Chapitre III
Si vous voulez, vous pouvez écouter Hey Mama de Nicki Minaj, Bebe Rexha et Afrojack à partir des signes **, afin de mieux vous immerger dans l'ambiance !
Bonne lecture <3
*
Mes jambes me lançaient, et je ressentais une douleur sourde là où un point de côté avait pris sa place. Des branches me fouettaient le corps, et j'étais sûr que mes vêtements étaient déchirés, au même titre que mon épiderme. Je voulais à tout prix m'arrêter et reprendre mon souffle, mais je ne voulais pas que la chose me rattrape. Car je savais à présent qu'elle me suivait, et que si elle m'attrapait, j'étais fichu. Par contre, je n'avais aucune idée de où j'allais, peut-être que je m'enfonçais de plus en plus profondément dans la Forêt, ou peut-être que je me dirigeais vers la sortie. Mais j'espérais de tout cœur trouver une issue, un moyen d'échapper à cette chose.
J'avais l'impression que j'allais m'écrouler à chaque instant. La douleur était horrible. Je n'en pouvais plus. La durée de ma course m'échappait, je n'avais plus la notion du temps. Je sentais que mon rythme ralentissait peu à peu, mais je me forçais à tenir bon. Et si la chose m'attrapait, qu'allait-elle faire ? Me tuer ? Me torturer ?
Je n'en savais rien, et je ne voulais pas le savoir.
Le sang s'écoulait de mon bras, je le sentais, mais je n'y fis pas attention sur le moment. Je le ferai plus tard, quand je ne serai pas en danger de mort.
Soudain, un cri strident et aigu au possible résonna dans la forêt, et j'eus la certitude que cela venait de la chose. J'accélérai instantanément.
Par tous les dieux, faites que je m'en sorte vivant.
Et même si je ne croyais pas en eux, j'eus à cet instant l'impression qu'il y avait peut-être une infime possibilité qu'ils existent, parce qu'un rayon de luminosité attrapa mon regard. Je plissai les yeux afin de tenter de mieux voir d'où cela venait, et je vis une sorte d'ouverture entre deux arbres.
C'était la sortie.
Peut-être n'allait-elle pas me suivre à l'extérieur ? Je priai pour cela.
Mes pieds me portèrent à toute vitesse vers la sortie, alors que j'entendis subitement quelque chose à ma gauche. Je pris le risque de regarder dans cette direction, qui se trouvait légèrement derrière moi, et le regrettai presque tout de suite.
C'était la main grise et griffue qui se plantait dans les troncs d'arbres, pas loin de moi. Je ne voyais pourtant aucun corps rattaché à cette main, mais elle se rapprochait inexorablement de moi.
La terreur provoquée par cette pensée me donna un booste d'adrénaline et je pris plus de vitesse. La vision de la sortie devenait plus proche au fil de mes pas, jusqu'à n'être qu'à seulement quelques mètres. Mes forces étaient à deux doigts de m'abandonner, je ne sentais plus mes muscles tant ils me faisaient mal, et le souffle me manquait. Lorsque je passai dans la lumière, sortant de la forêt, je ne pus continuer, et je m'écroulai à terre, mon corps roulant sur le sol quelques secondes. Mais je n'oubliai pas pour autant la chose. Je me retournai face à elle, et vis la main se poser sur un tronc qui était baigné de rayons, mais elle se retira aussitôt avec un cri aigu qui me fit si mal aux oreilles que j'y posai mes mains, et elle disparut sans plus tarder. J'observai les environs quelques instants. J'avais peur qu'elle réapparaisse d'un coup pour se jeter sur moi, mais je ne la revis pas. Je me relevai alors, bien que l'appréhension ne me quittait pas. Je baissai les yeux et grimaçai aussitôt ; si ma tenue était auparavant sale, après ma roulade sur le sol, elle était irrécupérable. Et je n'osai même pas passer une main dans mes cheveux. J'eus une sensation de brûlure aux yeux, certainement dû à la terre qui s'était levée après mon passage, ainsi, tout en me les frottant, je me retournai, mais un cri m'échappa au même instant. Il y avait un homme, assis sur le capot d'un pick-up, qui semblait m'observer depuis un petit moment. Son visage était celui d'un homme mature, peut-être même plus que moi, mais il semblait avoir la taille d'un enfant.
Qu'est-ce qu'il faisait là ? Était-ce un terrain privé ?
Et bien que cette option me paraissait invraisemblable, car qui habiterait ici ? Je me détournai, prêt à prendre une autre direction. Être enfermé une fois de plus pour violation de propriété privée était la dernière chose que je souhaitais. Mais une voix m'interrompit.
« Jungkook ! »
Cette voix me donna une sensation de déjà-vu, mais j'eus beau chercher dans ma mémoire, je ne trouvai aucun souvenir dans lequel elle apparaissait. Je me tournai alors vers son origine, et fis face à un homme dont la beauté m'éblouit.
Plus petit que moi, ses cheveux blonds tombaient gracieusement sur son front et en un coup d'œil, j'étais sûr qu'il pouvait attirer l'attention de n'importe qui. Peut-être pour son visage aux formes presque parfaites, angéliques, peut-être son regard sombre hypnotisant, ou encore pour ses lèvres pulpeuses. Et sa voix un peu plus aiguë que la plupart des hommes et terriblement douce faisait de lui l'être le plus magnifique qu'il m'avait été donné de voir.
Je remarquai que ses yeux parcouraient aussi mes traits, avant qu'un sourire qui transpirait la gentille ne se forme sur son visage.
« Tu voudrais peut-être boire ? Ou manger ? »
Sa phrase eut le mérite de me sortir de mes pensées.
« Pourquoi ? Comment je peux savoir que ce n'est pas empoisonné ? Je viens à peine de te rencontrer. »
Il eut l'air étonné de mes paroles.
« Je ne vois pas quel intérêt aurais-je de t'empoisonner. Comme tu l'as dit, nous venons de nous rencontrer. »
Je jetai un coup d'œil derrière moi, vers la forêt. Après tout, je n'avais nulle part où aller, et je ne voulais certainement pas y retourner. Et il me proposait à manger et à boire, ce dont j'avais grand besoin. Je n'avais d'autre choix que d'accepter ce qu'il me proposait.
Ainsi, je hochai la tête, ce qui dessina un sourire sur le visage du blond. Ce dernier me tendit une main, que je pris dans une des miennes.
« Je m'appelle Jimin ! »
Je lui rendis un faible sourire.
« Jungkook. »
Jimin me lâcha et partit vers la voiture, et je remarquai avec légère gêne que l'homme assis sur le véhicule nous avait observé depuis le début. Je détournai les yeux et passai une main sur ma nuque. Et comme pour ajouter à mon embarras, mon ventre gargouilla soudainement. J'y posai une main, alors que je sentais mes joues brûler.
Par tous les dieux, c'était si embarrassant.
J'entendis Jimin rire de là où il était penché vers le coffre ouvert, et j'eus alors la preuve que le ridicule ne tuait pas, mais faisait suer à grosses gouttes. Au même moment, le blond se redressa, gourde et fruits en mains, puis il se dirigea vers moi. Il me tendit ce qu'il avait, et que je pris sans plus attendre. La gourde était déjà ouverte, je la portai ainsi sans tarder jusqu'à ma bouche. Je sentis l'eau froide glisser le long de ma gorge et cela me fit un bien fou. C'était une des meilleures sensations. Lorsque j'arrêtai de boire, je me rendis compte que j'avais vidé près de la moitié de la bouteille.
« Tu as fini de boire ? »
Je relevai les yeux vers Jimin puis fit un petit hochement de tête, tandis que ce dernier reprenait la gourde et la remettait dans le coffre. Le fruit dans mes mains attira mon attention, et je découvris ainsi que c'était une pomme.
Miam.
Alors que je m'apprêtai à croquer dedans, le blond reprit la parole.
« Tu la manges puis on démarre. »
Je levai un regard plein d'interrogation sur lui.
« Je pars avec vous ? Pourquoi ? Et on part où ? »
Le sourire en coin qu'il m'adressa fit rougir mes joues. Je n'avais pas l'intention de l'ensevelir sous les questions, mais je nageais pour l'instant en pleine incompréhension. Après tout, nous venions à peine de nous rencontrer qu'il me donnait des vivres et qu'il me proposait de partir avec eux, alors que tout ce que nous connaissions l'un de l'autre était nos prénoms.
Je ne connaissais même pas celui de l'autre homme.
Cette fois-ci, ce fut Jimin qui parut embarrassé.
« Il est vrai que ça peut paraître bizarre, mais disons que j'aime aider les gens, et toi, tu sembles en avoir bien besoin. »
Ce qu'il disait ne semblait pas faux, mais tout de même, aider quelqu'un qu'on connaissait à peine...
Cela me semblait bizarre.
Et Jimin dut le comprendre, car il rajouta :
« Puis de toute façon, tu as un endroit où aller ? Le prochain village est à des heures, à pied. »
J'étais bien conscient que je n'avais d'autre option que de partir avec lui. Puis il n'avait pas l'air méchant, même si je savais que les apparences pouvaient être trompeuses.
Avant que mon courage ne me quitte, je commençai à manger, pendant que les deux autres faisaient je ne savais quoi dans le coffre. Quand j'eus fini, je laissai le trognon à terre et partit les rejoindre. Je m'approchai avec hésitation, car je n'avais pas envie de les déranger, mais Jimin remarqua que j'avais fini et me montra le siège passager du doigt.
« Tu peux aller t'asseoir, nous avons bientôt fini. »
Lorsque je passai à côté d'eux, je jetai un petit coup d'œil à ce qu'ils faisaient, et je vis alors que le coffre était rempli de vivres. Sûrement que c'était pour leur village, mais normalement, c'était des gardes qui venaient livrer, et ces deux-là ne semblaient pas être des gardes.
Bizarre.
Je me posai sur le siège et fermai la portière, tandis que je les entendais parler entre eux, assez fort pour que j'en sois conscient, mais trop bas pour que je comprenne ce qu'ils disaient.
Étonnement, la pomme avait suffi pour assouvir ma faim. Peut-être que le peu de nourriture que j'avais en prison avait réduit mon appétit.
Avec un léger soupir, j'appuyai le dos de ma tête contre l'appui-tête et une immense fatigue m'envahit aussitôt. J'avais beau avoir dormi dans la forêt, les évènements s'enchaînaient, et mon corps ne savait pas suivre. Je n'avais qu'une hâte : me retrouver dans un bon lit douillet et dormir autant que je voulais.
Deux portières claquèrent et je vis Jimin s'asseoir sur le siège conducteur. Il referma sa porte et tourna les clés qui se trouvaient déjà dans le trou. Je me tournai légèrement et remarquai que l'autre homme s'était mis sur la place juste derrière moi. Je croisai quelques secondes son regard et me remit instantanément dans ma position initiale. Subitement, le blond démarra et je grimaçai, avant de m'accrocher aux bords de mon siège sous la vitesse à laquelle ce dernier roulait. J'eus presque peur de lâcher mes prises, mais j'étais obligé de le faire afin de mettre ma ceinture. Je le fis très rapidement et enroula une main autour de la poignée au-dessus de la portière.
Jimin avait démarré sous les chapeaux de roues et s'éloignait ainsi de la forêt à toute vitesse. Je ne pus d'ailleurs m'empêcher de jeter un coup d'œil en arrière, en direction de la mer de feuilles. Même si je ne voyais d'autre solution que de le suivre, ce n'était pas pour autant que je n'avais pas peur d'où il m'emmenait. Peut-être était-il vraiment quelqu'un qui aidait les autres, mais peut-être qu'il était un criminel qui kidnappait ceux qui étaient seuls dans le but de les tuer ou de les torturer. Car après tout, si je mourrais, qui en serait triste ? Qui serait au courant ?
Personne. Il n'y avait personne qui construirait une tombe à mon nom et qui irait la décorer de fleurs. Personne qui pleurerait ma mort.
Personne.
Cette réalisation me causa une douleur dans la poitrine et ma gorge se serra, mais je m'efforçai de cacher mon état, car je ne voulais pas me mettre à pleurer devant un inconnu.
Les chemins par lesquels nous passions étaient cabossés, mais cela n'empêcha pas le conducteur de rouler à toute vitesse, ce qui soulevait la voiture de quelques centimètres, et j'avais l'impression que mon estomac en faisait de même.
Les vitres étaient ouvertes, ce qui fit virevolter nos cheveux dans tous les sens, et si cela m'énervait de les remettre à leur place à chaque fois, cela rendit Jimin indifférent, alors qu'il était celui qui devait avoir une vision claire. La façon dont il continuait à rouler sans problème était un réel mystère pour moi. Enfin, c'était vrai que nous étions dans une sorte d'immense plaine pratiquement desséchée et vide d'arbres ou de bâtiments. Aucune habitation n'était en vue, le terrain jaune s'étendait à perte de vue. J'avais beau regarder dans tous les sens, mes mains tenant mes cheveux sur les côtés de mon visage, je ne vis que la terre, bien qu'il faisait sombre.
Ce paysage ne fit que confirmer ce que je savais déjà.
J'étais sorti de prison.
Enfin.
Après avoir passé presque cinq années dans ce bâtiment fait de béton froid, je n'y étais plus.
Mais la pensée de Min-hyuk laissé derrière moi s'imposa violemment à moi.
Je n'étais pas vraiment du genre à laisser couler les larmes. J'avais appris à mes dépends que les gens se servaient de la moindre petite faiblesse qu'ils voyaient afin d'humilier les autres et de les mettre plus bas que terre.
Alors je ne pleurai pas. Bien que l'envie était présente, la colère prenait bien plus de place. Je ne savais pas ce qui était arrivé à Min-hyuk, mais je savais qu'il n'avait pas été laissé sans punition.
Être laissé dans la méconnaissance était pire que tout.
Et pour la cantinière, je ne savais ni pourquoi elle m'avait aidé, ni ce qui lui était arrivé par la suite.
Plongé dans mes pensées, je ne me rendis pas compte tout de suite que mon corps tout entier s'était tendu. Mais Jimin se fit une joie de me poser des questions.
« Qu'est-ce qui se passe dans ta jolie petite tête ? »
Je n'avais évidemment pas envie de lui en parler, alors j'haussai les épaules d'une manière, je l'espérais, désinvolte.
« Rien d'intéressant. »
*
Alors que j'étais profondément endormi, je sentis mon bras se faire secouer sans douceur. Dans un premier temps, je ne voulus pas me réveiller, mais sous l'insistance de l'autre personne, je dus finalement me résigner. J'ouvris lentement les yeux, mais j'eus un violent sursaut lorsque je fis face au visage de Jimin, qui était à quelques centimètres du mien. Celui-ci ne fit que rire avant de redescendre du véhicule, alors que je grommelais à voix basse. J'étais encore engourdi par le sommeil, et j'avais besoin de quelques instants pour retrouver mes esprits. Je me frottai vigoureusement les yeux et descendis à mon tour avant de claquer la portière. Je vis Jimin faire le tour du véhicule et se mettre de mon côté, alors je me retournai et le rejoignis.
En face de nous se trouvaient des façades arrières de petites maisons en pierre sombre. Le village semblait être en cercle, bien que je ne puisse pas vraiment en être sûr. Au milieu de deux habitations, il y avait une étroite ruelle. C'était l'unique chemin présent, car les autres maisons étaient collées les unes aux autres. Mais la petite rue semblait menaçante sous les ténèbres de la nuit.
Le blond s'avança, je le suivis donc, mais je me rendis compte que l'autre homme n'était pas avec nous. Nous entrâmes dans la ruelle et elle semblait encore plus étroite que de l'extérieur, je compris ainsi pourquoi nous avions laissé la voiture dehors.
Après cinq-dix minutes de marche, nous arrivâmes enfin à l'intérieur du hameau. Les maisons étaient effectivement en cercle, certaines positionnées devant d'autres, et une bâtisse plus haute et plus large que les autres était au centre.
C'était sûrement celle du chef.
Elle était construite à côté d'un arbre imposant, dont les longues feuilles retombaient, mais je ne pus voir d'autres détails à cause de la nuit.
« Où vais-je dormir ? »
Jimin tourna des yeux surpris vers moi, il avait semblé perdu dans ses pensées, sûrement donc que ma voix l'en avait sorti. Il m'offrit un sourire amusé.
« Nous verrons cela plus tard. Désolé de te dire ça, Jungkook, mais tu ne vas pas encore pouvoir dormir dans un lit. »
Ce fut à mon tour d'être surpris.
Allais-je dormir dans une paillasse, dans une grange ou quelque chose comme cela ? J'espérais que non.
Nous ne dîmes plus rien, alors qu'il me conduisait vers une des maisons. Il ouvrit la porte et y entra. Nous traversâmes plusieurs pièces, avant d'arriver à la cuisine, où se trouvait une porte en bois qui semblait donner sur l'extérieur. Avec une clé que Jimin sortit de sa poche arrière, il la déverrouilla et la tint afin que je passe avant lui. Il la verrouilla lorsque nous fûmes dehors, et je ne comprenais pas pourquoi nous ressortions après être entrés, mais je continuais tout de même de le suivre. Pour tenter d'avoir une réponse, je lançai un regard interrogatif au blond, mais celui-ci me fit un clin d'œil sans donner de réponses. Je le suivis après avoir jeté un coup d'œil en direction de la maison que nous venions de quitter. Si avant, j'étais simplement hésitant, je commençais, à présent, à ressentir de la peur. Je ne savais pas ce qu'il se passait, ni où allait Jimin. Et je me traitai d'idiot, car je le suivais, même si l'endroit où il m'emmenait était de plus en plus mystérieux.
Et maintenant que j'y faisais attention, je n'avais vu aucun habitants, dans le village. Mais peut-être qu'ils étaient simplement endormis.
Le regard baissé vers le sol, je priais pour que je ne percute pas quelque chose et que je trébuche devant Jimin. J'en aurais extrêmement honte.
Avançant ainsi, il fut surpris de ressentir une poigne sur mon bras qui me tira en arrière. Je faillis tomber, mais je me repris sur le torse du blond, et je m'excusai abondamment en louant les ténèbres qui cachaient mes rougeurs.
Durant quelques secondes, je gardais mes yeux emplis d'interrogation sur le blond, la main de celui-ci toujours sur mon bras. Je me rendis alors compte que Jimin s'était arrêté, et que j'avais été à deux doigts de trébucher dans des files barbelés.
« Merci... »
« À ton service ! »
Jimin longea les fils et s'arrêta devant une sorte de barrière. Il l'ouvrit et nous entrâmes dans ce qu'il semblait être un bois, trop petit pour être appelé forêt. Lorsqu'il y entra sans hésitation, j'en fut un peu surpris, et je le dévisageai quelques secondes avant d'hausser les épaules. Je le suivis et nous marchâmes entre les arbres qui semblaient plus menaçants, ainsi plongés dans l'obscurité. Et cette fois-ci, je fis attention d'éviter les obstacles.
**
Plus nous avancions et plus un bruit sourd se faisait entendre. Je tentais de tendre l'oreille, mais je ne percevais rien de plus. Le bruit était régulier et fort. Il semblait s'élever dans les airs, comme s'il n'y avait pas une mais plusieurs sources. Et, soudain, je compris de quoi il en retournait et mes yeux s'écarquillèrent.
Des tambours.
Des personnes tapaient sur des tambours, avec un rythme régulier, et les battements de mon cœur semblaient se mettre à leur rythme. Le chant des instruments semblait être accompagné de cris de personnes qui semblaient les encourager. Rapidement, le rythme s'incrusta dans ma tête.
Un instrument paraissait à part. Ses coups étaient plus rapides que les autres, et son éclat était plus fort.
« Ils ont déjà commencé ! Viens ! »
Jimin me tira à sa suite et nous courûmes toujours tout droit. Les échos des instruments devinrent plus bruyants, à tel point que je n'entendais plus que cela. Mes oreilles bourdonnaient et je sentais mon organe vital battre si fort que je me demandais s'il allait sortir de ma poitrine.
Nos pas accélérèrent sans qu'on ne s'en rende compte, galvanisés que nous étions par le chant des tambours. La sortie du bois s'offrit enfin à nos yeux, et nous en sortîmes en ralentissant notre course.
Je fus hypnotisé par ce qui apparut devant moi.
A ma gauche et à ma droite, des banderoles de couleur bordeaux flottaient au vent, devant elles, positionnés en demi-cercle, des hommes habillés tout en noirs tapaient sur les fameux cylindres. Au milieu et en face se tenait un tambourin plus gros que les autres, c'était celui-là qui jouait plus vite et plus fort. Entre le plus gros instrument et les deux garçons, plusieurs danseurs accompagnaient les musiciens. Tous les spectateurs étaient hypnotisés par les artistes. Dans le fond du terrain et derrière tout le monde se tenait une immense structure noire, à l'allure assez effrayante. Je décidai de ne pas m'y attarder dessus.
Mes yeux brillaient de millions d'étoiles, et j'oubliai instantanément toutes mes interrogations, je devins spectateur au même titre que les personnes à mes côtés.
Les danseurs étaient synchronisés, ce qui donnait une harmonie magique. Lorsque le rythme des tambours accélérait, leurs pas le faisaient aussi, lorsque la pulsation était plus lente, comme un chuchotement au creux de l'oreille, leur gestuelle devenait plus doucereuse. Mon souffle se coupa sans que je ne m'en rende compte, mes yeux s'écarquillèrent.
Soudainement, alors que je pensais que rien ne détournerait mon attention, un mouvement autre que les artistes attira mon regard. Je regardai à droite et vis quatre personnes habillées de capes qui marchaient en direction des spectateurs. Petit à petit, la musique ralentit, reflet des mouvements des danseurs, jusqu'à ce que tout le monde s'arrête. Les quatre personnes se dirigèrent en file indienne entre les artistes et spectateurs, et se mirent finalement l'un à côté de l'autre. Je ne pouvais pas voir leur visages, car ils étaient cachés par des capuches. Les capes étaient bordeaux, et les capuches étaient décorées de filaments de couleurs un peu plus foncées que les tenues. Les bavardages cessèrent, et tous regardèrent les nouveaux venus. En tournant la tête vers les personnes à mes côtés, j'aperçus du respect et de l'admiration sur leur faciès. Sûrement qu'ils étaient les chefs du village, ou quelque chose d'aussi important.
Je sentis du mouvement sur ma gauche, et je vis Jimin partir et se mettre à côté des quatre personnes. Le batteur du plus gros tambourin quitta son instrument et se mit lui aussi auprès d'eux. Sans le blond, j'avais l'impression d'être livré à moi-même, et je me tortillai dans l'espoir d'enlever la gêne qui avait commencé à s'installer en moi. Sans savoir pourquoi, l'admiration perceptible dans les yeux des autres et qui était presque maladive me mit mal à l'aise.
Jimin dut voir mon malaise, car il me fit un sourire rassurant.
Je le quittai des yeux pour les poser sur les autres, à commencer par le musicien. Celui-ci avait des cheveux foncés, certainement bruns. Malgré son apparence qui aurait pu passer pour banale, la joie qui émanait de lui semblait lui donner un charme hors du commun. Et je l'appréciai tout de suite en voyant son grand sourire et ses yeux bienveillants et pleins de chaleur.
Pour ceux à ses côtés, je ne pouvais toujours pas les voir, jusqu'à ce que celui à la troisième place en partant de la gauche ne redresse la tête et abaisse d'un coup de main sa capuche, et tous retinrent leur souffle face à son faciès plus que magnifique.
L'homme avait des cheveux étrangement blancs. Son sourire en coin laissait montrer une fossette, ce qui le rendait assez mignon. J'eus l'impression qu'il me regarda, mais ce fut un moment si court que je me demandai si je n'avais pas rêvé. Quoi qu'il en soit, l'homme observa les spectateurs, qui étaient toujours en train d'admirer la finesse de son visage et celle des deux autres qui n'avaient pas de capuche, et écarta légèrement ses bras.
« Nous sommes heureux de vous revoir pour notre rendez-vous hebdomadaire. Aujourd'hui, nous avons une grande nouvelle à vous annoncer. »
Les gens commencèrent à chuchoter, jusqu'à ce qu'ils se taisent lorsqu'une des personnes masquées leva légèrement le bras, avant de le rabaisser.
« Nous avons trouvé le fils tant attendu. »
A cette annonce, les gens furent encore plus agités, et cette fois-ci, personne ne les arrêta. Mais je restai figé sans comprendre ce qu'il se passait.
Quel fils ?
Pourquoi est-ce que j'étais là ?
Cette cérémonie semblait réservée aux habitants.
Puis rien ne me retenait, je pouvais partir.
Ainsi, je reculai un pied, puis l'autre, avant de me retourner complètement. Je poussai légèrement les autres afin de passer, car personne ne faisait attention à moi et qu'ils ne se bougeaient donc pas. Mais une pression sur mon bras me retint soudainement. Je me retournai, et vit Jimin me tenir avec sa main, les sourcils froncés.
« Où vas- tu ? »
Je me raclai la gorge et tentai de faire un sourire, bien que cela ressemblait sans doute plus à une grimace.
« Nul part. »
Je sus néanmoins que le blond n'était pas dupe, à en juger par sa prise sur mon bras qui se raffermit. Il me tira soudainement en arrière, et se dirigea vers les cinq personnes, dont trois étaient toujours masquées, tandis que je commençai à paniquer.
Pourquoi allions-nous auprès d'eux ? Je n'avais rien fait de mal !
Nous nous immobilisâmes devant les hommes et ceux-ci tournèrent lentement la tête dans notre direction. Sous leur regard, mon stress monta en flèche.
Celui qui semblait être le chef me dévisagea longuement, si longtemps que je crus qu'il n'allait jamais détourner les yeux. Jimin brisa le silence et me montra d'un geste de la main.
« Je vous présente Jungkook. »
L'homme aux cheveux blancs hocha lentement la tête et posa de nouveau de nouveau ses yeux sur moi, avant de me faire un sourire dont je ne compris pas la nature. Il me tendit une main que je pris après quelques secondes, hébété.
« Enchanté, Jungkook, je m'appelle Namjoon. »
*
Alors, qu'avez-vous pensé du chapitre ?
Prenez soin de vous <3
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