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Chapitre 7



Nous sommes le vingt-neuf juin et ce soir, je jouerai une dernière fois la pièce d'Alice au Pays des Merveilles. La dernière représentation est toujours celle qui me terrorise le plus, car je sais que c'est ma dernière chance pour être encore meilleure que la semaine précédente. Je voudrais qu'elle soit mémorable et qu'une fois adulte, je me rappelle toujours de ce souvenir en ayant la pensée que c'était la meilleure performance que j'aie jamais faite de ma vie. Je crois que j'exagère souvent, dans ces moments là, mais c'est sincère. Et ce dernier point est très important car même si j'ai l'âme d'une actrice, je ne mens jamais.


Dans la minuscule cuisine au carrelage blanc et froid qui fait office de vestiaire dans les coulisses, je m'active à enfiler ma robe jaune Ambre m'arrivant au-dessus des genoux, ayant un style aussi rétro que moderne avec sa forme "trapèze". J'essaie de percevoir mon reflet dans le réfrigérateur et fais la grimace en voyant mes jambes nues, frêles, écorchées et couvertes de bleus.

Je sors de la cuisine et arrive dans un couloir sombre où s'activent costumiers, maquilleurs et acteurs. J'aperçois Jeff faire des allées et venues entre la scène et les coulisses, l'air paniqué mais essayant de dissimuler cette faiblesse derrière un sourire confiant, comme à son habitude. Lorsqu'il me voit, il s'arrête et me propose de garder mon portable.

-Il y a eu déjà plusieurs vols ici et je ne voudrais pas que cela se reproduise. Je le garderai avec moi. Et ce soir, exceptionnellement, je serai dans le public.

Je lui souris et lui tends mon smartphone.

Je m'approche à tâtons du rideau de velours rouge, immense et imposant face à cette pièce baignant dans l'obscurité et le stress. J'écarte d'un petit mouvement un côté du tissu et risque un œil derrière cette étrange barrière qui me sépare du public. Une foule de personnes, assises sur leurs fauteuils rouges qui rappellent ceux du cinéma de mon quartier, attendant le spectacle. Leur impatience se manifeste par leurs rires nerveux, leur regard braqué sur la scène et leurs jambes qui gesticulent, comme si leurs corps ne tenaient pas en place dans ce moment intime où ils se retrouvent dans l'obscurité, à la rencontre d'une histoire qui se jouera devant ce rideau rouge.


La pièce peut enfin commencer. C'est moi qui ouvre le bal : sur la bande-originale du film de Tim Burton, j'entre en courant, ou plutôt en dansant, car j'effectue de nombreux sauts aériens, tels ceux du lapin que je poursuis, interprété par un garçon âgé de deux ans de plus que moi.


Ce soir, en réalité, le livre de Lewis Caroll est revisité à la manière de Jeff, qui a réécrit lui-même le scénario en modernisant l'histoire. Les personnages du livre ont une nouvelle image : la chenille qui fume est un homme arrogant et méprisant, la fausse tortue est la victime de nombreux malheurs, l'horrible Reine de Cœur est la principale bougonne d'un lycée où elle tente de rétablir l'ordre, et Alice est une adolescente rêveuse et intrépide qui voyage dans un monde étrange.

Donc, si je résume : il n'y a ni costumes ni décors qui rappellent l'œuvre originale. Seulement la scène au parquet glissant -j'en ai fait l'expérience- et le jeux des acteurs pour imaginer le monde magique dans lequel les personnages se trouvent.


***


La moitié de la représentation est déjà passée et, pour le moment, tout se déroule comme je l'espérais.

Arrive enfin ma scène préférée : celle où Alice prend un thé en compagnie du lièvre de Mars, du Chapelier Fou et du Loir. Les acteurs et moi sommes assis autour d'une longue table et buvons de la tisane dans des tasses en porcelaine blanches et fleuries. Il y a un mélange d'humour et de querelles dans notre discussion très mouvementée. Les répliques s'enchaînent dans un rythme intense et rapide; chacun doit donc répondre à l'autre avec tact.

Puis, je me lève et me poste sur le devant de la scène, face au public qui suit la conversation comme un match de ping-pong entre les trois personnages.

La lumière de l'entrée du théâtre, provenant du fond de la salle, m'éblouit tellement que mes yeux sont presque clos quand je fixe le mur, essayant d'oublier la masse humaine bleue et sombre qui s'étend à mes pieds. Ces gens qui ont tous une vie différente, qui sont jeunes ou âgés, en couple ou célibataires. Ces spectateurs qui me jugent, m'observent avec curiosité ou m'admirent. On étudie constamment ma façon de m'habiller, de me coiffer ou même de parler. Je dois sans cesse me remettre en question. Avant, je n'osais plus me regarder en face. Je devais juste me replier sur moi-même et attendre en vain que les plaisanteries disparaissent. Aujourd'hui, je suis consciente que je dois me battre pour arrêter ces stupides moqueries et plaire à ceux qui m'entourent. Il faut que je sois parfaite. Je ne dois faire aucune faute ce soir.


Mes lèvres brodent et récitent un long discours et mes paroles surgissent telles des ficelles de mots variant de la politesse à l'impolitesse, de la gentillesse à l'énervement, de la patience à l'impatience. A ce moment, Alice crie à ses hôtes la réalité de ses pensées les plus profondes et montre une nouvelle part d'elle-même : franche et colérique. A la fin, je déclare d'une voix solennelle :


"Messieurs le Chapelier, le Lièvre et le Loir, ces parts de gâteau que vous me servez m'écœurent et je ne désire plus de ce thé répugnant. Mon devoir est de retrouver le Lapin blanc au plus vite et vous seuls savez où il se trouve en cet instant !"


Applaudissement et sifflements retentissent en chœur tel un concert d'oiseaux chanteurs. Le rideau de velours rouge se ferme et déjà les acteurs se préparent pour une nouvelle scène. Je m'éclipse dans les coulisses et retourne voir mon reflet dans le réfrigérateur de la cuisine. Mon visage, qui possédait une expression perdue et peu confiante, est maintenant barré d'un immense sourire. Et ce visage n'est pas celui d'un personnage que j'interprète. Ce visage, c'est le mien.



***


Nous sommes samedi et, comme tous les samedi, je poste une nouvelle vidéo sur l'application "Si j'étais...". Cette semaine, j'avais déjà écrit un scénario où je joue la vieille fée qui jette un sort à la princesse dans La Belle au bois dormant. Mes répétitions devant Jeff m'ont peu convaincue car j'avais du mal à m'approprier un personnage dangereux et haineux, mais je décide tout de même de tenter ma chance.

Après avoir tourné ma minuscule scénette, je clique sur "Poster !".


Esther2.0,

Nous avons le regret de vous annoncer que vous ne pouvez pas envoyer cette vidéo sur la page "Concours". Nous vous rappelons également que vous avez déjà posté une vidéo et qu'il est interdit d'en tourner plus d'une par semaine.


Je trésaille. Je n'ai posté aucune vidéo cette semaine ! Y-a-t-il une erreur ? Je regarde ma page et vois effectivement une vidéo, datée du vendredi vingt-neuf juin. Donc, d'hier.


Je clique sur Play et...




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