15.
Après nous être préparées, nous courions vers la salle de sport en vitesse.
« Vite, Lalisa ! me pressa Jennie. On risque d'être en retard ! »
À cause de Miyeon, nous allions être en retard ! Est-ce qu'elle le faisait exprès ? Pourquoi est-ce qu'elle me détestait ?
Nous prîmes l'ascenseur et descendîmes au cinquième étage. A l'intérieur, Jennie se mit ses mains sur son visage, très nerveuse et apeurée.
« Si on arrive en retard, on est fichues . . . »
Elle avait tellement peur ! La pauvre tremblait de tous ses membres. Je n'osai même pas lui demander ce qu'il allait arriver si c'était le cas . . . Le fait qu'elle fusse terrifiée m'en donnait déjà une approche. Je craignais le pire. La tension montait. Mon estomac se noua de plus en plus.
Désormais, je tremblai à mon tour. Ma respiration était lente et profonde. Pourquoi avais-je si peur, alors que j'étais nouvelle ? Je ne connaissais pas très bien les règles, ici. Peut-être c'était mon instinct qui réagissait. J'avais horreur d'un avenir imprévisible. . .
Une fois sorties de l'ascenseur, chaque pas vers la salle de sport empirait mon cas.
Arrivées devant une grande porte en bois, Jennie et moi nous regardâmes avec anxiété. Nous prîmes une grande inspiration et nous ouvrîmes la porte.
La salle était immense ! Partout, il y avait plein de machines dont j'ignorais l'utilisation. Tout était luisant, propre et luxueux. Le sol était si étincelant qu'on pouvait y voir nos reflet ! C'était un parquet couleur bois ; les murs étaient couleur crème avec des fenêtres coulissantes blanches.
À notre gauche, une vingtaine de filles était alignée devant un grand miroir, collé au mur. Elles s'entraînaient et étaient transpirantes.
Un homme se tenait face à elles, les mains derrières le dos. Il devait avoir la vingtaine : il était très musclé et grand, et il avait des épaules larges.
Lorsqu'il sentit notre présence, il se retourna brusquement et se dirigea rapidement vers nous, visiblement en colère. Il avait un visage sévère et carré, et pourtant parfait : de grands yeux bridés, des cheveux courts, noirs et raides, des lèvres fines roses et des sourcils épais et bien tracés.
Il s'approcha de nous d'un pas vif et se tint face à nous. Sa carrure imposante m'impressionnait.
« Désolées pour le retard, Coach ! s'excusa Jennie en s'inclinant, ce que j'imitai. Coach, s'il vous plaît . . . Lalisa est nouvelle et . . . »
L'homme ne la laissa pas terminer sa phrase, et c'était avec horreur que je le vis la saisir par les cheveux et effectuer des mouvements circulaires. Jennie hurlait de douleur.
« Ferme ta bouche ! répliqua le coach. Vous n'avez aucune excuse : on vient PILEÀ L'HEURE ! Tu n'as pas compris, fainéante ? »
Je baissai la tête, terrifiée et les larmes aux yeux. Oh ! Comme j'aurais voulu venir en aide à mon amie, mais mes membres refusaient de bouger. J'étais faible. C'était comme avec mon père, je n'avais pas pu lui porter secours face à Yang Hyun-suk.
Il avait raison, pour une fois : j'étais vraiment faible.
Comme si ça ne lui était pas suffisant, le coach frappa Jennie au visage et elle s'écroula par terre : un filet de sang coula de sa lèvre inférieure. Je ne pouvais me demander qu'une chose : qu'allait-il m'arriver, à moi ? J'en redoutais la réponse.
Jennie, toujours au sol, tenait sa joue avec douleur. Lorsque je vis le coach venir vers moi, rouge de colère, je regardai toute mon insignifiante vie défiler devant moi. Je tremblai, j'évitai son regard à tout prix.
À la vitesse de l'éclair, il m'asséna une grande claque au visage. Le coup était si puissant qu'il me vit valser et je m'effondrai au sol. L'homme s'accroupit près de moi, saisit ma queue-de-cheval et me bouscula en arrière.
« Tu ne dois jamais, JAMAIS être en retard, me dit-il d'une voix menaçante.
— Ou . . . Oui, monsieur . . . balbutiai-je, la mâchoire serrée, à cause de la douleur. »
Puis, il me lâcha brusquement. Il rejoignit les filles qui s'entraînaient tout à l'heure et nous annonça, le dos tourné :
« Votre journée se terminera à vingt-trois heures. Entre cette heure-là et minuit, vous me rejoindrez dans le terrain, derrière l'agence. Je vais vous montrer, moi. Mettez-vous en position !! Vous avez manquer les étirements, tant pis pour vous : vous aurez des déchirures musculaires et courbatures ! Ça vous apprendra ! »
Je remarquai, parmi la ribambelle de filles, Miyeon, qui esquissait un petit sourireaux lèvres et me fixait malicieusement, tout en faisant son exercice physique. Je lafixai, à mon tour, avec la plus grande haine.
Tout ça, c'était uniquement de sa faute si on était arrivées en retard ! Je lui avais faitson lit, rangé mes affaires qu'elle avait volontairement renversé...
Je la haïssais. Moi qui aimait tout le monde , je m'habituais à détester les gens . . . Est-ce que je changeais ? Non. C'était normal de détester quelqu'un qui vous aurait fait du mal, non ? Tout comme Yang Hyun-suk. Et le coach, du coup. Avec Miyeon, ils étaient sur ma liste noire . . .
Jennie se releva péniblement et m'aida à me lever, en souriant. Cette fille était vraiment incroyable : elle était timide, mais gentille et attentionnée. Je ne pouvais même pas la regarder dans les yeux, honteuse de ne pas l'avoir aidée.
C'était à elle que ce monstre avait arraché les cheveux, c'était elle qui était blessée à la lèvre, mais elle s'était vite levée dans l'intention de m'aider.
Nous nous plaçâmes alignées avec les autres filles. Elles transpiraient tellement ! Elles respiraient lourdement, le visage rouge et humide. Visiblement, elles n'en pouvaient plus et pourtant, elles se tenaient au garde-à-vous, comme des militaires.
« Allez ! Bande de fainéantes ! Ce n'est pas compliqué, les pompes ! Vous voulez débuter ou pas ? Dans ce cas, va falloir maigrir ! gronda l'entraîneur. »
Je n'avais jamais fait de sport de ma vie. Je courais souvent, mangeais peu et faisais du vélo tous les jours, donc je ne voyais pas trop l'utilité d'en pratiquer . . .
Au bout de cinq pompes, je n'en pouvais plus. Je m'écroulais au sol.
Le coach me fixait, les yeux grands ouverts. Il s'approcha vers moi.
« Lève-toi, m'ordonna-t-il d'un ton menaçant. »
Je me levai en baissant la tête, angoissée. Tout à coup, il m'asséna un puissant coup de poing dans le ventre. Je m'effondrai par terre et me tortillai de tous les côtés, tellement la douleur était forte. Je n'arrivai presque plus à respirer.
« QUI T'A DIT QUE TU POUVAIS T'ARRÊTER ?! hurla mon coach. »
Je ne pouvais pas lui répondre. Son coup avait été si violent !
« Tu ne dois jamais t'arrêter, reprit-il, toujours en me menaçant. Sauf si c'est moi qui t'en donne la permission. Remets-toi vite en position. »
Je m'exécutai avec difficulté.
J'en avais conclu que ce serait très dur. Je ne pensais pas que ce serait aussi pénible ! Je voulais rentrer chez mes parents ! Mes larmes se mélangeaient avec la sueur qui coulait sur mon visage.
Pendant un instant, j'avais détesté mes parents. Pourquoi avaient-ils demandé de l'argent à ce sadique ? Même si on allait être plus pauvre et qu'on allait perdre notre restaurant, ils auraient pu préférer garder leur fille unique auprès d'eux ! De ne pas prendre le risque de me perdre !
Mais cette haine envers mes parents disparut aussitôt, ils avaient sûrement fait ce qui leur avait paru être le meilleur choix. Ils voulaient simplement que je vive paisiblement, ils voulaient mon bonheur. Je m'en voulais d'avoir songé à les détester. Et ce fut la dernière fois que j'avais ressenti cela.
Mes pensées s'interrompirent brusquement par le hurlement d'une fille, juste à côté de moi. Cette fille avait un visage ovale, le teint rosé, de grands yeux noirs et bridés, des sourcils bien tracés, un petit nez, des lèvres pulpeuses et des cheveux mi-longs châtains attachés en queue-de-cheval.
Je continuais mes pompes tout en étant attentive à ce qu'il se passait.
Le coach lui renversa toute une bouteille d'eau sur la tête.
« Qui t'a dit de boire, Jinny ? la gronda-t-il en la transperçant du regard. »
Elle s'inclina devant le coach, en tremblant.
« Je suis désolée ! s'excusa-t-elle d'une voix aiguë. »
Le coach s'essuya le front, exténué et exaspéré.
« À l'heure du déjeuner, tu reviendras ici avec Lalisa. Je vais vous montrer le respect, l'obéissance et l'endurance. Retourne faire tes pompes !
— Oui, monsieur ! confirma-t-elle en allant se replacer. »
Nous avions achevé cinquante pompes quand le coach nous demanda enfin d'arrêter.
« Vous savez combien de pompes faisaient les 2NE1, pendant leur période de trainee ? interrogea-t-il en passant devant chacune d'entre nous. Cent-cinquante. CENT-CINQUANTE ! Vous ne valez absolument rien. Vous devriez essuyer leurs fesses, tellement elles vous sont supérieures ! Bande de grosses empâtées. On continue ! On va travailler le cardio'. Faites des Jumping Jacks ! »
J'observais rapidement comment les filles s'y prenaient et je les imitai.
Personne n'étaient en surpoids, ici. Je ne voyais pas pourquoi il nous appelait comme tel. Ça me faisait mal. On ne m'avait jamais traitée comme de cette façon.
J'étais épuisée.
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