Dylan s'essuie les joues, il a encore pleuré. Maintenant il le fait sans même s'en rende compte.
Quand sa mère tape à sa porte, il se roule en boule sous sa couverture.

- Dylan ouvre cette porte ! Ça fait deux jours que tu n'es pas sortir !

Il ne répond pas, il ne répond jamais de toute façon. Sa mère lâche l'affaire et décide de revenir plus tard.
Finalement Dylan se lève puis se dirige vers son bureau.
La feuille et le stylo sont toujours là, il s'assoit et inspire profondément.

" Je me rappelle, j'arrête pas d'y penser...C'était un samedi, j'étais venu de te chercher, tu te rappelle ? On devait allé se promener à la plage. Tu voulais voir la mer.
Quand tu m'as ouverte la porte, tu m'as directement embrassée, j'ai souris, j'adorais quand tu faisais ça.
On avait passé toute la journée ensemble, on avait parlé, on s'était amusé comme des fous et on s'était embrassé comme un couple qui allait duré toute la vie. Si seulement...

Je m'apprêtais à monter dans la voiture quand tu m'as arrêté. Tu m'as dis que tu voulais conduire parce que j'étais fatigué...t'étais toujours pleine d'énergie...
Je t'ai laissé faire.

T'as mis de la musique, tu chantais, j'aimais ta voix même quand tu chantais faux, t'étais magnifique.

Ni toi ni moi n'avions vu le camion arrivé. La suite est flou: je t'ai entendu crier, je t'ai vu fermer les yeux puis je t'ai vu en sang. 

Je me suis réveillé à l'hôpital, tous le monde autour de moi pleurait, j'ai vite compris que ce n'était pas à cause de moi...ce jour là j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Je n'y croyais pas. C'était comme un cauchemar.

Ton père m'a insulté, il m'a traité de tous les noms ce jour là, tu étais son enfant unique et je ne t'avais pas protégée. Ce jour là, pour ta famille, j'étais un tueur, un salopard..quelqu'un qui aurait dû mourir à ta place.

Je ne leurs en veux pas, je m'en veux de t'avoir laissé conduire. C'est maintenant que j'ai compris à quel point tu es extraordinaire, t'es mon ange gardien Eva...parce que ce jour là, tu m'as sauvé la vie.

En un an beaucoup de choses ce sont passé, j'ai vu des psychologues parce que je ne parlais plus, j'en avais pas la force. J'ai arrêté le basket pour la même raison. Je suis allé en Argentine avec ma famille, ils se disaient que j'avais besoin de prendre l'air...mais c'était pire, je me sentais trop loin de toi.

J'ai pas faim, je ne dors plus, je ne sors plus. Si t'étais là tu dirais que j'en fais trop, que la vie ne devrait pas s'arrêter pour moi mais j'ai mal Eva...tu es la seule personne qui pourrait me calmer mais tu n'es plus là.

J'aurais dû conduire et te laisser vivre ou au moins mourir avec toi.

Ma mère a insisté pour qu'on déménage , elle a jeté les photos que j'avais de toi et m'a dit que ce n'était pas sain de les regarder tout le temps.

Je te connais, tu m'en voudras, tu trouveras ça exagéré...mais je veux  mourir.
Parce que je t'aime, de tout mon être, de toute mon âme. Ça ne changera rien de disparaitre, ça fait longtemps que je ne me sens plus vivant.
Pour moi, c'est me libéré de mes problème et me rapprocher de toi "

Il lâche son stylo, il tremble trop pour continuer.

- Dylan ? L'interpelle sa mère, ça fait une heure que je t'ai demandé de sortir.

- je vais bien maman...ne t'en fais pas.

Il lui ouvre la porte, elle le regarde fixement et sourit.

- je suis contente que t'aille bien, viens manger avec nous.

- non, ça va...j'ai déjà manger, sa main tremble, il sert les poignées, tu veux bien me laisser un moment ?

- oui...d'accord.

Dylan referme la porte et mumurre un " pardon".

C'est la dernière fois que sa mère l'a vu.

Ne jamais laisser quelqu'un de dépressif seul, livré à lui même, il faut rester jusqu'au bout avant que ce ne soit lui qui décide de la fin.