🥀 Chapitre 2 🥀
~~~ MATTHIEU ~~~
~ un an avant ~
Je suis dans la rue, et marche tranquillement. Je vais encore chez Anthony. C'est mon meilleur ami, et on se voit tout le temps. En plus, il sait signer, c'est-à-dire communiquer en langue des signes, puisque sa grand-mère est sourde. C'est pratique. Et puis, je crois que c'est le seul du lycée à savoir le faire. Jusque-là, je n'ai jamais rencontré personne d'autre qui la parlait, hormis ma sœur.
Aujourd'hui, c'est le grand jour. Je compte dire à Anthony que je l'aime. Je sais que lui, il me comprendra. J'en suis sûr et certain. On est quand même pas meilleurs amis pour rien !
J'arrive chez lui et toque à sa porte. Il m'ouvre presque tout de suite, tout en souriant.
- Salut Matth, s'exclame-t-il, comment tu vas ?
- Coucou Anthony ! Je vais bien, et toi ?
- Ça va. Tu rentres ?, me propose-t-il.
- Avec plaisir !
Je rentre chez lui, et on monte directement dans sa chambre. Je m'assois sur son lit, tandis qu'il se plante debout devant moi. Il me sourit, et son sourire est contagieux. Il est si beau... Il est un peu plus grand que moi, ses cheveux bruns sont coupés court, et il a la peau un peu typée. En plus, il a une silhouette élancée, et des bras si musclés...
- Tu veux faire quoi cette aprèm ?, me dit-il, ce qui me sort de ma contemplation.
- Ce que tu veux, je lui réponds au bout d'un moment de réflexion, je m'en fiche.
- Bon, alors..., il regarde rapidement les jeux qu'il possède, avant de reprendre, on se fait un FIFA ou un Call Of ?
- Comme tu veux.
- Tu préfères quoi ?, insiste-t-il.
- Je te laisse choisir.
- Bon, alors on se fait un Call Of !
Il allume sa console, et on y joue toute l'après-midi. Au bout de plus de deux heures, il l'éteint, et on parle de tout et de rien, couchés sur son lit. Enfin, il parle. Moi, je signe.
- Sinon..., commence-t-il, t'es en crush sur quelqu'un, en ce moment, toi ?
- Oui, il y a quelqu'un qui me plaît bien. Je le trouve trop beau !
- Tu veux dire belle, mec, me reprend-il, à moins que ce ne soit une thaïlandaise !
Il éclate de rire face à sa pseudo-blague, tandis que je le regarde en restant le plus sérieux possible. La seule chose que je n'aime pas chez lui, c'est son humour. Je le trouve trop déplacé. Pourtant, je suis du genre à rigoler facilement...
- Non, ce n'est pas "une Thaïlandaise", comme tu dis.
- Alors, vas-y, dis-moi !, insiste-t-il, t'aimes qui ?
- J'ai un peu peur de lui avouer mes sentiments..., je lui avoue, j'ai peur qu'il me rejette...
- Elle. T'as encore dit "il". Et puis, vas-y, fonce. Tu lui fonces dedans, tu l'embrasses et tu la sautes !
- Tu penses que je pourrais aller le voir et l'embrasser ?
- Mais carrément ! Tu vas la voir et tu l'embrasses ! Elle ne te résistera pas !
Je me mords la lèvre inférieure. Je ne peux pas résister, c'est littéralement une invitation... J'avance mes lèvres vers les siennes. Elles ont l'air si douces et si humides... Et sans que je ne m'y attende, je me prends un coup dans la mâchoire.
- TU FOUS QUOI LÀ ?!, s'écrie-t-il.
- P-Pardon, j-j'ai cru que..., je tente de signer correctement, mais je me suis mis à trembler. Ce n'est pas pratique, quand on parle avec les mains.
- T'es pédé ?, reprend-il, t'es un putain de pédé ?!
- Calme-toi Anthony, ne t'énerve pas. J'ai cru qu'on... Qu'on était sur la même longueur d'onde..., je tente de lui expliquer, j'ai mal cru, désolé.
- Tu me dégoûtes ! Je ne sais même pas comment j'ai pu être ami avec un pédé, qui en plus ne parle pas ! Dégage de chez moi, finit-il, en pointant du doigt la porte de sa chambre.
- Mais Anthony... Désolé, excuse-moi. Je ne sais pas ce qui m'a pris... Je suis désolé. S'il te plaît, Anthony...
- DÉGAGE DE CHEZ MOI, TAPETTE !
Ses mots me blessent. On est meilleurs amis... Pourquoi il me traite comme ça ? Je m'attendais à ce qu'il me dise qu'il ne ressentait rien pour moi, mais je pensais qu'il le prendrait bien, qu'il me serrerait dans ses bras, qu'on resterait amis...
- Anthony..., je répète.
- DÉGAGE ! T'ES SOURD EN PLUS D'ÊTRE MUET ?!
Je me lève et pars en courant de chez lui, les larmes aux yeux. Je cours dans la rue. Je cours jusque chez moi. Je crois que ce qui me fait le plus mal, mis à part ses mots, ce sont ses yeux. Il y avait carrément du dégoût dans son regard... Je le dégoûte...
Quand j'arrive enfin devant mon immeuble, je monte les marches deux par deux, et fonce au quatrième étage. Je rentre dans notre appartement, et pars m'enfermer dans ma chambre. Je claque la porte de celle-ci, et j'entends ma sœur crier.
- Matth, on ne claque pas les portes !, me réprimande-t-elle.
Je me laisse aller, et je pleure tout ce que j'ai sur le cœur. Je suis fragile. Je ne suis qu'un putain de fragile. J'ai tout gâché : j'ai perdu mon meilleur ami. Un de mes seuls amis. Et je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.
~ quelques jours plus tard ~
J'arrive au lycée, tout triste. Anthony ne répond à aucun de mes messages. J'espère qu'il s'est calmé, et qu'il va toujours me parler... J'en doute fort, mais je garde un peu d'espoir. C'est ce qui fait vivre, comme on dit...
Je rentre en cours. D'habitude, on s'assoit tous les deux derrière. Là, il s'est mis devant, avec un autre de ses potes. Ça me brise le cœur... Surtout que c'est le seul du lycée qui parle la langue des signes. Personne ne pourra me comprendre s'il ne traduit pas ce que je dis !
Toute la journée, il m'ignore et ne m'adresse pas la parole. Comme, dans mon lycée, on a le droit d'utiliser nos téléphones partout sauf en cours, je peux parler avec mes autres amies durant la récréation : Eva, Margaux et Marie. Les seules qui savent pour l'accident... Enfin, hormis Anthony.
Mes amies sont d'ailleurs remontées à bloc contre lui. Je crois que s'il m'approche, elles vont le tuer. D'ailleurs, j'ai dû retenir Eva, qui voulait aller le défigurer, sauf qu'il l'aurait rétamée.
Les trois filles sont au courant de mon homosexualité, et elles le prennent super bien. En fait, elles s'en fichent, et elles ont raison. On ne devrait pas juger une personne sur sa sexualité ou sur ce qu'elle aime faire. Pourtant, sur cette Terre, c'est comme ça que ça se passe...
Le soir, je rentre chez moi, et je pleure encore sur mon lit. Ma sœur essaye de me réconforter, mais c'est peine perdue. J'ai détruit ma relation avec mon meilleur ami, avec le garçon qui m'attire, et je ne peux vraiment m'en prendre qu'à moi-même.
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