[Bertholdt xR] A cœurs ouverts (4/4)
Il n'avait pas eu le temps de trouver quoi dire. Ni celui de retenir la jeune fille, qui s'était enfuie en courant.
Bertholdt, la mort dans l'âme et ne sachant que faire, s'était finalement résolu à retourner dans son propre dortoir, ne sachant pas où Eloïse s'était rendue après leur "conversation".
Qui le laissait encore, à cet instant, sans voix.
Son arrivée dans la grande chambre remplie de garçons avait été relativement peu discrète. Visiblement, tout le monde semblait l'attendre de pied ferme, pensa-t-il en sentant la sueur couler le long de son dos.
-Alors?? Elle voulait te dire quoi??
Il s'était littéralement fait sauter dessus par ses camarades de promotion, et même les paroles destinées à apaiser la foule en délire, provenant d'un pauvre Armin et d'un pauvre Marco que l'on écoutait même pas, n'eurent aucune sorte d'effet.
Bertholdt, lui, était toujours plus ou moins retourné par ce que son amie lui avait révélé quelques instants plus tôt.
Sans s'en rendre vraiment compte, il répondit que le but de la conversation était une déclaration, et le dortoir tout entier partit dans un déluge de sifflements et de cris de victoire. Tout ceci s'arrêtant au moment où le brun répondit à la question fatidique: "tu lui as répondu quoi?".
Avec honte et en bafouillant, Bertholdt n'avait eu d'autre choix que d'avouer son manque de réponse, et la fuite d'Eloïse accessoirement. Tandis que la majorité des garçons venaient taper leur main sur leur visage, désespérés.
D'autres, comme Reiner, regardaient son ami d'un air incrédule, cherchant à déterminer si cela était bien vrai.
-T'es pas sérieux mec?
A la question de son ami blond, le pauvre Bertholdt avait sentit sa sueur redoubler d'intensité, alors qu'un tout petit "si" sortait de sa bouche.
La minute suivante, il s'était presque fait engueuler. Il ne pouvait pas laisser une situation pareille stagner, il avait besoin d'y remédier au plus vite. Que ce soit positivement ou non.
Mais cela était plus facile à dire qu'à faire. Lui aussi avait autant de confiance en lui qu'Eloïse, et aller lui parler était une chose qui lui paraissait insurmontable. Il ne savait même pas quoi lui dire.
Il était allé se coucher, des questions pleins la tête, alors que le ronflement de Connie se faisait entendre depuis un long moment à présent, avant même qu'il ne revienne de son entrevue avec Eloïse.
Le lendemain, il ne savait toujours pas quoi faire. Il avait dormi d'un seul œil, et avait eu du mal à se lever et se préparer. Arrivé dans le réfectoire pour le petit-déjeuner, il s'était rendu compte que la table où avait l'habitude de s'asseoir Eloïse et ses amies était encore vide.
Mais, lorsqu'elle était finalement arrivée, il n'avait pas pu croiser ses yeux une seule fois. Elle gardait désespérément sa tête baissée, et il ne douta pas une seule seconde que c'était à cause de lui.
Puis, le moment fatidique arriva. Celui où, comme d'habitude, Connie avait prouvé qu'écouter un dixième d'une histoire n'était pas la meilleure chose à faire. Et encore moins de se mêler des affaires des autres...
Bertholdt n'en était pas revenu, à l'entente des mots du garçon aux cheveux rasés. Encore une fois, il n'avait pu qu'observer Eloïse s'enfuir en courant, les yeux pleins de larmes. Et cela ne s'était pas arrêté là.
Pendant l'entrainement, il avait plusieurs fois jeté des coups d'œil en direction de la jeune fille. Et s'était rapidement aperçu qu'elle faisait tout de travers, et avait été témoin de sa chute, heureusement ralentie par les branchages.
Encore une fois, elle lui avait échappée, alors qu'elle s'éloignait en direction des terrains d'entraînement, où se trouvaient les bâtiments destinés à stocker le matériel de manœuvre tridimensionnelle.
C'était le moment ou jamais de lui parler, puisqu'elle allait être seule le temps de tout ranger et nettoyer. S'arrangeant pour échapper à la vigilance de leur instructeur, aidé par Reiner qui s'était mit à commettre des erreurs de débutant pour l'occasion, le brun s'était élancé en direction des baraquements. Faisant un petit crochet par leurs dortoirs avant d'aller retrouver Eloïse.
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Ses larmes s'étaient taries depuis plusieurs minutes à présent. Ses coupures la piquaient toujours un peu, mais c'était tout à fait supportable maintenant. La douleur et le labeur permettaient de lui occuper l'esprit, même pour quelques heures.
Car, elle le savait, elle allait devoir y passer des heures entières dans ce fichu entrepôt. Il n'était certes pas très grand, mais le travail y était plus qu'abondant: ranger l'ensemble des harnais demandait un courage à toute épreuve.
Courage qu'elle n'avait pas vraiment à l'heure actuelle. Mais, si elle devait se l'avouer, elle préférait être ici plutôt qu'en forêt, à l'entraînement. Elle pouvait enfin se reposer quelques instants toute seule, se vider l'esprit comme elle le voulait depuis un moment.
Assise, elle s'était attaquée à trier les différents harnais, grognant contre la personne qui les avait tous jetés en vrac avant de s'en aller comme si de rien n'était, lorsque des bruits de pas résonnèrent derrière elle.
Elle étouffa une malédiction. Pour une fois qu'elle pouvait se retrouver un peu seule, voilà qu'on venait quand même la déranger. Elle espérait que cela ne soit qu'un soldat souhaitant changer de harnais, ou bien prendre une pièce de rechange comme des lames ou du gaz, et qu'il reparte aussi vite qu'il n'était arrivé.
-Eloïse?
Elle sentit le sang se retirer de ses joues lorsqu'elle reconnu la voix de Bertholdt. Que faisait-il là? Comment avait-il réussi à échapper à Shadis? Ou bien était-il venu chercher quelque chose, tout simplement?
Allez ma grande, se marmonna-t-elle mentalement. C'est juste un hasard, secoue-toi un peu. Fais comme si de rien n'était.
-Heu...oui? répondit Eloïse nerveusement, en se retournant mais en évitant systématiquement le regard de Bertholdt.
Le brun ne répondit pas tout de suite, et poussa un soupir au bout de quelques temps silencieux. Il vint finalement s'asseoir juste à côté de son amie, sortant le paquet qu'il avait apporté avec lui.
Sous ses yeux étonnés, le garçon commença à prendre tout le nécessaire utile pour soigner ses blessures mineures, du coton et de l'alcool.
En silence, Bertholdt commença à lui passer du désinfectant sur les bras, sur ses multiples petites coupures séchées. Il semblait réfléchir par où commencer, et surtout par quoi.
Mais, contre tout attente, ce fut Eloïse qui rompit le silence. Elle était déjà dans les ennuis jusqu'au cou, elle n'avait plus rien à perdre de toute manière.
-Désolée pour hier. J'aurais pas dû te dire ça et je t'ai mis mal à l'aise... Pardon.
Enfin, pour la première fois depuis la veille, elle croisa les yeux étonnés de Bertholdt, néanmoins toujours nerveuse.
-Pourquoi tu t'excuses...? déclara finalement le brun d'une voix calme. C'est moi qui devrait le faire, j'ai pas été super gentil avec toi... Je... Je pensais juste pas que tu pensais ça de moi, enfin... Tu vois ce que je veux dire...?
Elle baissa la tête, vaincue.
-Oui, je comprends... Désolée...
-Non, non! Pas dans ce sens...! s'exclama soudainement le garçon, conscient qu'il s'était mal fait comprendre. Je voulais dire... Je ne pensais pas que quelqu'un pourrait m'aimer tout court, tu vois... C'est assez... Etrange...? Je suis pas très intéressant comme gar-
Avant qu'il ne puisse aller plus loin, il fut surpris par Eloïse, qui redressa sa tête avec vigueur.
-C'est pas vrai! commença-t-elle avec un regain d'énergie. T'es parfait comme tu es...!
Elle se rendit finalement compte de ce qu'elle venait de dire, alors que son visage prenait une soudaine couleur rouge. Enlevant ses bras des soins du garçon, Eloïse vint couvrir ses yeux de ses mains couvertes de coupures, souhaitant mourir ici et maintenant, à présent que son "honneur" était totalement bafoué.
Elle avait encore réussi à se ridiculiser devant Bertholdt, un record très certainement.
-Tu... Le penses vraiment...?
Le visage toujours caché dans ses mains, elle secoua la tête de haut en bas. Elle n'avait plus rien à perdre à se rendre ridicule encore davantage de toute manière... Comme elle s'en était fait la réflexion plus tôt.
Un silence, qui paru durer une éternité. Avant que Bertholdt ne reprenne la parole.
-Je... Moi aussi je te trouve super... Je suis désolé pour hier, j'étais tellement étonné que j'ai pas pu te répondre... Mais... Moi aussi je t'aime bien...
Elle était déjà passablement étonnée de la première partie de sa réponse, mais la fin avait fini par la clouer sur place.
-Sérieux??
Elle aurait voulu se donner des baffes. Ce n'était pas parce que son cœur faisait actuellement des cabrioles qu'elle devait beldt. Celui-ci laissa échapper un petit "oui" ainsi qu'un rire nerveux, jouant avec ses doigts tandis que la sueur recommençait à dévaler ses tempes.
Pour l'énième fois de cette journée, semblait-il, elle pleurait d'incrédulité. Alors... Tout cela pour ça, au final...? Toute cette histoire pour pas grand chose?
En se jetant dans les bras de Bertholdt, manquant de le reverser en arrière, la jeune fille laissa encore une fois les larmes couler, mais pour une bonne raison enfin.
Finalement, peut-être qu'elle avait eu raison de se montrer courageuse...? Tout cela pour ça, elle aurait voulu se taper la tête contre un mur!!
Bertholdt, loin des pensées furieuses de la jeune fille, se contenta de caresser son dos doucement pour la calmer, ne sachant pas vraiment quoi faire d'autre.
Il... Il avait fait le bon choix, n'est-ce pas...? Il ne voulait pas trop y penser pour l'instant. Il risquait de regretter plus tard, mais il ne pouvait pas faire autrement. Il n'avait pu se résoudre à voir Eloïse pleine de tristesse encore longtemps. Pas lorsqu'il tenait autant à elle.
Il espérait juste que, le moment venu, il saurait quoi faire. Il saurait décider entre son cœur et son devoir.
Pour l'instant...
Il autorisait son cœur à parler pour lui. À dire à haute voix ce qu'il voulait réellement au plus profond de lui-même, qui sait...?
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