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Chapitre 1


Cela fait longtemps que je fixe cette porte bleue, assise sur un siège peu confortable en compagnie de nombreuses filles de mon âge, ayant l'air aussi ennuyé que moi. Je scrute le cadran de ma montre, dont le trajet des aiguilles me paraît aujourd'hui trop lent. Quinze heures et sept minutes. Cela fait donc deux heures que j'attends dans cette minuscule pièce aux murs blancs et mal isolés, essayant de répandre un peu de chaleur à l'aide du souffle de mes lèvres sur mes mains gelées. En temps normal, je serais déjà partie, me disant que, tant pis, une autre occasion se présenterait. Mais le rendez-vous d'aujourd'hui est le rendez-vous de ma vie. Je ne peux pas me permettre de le manquer.

-Suivante ! crie une voix autoritaire provenant de derrière la porte bleue.

Un immense sourire se dessine sur mon visage lorsque la porte s'ouvre enfin. Un homme apparaît dans l'embrasure de la porte et annonce :

"Numéro soixante-sept !"

Je décide dès cet instant de classer ces deux mots dans les phrases les plus belles que j'aie jamais entendu de ma vie.

Je me lève, les jambes flageolantes. Peut-être tremblent-elles à cause du froid qui se repend dans le couloir, ou bien à cause du stress qui m'envahit. Les autres filles lèvent la tête pour me regarder, les yeux remplis d'envie en voyant la chance que j'ai de passer la porte bleue pour arriver au rendez-vous si attendu. Aucune ne m'encourage ou m'adresse un petit mot gentil. Ici, c'est chacun pour soi.

Une femme aux cheveux blonds tirés en un chignon sévère me fait face, assise derrière une table à côté d'un homme portant une casquette "Star Wars", dont la moitié du visage est cachée derrière une barbe grise et épaisse.

-Bonjour, je murmure d'une voix que j'espère assurée.

La femme chuchote un vague "bonjour" du bout des lèvres, n'essayant même pas d'avoir l'air aimable. Peut-être en a-t-elle marre de saluer pour la soixante-septième fois.

L'homme à côté d'elle me demande de sortir mon texte et de commencer quand je le souhaite. Tandis que je fouille dans ma veste toute bariolée achetée dans une brocante, je l'observe en train d'écrire des commentaires dans un tableau et cocher des cases. Il barre des noms, un à un, la mine renfrognée. Je comprends alors qu'aucune candidate ne leur plait.

Je sors enfin le scénario de ma poche. Je l'ai tellement lu et relu qu'il est tout froissé et déchiré. Je déplie la boule de papier rapidement tandis que les deux personnes scrutent d'un regard dégoûté mes vêtements achetés d'occasion et mes cheveux gras que je n'ai pas eu le temps de laver.

Je compte doucement cinq secondes et je commence.

J'interprète une adolescente du dix-neuvième siècle sûre d'elle, pleine de convictions et d'espoir, qui va révolutionner le monde de la littérature en écrivant des textes poétiques et dont les citations vont devenir célèbres dans le monde entier. C'est le personnage principal du film qui devrait être le plus grand évènement de l'année et de nombreuses actrices américaines et françaises célèbres dans le monde entier joueront les seconds rôles. Je ne peux pas rater cette occasion !

Je passe du rire au larmes, je murmure des mots tout bas, je crie au désespoir, j'éclate de rire, je danse, même. Je me sens libre, je pénètre dans l'esprit d'une fille que je trouve sincère et attachante, une fille que j'admire et que je voudrais devenir. Une fille dont je revêtais le costume chaque soir dans ma chambre, à la lueur d'une lampe torche, quand je m'entraînais pour ce rendez-vous, ce rendez-vous que j'attendais depuis si longtemps.

Les dix minutes sont terminées. Je m'arrête brusquement, reprends mon souffle et me rappelle que je ne suis pas toute seule dans la salle. J'ose croiser le regard de la femme et de l'homme qui se tiennent devant moi. Cette fois, ils me dévisagent comme si je m'étais métamorphosée. Ils s'échangent des mots en chuchotant, se contredisent et se disputent. J'ose dire le mot qui me brûlait les lèvres depuis la fin de mon interprétation.

-Alors ?

La femme déclare d'une voix grave :

-Nous sommes désolés, mais nous remarquons que tu n'as pas le physique demandé. Les spectateurs ne voudront jamais voir une adolescente aussi petite et droite comme un balai. Ils demandent une fille grande, à l'allure féminine et à la plastique parfaite. Ta performance n'est pas mauvaise mais nous pensons que jamais le film ne se vendra si l'actrice ne ressemble pas assez au personnage.

Sa déclaration manque de m'étouffer. Comment ose-t-elle ?

-Mais... S'il n'y a que le physique qui cloche, je peux me refaire une teinture ! Me laisser pousser les cheveux, me maquiller, me rajouter des faux-cils, trouver un autre style ! Beaucoup d'actrices se transforment pour ressembler à leur personnage ! Et puis, je...

-Nous ne sommes pas emballés à l'idée de te prendre, me coupe l'homme. Tu as sûrement beaucoup de talent, mais pas assez pour un film aussi important que celui-ci. Par conséquent, pourrais-tu avoir l'obligeance de regagner la salle d'attente ?

Et l'homme de tout-à-l'heure me raccompagne de l'autre côté de la porte bleue tant rêvée. Je cours rejoindre la sortie du bâtiment, entendant au loin sa voix crier :

-Numéros soixante-huit !

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