(Le pauvre... Personne n'a pensé à lui, ou presque, lorsque j'ai dit que le prochain perso était blond...! Voici donc ce OS, qui pour une fois est plutôt long! J'espère que vous aimerez, le prochain sera sur... Une fille si tout va bien! Pas plus de blabla, bonne lecture!)

(Il faut avoir vu la saison quatre pour lire ceci ^^)

Malika, depuis presque une décennie à présent, était détentrice d'un titan. Elle l'avait reçu en même temps que ses petits camarades, Pieck et les autres, après de nombreux efforts pour y parvenir. Enfin, c'est ce que les autres pensaient.

Elle pouvait être fière, aujourd'hui, d'avoir réussi là où beaucoup d'autres avaient échoué. Elle avait même été exemplaire, extrêmement douée. Elle avait remporté la bataille pour son titan avec brio, et les instructeurs eux-mêmes s'étaient succédés pour la féliciter.

Elle faisait certes partie du peuple Eldien, ce peuple empli de démons, mais elle était la fleur d'espoir au beau milieu du champ de déchets que composaient les autres Eldiens.

Elle avait réussi à maîtriser son titan avec une facilité déconcertante, un peu comme Bertholdt. Le titan dont avait hérité Malika était réputé pour être l'un des plus complexes à apprivoiser, surtout pour une première fois, mais elle avait réussi haut la main. Un vrai petit génie, se vantaient ses parents à qui voudrait l'entendre.

Mais cela ne l'intéressait pas plus que cela. Elle se contentait de réussir, comme on lui demandait, et c'était tout. Elle ne faisait en réalité pas plus d'effort que cela, mais réussissait malgré tout à la perfection. Lorsqu'on lui parlait, ses interlocuteurs s'entendaient à dire qu'elle était mature, très mature. Beaucoup trop pour son âge, en fait.

Elle ne faisait absolument pas ses dix ans, l'âge qu'elle avait lorsqu'elle reçu son titan. C'était peut-être pour cela que, malgré le nombre d'années qui les séparait, Malika avait toujours préféré passer son temps libre aux côtés de Sieg.

Le blond était lui aussi détenteur d'un titan, le bestial. Ils se connaissaient depuis quelques temps, mais étaient déjà inséparables. Tous deux extrêmement doués, ils faisaient la fierté de l'armée Mahr.

Deux ans plus tard, alors que Malika avait dorénavant douze ans, certains de ses camarades avaient été envoyés sur l'île du Paradis. Elle était quelque peu déçue de devoir rester dans la monotonie de Liberio, mais n'avait rien laissé paraître.

Cela lui empêcherait d'avoir à cohabiter avec les démons... Pas qu'elle n'en ai quelque chose à faire de toute manière. Tout était de la même et unique saveur à ses yeux.

Elle était restée dans sa ville natale, qui était davantage un camp de prisonniers que toute autre forme de lieu de vie. Avec un faible taux de convivialité, qui plus est. En d'autres termes l'ennui le plus total.

Fort heureusement, elle avait quelqu'un pour l'aider à égailler ses journées, même un peu. Toujours avec son air neutre, en toutes circonstances, Malika laissait tout de même paraître un sourire lorsqu'elle se trouvait avec Sieg.

Elle passait de longues heures, lorsqu'ils ne devaient pas être sur le champ de bataille, à parler avec lui, et à jouer au baseball. Lui lançait la balle, et elle la rattrapait toujours avec une facilité déconcertante, en baillant.

-Tu pourrais au moins faire semblant de faire un effort, non? lui demandait souvent Sieg sur un ton narquois.

-Ouais, dans une autre vie peut-être, répliquait-elle la voix endormie, l'air de s'en ficher comme de sa première chemise.

Elle paraissait sûrement déstabilisante et peu amicale ainsi, mais Sieg la connaissait bien, et savait qu'elle était toujours comme ceci. C'était dans son caractère d'être aussi déconnectée de la réalité.

Mais, d'un autre côté, elle était on ne peut plus digne de confiance lorsque le contexte s'y prêtait.

Eventuellement, Sieg appris à chérir plus que tout ces petits moments passés avec la jeune fille. Il espérait que ceci soit également le cas avec Malika, mais il ne se faisait pas de soucis : si elle ne pouvait plus le supporter, elle n'allait pas perdre son temps avec lui plus longtemps.

Elle avait à présent dix-sept ans, et lui presque vingt-cinq. Ce fut à ce moment que tout commença à se mettre en place, bien que Malika n'en eu encore aucune idée.

Sieg avait été envoyé sur l'île du Paradis pour prêter main forte à Reiner, Annie, Bertholdt et Marcel, accompagné de Pieck.

Malika, elle, avait encore une fois dû rester sur le continent Mahr. Elle était l'une des plus brillantes soldates de l'armée, et la force de dissuasion qu'elle représentait à elle seule ne pouvait lui permettre de partir voir ailleurs.

Elle avait encore une fois attendu une occasion pour la sortir de son ennui, avec Pieck et Sieg partis eux aussi. Seul restait Porco, mais elle préférait passer du temps seule qu'avec ce garçon aussi fier qu'un poux, voire davantage. Il lui tapait sur le système, depuis qu'elle le connaissait.

Quelques temps plus tard, Sieg était revenu, et les mauvaises nouvelles avec. Mahr avait perdu le colossal et le féminin, et le mâchoire avait été transmis à quelqu'un d'autre, qui avait fort heureusement été capturé.

Les conséquences avaient été lourdes. Malika ne pouvait pas s'empêcher de penser que, si elle avait été là, les choses auraient peut-être pu se passer autrement... Enfin, elle ne savait pas maintenant. C'était trop tard.

A présent, la jeune fille qu'elle était s'était transformée en jeune femme d'une vingtaine d'années. Depuis quelques temps, elle était de plus en plus envoyée sur le front, pour en quelque sorte redorer le blason de Mahr.

Avec la perte de deux titans, surtout du colossal, l'armée avait pris un grand coup au moral, et surtout à sa crédibilité. Ainsi, ils n'avaient eu d'autre choix que de réaffirmer leur pouvoir avec l'un de leurs meilleurs éléments, qui avait jusque là surtout été figure de dissuasion verbale.

Mais les mots ne durent qu'un temps. Elle avait été envoyée au combat, en première ligne même, mais elle trouvait le temps plus long qu'autre chose malgré tout. L'ennui, toujours plus d'ennui.

Comme toujours, seul Sieg parvenait à la tirer hors des méandres de son indifférence. Aujourd'hui plus que jamais.

Une réunion entre les détenteurs de titans, mais aussi avec Colt, le futur successeur du bestial, avait été organisée, afin de discuter de choses importantes. Malika était arrivée la première, seul Sieg s'y trouvait déjà, occupé à préparer du café.

-Lut', l'avait salué la jeune femme, fermant la porte derrière elle.

-Tiens donc, c'est rare de te voir aussi en avance. Tu es tombée du lit ce matin? lui répondit le blond en déposant une tasse fumante devant elle, qu'elle avala d'un trait sans broncher.

-Non, j'avais juste rien de mieux à faire.

Sieg éclata de rire à la réplique cinglante de la jeune fille, avant qu'il ne plonge son regard dans le sien.

D'un coup d'œil, le blond lui avait fait comprendre qu'ils étaient certes seuls, mais que des oreilles indiscrètes écoutaient chacun de leurs mots. Les supérieurs n'avaient toujours pas confiance en leurs brillants soldats titanesques, visiblement.

Malika poussa un soupir découragé, se taisant. Même après tous ces services rendus, des Eldiens restaient des Eldiens. Elle pensait pourtant avoir retenu la leçon, depuis le temps.

Toujours silencieuse, la jeune femme s'était approchée de Sieg, qui lui adressait un petit sourire en coin. L'instant suivant, elle se fondait dans son étreinte, appréciant la sensation familière de son petit corps enveloppé de bras puissants.

Elle leva la tête, croisant de nouveau le regard de Sieg, avant qu'elle ne ferme les yeux pour mieux apprécier la douce caresse des lèvres du blond sur les siennes. Le baiser s'intensifia en l'espace de quelques secondes, leurs langues se battant férocement, mais avec une douceur sous-jacente néanmoins.

En silence, toujours, les deux s'embrassaient passionnément, passant leurs doigts dans les cheveux de leur partenaire, explorant superficiellement leurs corps recouverts de vêtements.

Mais, bien évidemment, cet instant fut de courte durée. Un coup à la porte les fit se séparer avec regret, et ils reprirent leurs esprits aussitôt. Ils ne se gênèrent pas pour s'échanger un autre regard et un sourire en coin, avant que Sieg n'autorise le nouveau venu à entrer.

Colt, toujours bien à l'heure. Elle ne savait pas si cela avait un lien avec la succession du bestial, ou tout simplement parce qu'elle n'appréciait pas les autres en général, mais Malika n'avait jamais vraiment aimé le jeune homme.

Comme beaucoup d'autres personnes, en fait. Surtout Porco, qu'elle ne pouvait tout simplement pas supporter. En particulier depuis qu'il avait hérité du mâchoire.

Encore et toujours, Sieg était le seul avec qui elle s'entendait parfaitement. Les deux se connaissaient mieux que quiconque, c'était un fait que tout le monde connaissait.

Ce que les autres ne savaient pas, pourtant, c'était à quel point ils étaient proches, plus proches que de simples amis. Ils avaient fait le vœu de ne révéler à personne leur véritable relation, qui de toute manière ne regardait qu'eux.

Ce jour-ci, cependant, tout cela vola en éclat, avec une facilité presque insultante. Toutes ces années à construire quelque chose, réduites à néant en un instant.

Pour la première fois de sa vie, Malika avait pleuré. Lorsqu'elle avait appris la trahison de Sieg, celui qu'elle aimait par-dessus tout et qui s'était rallié à Paradis depuis presque quatre ans à présent, elle s'était sentie humiliée, brisée...

Abandonnée.

Elle pensait pourtant connaître Sieg mieux que quiconque... Il lui avait même révélé être un descendant de sang royal à un moment donné. Il lui faisait confiance, assez pour lui confier ce secret qui pouvait marquer sa déchéance s'il venait à être divulgué.

Aujourd'hui, même en apprenant la trahison du blond, elle n'avait cependant pas réussi à tout révéler sur ses origines. Elle avait tout gardé pour elle, de même que toutes ces années passées à ses côtés.

Toutes ces années passées à l'aimer. Avait-il seulement, ne serait-ce qu'une seconde, éprouvé la même chose à son égard? Tout cela n'avait-il été qu'un vaste et écœurant mensonge?

Elle n'en avait jamais douté, du moins jusqu'à maintenant. Maintenant que tout son monde s'écroulait.

Plusieurs jours après la découverte de la trahison de l'homme qu'elle aimait, Malika avait décidé de jeter tout ce qui témoignait de leur vie ensemble. Toutes les lettres, les photos...

Elle avait tout regroupé, avait combattu ciel et terre pour ne pas les relire ou les regarder une dernière fois, mais s'était arrêtée au moment de fouiller dans sa table de chevet, où elle savait se trouver une photo d'elle et lui, lors de leurs jeunes années.

Sur la photographie, elle avait été surprise de trouver un petit morceau de papier, où était inscrit son nom. C'était l'écriture de Sieg.

Les mains tremblantes, elle avait déplié le papier. Quelques mots seulement, qu'elle lut le cœur battant.

Malika,

Je suis navré de devoir te quitter ainsi.

Je sais que tu es en colère contre moi, mais je te promets de revenir dès que j'aurai terminé ce que je désire faire. J'espère que tu sauras, à ce moment, me pardonner pour ce que je t'ai fait.

Aujourd'hui et à jamais, c'est toi que je vois lorsque je ferme les yeux.

Je t'aime.

Sieg.

Elle relut ces quelques mots en boucle, comme pour essayer de trouver un sens caché à cette courte lettre, mais rien. Juste les larmes qui dégoulinaient le long de ses joues abondamment.

Elle se détestait. Car, cette lettre comme l'aveu qu'il lui avait fait sur son origine royale, étaient des éléments qui prouvaient sa trahison, et sa volonté de nuire à Mahr.

Elle savait qu'elle devait tout rapporter à ses supérieurs.

Et pourtant...

Elle ne pouvait pas.

Elle continuait de l'aimer. Elle continuait de croire à sa promesse de passer le restant de leur vie ensembles.

Elle décida de tout garder pour elle. Et, elle en avait presque honte, elle ne ressentait aucune émotion à cela.

Son cœur avait d'ores et déjà choisi ce qu'il désirait suivre. L'homme qui lui avait permis de devenir ce qu'elle était aujourd'hui, qui l'avait sortie de sa vie morne et monotone dans laquelle elle vivait depuis toujours. De la perfection qu'elle côtoyait contre son gré à longueur de journée.

Il l'avait faite se sentir normale, même quelques instants. Comme si elle était une fille banale, loin des récompenses, des félicitations et des honneurs perpétuels.

Juste... Une fille. Juste Malika.

Et, pour tout cela, elle lui en serait éternellement reconnaissante.

Malgré le goût amer qu'avait la trahison aujourd'hui.