y’a un truc qui cloche et je n’arrive pas à mettre ma main dessus.
- Pourquoi es-tu réveillée ? Demanda une voix ensommeillée que je reconnu comme étant celle de ma nouvelle colocataire.
- J’ai un gros problème. Lui dis-je d’une traite. Ma voix trahis une urgence et une certaine peur. Sans pouvoirs, que vais-je faire exactement ? Je suis une héroine, quelque chose qui ne devrait même pas exister. Les gens ne vont pas bien réagir quand ils sauront que j’ai survécu jusqu’ici. J’ai besoin de mes pouvoirs pour me défendre. J’ai ma force, ma vitesse, mais tous les héros on ces capacités là.
- Les toilettes sont au bout du couloir, à gauche. Fit-elle en pointant la porte du doigt.
J’éclatais de rire, des rires bienfaisants qui relâchèrent mes muscles bandés à l’extrême. Je me détendis un peu.
- Ce n’est pas ça. Je dis en souriant doucement.
- C’est quoi alors ? Parce que ce n’est pas tout mais moi, je dois dormir j’ai un contrôle d’alchimie demain et je peux te dire que je n’ai rien révisé.
- J’ai…
Puis-je lui faire confiance ? Puis-je lui donner une arme qu’elle peut utiliser contre moi ? Si elle savait que mes pouvoirs avaient disparus, que ferait-elle ?
Je décide de tenter le tout pour le tout. Je n’ai personne vers qui me tourner à cette heure du soir et elle est ce que j’ai de plus proche d’une amie ici.
- J’ai perdu mes pouvoirs ? Finis-je par avouer sans pouvoir empêcher l’interrogation dans ma voix.
C’est à son tour d’éclater de rire. Son rire est lui-même marrant, je ne sais pas comment l’expliquer. C’est un rire tout à fait inapproprié pour une fille qui a l’air si sage et calme.
- C’est à cause de ça que tu t’inquiètes ? Interroge-t-elle, je devine son sourire dans le noir.
- Je crois que c’est quand même un problème assez grave. Je dis, confuse.
- Ne t’inquiète pas. C’est la chambre qui absorbe tes pouvoirs. Tu vois les murs ? ils sont fait de canaliseurs d’énergie qui annulent tous nos pouvoirs magiques quand nous sommes dans la chambre. Comme ça, personne ne peut entrer et utiliser ses pouvoirs sur toi pour te vaincre. Même les loups-garous ne peuvent pas se transformer et les vampires sont considérablement affaiblis. Seul le dortoir D a des chambres qui ont ce genre de protections.
- Mais, pourquoi ?
- Tu n’as pas encore deviné ce que le D voulait dire.
Moi qui croyais que ce n’était qu’une lettre indépendante. Je me suis donc trompée, comme très souvent.
- D comme dindons ? Je fais entre plaisanterie et sérieux. Je ne serais pas vraiment surprise si on me mettait dans le dortoir des dindons. C’est mieux qu’A comme Abeilles.
Je l’entends rire et elle me répond.
- Non, D comme dangereux. Tous ceux qui vivent dans ce dortoir possèdent des pouvoirs exceptionnellement violents et difficilement maitrisables.
Dieu du ciel, moi qui croyais être en sécurité, je suis en fait dans un nid de guêpes prêtes à me ficher leurs dards dans le cou.
- On récupère nos pouvoirs pas vrais ? Après être sorti de la chambre.
- Ouep. Tous tes pouvoirs reviennent. J’ai vraiment besoin de dormir, bonne nuit. Je te conseille de dormir toi aussi. La journée est longue et intensive alors prend le plus de repos possible avant demain. Dit-elle d’une voix lourde de sommeil.
- Je vais essayer. Bonne nuit.
Je me remets sous la couverture qui sens bon le jasmin et je ferme les yeux. Le seul endroit où je suis en sécurité approximative est cette chambre, je compte donc y passer le plus clair de mon temps. Je me demande ce que je vais étudier exactement demain. J’ai toujours été nulle en physique et en histoire. J’espère que j’échapperais aux maths, c’est tous ce qui m’inquiète pour le moment.
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Hey, voilà le chapitre quatre ! Je posterais le prochain chapitre plus tard dans la soirée où demain tout au plus.
En attendant, commentez ce que vous en pensez. ET VOTEZ si vous aimez.
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Drina xx
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