24. Y a de l'orage dans l'air
Italie, Région de Campanie, auberge de Crocefisso
Dans la petite auberge perdue au milieu de la Campanie, Meranda se lève de table et se dirige vers l'aubergiste.
MERANDA
Nous partons. Combien vous dois-je ?
AUBERGISTE
Quatre sesterces pour les plats, et 4 pour le foin de vos chevaux. Vous êtes sûr que vous ne voulez pas rester ?
MERANDA (donnant les pièces)
Nous avons encore beaucoup de route. Merci pour votre amabilité.
AUBERGISTE
Tout le plaisir est pour moi. Mais si j'étais vous, j'attendrai demain.
CORNELIA (se rapprochant)
Pourquoi ça ?
AUBERGISTE
Il risque de faire orage.
CORNELIA (écoutant la conversation au loin)
Par Jupiter, par cette chaleur ?!!
AUBERGISTE
Auster s'est réveillé et la pluie sera sur votre route d'ici quelques heures.
MERANDA
Nous ferons attention. Merci pour l'information.
AUBERGISTE
Les auberges se font rares par ici. Ne passez pas par les montagnes. Elles sont dangereuses, surtout par un temps orageux.
MERANDA
Mais je n'en avais pas l'intention. Nous ferons escale à Capoue.
CORNELIA (s'approchant)
A la bonne heure ! J'ai envie de visiter cette ville.
MERANDA (fronçant les sourcils)
Nous n'en aurons guère l'occasion... "soldat"! (A l'aubergiste). Merci encore pour votre accueil.
Ils sortent derrière l'auberge. Cornélia regarde le ciel bleu.
CORNELIA
N'importe quoi, le ciel est couleur azur.
MERANDA (détachant les les cordes des chevaux)
Et pourtant... Vous voyez ces montagnes au fond... Les nuages se heurtent dessus et la pluie tombe.
CORNELIA (peu convaincue)
Si vous le dîtes...
Elle tente de grimper sur son cheval, mais tombe sous le poids de son armure.
CORNELIA
Ne restez pas planté là, aidez-moi !
MERANDA
Ecoutez, je crois qu'il ne sert à rien de vous munir de la sorte d'autant de couches...
CORNELIA (l'interrompant)
Je ne vous paie pas pour me réprimander.
MERANDA
Parce que vous me payez maintenant ? C'est nouveau ?
CORNELIA
Disons que si vous menez à bien votre mission, et me ramenez sauve à Rome, alors j'interfèrerai en faveur de père pour qu'il vous prenne sous son aile.
MERANDA
Merci de vous soucier de mon avenir, mais je vous l'ai dit, je suis au service de Caecus.
CORNELIA (piquée au vif)
Que diable trouvez-vous à ce vieil aveugle ??
MERANDA
Nous empruntons sa voie... La via Appia, reliant Rome à Capoue.. Ce n'est pas rien !
CORNELIA
Une vulgaire route !
MERANDA (la soulevant et la posant brusquement sur son cheval)
Une vulgaire route.... Par Minerve, vous entendez-vous ?
CORNELIA
Très bien et vous ?
MERANDA
Mais vous ne comprenez donc pas ce que signifie cette voie ?
CORNELIA
Des cailloux, et des cailloux ?
Meranda donne une tape à son cheval le faisant avancer brusquement. Il grimpe sur son cheval et la rejoint sur la voie Appienne.
CORNELIA
Que signifie cette voie à vos yeux ?
MERANDA
A mes yeux... Mais on parle d'une route dont la fonction principale est d'envoyer le plus vite possible des troupes vers le sud de l'Italie !
CORNELIA
Donc un intérêt purement stratégique, et militaire en somme.
MERANDA
Entre autre ! Le commerce peut se développer plus rapidement, puisque nous ne perdons plus de temps à escalader des chemins ou à contourner des obstacles sur notre route !
CORNELIA
Moui, si vous le dîtes...
Meranda se frappe le front devant tant de désinvolture.
MERANDA
Vous ne comprenez pas...
CORNELIA
Si, si..
MERANDA
Laissez-moi vous faire un dessein de la situation actuelle, et du génie de Caecus, ce grand visionnaire.
Cornélia lui prête une oreille attentive pendant que leur chevaux remontent la route au pas.
MERANDA
Pyrrhus est sur le point d'échouer. Il ne tient qu'à nous de mettre un terme à son empire.
CORNELIA
C'est bien d'avoir des rêves.
MERANDA
Vous n'y croyez pas ?
CORNELIA
Pyrrhus a de la réserve. Ne vous en déplaise à vous et à votre folie des grandeurs.
MERANDA
C'est là votre erreur très chère. En quittant la Sicile, il a fait l'erreur d'emprunter le détroit de Messine.
CORNELIA
Et ?
MERANDA
Les Mamertins lui sont tombés dessus.
CORNELIA
Cette horde de sauvages ?
MERANDA
Entre autre. Sa flotte a été détruite par les Carthaginois.
CORNELIA
Je n'aime pas ce peuple présomptueux. Les Carthaginois ont tendance à se prendre pour des romains, mais n'en ont ni l'envergure, ni le raffinement.
MERANDA
Si vous le dîtes.... Bref, Pyrrhus est affaibli plus que jamais. C'est le moment d'attaquer.
CORNELIA
Et c'est vous qui allait lancer l'attaque ?
MERANDA
Non, mais j'irai en éclaireur. Les retombées de ce que nous allons voir peuvent être salutaires pour Rome.
CORNELIA
"Nous" ??
MERANDA
Par Jupiter, vous arrive-t-il de donner de l'importance aux informations clés ?
CORNELIA
Vous avez dit "nous", il me semble...
MERANDA
Je ne sous-entendais rien, rassurez-vous, je vous rappelle que mon rang appartient à la Plèbe.
CORNELIA
Et donc, si je vous suis bien, si "nous" mettons l'armée de Pyrrhus en déroute, Rome pourra connaître le destin qui lui fait si cruel défaut ?
MERANDA
En quelques sortes.
Ils descendent un chemin bordé par des arbres.
CORNELIA
Vous ne semblez guère enthousiaste... Vous n'y croyez pas ?
MERANDA
C'est que... (pensif) Les luttes de pouvoir peuvent s'avérer très dangereuses.
CORNELIA
Laissez donc ça au Sénat ! Et remplissez votre devoir.
MERANDA (réfléchissant à voix haute)
Bien sur, si Rome prenait plus d'ampleur dans le paysage méditerranéen, j'en serais le premier ravi.
CORNELIA
"Mais" ? Votre discours sonne comme un mais...
MERANDA
Mais, nous ne pourrons jamais rivaliser avec les Carthaginois. Leur flotte maritime est la plus impressionnante qu'il m'est arrivé de rencontrer.
CORNELIA
Et après... Une flotte ne suffit pas à envahir tout un pays. Il faut des hommes sur ces terres. Et nos garnisons romaines n'ont pas à rougir.
MERANDA
Et bien, je dois avouer, que pour une fois nous sommes d'accord sur un point. C'est un miracle. A croire qu'il va nous arriver quelque chose...
Au même moment, plusieurs ombres surgissent derrière les arbres, faisant peur aux chevaux.
MERANDA
C'est un piège !! Il faut quitter ce lieu !
Le cheval de Cornélia se cabre, la faisant chuter au sol.
CORNELIA (se relevant et voyant des hommes armés de poignards)
Oh non !!
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