Partie 02
Le journal télévisé diffusait son lot d'informations, auxquelles Jemima ne prêtait aucune attention. Confortablement assise sur une chaise, elle avait l'esprit entièrement absorbé par le retour de son époux. Au bout d'un moment, elle se leva et alla chercher son téléphone dans la chambre. Peut-être l'avait-il appelée. Prenant possession de l'appareil, elle vit un message affiché sur l'écran.
Bonsoir Ma vie, j'espère que tu vas bien. Désolé mais je ne...
Comprenant déjà la fin, Jemima s'abstint de terminer le message et alla finalement éteindre la télé. Il ne rentrerait pas ce soir. La jeune femme souffla bruyamment. Une subite colère mêlée à l'envie de pleurer envahit son être. Il lui avait pourtant promis qu'il serait en route il y a moins de trois heures, et maintenant ? Elle enfila sa robe de nuit grise après avoir vérifié que les fenêtres et les portes étaient fermées, puis s'engouffra sous sa couette. Léo lui manquait tellement.
Le lendemain !
Enfin samedi, enfin le weekend. Jemima se leva, la joie au ventre. Elle prit soin d'elle-même, en particulier de son tissage en le lavant avec un doux shampoing à la noix de coco. Elle mit assez de temps à frotter toutes les parties de sa tête. Lorsqu'elle eut fini et qu'elle releva la tête, Léo était derrière elle. Jemima resta figée, cligna des yeux avant de se retourner pour être sûre que...
-- Je t'ai fait peur, on dirait, murmura Léo, les lèvres adonnées à un sourire chaleureux.
-- Non non, répondit-elle hésitante. C'est juste que...
-- Que ? répéta Léo dans le but de l'inciter à continuer.
-- Tu m'as trop manquée.
-- Pareil, tu m'as aussi manqué, grande femme.
Jemima se mit à sourire comme si elle était sur un nuage d'or. Comment pouvait-elle être autant folle de cet homme ? Les deux années de vie commune les avaient beaucoup rapprochées et Jemima se sentait de plus en plus amoureuse. "Le temps fait bien les choses", se dit-elle après réflexion. Puis, elle attrapa la main droite de Léo et le conduisit au salon où ils s'assirent.
-- Alors, raconte-moi tout. Comment s'est passé l'entretien avec ton patron ? lui demanda-t-elle avec intérêt.
-- Ah, tout s'est passé normalement. Les chiffres exacts, et la somme exacte. Sauf qu'il y avait quelques petites choses à régler avant de se quitter.
-- Quelques petites choses, répéta immédiatement Jemima. Comme quoi ?
-- Monsieur Keita m'a chargé d'employer certaines personnes pour accroître la main-d'œuvre car le travail est énorme et il s'en est rendu compte.
-- Excellent comme nouvelle. Je suis certaine que tu les choisiras soigneusement.
-- Je l'espère de tout cœur.
-- Uhm, conclut Jemima d'un bruit de gorge. Je voudrais un peu te parler.
-- De quoi, ma vie ? S'inquiéta Léo.
Sa femme commença donc à s'exprimer.
-- En fait, je sais que ton travail à l'entreprise des journaux te plaît bien mais j'ai peur qu'il t'arrive quelque chose de grave pendant un déplacement. Tu sais, tu es seul et avec tout l'argent que tu emportes, je ne supporterai pas de te perdre parce qu'un vaurien t'aurait agressé.
-- Mais non ma vie. Pense beaucoup plus positivement. Sois positive !
-- Papa m'a dit la même chose.
-- Ah bon? Tu l'as vu ? Quand ça ?
-- Avant-hier, répondit-elle avec nostalgie. J'ai passé la journée avec lui. Il était tellement heureux et fier de me voir et sa présence m'a réchauffée le cœur.
-- C'est normal. Qui voit ton sourire ne peut qu'être joyeux.
Jemima sourit.
-- J'ai l'impression, martela-t-elle par la suite, que tu ne manques jamais de compliments. C'est bizarre quand même.
-- Il n'y a rien de particulier dans cette histoire. Je complimente juste ma femme.
-- Je n'ai pas dit le contraire hein.
-- C'est très bien alors, je vais me coucher, il faut que je me repose un peu.
-- Oui, oui tu as parfaitement raison. Vas-y, je te rejoins plus tard, répondit-elle.
Elle se leva pour se rendre dans la cuisine afin de chauffer un peu d'eau. Quand elle termina son activité, Jemima renversa l'eau dans une bassine et rejoignit la chambre. De son côté, Léo qui n'arrivait pas à trouver le sommeil, n'avait arrêté de se retourner encore et encore. Quelque chose le tracassait. Lors de sa dernière rencontre avec son patron, il avait remarqué que celui-ci semblait beaucoup préoccupé. Il avait essayé d'en savoir davantage mais cela ne fut pas possible vu que monsieur Keita ne perdit pas une seconde de plus après les calculs, et lui demanda de se retirer.
-- Tu ne dors pas ? Interrogea Jemima tout en se dirigeant vers la salle de bain.
En sortant avec une serviette à la main droite.
-- Alors, pourquoi tu ne dors pas ? redemanda-t-elle à son époux.
-- Monsieur Keita m'a paru très mystérieux lors de ce dernier entretien, confia Léo. Il avait l'air pressé, comme si une urgence l'attendait quelque part et c'est bien la première fois qu'il réagit ainsi.
-- Peut-être qu'il était vraiment préoccupé à ce moment-là. Tu le sauras forcément bientôt.
-- Oui ma vie, tu as raison, acquiesça Léo. Bon, tu voudrais me brûler ou quoi ? continua-t-il taquin.
-- Quoi ? Avec cette eau tiède là ?
-- Non, avec ton regard.
-- Oh non !
Jemima se mit encore à rire. Vraiment, le chien ne changeait jamais sa façon de marcher. Ce petit côté poète de son époux n'allait décidément pas disparaître de sitôt.
-- Ma vie, je t'aime, dit Léo, le regard rempli d'une nuance que la jeune femme connaissait très bien.
-- Je sais ce que tu veux, lança-t-elle en réponse.
-- Et je veux quoi ?
-- Ne joue pas l'étonné. Lorsque tu fais autant de compliments suivit de ce regard, c'est que...
-- Ah oui, tu sais ce que je veux. Alors tu viens ?
Jemima ne se fit pas prier.
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