33. Le Corset...
Italie, Région du Latium, Fondi
Alors que la pluie tombe sur les les hauteurs de la montagne de Fondi, Meranda attrape un rondin de bois et le ramène vers l'entrée. Il s'empare de deux pierres et allume un feu. Cornélia tente de s'assoir à côté de lui, en s'appuyant contre la paroi, avec beaucoup de mal.
MERANDA
Attendez, je vous aide.
CORNELIA
Merci. Aie !! J'ai mal, par votre faute.
MERANDA
Où ça ?
CORNELIA
En bas du dos.
MERANDA
Je dois voir si c'est grave.
Cornélia met du temps à comprendre.
MERANDA (lui expliquant)
Vous devez ôter votre corset.
CORNELIA.
Mais je ne le peux pas. Vous oubliez que vous m'avez brusquée.
MERANDA
Je vous ai relevé un peu vite... Laissez-moi vous aider.
Elle se retourne pour essayer de l'ôter elle-même et hurle de douleur.
MERANDA
Faites-voir. C'est peut-être sérieux.
CORNELIA
Entendu. Je capitule.
Il tente de trouver le début du corset.
MERANDA
Vous pouvez enlever vos cheveux ?
Cornélia s'applique, dévoilant sa jolie nuque. Meranda ravale sa salive en voyant sa peau si douce, léchée par les flammes. Il commence à enlever doucement les lacets du corset.
CORNELIA
Ça fait deux fois en une journée...
MERANDA
Quoi donc ?
CORNELIA
Que vous me déshabillez...
Le légionnaire rougit.
Le silence règne enfin dans la grotte. Au dehors, la pluie redouble d'intensité. Meranda arrive enfin en bas du corset et l'ôte.
MERANDA (le tendant à Cornélia)
Tenez.
Cornélia abrite sa poitrine avec.
CORNELIA
Vous voyez quelque chose?
MERANDA
Non rien.
CORNELIA (soufflant)
Tant mieux.
MERANDA
A vrai dire, ça ne marche pas comme ça.
CORNELIA
Comment alors ?
Meranda presse le bas de son dos, la faisant hurler.
CORNELIA
Vous voulez ma mort ??
MERANDA
Je crois que vous avez un nerf bloqué.
CORNELIA
Vous croyez ou vous en êtes certain ?
MERANDA
Il n'y a rien d'osseux en tout cas. Je le sens.
CORNELIA
A la bonne heure!
MERANDA
Je vais essayer de le replacer. Prenez ce morceau de bois entre les dents.
CORNELIA
Me prenez-vous pour un chien ?
MERANDA
Très bien, comme vous voudrez !
Meranda fait un violent palper rouler sur le bas du dos, la faisant hurler, et... faisant sursauter les chevaux.
CORNELIA
Par Jupiter, vous voulez vraiment me tuer !!
Cornélia se lève immédiatement et tourne comme une furie, autour du feu. Meranda se met à rire.
CORNELIA
Qu'est-ce qui est drôle ?
MERANDA
Vous... Vous n'avez plus mal, il me semble !
Il lui montre quelque chose, tout en affichant un grand sourire. Cornélia apperçoit son corset à terre.
CORNELIA (cachant sa poitrine)
Par Artémis !!
Meranda hurle de rire, raisonnant dans la caverne. Cornélia rattrape son corset furieuse et part se cacher derrière les chevaux, pour se rhabiller.
CORNELIA
Vous vous croyez drôle ?
MERANDA
Moi non... Mais vous... Vous êtes exquise !
CORNELIA
Vous n'êtes pas mieux que ces vauriens qui nous poursuivent!
MERANDA (se rendant compte de son lapsus)
Je ne voulais pas dire "exquise", du moins, pas dans ce sens-là.
Cornélia penche sa tête vers Meranda et le fusille du regard.
CORNELIA
Tiens donc...
MERANDA (l'air de rien)
Il m'en faut un peu plus pour m'exciter... Rassurez-vous.
CORNELIA (levant un sourcil accusateur)
C'est bien ce que je pensais... Vous ne valez pas mieux que ces hommes de l'auberge.
MERANDA
Détrompez-vous. La vue d'une simple demoiselle ne m'émeut pas. Par contre, une vraie femme...
CORNELIA (mécontente)
Une vraie femme ?? C'est quoi ça, une vraie femme ??
MERANDA
Une vraie femme, c'est une femme de la Plèbe, et non une simple fille Patricienne, qui ignore tout de la vie. C'est une femme qui connaît le vrai prix de la vie, une protectrice, une guerrière, et non les mijaurées de Rome qui se dandinent devant des vieux Sénateurs pour avoir leur faveur. Voilà ce qu'est une vraie femme!
Cornélia ne dit rien et se cache à nouveau derrière le cheval, pour tenter de mettre son corset à l'endroit.
MERANDA
On dirait que je vous ai vexée...
CORNELIA
Moi ?? Vous plaisantez!
Meranda commence à rire, et se tait subitement quand il voit le visage de Cornélia le fixer, mécontente.
CORNELIA
Donc, si je vous comprends, une vraie femme, est une femme protectrice et guerrière ?
MERANDA
Exact.
CORNELIA
Vous aimez les contradictions, il me semble ?
MERANDA
Normal, puisque j'aime les femmes !
Cornélia fait une moue qu'elle efface aussi rapidement.
CORNELIA
Donc, on en revient à ce que je disais. Vous n'êtes qu'un simple homme.
MERANDA
Pardon, les vraies femmes, il s'entend.
CORNELIA (s'approchant de lui, avec son corset à moitié sur sa poitrine)
Et moi je suis quoi à votre avis ?
Elle tire sur une ficelle et ôte entièrement son corset. Elle le regarde de toute sa hauteur, pour le narguer.
MERANDA
Euh...
CORNELIA
Vous rougissez, il me semble.
MERANDA
C'est que pour une demoiselle de votre rang, se tenir ainsi devant un soldat... qui plus est, de la Plèbe...
CORNELIA (étudiant son visage)
Vous rougissez !
Son regard se porte vers son pantalon.
CORNELIA (soupirant)
J'avais raison. Vous n'êtes qu'un simple homme.
Elle soupire, reprend son corset et repart se planquer derrière le cheval. Meranda en perd son souffle, face à tant d'effronterie.
MERANDA
Vous ne manquez pas d'air. Je vous prenais pour une pauvre demoiselle en détresse... mais en fait, c'est tout l'inverse.
CORNELIA
Je ne vois pas de quoi vous parlez.
Cornélia tente de passer le corset par sa tête. Soudain Meranda lui attrape le poignet, et jette son corset près du feu.
CORNELIA
Doucement! Vous avez failli le bruler, espèce de sauvage!!
Meranda ne l'écoute plus. Il la soulève et la plaque contre la paroi de la grotte.
CORNELIA
Vous jouez à quoi ?? Avez-vous perdu l'esprit ?
MERANDA
Taisez-vous, vous allez me rendre dingue.
CORNELIA
Je crois que oui, en eff....
Le légionnaire l'embrasse, l'empêchant de terminer sa phrase. Cornélia ouvre de grands yeux, outrée d'être traitée de la sorte. Elle lui donne une claque. L'écho vif rebondit sur la paroi. Meranda recule, abasourdi. Cornélia le regarde, furieuse.
MERANDA
Je... Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. (Reprenant son souffle) Je suis désolé. J'ai cru que...
CORNELIA
Vous avez cru "quoi" ?
MERANDA
Je... Je suis un imbécile.
CORNELIA (planquant sa poitrine)
Il semblerait.
MERANDA
Bien, je vais vous laisser vous rhabiller et me coucher. Demain la route sera longue jusqu'à Capoue. Ensuite nous vous réexpédirons pour Rome... le plus tôt possible.
Il part s'allonger vers le feu, et se tourne du coté des profondeurs de la grotte pour dormir, et oublier ce moment... irréel.
Cornélia ramasse son corset, en se mordant la langue. Elle reste debout un moment, à l'observer en silence, en se passant l'index sur ses lèvres, comme pour se remémorer ce baiser volé. Puis elle part se coucher de l'autre côté du feu.
CORNELIA
Bonne nuit.
L'écho de la grotte lui renvoie son bonne nuit. Meranda ne répond pas. Il ferme les yeux, son cœur saigne.
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