26. Embrouilles à plein nez...
Italie, région de Campanie
Meranda et Cornélia ont quitté l'auberge de Crocefisso, perdue au milieu de la Campanie.
Ils descendent un chemin bordé par des arbres. Leurs chevaux marchent au pas, quand soudain quatre voleurs surgissent et bondissent sur le cheval de Cornélia, le faisant se cabrer.
Cornélia chute à terre.
CORNELIA (voyant un homme sortir un poignard)
Oh non !!
Meranda saute immédiatement de son cheval et sort son épée. Il bondit sur l'homme qui menace Cornélia et lui porte un violent coup au ventre. L'homme tombe à terre. Le voleur le plus proche le fixe d'un mauvais regard.
VOLEUR
Tu vas payer cet affront Légionnaire !
Le voleur se jette sur lui et tente de le poignarder. Meranda esquive juste à temps et lui plante son épée dans le dos. Cornélia crie, en voyant le troisième voleur se jeter sur lui.
CORNELIA
Meranda, derrière vous !!
Le légionnaire se retourne et baisse la tête juste à temps. En une fraction de seconde il déloge son épée et frappe le 3ème voleur à la hanche. Ce dernier se retourne et tente de lui porter un coup fatal. Meranda attrape un poignard de l'une de ses poches et lui transperce le cœur d'une traite.
Le quatrième homme recule alors et finit par s'enfuir.
MERANDA
Vous n'avez rien ?
CORNELIA (tremblante)
Non... Non...
MERANDA (lui tendant sa main)
C'est fini, venez.
Cornélia lui prend la main et se relève, fébrile.
MERANDA
Vous n'avez plus rien à craindre. Je crois qu'ils ont compris.
Cornélia le dévisage, puis se jette dans ses bras et le serre très fort pendant de longues secondes sans rien dire.
CORNELIA
Merci... Je vous dois la vie.
MERANDA
Je n'ai fait que me défendre. Ces lâches nous ont attaqués par surprise pour nous tuer, ils n'ont que ce qu'ils méritent.
Cornélia reprend son souffle. Elle s'écarte du légionnaire et le regarde timidement. Meranda sent le malaise l'envahir et se penche pour dépouiller les voleurs.
MERANDA (envoyant une bourse à Cornélia)
Prenez ça, ça pourra toujours nous être utile.
Il récupère les petites lames et les emballent dans un morceau de cuir avec le reste de son artillerie.
CORNELIA
Vous faites quoi avec tout ça ??
MERANDA
On n'est jamais trop prudent...
CORNELIA
Je vois ça...
Meranda déplace les corps dans un fossé, derrière les arbres, pendant que Cornélia reprend ses esprits.
MERANDA (se justifiant)
Pour éviter que leurs petits copains s'aperçoivent de cette tuerie.
CORNELIA
Parce que ce ne sont pas des voleurs isolés ??
MERANDA
Vous savez hors des murs de Rome, la vie est dangereuse, pour qui s'aventure dans ces terres.
CORNELIA
Par Jupiter, je commence à croire que vous aviez raison. Je n'aurais jamais dû quitter Rome.
MERANDA
Il est trop tard. Gagnons Naples, là vous pourrez rentrer chez vous en bateau. Je m'arrangerai pour que des gardes vous accompagnent. Je connais bien la garnison sur place.
CORNELIA
Merci... Je dois l'admettre, je crois que je vais vous écouter... pour une fois.
Meranda affiche un sourire de vainqueur, lui faisant regretter ses dernières paroles. Ils reprennent leurs montures et galopent pendant deux heures à travers la Campanie. Le ciel bleu se voile au fur et à mesure qu'ils avancent. Meranda s'arrête en haut d'un promontoire et regarde le ciel noir au large. En bas, un petit village repose au pied de l'eau, entouré de fortifications polygonales.
MERANDA
Nous allons être pris par la tempête, si nous continuons par le littoral.
CORNELIA (voyant le village au bord de l'eau)
Nous ne pouvons pas passer la nuit dans ce village ?
MERANDA
Il est trop tôt !! Je ne serais jamais présent à Rhégium à temps si je m'arrête toutes les deux heures !
CORNELIA
Dans ce cas, laissez-moi ici. J'attendrais votre retour.
MERANDA
Je vous avoue que l'idée m'enchante... mais...
CORNELIA
Mais ??
Meranda recule son cheval, et regarde un panneau en bois plus bas.
MERANDA
La Colonie dAnxurnas... Il vaut mieux éviter pour vous d'entrer dans ce village.
CORNELIA
Pourquoi donc ?
MERANDA
La bataille de Lautulae s'est déroulée ici-même.
CORNELIA
Pendant la deuxième guerre samnite ?
MERANDA
Oui, et si vous voulez mon avis, les Romains ne sont pas en odeur de sainteté dans le secteur. Il ne faut pas oublier que c'est à cause d'eux que la Campanie a été coupée du Latium.
CORNELIA
Je sais tout ça. Mais c'était il y a longtemps !
MERANDA
Dans les faits, oui. Mais croyez-moi Rome n'a jamais vraiment réussi à mater les rebellions de ces villages, même des années après. La rancœur est tenace en campagne. J'en sais quelque chose. Si vous passez la nuit ici, ça risque d'être votre dernière...
CORNELIA
Que me conseillez-vous alors ??
MERANDA
Nous allons reprendre la via Appia au Nord de ce village, et passer en bordure des montagnes.
CORNELIA
Nous ne continuons pas par le littoral ?
MERANDA
Non, il y a d'autres villages samnites tout le long. C'est bien trop dangereux de passer par là.
Il regarde le large. Au loin, la pluie commence à tomber et les orages éclater.
MERANDA
Et cette tempête s'annonce particulièrement violente. Nous avons encore le temps de nous mettre à l'abri si nous galopons une heure. Votre cheval tiendra-t-il ?
CORNELIA (se penchant vers le museau)
Je l'espère. Mais où dormirons-nous ?
MERANDA
Il y a le village Fondi, une préfecture romaine à une heure à cheval. Nous trouverons de quoi nous loger.
CORNELIA
Dans ce cas, hâtons-nous !
Ils traversent les champs aux galops, avant de rejoindre la Via Appia plus au Nord. Une grosse heure plus tard, ils entrent au village sous la pluie.
MERANDA
Ici, une auberge.
CORNELIA
Enfin, je n'en peux plus de ce cheval !
MERANDA (se retournant)
Et vous vouliez me suivre jusqu'à Naples ??
CORNELIA
....
Meranda saute de son cheval et l'attache devant l'entrée.
CORNELIA
Vous ne le mettez pas à l'écurie ?
MERANDA (lui faisant signe de regarder derrière lui)
Elle est pleine.
Il regarde par l'une de fenêtres et voit la salle remplie d'hommes.
MERANDA
Attendez-moi sous le porche. Je reviens vite.
Il entre à l'intérieur et découvre une cinquantaine d'hommes attablés et déjà saouls.
MERANDA
Ils commencent de bonne heure ici...
Il repère l'aubergiste au fond de la grande salle.
MERANDA
Bonsoir, je cherche l'hospitalité pour ce soir.
AUBERGISTE (ramenant des bouteilles vides)
Désolé l'ami, mais nous sommes complets.
MERANDA (montrant discrètement une bourse remplie de sesterces)
Vous en êtes sûr ?
Un vieillard cuvant son vin , se retourne et voit la bourse. Il ricane.
VIEILLARD
Bien sûr qu'il en est sûr, la tempête à amené tous les chiens errants de la région sous ce toit ! Regarde autour de toi.
MERANDA
J'en prends note. Y a-t-il une autre auberge dans le coin ?
AUBERGISTE
Non, la dernière a brûlé il y a quelques semaines.
VIEILLARD
Un coup de ces foutus Volsques, plus ardents à la révolte qu'habiles à faire la guerre.
Soudain des sifflements se font entendre dans la salle.
HOMME
Visez-moi un peu ce morceau que le vent nous envoie !
Meranda ouvre de grands yeux et se retourne. Cornélia se tient sur le perron dans son armure masculine, le visage découvert, et les cheveux dégoulinant sur l'armure. Un homme attablé près de l'entrée se lève pour l'accueillir.
HOMME
Viens par là ma jolie !!
CORNELIA (le repoussant)
Bas les pattes !
Elle s'avance au fond de la salle vers Meranda, sous les regards lubriques.
MERANDA (furieux)
Je vous avais dit d'attendre dehors !!
CORNELIA
Je suis trempée, et vous en mettez du temps pour prendre deux chambres !
Deux hommes éméchés s'approchent d'elle.
HOMME
La tempête nous rapporte un jolie lot.
CORNELIA (se retournant sans les regarder)
Hors de ma vue misérables. (S'adressant à Meranda) Vous prenez deux chambres n'est-ce pas ? Je venais m'en assurer ! (Sentant l'haleine putride des deux hommes derrière elle) Et j'aimerais quitter cette salle au plus vite.
VIEILLARD (ricanant)
Ça, j'en doute fort ma jolie demoiselle !
MERANDA (prononçant chaque syllabe distinctement)
Attendez dehors que je règle la situation !
L'un des deux hommes prend Cornélia par la taille.
HOMME
Toi, ma jolie tu seras mienne ce soir !
CORNELIA (le repoussant violemment)
Vous n'avez pas entendu triple buse ? Déguerpissez. Vous m'écœurez, vous sentez la vinasse à plein nez !
HOMME
C'est à moi que tu parles ?
CORNELIA
A qui d'autre ?
MERANDA (s'interposant)
On se calme. Nous cherchions juste une chambre pour la nuit.
CORNELIA
"Deux" chambres !
DEUXIÈME HOMME (titubant)
Mais moi je peux te prêter la mienne... quand tu veux.
CORNELIA
Sans façon !
MERANDA
Sortons d'ici. L'auberge est complète.
CORNELIA
Il y a une autre auberge dans le coin ?
DEUXIÈME HOMME
Holà doucement ma jolie demoiselle... Pas si vite. On peut s'arranger.
Un homme massif de deux mètres arrive vers eux et pousse les deux hommes lui barrant la route.
HOMME MASSIF
Une jolie femme soldat ne peut pas rester seule pour la nuit.
CORNELIA
En fait, je suis accompagnée...
MERANDA
Oui, et nous partons.
Meranda attrape Cornélia par la main, quand le géant se place devant lui, et l'empêche d'avancer.
HOMME MASSIF (poussant Meranda)
Elle, elle reste ici, tu entends !
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