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Shooting Star


Sur la peau d'Arwen, il y a des planètes et c'est ce que voit Louise en premier. Elle avance, dans son sweat trop grand et son jean déchiré, et son regard ne quitte pas Arwen, qui est assise quelques mètres plus loin, dans le canapé. Elle n'a qu'un débardeur trop grand, qui ne la protège de rien, et il y a des planètes en haut de sa poitrine, des planètes qui devraient tourner mais qui sont figées à l'encre noire sur sa peau presque transparente.

Louise s'arrête en plein milieu de la pièce parce qu'elle ne sait pas si elle doit aller la voir ou non. Louise ne parle jamais à personne, et elle ne s'arrête pas normalement. Ici elle ne veut pas, parce qu'elle sait. Tout le monde est pareil, tout le monde est seul mais ce n'est pas une solitude que l'on veut combler, c'est une solitude maladive qui se suffit à elle même, une solitude que l'on ne doit pas approcher, tant elle est honteuse. Tous à se croiser, à se jeter des regards par en dessous, des sourires de connivence. Ils savent pourquoi ils sont là, ils savent ce qu'il ne va pas à l'intérieur d'eux mêmes, ils ne connaissent pas les détails mais ça n'a pas d'importance, ce qui compte c'est cet emballage à peine usé et pourtant déjà sale.

Arwen a l'air différente, parce qu'elle a des planètes sur sa peau et Louise s'approche. Elle s'assoit à côté d'elle, avec son livre sur les genoux et puis elle l'a regarde. Elle ne s'attend à rien et rien ne se passe mais Arwen respire un peu fort et elle pose son portable à plat sur sa cuisse puis elle regarde à son tour Louise et ses yeux sont très sombres et pleins d'une colère froide et figée qui n'a rien à voir avec la tristesse.

-Est ce que tu peux partir ?

Louise secoue la tête. Elle ne sait pas pourquoi mais ça lui fait du bien de se heurter à cette barrière, de se heurter aux mots coupants de Arwen. Elle avait presque oublié ce que ça faisait de se sentir misérable sous un regard parce que c'est comme ça que l'a regarde Arwen, elle a l'air de la haïr et Louise sourit.

-Non. Le canapé est à tout le monde.

Alors Arwen se lève et elle quitte la pièce. Louise s'allonge, elle regarde le plafond. Elle repense aux planètes et à la colère et elle se sent un peu mieux.


*


Louis est recroquevillée sur son lit. Son père vient d'appeller et elle a pleuré un peu. Il a dit qu'il viendrait la chercher un jour mais Louise sait que c'est faux, qu'il est trop loin et qu'il ne viendra jamais. En plus il ne sait pas où elle est, il ne sait pas qu'elle est partie de la maison, il ne sait pas qu'elle est toute seule dans des draps qui ne sentent rien, il ne sait pas pour les mots, pour la honte, il ne sait pas qu'elle n'est pas comme les autres, que quelque chose en elle ne va pas droit et n'est pas sain mais brûlé, oxidé, creusé. Mais c'est pas grave. Elle va aller mieux. Elle va finir ses études et trouver un travail, un logement. Elle va partir du Refuge.

On frappe à sa porte et elle ne répond rien. Elle fait comme si elle n'avait pas entendu mais ça ne marche pas, la porte s'ouvre et quelqu'un entre dans la pièce. Louise reste roulée en boule, elle ne bouge pas. Quelqu'un est juste derrière elle et elle sert très fort les paupières en espérant que la personne s'en aille parce que vraiment elle ne veut pas parler et NE ME TOUCHE PAS.

Louise se retourne d'un bond et c'est Arwen qui l'a regarde. Elle a l'air un peu surprise, presque choquée du geste de Louise qui tremble de larmes et de colère. De larmes de colère. Elle ne voulait pas que quelqu'un la voit comme ça. Surtout pas Arwen.

-Qu'est ce que tu fais là ?

-Je voulais savoir si tu avais un crayon, le mien ne marche plus.

Louise descend du lit et elle renverse son sac de cours sur le sol. Il y a tout qui s'éparpille, la trousse ouverte et les crayons qui roulent sur le sol. Arwen est debout et elle l'a regarde attraper un cahier et le balancer contre le mur et puis l'ouvrir et déchirer les feuilles. Louise a envie de crier sur Arwen parce qu'elle l'a dérangé mais elle ne sait pas faire ça alors elle déchire sa rage brouillonne dans les feuilles blanches et quand elle a assez tremblé et quand elle s'est enfin rendu compte du ridicule de la situation elle se laisse tomber contre le mur et elle se met à pleurer, la tête entre les mains. Entre ses larmes elle voit Arwen qui se penche et ramasse un crayon noir et qui dit merci et ferme la porte.


*


Arwen vient lui rendre le crayon une heure plus tard. Louise est assise par terre. Elle a tout rangé après s'être dessiné partout sur les bras. Elle a appuyé si fort avec la mine du crayon que parfois en plus d'être bleue elle est rouge aussi. Elle a dessiné des tourbillons et c'est comme si une tempête entière l'avait traversé pour marquer sa peau.

Arwen s'agenouille et elle prend son poignet entre ses bras. Elle a les mains froides et Louise ne dit rien, elle l'a laisse faire. Arwen caresse un peu les dessins, les ronds maladroits qui s'entrecroisent. Elle n'a plus l'air en colère et Louise se demande comme elle a fait parce que elle est toujours triste et que même en pleurant beaucoup ça ne passe jamais tout à fait, ça revient presque immédiatement et elle sent qu'elle pourrait sans doute pleurer toute sa vie.

-Tu vas devoir frotter pour que ça parte.

Louise hoche la tête. Ce n'est pas grave ça. Elle frotte toujours fort son corps, comme si elle pouvait le changer, comme si en le faisant saigner avec ses ongles il allait être soudain différent et plus beau et plus droit et un peu lumineux aussi.

-Oui.

-Pourquoi tu as fait ça ?

Louise ne répond pas et Arwen soupire un peu. Puis elle lâche son bras et elle se lève. Louise a envie de faire quelque chose de très puérile comme s'accrocher à ses jambes pour l'empêcher de partir mais à la place elle se tord les mains et sert très fort ses doigts.

-Je m'appelle Arwen.

Louise hoche la tête. Elle ne va pas lui dire qu'elle le savait déjà mais elle répond :

-Louise.

-Je sais.

Louis relève les yeux et quelque part elle a envie de rire mais elle ne le fait pas parce que ça fait trop longtemps qu'elle n'a pas ri alors elle prend juste la main que lui tend Arwen et elle se relève. Puis elle l'a suit jusqu'aux lavabos et ensemble elles frottent ses bras qui deviennent tout rouges et gonflés.


*


Arwen n'a pas parlé à Louise pendant deux jours après. Mais Louise n'était pas beaucoup au Refuge. Elle est allée chez une amie. Elle fait toujours semblant avec ses amis, elle n'a rien dit. Parce qu'elle a honte. Et peur aussi. Les deux. Ca fait mal, ça s'incruste sous sa peau et c'est comme une maladie qui infecte tout. Louise se sent nauséeuse toute la journée.

Depuis hier elle est revenue au Refuge. Elle a changé de chambre, mais elle s'en fiche parce que toutes les chambres sont pareilles. Elle a été parlé à une psy, maintenant elle s'ennuie un peu. Elle n'a pas envie de faire ses devoirs alors elle est allé s'asseoir devant le parking et elle regarde les voitures. C'est moche les voitures, Louise a envie de griffer leurs parois métalliques et d'écrire des mots d'amour sur les portières.

Et puis quelqu'un s'assoit à côté d'elle et c'est Arwen. Elles ne disent rien au début. Louise trouve ça un peu gênant, elle voudrait dire à Arwen de partir mais elle n'ose pas. Alors elle se recroqueville un peu sur elle même et elle pose sa tête sur ses genoux. Comme ça elle se sent mieux. Arwen pose sa main sur son bras et elle soupire.

-Il y a encore des marques.

-Pas grave.

Elle se mord la lèvre. Elle aimerait bien lui demander où elle va lorsqu'elle n'est pas là mais ce serait bizarre et Louise n'est pas censée s'intéresser aux déplacements d'Arwen. Alors à la place elle demande :

-Tu as d'autres tatouages ?

-D'autres ?

-D'autres que les planètes ?

Arwen retire sa main du bras de Louise. Elle n'a pas l'air de savoir quoi dire, mais elle n'est pas en colère non plus. Juste un peu gênée.

-Oui j'en ai d'autres.

-Qu'est ce que c'est ?

-Des étoiles filantes. Sur les cuisses.

Louise hoche lentement la tête. Elle regarde les cuisses d'Arwen, cachée par le tissu de son jean. Ca lui fait une sueur froid dans le dos d'imaginer ça, d'imaginer la peau d'Arwen parsemée d'étoiles et de planètes.

Après elle essaie de ne plus y penser, quand Arwen parle un peu du livre qu'elle est en train de commencer, des films qu'elle aime. Mais ça reste. Ca s'infiltre partout, comme la honte et la peur, et Louise sent qu'elle va vomir cette envie là, cette envie de toucher les cuisses d'Arwen et ses étoiles filantes.


*


Un jour, Louise a dit à sa mère qu'elle préférait les femmes aux hommes. Qu'elle était différente mais heureuse. Elle s'en rappelle, c'était il y a deux mois, dans la cuisine. Elles prenaient le thé. Louise a dit ça comme ça, la voix un peu altérée mais claire quand même, parce que à ce moment là elle n'avait pas honte et elle se sentait toujours belle.

Et puis sa mère lui a mis une claque.

Le bruit a résonné dans toute la cuisine. Louise a eu mal mais elle n'a rien dit, en fait elle n'a plus rien dit du tout après ça. Elle a juste eu mal et peur et elle a enterré le mal et la peur au fond d'elle même. Et parfois ça lui broie les os, ça veut ressortir, alors elle gratte sa peau elle se fait saigner et elle espère que la douleur va partir avec le sang mais ça ne part jamais, ça reste, c'est ancré et elle se met à pleurer.


*


Arwen est en colère la moitié du temps et l'autre moitié elle est comme absente dans ses sourires. Ailleurs. Avec elle même. Louise aimerait pénétrer ce temps de calme qui lui appartient, mais elle ne sait pas faire. Dans ces moments là, Arwen vient souvent la voir. Elle s'assoit avec elle sur le canapé, ou alors elles vont dans sa chambre. Arwen écrit des choses dans son carnet et Louise travaille. Elles ne parlent pas beaucoup mais c'est suffisant, c'est doux.

Une fois Arwen a pris la main de Louise et ses paumes sont devenues toutes moites.

Mais elle y repense souvent quand même.

Quand Arwen est en colère Louise a encore plus envie de l'approcher parce que c'est beau et destructeur. Une fois Arwen s'est battue avec un garçon. Après elle avait le nez en sang et c'est Louise qui l'a emmené aux toilettes, avant que des responsables n'arrivent. Quand Arwen est en colère, ses yeux sombres sont plus noirs encore et semblent tout brûler sur leur passage. Louise a envie d'être brûler aussi. Parfois quand Arwen hurle et frappe tout, Louise voudrait se mettre contre elle et la laisser la lacérer de ses ongles, elle voudrait que Arwen lui fasse mal et la guérisse de ce qui est blessée en elle.

Mais quelque part, elle sait que ce serait sans doute le contraire qui arriverait.


*


Louise est assise en tailleur sur le lit. Il fait froid parce que Arwen a ouvert la fenêtre en grand. Elles jouaient au Monopoly mais à un moment, Arwen en a eu marre alors elle est allée à la fenêtre. Louise a envie de dormir maintenant mais elle ne veut pas lui dire de partir. Demain elle a un examen et elle refuse que la nuit passe aussi vite. Alors elle regarde le dos d'Arwen, et les mèches de ses cheveux courts qui retombent le long de sa nuque.

Dehors ça sent la terre mouillée et un peu le vent et il y a le bruit des voitures. Louise a froid, mais elle a froid partout, sur sa peau et en dessous, comme si son ventre était creux et empli d'air. Les paumes de ses mains sont parcourues de sueurs froides.

-Tu sais pourquoi je suis ici ?

Arwen se retourne. Elle s'appuie contre la fenêtre. Louise attend qu'elle continue, parce qu'elle sait qu'il ne faut pas presser les confidences. Sinon elles ne valent plus rien.

-Parce que j'ai arraché toute la tapisserie de ma chambre. Avec les ongles. Et j'ai écrit sur les murs. Et dessiné. J'ai tout dit. Et mes parents sont arrivés et ils m'ont foutus dehors. Maintenant ils me cherchent, mais ils ne me trouveront plus parce que quand j'aurais assez d'argent je partirais.

Ensuite elle se retourne et elle ferme la fenêtre d'un geste sec. Elle regarde Louise, qui n'a pas bougé sur le lit, qui voudrait être en colère aussi comme elle, avoir son courage et sa force. Arwen ne sait pas qu'elle est aussi belle et dangereuse qu'un soleil alors elle va s'asseoir près de Louise, elle pose sa main sur son bras et elle brûle tout le froid qu'il y avait en elle.


*


Louise regarde le sang qui disparaît dans le syphon de la douche et elle voudrait s'écouler avec lui, se noyer dans le noir. Elle regarde ses mains mais ça n'a rien à voir avec ça, ses mains sont toujours blanches et ses ongles n'ont rien de sales. C'est sa jambe qui est blessée maintenant et ce n'est pas de sa faute. Elle n'a pas fait exprès. Elle a juste appuyée trop fort et d'accord, peut être qu'après elle a continuée d'appuyer peut être qu'elle a creusé un peu mais ça faisait un mal de chien et maintenant ça pique toujours autant alors elle ne peut pas en avoir fait exprès non ? On ne fait pas ça quand tout va bien.

Elle met son doigt sur la coupure toute fraîche qui s'écoule encore, qui ne va sans doute jamais s'arrêter de couler. Si elle met du savon dessus, est ce que le sang changera de couleur ? Et si elle pose sa bouche, est ce qu'elle avalera la douleur ?

Elle se relève et coupe l'eau de la douche. Elle ramasse ses affaires de toilettes, le rasoir coupable, et puis elle s'enroule dans une serviette. Les sanitaires ici c'est un peu comme au camping. C'est grand c'est rose et vert et le sol est moche et blanc. Quand elle marche le sang s'écoule et fait comme une rigole entre les carreaux. Elle n'a pas de pansement mais elle ne veut pas appeller une infirmière alors elle envoie un message à Arwen.

Puis elle s'assoit près d'un lavabo. Le sang coule toujours et maintenant ça pique. Elle peut presque voir la poussière se poser sur la blessure grimaçante.

Arwen ouvre la porte. Elle ne dit rien quand elle voit les dalles. Elle ne dit rien du tout. Elle referme juste soigneusement derrière elle et puis elle s'occupe de tout. De soigner Louise. De nettoyer. De garder le secret. Elle s'occupe de la ramener au lit. De lui enfiler un pull tout doux. Elle vérifie qu'elle s'endorme et puis quand elle en est certaine elle lâche sa main et sort.

Et puis dans le couloir elle se demande ce qu'il ne va pas, ce qu'il ne va pas avec elle, ce qui est différent, ce qui est dangereux. Ce qui fait qu'elle s'est volontairement coupé et qu'elle ne l'avouera pas.


*


-Laisse moi.

Louise recule. La voix d'Arwen est coupante et froide comme une lame. Louise recule et Arwen lui tourne le dos. Elle disparaît dans le couloir. Une porte claque. Louise la suit. Dehors il pleut et Arwen est debout au milieu de l'allée. Les gouttes glissent sur sa peau, claquent le long de ses vêtements. Son t-shirt blanc est presque transparent. Son jean va coller et Louise pense encore une fois aux étoiles filantes sur ses cuisses.

Louise ouvre la porte et elle sort à son tour. Arwen ferme les yeux, les bras tendus et la bouche ouverte vers le ciel et Louise se demande si elle cherche à avaler la pluie ou seulement à se remplir d'eau pour être entièrement lavée.

-Moi aussi Arwen.

Elle tremble un peu. Elle a peur en fait. Parce qu'elle ne l'a jamais dit avant.

-Moi aussi on m'a foutu dehors. Pas comme toi. Pas avec des mots mais avec des silences. Ca fait mal putain. Si tu savais comme ça fait mal de se sentir monstrueuse et terrifiante, de se rendre compte qu'en soi il y a quelque de laid et de repoussant, quelque chose qui n'est comme les autres. Moi aussi je suis en colère, moi aussi j'aimerais tout casser, tout briser, me réparer et me défigurer. Merde ! T'as pas le droit de me repousser alors qu'on est pareille. Toi et moi. On a la même chose, la même maladie et la même-

Arwen la bouscule. Louise ne l'avait même pas vu arriver mais lorsqu'elle la fait tomber par terre et que sa tête heurte le sol et pousse un cri. Arwen agrippe ses mains et elle enfonce ses ongles dans ses poignets et les yeux de Louise se remplissent comme deux piscines mais ça n'a pas d'importance parce que la pluie noie déjà son visage.

-Je t'interdis de dire ça.

Louise ne comprend pas. Elle ne comprend pas la colère et la douleur qui émane du corps d'Arwen, elle ne comprend pas sa rage parce qu'elle n'est pas comme la sienne.

-Je t'interdis de dire, de penser que tu es malade. Je t'interdis de la laisser gagner. Ce n'est pas ça. Ce n'est pas comme ça. Ce n'est pas toi qui est raté, ce n'est pas toi qui a quelque chose de tordu c'est elle, c'est ta mère, mes parents, c'est tous ces gens qui ne comprennent rien, qui sont visiblement trop cons pour admettre que l'amour c'est l'amour et que peut importe pour qui bat ton coeur, il bat toujours de la même façon. Tu n'es pas malade Louise, tu es humaine, tu es belle et tu as le droit de tomber amoureuse de qui tu veux tu as le droit de sourire et de tenir la main à la personne qui te rend heureuse, tu as le droit et ce n'est pas être repoussante c'est tout le contraire c'est être magnifique et vivante.


*


J'ai la tête pleine de mots tu sais et je ne sais pas si ce sont des mots d'amour ou seulement des mots durs pour te dire que j'ai envie de toi que j'ai envie de ta peau que j'ai envie de sentir tes muscles se tendre contre les miens envie de poser ma bouche contre la veine qui palpite le long de ton cou et mordre mordre jusqu'à sentir le sang couler entre mes dents tu sais c'est une rage froide je veux te balancer contre le mur que tu t'agrippes à ma peau que tu me serres fort pour ne pas tomber parce que tu n'auras pas le choix et une fois que tu auras eu mal une fois que tu auras pleuré je veux embrasser chacune des parties de ton corps meurtri je veux te dire que tout va bien aller et que si je peux te faire mal je peux aussi être celle qui te répareras.


*


Louise se regarde dans le miroir. Elle a la lèvre un peu âbimé. Arwen est appuyée contre le lavabo, les bras croisés. Elle n'arrête pas de marmonner des excuses entre ses lèvres mais Louise ne lui répond pas. Elle a le coeur qui bat encore fort. Quelque part, elle sait que les mots qu'Arwen lui a dit, ce sont ceux qu'elle attendait depuis longtemps.

Elle se retourne et tire un peu sur le bas de son t-shirt.

-Arrête de t'excuser, c'est rien du tout. Je l'avais mérité non ?

Arwen détourne les yeux et puis elle hausse les épaules.

-Ouais.

-Tu viens dans ma chambre ?

Elles traversent le couloir et elles entrent. Louise va s'allonger sur son lit et Arwen s'allonge près d'elle. Elle pose sa main sur son ventre et sa tête contre son cou. C'est tout doux et Louise ferme un peu les yeux. Elle se sent bien.

-Tu as déjà été amoureuse toi ?

-Plein de fois.

Louise sourit. Elle en était sûre.

-De qui ? Tu peux me raconter ?

-Hmm. De pleins de gens. J'ai oublié leurs prénoms. Mais je pourrais te parler de leur peau. De leur respiration. De leur odeur. De leur regard. De leurs baisers.

-C'était qui la dernière personne ?

-Un garçon. Il était blond et tout doux. Un jour il est parti je ne l'ai pas revu.

Louise réfléchit un peu. Elle imagine le garçon dans les bras d'Arwen. Est ce qu'il a vu les étoiles filantes lui ? Est ce qu'il a touché les planètes ? Mais elle n'ose pas demander.

-Et toi Louise, tu as déjà été amoureuse ?

-Non.

Arwen la sert un peu plus fort contre elle et Louise ferme les yeux.

Peut être que la réponse était oui en fait.


*


Une fois, Louise se réveille avec le poids du corps d'Arwen contre le sien. Il fait nuit noire. Arwen pleure et ça fait mal alors Louise la prend dans ses bras et l'a berce. Elle l'embrasse sur les cheveux comme un enfant. Elle ne lui demande pas ce qui ne va pas, elle ne pose aucune question.

Arwen pleure longtemps et puis elle s'endort un peu. Louise en est incapable alors elle la regarde. Ses traits sont tirés même dans son sommeil. Ses cils sont collés par les larmes mais elle est toujours aussi belle.

Toujours aussi lumineuse.


*


Un autre jour, Arwen embrasse Louise. Il fait un peu nuit, elles sont contre le mur près de la fenêtre et c'est très doux et très lent. Les lèvres d'Arwen. Sur sa bouche. Elles se touchent à travers leurs vêtements et Louise tremble. Elle tremble tellement qu'elle se met à pleurer.


*


-Je vais partir.

Arwen est debout dans la chambre de Louise. Appuyée contre le mur. Elle a le visage très neutre et Louise ne sait pas si c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle. Alors elle reste très neutre aussi. Ce n'est pas comme si c'était important de toute façon, non ? Elles ne sont rien l'une pour l'autre. Ou presque. A un baiser près. A des larmes près. A des disputes près. A des secrets près.

-D'accord.

-Dans trois jours.

-D'accord. C'est bien.

-Tu viendras me voir ?

-Peut être.

Arwen s'avance dans la pièce. Elle bouscule Louise du bras. Elle a l'air en colère, la même colère qu'avant, qui avait fini par se tarir. Louise adore cette colère là.

-T'es sérieuse ? Pourquoi tu réagis comme ça ?

Mais Louise n'a plus peur d'Arwen.

-Comment ?

-Comme si... Comme si t'en avais rien à foutre.

Mais toi, toi si tu me laisses, c'est que t'en a rien à foutre non ? C'est que ça t'importe peu que je reste seule ici, que je parte en vrille sans toi pour me serrer dans tes bras ? C'est que tout ce que nous nous sommes dit, c'était rien du tout, des paroles en l'air, des beaux mots pour me faire croire que peut être un jour, on serait heureuses ensembles. Et ton baiser c'était quoi ? Une chimère ? J'aurais du te mordre les lèvres tiens, te faire saigner, te foutre un coup de poing dans le ventre pour que tu vomisses et que tu me laisses seule. Mais barre-toi vas-y, je m'en fous, fais ta vie ailleurs ce n'est pas mon problème. Je ne tiens pas à toi.

Louise ne répond rien. Mais elle lève le menton. Arwen bout de colère. Elle sert son bras, fort. Elle lui fait mal. Alors Louise veut lui faire plus mal encore. Elle s'agrippe à son cou et elle l'embrasse. Elle l'embrasse et ça fait vraiment MAL, ça fait comme une explosion dans son ventre et dans ses veines quelque chose qui se répand et qui devient chaud. Arwen lui rend son baiser et puis elle touche son ventre son dos ses bras et Louise tremble encore mais cette fois elle ne pleure pas.

Elles sont sur le lit et elles sont affamées, le ventre de Louise est resté creux trop longtemps celui d'Arwen n'aime pas le vide alors elles se mordent et s'embrassent et c'est bon, c'est tellement bon que Louise finit par avouer que non, elle ne veut pas qu'Arwen parte.


*


-C'est joli tu trouves pas ?

Louise regarde autour d'elle. L'appartement qu'a choisi Arwen est presque meublé. Il y a un petit balcon qui donne sur un parc. C'est sûrement le quartier le plus tranquille de la ville.

-Très.

-Tu veux manger là ce midi ?

Arwen tourne autour de la petite table en déposant ses courses. Elle a l'air heureuse. Heureuse d'avoir enfin une maison, et de ne plus naviguer entre le Refuge et les appartements de ses amis. Heureuse d'avoir trouver un travail, de se construire une vraie vie.

Louise aimerait bien être de cette vie là.

-Si ça ne te gêne pas ?

Arwen se met à rire.

-Bien sur que non !

Elles mangent des plats préparés devant la télé Ce n'est pas très bon mais Arwen ne sait pas faire la cuisine. Il fait un peu chaud même si la fenêtre est ouverte. Louise est sûre qu'il va y avoir de l'orage avant ce soir, et qu'elle ferait mieux de rentrer. Mais elle n'a pas vraiment envie parce qu'elle est bien ici, avec la main d'Arwen qui caresse lentement sa cuisse.

Et puis comme elle est un peu endormie, elle ose enfin demander :

-Dis, je pourrais voir les étoiles filantes sur tes cuisses ?

La main d'Arwen a un imperceptible tremblement. Et puis elle rigole un peu, très légèrement.

-C'est une technique pour me mettre à poil ?

Louise hausse les épaules.

-Si tu veux. Aussi. Mais surtout les étoiles filantes.

-... D'accord. Viens.

Arwen lui prend la main et l'entraîne dans sa chambre. C'est tout petit et un peu sombre parce que les volets sont à moitié fermés. Arwen se déshabille là, et puis elle s'assoit sur le lit et elle regarde Louise et Louise tremble parce que Arwen est presque nue et qu'il y a des tatouages le long de sa peau dont elle n'avait jamais soupçonné l'existence.

Louise s'agenouille devant Arwen et pose ses mains sur ses cuisses. Les étoiles filantes descendent jusqu'à ses genoux, elles sont belles et elles explosent le long de sa peau, comme des petits soleils et Louise pose sa bouche sur une étoile, et c'est exactement comme elle l'avait rêvé, avec la main d'Arwen qui se perd dans ses cheveux tandis qu'elle appuie sur sa peau et l'embrasse.

Maintenant Louise a envie, tout son ventre se tord et c'est BON c'est DOUX c'est juste là, contre la peau d'Arwen, c'est électrique c'était caché si longtemps et maintenant ça va sûrement exploser et brûler son corps entier. Elle se redresse et enlève son t-shirt. Arwen pose ses mains contre ses hanches et l'attire contre elle. Maintenant elles peuvent s'embrasser. C'est fou comme c'est bon. C'est fou comme deux bouches l'une contre l'autre peuvent réparer un corps le faire se tordre et se plier.

Louise a chaud son dos colle aux draps du lit et Arwen l'embrasse en la déshabillant, elle l'embrasse partout, vraiment PARTOUT sur ses épaules le long de son cou sur ses cheveux même sur ses épaules et le bout de ses seins elle pose aussi ses lèvres sur son ventre sur ses hanches sur ses cuisses son sexe ses genoux ses chevilles ses mains ; maintenant Louise est humide et collante de baisers et elle est en feu aussi, un feu dévorant qui l'a fait haleter et elle veut aussi toucher Arwen, la toucher et la faire gémir, lécher ses tatouages et ses seins lécher le creux de son dos et sa nuque la faire se tordre de désir.

Elle veut ses doigts elle veut sa bouche elle veut sa salive et ses gémissements elle veut tout de ce corps nu contre le sien elle voudrait s'y lier s'y fondre elle voudrait le connaître par coeur et l'apprivoiser. Elle veut l'aimer si fort si fort que les étoiles filantes exploseraient.


*


Elles ont fait l'amour encore une fois dans la douche. Louise a la tête qui tourne un peu et des suçons partout le long du cou. Et du ventre. Elle n'est pas certaine que l'excitation ait disparu parce que son ventre grogne encore, comme un tout petit animal affamée. Louise va sûrement devenir affamée de sexe si elle reste avec Arwen.

Elle y repense tout le temps. Toute la soirée, tandis qu'elle se repose dans sa chambre du Refuge. Elle repense à Arwen nue contre elle qui gémissait. Elle repense à ses lèvres ouvertes, à ses yeux dangereusement clos. Elle repense à ses cuisses qui se serraient, elle repense à sa peau qui se couvrait de sueur.

Elle repense à tout ça et elle mord son oreiller.

Elle a envie de pleurer mais ce n'est plus pareil qu'avant, maintenant c'est comme pleurer d'un amour qui dépasse tout et qui lui renverse le coeur.


*


Louise compte les jours sur son calendrier. Elle a prévenu le Refuge, mais en même temps elle a vraiment peur. Elle s'est inscrite à l'université. Il y a des chambres, elle en a réservé une au cas où.

Mais ce n'est pas dans celle là qu'elle veut dormir chaque soir.


*


-Encore, là oui... encore...

Arwen serre les draps entre ses poings et se cambre de plaisir. Louise recule légèrement, reprenant son souffle. Elle a chaud. Elle a encore plus chaud en plongeant son regard dans celui noyé de désir d'Arwen. Elle se lèche les lèvres et puis elle pose à nouveau sa bouche contre ses cuisses. Elle l'embrasse lentement elle descend elle descend. Arwen se met à trembler lorsqu'elle comprend que Louise va poser sa bouche juste là et sa langue aussi. Louise fait toujours ça très tendrement et en même temps c'est comme si elle pénétrait le corps entier de Arwen et l'a laissait totalement nue. Ca la rend dingue, ça lui fait tourner la tête, c'est bon et c'est addictif comme une drogue pure.

Cette nuit là, Arwen a dit à Louise qu'elle l'aimait. Elle l'a dit comme ça, en prenant Louise par la taille et en embrassant le bout de ses seins. Et Louise a sourit et elle a dit à Arwen que elle aussi, elle l'aimait vraiment.

Très fort.

Et qu'elle en était fière.


*


Louise est allongée sur le dos. Arwen embrasse tout doucement ses omoplates, et caresse le creu de ses reins. Elles sont bien. Il fait chaud. Elles ont fait trois fois l'amour et Arwen a envie de s'endormir en posant sa tête sur les fesses de Louise.

-Arwen ?

-Hm ?

-Je me suis inscrite à l'université.

-C'est bien.

Arwen grogne un peu lorsque Louise se retourne. Elle pose sa jambe sur la sienne et embrasse son épaule. Mais Louise la repousse légèrement.

-J'ai pas fini. Je disais : je vais aller à l'université.

-Et j'ai dit que c'était bien ?

Louise reste silencieuse un moment et puis elle détourne la tête et murmure :

-D'accord. Merci.

Arwen sourit. Et puis elle pose sa main sur le ventre de Louise et descend jusqu'à son nombril.

-Tu vivras ou ?

-Là bas.

-Vraiment ?

-Oui. Tu as une autre idée peut être ?

La voix de Louise est tellement coupante que Arwen a un peu mal au coeur de lui avoir fait de la peine. Elle se penche et elle l'embrasse dans le cou. Elle suce sa peau pour lui faire une marque, juste sous l'oreille et puis elle murmure :

-Avec moi, ce serait bien non ?


*


Louise est retournée voir sa mère. Juste avant d'emménager pour la première fois chez Arwen. C'est elle qui l'a emmené dans sa voiture. Et qui a promis de l'attendre. Louise avait mal au ventre, le même mal que quelques mois auparavant. Elle se sentait redevenue une gamine mais quand Arwen l'a embrassé pour lui souhaiter bon courage, c'était déjà beaucoup mieux.

Alors elle y est allée. La tête haute, elle a franchi la porte.

Pour mettre son bonheur dans la tête de sa mère, comme une claque qui résonne dans une cuisine.


*


Il y aura encore des jours où tu pleureras, il y aura encore des jours de pluie, des jours d'orages. Mais il y aura surtout des jours où j'embrasserais tes lèvres pour te dire comme tu es belle, des jours qui seront comme des étoiles filantes, assez lumineux pour éclairer le ciel.

Et ces jours là seront gravés sur ma peau.


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