9. Bagarre sur le Port de Syracuse
Port de Syracuse
Les jeunes Carthaginois, Hamilcar et Hannon, suivent en silence le jeune grec Archimède, entrain de se faufiler à travers la foule du port de Syracuse.
HANNON (chuchotant à Hamilcar)
J'espère qu'il sait ce qu'il fait !
HAMILCAR
Oui, moi aussi... Ce grec est notre billet de retour pour quitter Syracuse et rejoindre Carthage.
Un homme leur passe devant à vive allure, en les renversant. Hamilcar et Hannon se regardent surpris.
HANNON
Un guerrier Carthaginois !
Ils s'écartent aussitôt en voyant des gardes arriver dans leur direction, pourchassant l'homme.
GARDES
Halte !!
Le guerrier remonte les quais et se cache dans un navire. Les soldats le rejoignent à l'intérieur. Archimède revient sur ses pas.
ARCHIMÈDE
C'est pas vrai, quel imbécile ! Il s'est réfugié dans notre navire !
HANNON
On n'a qu'à attendre que tout ça se calme.
Le bruit d'une bouteille cassée résonne dans le navire.
HAMILCAR
On dirait que les gardes ont du mal...
L'homme carthaginois se bat à présent sur le pont supérieur, avec une épée dans chaque main. Il désarme les gardes avant de les assommer. D'autres gardes arrivent. La foule commence à se concentrer autour du navire pour assister au spectacle.
HANNON
Tu as vu comment il les a eus !! Ah ah !
HAMILCAR (tapant sur la tête d'Hannon)
Moins fort imbécile, tu vas nous faire repérer !
Hannon ne perd pas une miette de la bagarre, et mime les mouvements du guerrier en silence. Des hommes sur le quai décident de prêter main forte aux gardes.
HANNON
Ils sont trop nombreux !
Le Carthaginois plonge dans les eaux cristallines du port, avec grâce. Hannon s'apprête à dire quelque chose, mais s'étouffe aussitôt en voyant les yeux tranchants d'Hamilcar.
ARCHIMÈDE
Regardez !
Un jeune homme richement paré, arrive sur les quais dégageant d'emblée une forte prestance. Il est entouré de gardes personnels .
HYERON(Criant à la foule)
Arrêtez cet homme ! Une double Litrai d'argent pour celui qui me le ramène en vie !
A ces mots d'autres hommes se jettent dans les flots pour tenter d'arrêter le fugitif.
HANNON (mécontent)
Les Carthaginois ne sont décidément pas les bienvenus dans cette ville.
Hamilcar dévisage en silence le jeune aristocrate, la vingtaine.
HAMILCAR
Qui est-ce ?
ARCHIMÈDE
Hiéron II, un jeune Stratège de l'aristocratie Syracusaine. Il vient d'être nommé Chef de l'armée.
HANNON (les interrompant en parlant fort)
C'est pas vrai, ils l'ont attrapé !!
Deux marchants se retournent et dévisagent les jeunes garçons. Archimède leur envoie leur plus beau sourire.
ARCHIMÈDE
On a fait un pari... (Tapant sur l'épaule d'Hannon) Et on dirait bien que j'ai gagné !!
Les marchands lèvent les yeux au ciel, et se retournent pour suivre le spectacle. Le guerrier est ramené sans ménagement sur le quai. Les gardes de Hyéron se précipitent sur lui, et pointent leur lance sur sa tête. Hyéron s'avance avec prestance. La foule s'écarte sur son passage.
Hamilcar se rapproche pour entendre ce qu'il dit.
ARCHIMÈDE
Hamilcar, non !! N'y vas pas !!!
Hannon le rejoint.
ARCHIMÈDE
Par Achlys !!! Ils vont finir par se faire prendre, ces idiots !
Il les rejoint en se faufilant à travers la foule qui s'est resserrée sur les quais. Hyéron pointe sa dague ornée de pierres précieuses, vers le visage du guerrier.
HYERON II
S'en est finit du règne d'Agatocle. A présent je dirige Syracuse. Parle ! Que sais-tu sur les Mamertins ?!
GUERRIER
Vous ne saurez rien de moi !
HYERON II
Je vois.... Tu les protège ?
Le guerrier ne répond rien et lui lance un regard rempli de haine. Hyéron ne perd en rien de sa prestance. Il tourne autour du guerrier.
HYERON II
Mais dis-moi... Toi... Qui te protègera ?
L'homme crache aux pieds du jeune chef de l'Armée.
HYERON II
Très bien, tu l'auras voulu Carthaginois. Emmenez-le ! Nous allons l'interroger dans les règles de l'art. (Criant à la foule en tournant sur lui-même) Avis aux Syracusains. Toute personne susceptible d'avoir des informations sur les Mamertins sera généreusement récompensée.
Un vieil homme vêtu de guenilles s'approche.
HOMME (levant sa canne en guise de protestation)
Agatocle ne l'aurait jamais permis ! Agatocle était bon avec son peuple.
HYERON II
Agatocle n'est plus de ce monde ! Ses choix et ses alliances hasardeuses nous menacent plus que jamais. A présent que Pyrrhus a fui ces terres, nous devons protéger Syracuse de la Barbarie. Et pour ça, j'y veillerais "personnellement". La fête est terminée mes amis. Retournez auprès de vos famille, dispersez-vous !
Hannon se rapproche d'Archimède.
HANNON
Il s'est passé quoi là ? Qui est cet "Agatocle" ?
ARCHIMÈDE
L'ancien tyran de Syracuse. Il faisait parti d'une faction populaire qui disputait le pouvoir à l'aristocratie grecque de Sicile, dont fait partie Hyéron. Après un coup d'État, il est devenu Tyran de Syracuse.Il a massacré une grande partie de la noblesse qui possédait les terres et les a distribuées aux plus déshérités.
HANNON (regardant le vieil homme à la canne)
Voilà pourquoi cet homme l'aimait.
ARCHIMÈDE (soupirant)
Oui. Syracuse est coupé en deux. Les plus démunis sont fidèles à la mémoire d'Agatocle, pendant que les autres colportent des médisances.
Ils rejoignent Hamilcar, entrain de regarder du côté de la ville, le guerrier Carthaginois malmené par les gardes.
HAMILCAR (énervé d'être impuissant devant le spectacle)
Mon père m'a dit que les grecs supportaient mal, que la moitié de la Sicile soit occupée par les Carthaginois !
ARCHIMÈDE (piqué au vif)
N'oublie pas que ton peuple a assiégé ma ville il y a 30 ans...
HAMILCAR
Oui et on connaît les conséquences : ton tyran, Agatocle, a envahi plusieurs villes carthaginoises avec une armée puissante, composée de mercenaires.
ARCHIMÈDE
Les Mamertins !
HANNON
Tu connais cette histoire Hamilcar ?
HAMILCAR
Mon père m'en a souvent parlé. Les Mamertains ne sont pas à prendre à la légère ! Ils peuvent être de formidables alliés.
HANNON
Pourtant ils nous ont attaqués ?
HAMILCAR
Au début oui. Mais Agatocle a commis une erreur stratégique. Il est apparu devant Tunis, et a brûlé tous ses vaisseaux pour empêcher ses soldats de s'enfuir.
HANNON
Il a brûlé "ses" vaisseaux ???
HAMILCAR
Oui. Résultat, il s'est retrouvé en manque d'alliés. La suprématie de Carthage sur toute la Méditerranée était telle, qu'il a dû retourner à Syracuse, où son fils fût incapable de stopper de nouvelles dissensions intérieures. Et les Mamertins ont commencé à se rebeller.
ARCHIMÈDE
De sombres barbares ! Ce sont des mercenaires aux mœurs violentes, à l'esprit xénophobe. Ils se livrent sans retenue au pillage, au brigandage et aux rapines dans la région de Messine. Quand Agathocle est mort, les Mamertins se sont retrouvés sans chef, sans encadrement, et finalement sans solde. Ils se sont révoltés, et emparés de Messine. Ils ont tués tous les habitants mâles et se sont appropriés leurs femmes et enfants, en plus de leurs terres. Hyéron leur a déclaré la guerre. Et quelque chose me dit que votre guerrier en sait plus qu'il n'en dit.
HAMILCAR (agacé)
Et toi Archimède... Crois-tu en la sincérité de Hyéron ? Penses-tu vraiment qu'il veuille rétablir la paix sur l'île de Sicile en combattant un nouvel ennemi ?
Archimède ne répond rien. Il fait une petite moue. Les yeux d'Hamilcar brillent de victoire.
HAMILCAR
Au moins tu n'es pas naïf. C'est déjà ça.
ARCHIMÈDE (exaspéré)
La vie a toujours été ainsi faite, une lutte éternelle de pouvoir. C'est l'une des raisons qui m'incitent à rejoindre Alexandrie, loin de tous ces conflits "stériles".
Hamilcar ne répond rien. Il se contente de plonger ses yeux fins dans ceux du jeune grec. Hannon toussote.
HANNON
Hm.... Pour connaître Hamilcar et sa famille, je dirais qu'ils ne partagent pas ton point de vue.
HAMILCAR (le fusillant du regard, pour qu'il se taise)
Hannon !
ARCHIMÈDE
Et bien explique-moi ? Toi et ta famille ?? Quelle vision avez-vous au juste de la guerre ?
HAMILCAR (regardant un instant Hyéron du coin de l'œil )
Le pouvoir ne doit être remis qu'à ceux qui savent s'en servir !
ARCHIMÈDE
J'espère que tu sous-entend " en voulant servir une noble cause "?
HAMILCAR
Non.
Archimède plisse le front, pendant qu'Hannon se concentre sur un autre attroupement devant le navire.
HAMILCAR (prenant Archimède de haut)
Pourtant tu as dit aimer l'art de la guerre ! Je t'ai entendu, quand tu discutais avec ton ami Adonis.
ARCHIMÈDE
Oui, mais uniquement dans les livres. La réalité est bien trop brutale ! J'aime la stratégie, pas les combats.
HAMILCAR
Pourtant ils sont indissociables...
HANNON (leur faisant signe de regarder de l'autre côté)
Navré de vous couper, mais je crois qu'on va avoir un souci...
HAMILCAR (observant la foule s'écarter du navire)
Qu'y a-t-t'il ?
HANNON
Les gardes son entrain d'arrêter le capitaine de notre navire....
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro