Chapitre 3 : Et naquit la vie
Shāmò, installé dans l'une des contrées arides, semblait dépité de ce qui se trouvait devant ses yeux. Du sable à perte de vue, aucune végétation, rien. Shān possédait des arbres magnifiques, avait inventé des animaux extraordinaires, qu'il avait nommé bouquetins, marmottes, ours ou encore puma, qui s'adaptaient à merveille à ce climat particulier et cette topographie qui plaisait. Căodì prenait plaisir à se promener dans son monde légèrement vallonné, au milieu de fleurs fantastiques aux mille couleurs et de bêtes très belles, qui, selon les lieux, pouvaient être des lièvres, des zèbres ou encore des élans. Shuāng, malgré le gel qui l'entourait, était parvenu à créer des êtres intrigants, comme des ours polaires au pelage blanc comme la neige, des caribous aux cornes démesurées, ou des harfangs des neiges au vol sublime. Yáng et Hăi possédaient des fonds marins fantastiques, des coraux extraordinaires, des animaux d'une taille phénoménale, les plus grands de la Terre, les baleines avec leurs chants ou les dauphins et leurs sauts. Huŏshān, même si ses zones étaient explosives, prenait plaisir à observer ses volcans entrer en éruption et la lave bouillir devant lui.
Mais lui, Shāmò, avait eu beau tenter de créer des plantes ou des bêtes, rien ne parvenait à résister au manque d'humidité de son territoire. Excédé par le nombre d'années non fructueuses, déçu de ne parvenir à rien, quelques gouttes d'eau tombèrent de son âme, humidifiant le sable. Intrigué, contemplant les dunes qui absorbaient le liquide, il n'entendit pas Terre venir près de lui.
- Je pense que tu as trouvé la réponse à ton problème, Shāmò. Rien ne peut vivre sans eau.
- Mais je ne peux pas créer les précipitations...
- Alors, je le ferai pour toi.
Terre tenu parole et créa des précipitations, comme les rosées matinales et Shāmò, patient, attendit quelques années avant de reprendre ses tentatives. Jaloux durant trop longtemps des plantes au milieu desquelles les autres divinités se promenaient, il inventa des cactus, dont les épines sèches les protégeaient des rayons du soleil et qui ne perdaient pas d'eau par évaporation, contrairement aux feuilles. Il permit aux créosotiers de fabriquer des composés chimiques toxiques empêchant à d'autres plantes de pousser près d'eux afin de garder un maximum d'eau. Pour d'autres arbres, comme les mesquites, il leur fit des racines d'une trentaine de mètres pivotantes, leur permettant ainsi d'atteindre le liquide des nappes phréatiques, créées par l'accumulation des précipitations dans les sous-sols arides.
Les autres déesses et dieux vinrent contempler son œuvre et il en était fier. Shāmò était parvenu à créer des plantes xérophytes, adaptées aux milieux arides, ce qui ne semblait pas simple au premier abord. Alors, la divinité du désert ne voulut pas s'arrêter en si bon chemin. Certes, se balader au milieu de ces plantes était agréable, mais il souhaitait une autre forme de vie, qui bougerait et dont il pourrait suivre les aventures. Il réfléchit alors à ce dont les animaux pourraient avoir besoin pour vivre dans ce monde que les quelques précipitations avaient certes rendu moins hostile, mais qui le restait encore trop. Il créa en premier des bêtes qui seraient nomades, et donc pourraient rejoindre, au besoin, les terres de Căodì. L'autruche fut donc la première de toute. Puis, il fit en sorte que les reins d'un animal préviennent la perte d'eau, et que la température de son corps augmente pour éviter la transpiration, ce qui permettrait donc à ce qu'il nomma « oryx algazelles » de survivre sans eau pendant de longues semaines. Multipliant les stratagèmes, il fit en sorte que le chameau et le dromadaire aient des réserves de graisses, que la gerboise vive la nuit ou encore que le souslik jaune puisse être en léthargie durant l'estivation.
- Shāmò, fais-moi visiter ton œuvre, demanda Terre, un matin.
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