16. Jeu de jolis cœurs
Rome, Villa de Caecus
Meranda descend les escaliers menant dans le joli patio de la Villa de Caecus. La petite fontaine scintille à la lumière du soleil, renvoyant son éclat au jardin paysagé construit tout autour de la fontaine. Meranda s'avance fièrement vers Russus.
MERANDA (le saluant)
Bonjour Russus.
RUSSUS
Meranda mon ami, j'imagine que vous êtes venu voir mon père.
MERANDA
C'est cela même.
Meranda regarde Cornélia qui semble mal à l'aise.
RUSSUS
Je te présente cette charmante personne, Cornélia de la famille Valerii Volusii.
Meranda attrape la main ganté de dentelle de Cornélia et y dépose un baiser. Cornélia rougit, mal à l'aise.
MERANDA
Mes hommages Mademoiselle.
CORNELIA (bafouillant)
Bonjour.
RUSSUS (A Cornélia)
Meranda est légionnaire, il travaille pour mon père depuis plusieurs mois maintenant.
CORNELIA (toisant Meranda)
Vraiment ? Vous avez de la chance de pouvoir côtoyer un mentor tel que Caecus.
MERANDA
J'en suis conscient. (A Russus) Votre père est une référence dans toute l'Italie.
RUSSUS
On raconte ses exploits jusque dans la Grande Grèce. Peut-être saurais-je un jour l'égaler...
CORNELIA
Voyons Russus, vous en doutez ? Vous faites partie de l'une des plus grandes familles patriciennes de Rome. Votre nom impose d'emblée respect et hauteur.
Cornélia fait les yeux doux à Russus. Jaloux, Meranda intervient.
MERANDA (A Russus)
On dirait que vous avez attiré à vous seul les bonnes grâces de la famille Volusii.
Cornélia le mitraille.
RUSSUS
Je ne vous suis pas ?
MERANDA (faussement confus)
Oh... Mille excuses, je crois que je me suis égaré... Ce ne sont que de bêtes "on-dit".
RUSSUS
Permettez-moi alors d'en prendre connaissance.
Cornélia attrape le bras de Russus.
CORNELIA
De stupides vacheries, nul doute que la jalousie attire la....
MERANDA (coupant Cornélia)
On raconte que vous êtes proches de Livia Volusii.
Le sang de Cornélia se glace aussitôt.
RUSSUS (mal à l'aise)
Et bien, oui je connais Livia, la sœur de Cornélia.
Cornélia laisse échapper un sourire gêné.
CORNELIA
Et son mari Ruffin... (Prenant un air supérieur) D'ailleurs, qui ne connaît pas Ruffin à Rome...
RUSSUS
C'est cela.
MERANDA
Oh... J'avais cru comprendre que vous étiez en froid.
Russus dévisage Meranda.
RUSSUS
Qui prête oreille à pareilles inepties ?
CORNELIA (menaçant Meranda des yeux)
Vous m'arrachez les mots de la bouche Russus.
MERANDA
Vous avez parfaitement raison, les gens racontent beaucoup de choses à Rome. Il ne serait pas raisonnable de leur accorder le moindre crédit. D'ailleurs (se retournant vers Cornélia) certains affirment que vous vous êtes enfuie de la soirée de votre beau-frère hier soir.
RUSSUS (se retournant vers Cornélia)
Enfuie ??
CORNELIA (Riant faussement)
Quelle drôle d'idée... Si une chose est certaine à Rome, c'est que les gens ne manquent pas d'imagination.
MERANDA
Nul doute, mais permettez-moi... Si un jour l'idée de vous enfuir de Rome vous traversait l'esprit, sachez que je me rends dans le pays de Réghium, pays que je connais très bien et que je pourrais vous faire visiter à mes heures perdues.
RUSSUS (jaloux)
Et bien, et bien... C'est une belle proposition. Mais je doute que Cornélia quitte un jour Rome.
Cornélia ne dit rien et examine Meranda en silence.
CORNELIA (souriant à Russus)
Vous avez entièrement raison... Trop de soleil nuirait à ma peau.
Tout en disant cela, elle passe délicatement sa main sur son décolleté, interpellant Russus. Meranda revient aussitôt à la charge.
MERANDA
Pourtant on soupçonne mal les vertus et les charmes naturels de l'Italie du Sud.
RUSSUS
On dirait que vous connaissez bien la région ?
MERANDA
Mais c'est le cas, j'ai grandi là-bas, et (jetant un œil à Cornélia) sans vous offenser Mademoiselle, on trouve les plus belles filles de toute l'Italie.
A ces mots Russus accordent toute son attention à Meranda, et délaisse des yeux, le généreux décolleté de Cornélia.
RUSSUS
Vraiment ?
MERANDA (perdu dans ses pensées, et poussant un soupire)
Les plus belles...
CORNELIA (gloussant)
Je crains que fréquenter la politique et les armées ne vous ait coupé de la réalité de Rome, Légionnaire. Les femmes sont d'une beauté raffinée et pourrait enchanter n'importe quel diable.
MERANDA (lançant une pique)
Vous semblez en connaître long sur le sujet...
Cornélia est piquée au vif.
CORNELIA (vexée)
Je dis juste, que "nous", les femmes civilisées, nous...
MERANDA (la coupant)
"Civilisées" ??? Vous croyez que les femmes de la Grande Grèce ne le sont pas ?
RUSSUS (reculant d'un pas)
Je crois que je vais vous laisser... entre vous.
CORNELIA (énervée, le retenant)
A Rome, nous avons accès aux dernières tendances, que ce soit en matière de parfum, de bijoux, d'étoffes et de coiffes !!
MERANDA
Certainement, mais la plupart de ces matières viennent des régions du Sud. Regardez la Sicile est une véritable plaque tournante en importation de produits, que vous venez de me citer.
CORNELIA
Sauf que ce sont les femmes de Rome qui tiennent les rênes, qui initient les tendances, et non celles du Sud !
RUSSUS(regardant Cornélia)
Navré de vous couper ma chère, mais Meranda, dans combien de temps comptez-vous vous rendre dans le Sud ?
MERANDA
D'ici quelques jours.
RUSSUS
Très bien, dans ce cas, je me joindrai à vous. Je dois faire un saut en Sicile, voir un ami.
CORNELIA
Euh... Vous allez en Sicile ??
RUSSUS
Oui, pour affaires. Mon père n'est pas au courant, et je vous demanderai de ne rien lui dire, il s'inquiéterait, surtout avec ce qu'il se passe en ce moment.
MERANDA
Entendu.
RUSSUS
Bien, vous savez où me trouver. Je dois vous laisser ma chère. Je suis attendu.
MERANDA
Nous allons prendre également congés.
CORNELIA (dévisageant Meranda)
Mais...
MERANDA (lui prenant le bras)
Venez, vous allez me conter en chemin vos récits fantastiques... Je meurs d'envie d'entendre ce que portent les femmes de Rome. Visiblement j'ai tout un chapitre à rattraper.
Meranda sort du patio, avec Cornélia au bras, le sourire vainqueur.
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