[Bonus WTML :] La Rencontre
Dans la nuit noire commença notre histoire sur les quais de...
-Thomas... tu peux arrêter de regarder le Bossu de Notre Dame et venir nous aider un peu ?
Je tourne la tête vers ma sœur, Sarah. Elle a l'air un peu exaspérée, comme à chaque fois qu'elle est obligée de venir passer un peu de temps avec nous alors que Brian est là. Cela fait dix ans qu'on se connait. Dix longues années et pourtant, j'ai l'impression que notre première rencontre date d'hier.
-Thomas. Tu peux rentrer ta chemise ?
Je levai le sourcil droit et je regardai ma Maman. Elle avait l'air très stressée, je le voyais bien à la façon qu'elle avait de se regarder dans le miroir.
-Diiis Maman pourquoi tu as mis ta robe noire ?
-Elle a un souci ? Elle me boudine un peu, tu crois ???
Elle se regarda dans le miroir et fit une grimace.
-Tu as raison, je vais mettre la beige. J'ai l'air moins grosse dedans.
-T'es pas grosse Maman. Mais il fait chaud, tu pourrais mettre une robe d'été.
Maman me regarda et hocha la tête.
-Tu as raison. Tu peux me prendre la robe bleu claire ?
Je sautai sur son lit pour aller dans la penderie débordante. Elle était beaucoup trop petite pour toutes ses affaires. D'ailleurs, elle en avait laissé une partie dans ses cartons. Nous n'avions pas emménagé ici à Los Angeles depuis très longtemps et elle avait beaucoup trop de chaussures. J'attrapai la robe claire et je lui lançai dessus. Elle était entrain de se tortiller dans sa robe noire pour la retirer.
-Tu es sûr que ça va aller, mon chaton ?
-C'est ma préférée des deux.
-Si c'est ta préférée alors... BRIAN ! TU PEUX BAISSER TA MUSIQUE ? TOUT DE SUITE.
Il ne l'écoutait pas et je me levai pour frapper à sa porte. Je la poussai et je vis Brian entrain de frapper dans un punching ball en rythme. Il avait de la sueur qui coulait de ses cheveux. Il avait décidé de faire une sorte de routine guerrière badass comme il le disait. Tant qu'il ne suait pas, il n'arrêtait pas. Son but m'avait-il avoué, était de connaître la limite de son corps. Je baissai sa musique et il se retourna, furibond.
-Tu te prends pour qui, putain ?
-Maman trouve que c'est trop fort. Tu devrais être habillé... on part dans pas longtemps.
-Alors d'une on part dans quarante minutes. On est largement dans les temps. De deux, ne refais jamais ça.
-Parfois, je regrette que tu sois rentré, marmonnai-je, suffisamment fort pour qu'il m'entende.
Il ressemblait au chat de notre ancien voisin quand on arrivait devant lui. De grands yeux et l'air d'avoir été pris en faute.
-Moi aussi, répondit-il tout simplement avant de ranger son punching ball. Sors de ma chambre. Je vais aller prendre une douche.
Il attrapa un T-shirt et fila dans la salle de bain de l'appartement. Brian était un peu foufou comme garçon et je le détestais parfois, mais pas là. Je lui avais fait de la peine.
-Brian, attends. Je voulais pas dire ça. Je suis content que tu sois là. Vraiment. Tu me pardonnes ?
-Thomas. Tu devrais aider Maman à se préparer. Elle a besoin d'être rassurée. Tu connais les filles, ajouta-t-il avec un petit sourire.
-Pourquoi elle est stressée ?
-Bah... on va rencontrer son petit-ami Tom.
Son petit-ami. Je sentais l'inquiétude venir comme un cheval au galop. Son petit-ami.
-Mais mais mais...
-J'avais pas le droit de te le dire. Je te le dis maintenant.
J'avais presque envie de pleurer. On ne me disait jamais rien. Je retournai dans la chambre de ma mère pour savoir si Brian disait la vérité ou pas. Je m'assis sur son lit et je la vis entrain d'essayer ses chaussures.
-Dis, pourquoi on s'habille bien comme ça ?
-On s'habille toujours bien chaton.
-Normalement, je suis pas obligé de mettre une chemise.
Elle s'assit sur le rebord de son matelas et elle me fit signe de venir.
-Je vais vous présenter quelqu'un ?
-Un de tes amis ? Comme Gyôsei ?
-Oui et non. J'ai des sentiments pour cette personne et j'aimerai qu'il fasse partie de nos vies lui aussi.
-Encore ? Maman, je crois que tu es un artichaut.
Elle se mit à rire et me dit qu'on disait : cœur d'artichaut.
-Tu as peut-être raison mon chat. Mais j'ai beaucoup d'affection pour lui et j'aimerai beaucoup qu'il vous apprécie aussi.
Je fis la moue. C'était comme ça à chaque fois. Et à chaque fois, Maman finissait par pleurer dans son lit. La dernière fois, elle n'avait rien mangé pendant trois jours après la rupture. C'était une chose que ses petits-amis n'avaient jamais compris, qu'elle était triste quand ils partaient et que c'était à Brian et moi de la consoler...
-Ne fais pas cette tête Tomtom, il ne me brisera pas le cœur.
-Tu n'en sais rien. Je vais aller me brosser les cheveux.
Je la laissai dans sa chambre pour aller dans la salle de bain où Brian était en serviette, encore fumant, à mettre du déodorant.
-Tu avais raison. Je l'aime déjà pas.
-J'ai une idée, je vais le sonder, et si on voit que c'est un con, on lui fait la misère.
-M'man sera triste Brian.
-Elle s'en remettra...
Il avait raison. Je souris et il m'ébouriffa les cheveux. L'Opération un Petit ami sérieux pour Maman venait de débuter. Nous avions rendez-vous dans un café de Los Angeles. Maman s'était maquillée avec soin et avait attrapé un de ses grands chapeaux. Brian lui, avait enfilé son blouson en cuir et un pull beige. Maman lui avait fait une remarque mais il l'avait regardé l'air de dire : rien à faire de ce que tu dis. J'étais stressé. Maman semblait vraiment heureuse. Je tenais sa main et elle la serra assez fort. Il y avait du monde dans le café. J'allais parler à Brian mais il avait totalement détourné la tête vers un fille. J'arrivai à la voir avec ses grands yeux verts d'ici. Elle tourna les yeux et entra dans les toilettes pour dames. Brian revint à la réalité.
-Alors ? Il est où l'Adonis ?
Maman regarda autour de nous et elle sourit.
-Suivez-moi.
-Commandez-moi un café, fit mon frère, je reviens.
-Tu vas où ??
-Me laver les mains. Un grand café.
Il se rendit du côté des toilettes et croisa la fille. Je connaissais bien mon frère, il voulait son numéro de téléphone. Ensuite, il deviendrait bête, comme à chaque fois qu'il sortait avec une porteuse de jupette.
Je pris la main de Maman et je me laissai conduire. J'aurais préféré que Brian soit là, près de moi, mais comme à son habitude, il me laissait tomber. Ce n'était pas la première fois. Je ne pouvais pas compter sur lui. Nous arrivâmes à une table et un homme très grand se leva. Il était brun, avait les yeux verts et de la barbe. Il avait l'air sympathique et une petite voix me souffla qu'il était tout à fait le genre de Maman. Il avait l'air très content de la voir. Il l'attira à lui pour la prendre dans ses bras et lui demander comment elle allait d'une grosse voix.
-Je vais très bien, permets-moi de te présenter mon fils Thomas.
Le grand monsieur se mit à mon niveau et je me sentis devenir tout petit petit.
-Salut Thomas, je m'appelle John. Je suis très content de faire enfin ta connaissance.
-Enfin ? demandai-je d'une petite voix timide.
-Ta Maman t'aime tellement qu'elle parle beaucoup de toi.
Pourquoi Brian n'était pas là ? Je jetai un coup d'œil et il n'arrivait pas. Je décidai de gagner du temps.
-Maman ne m'a jamais parlé de vous. Ça veut dire qu'elle ne vous aime pas ? dis-je d'une voix innocente.
John se mit à rire très largement.
-Je l'ai mérité celle-là. Ta Maman ne m'aimera jamais autant que elle ne vous aime ton frère et toi mais je suis prêt à accepter tout ce qu'elle voudra bien me donner.
Il releva les yeux vers elle et je vis beaucoup de douceur sur son visage.
-Ça te gêne pas ? demandai-je en le tutoyant tant j'étais surpris.
-Pas du tout.
-Même pas un tout petit peu ?
-Même pas un tout petit peu.
-Qu'est-ce qui me fait croire que c'est vrai ?
-Thomas ! s'exclama ma mère.
-Parce que je..
Il fut interrompu par une voix féminine derrière moi.
-J'ai pris un brownie en plus et je...
Je n'écoutais pas la fin de la phrase et je me retournai pour voir l'une des filles les plus jolies qu'il m'avait été donné de voir. Brune, des grands yeux verts et un immense sourire. Elle tendit la main à ma mère. C'était la fille que Brian avait repéré. C'était la fille du petit copain de Maman. Brian allait pas apprécier. Elle me parla mais je ne compris pas ce qu'elle voulait dire. Elle se pencha vers moi et me tendit la main.
-Tu es un peu timide toi hein ? Je m'appelle Sarah, je suis la fille de John, et toi tu es Thomas, c'est ça ? Je suis contente de te rencontrer.
Elle posa ses lèvres un peu rose sur moi et je rougis carrément. Je partis me réfugier derrière Maman comme quand j'étais un tout petit garçon. Elle se rassit à sa place et je me retrouvais en face d'elle.
-Tu es en quelle classe ? lui demandai-je tellement bas que je ne savais pas si elle m'avait entendu.
-Je suis Sophomore. Et tu sais quoi ? C'est nul le lycée ! N'aie pas hâte d'y être.
Leur première commande arriva et elle poussa sa tasse de chocolat avec des marshmallows vers moi.
-Tiens, prends-la, je prendrai le suivant. Tu aimes ça les chamallows dans le chocolat ? J'en suis folle. Papa aussi, mais il a voulu faire adulte sérieux alors il a pris un café.
-Pas du tout Sarah. J'aime le café.
Je me mis à rire et John me sourit d'un air sympathique. Il finit par se lever et je compris que mon frère était arrivé. Il lui tendit la main et Brian lui serra. Il y avait une sorte de lutte de pouvoir que mon frère perdit. Il avisa de la présence de la fille.
-Je te présente ma fille, Sarah.
-Salut ! lui dit-elle d'une voix enjouée. Je suis contente de te connaître.
-Idem, répondit-il en s'asseyant. Ravi de vous revoir monsieur. Tu m'as commandé mon café M'man ?
-Oui Brian.
Il arriva quelques secondes plus tard et Brian en avala une gorgée tout en observant la tablée. Son regard se posa sur Sarah et je devinai le pincement de ses lèvres derrière sa tasse.
-Vous faites quoi comme métier ?
-Je suis chirurgien.
-À Beverly Hills ?
-Non, c'est trop clinquant.
-Ah. Et vous êtes bon dans ce que vous êtes ? Parce que si vous êtes médiocre, je ne suis pas sûr que ma mère continuera de vous fréquenter.
-Brian ! Je suis désolée John, il est parfois insupportable.
-Ce n'est rien, Mary. Je suis le chef de mon service et je suis reconnu dans mon domaine par mes pairs du monde entier. Et si tu veux savoir si je gagne suffisamment bien ma vie, oui. On peut dire ça, oui. Si ta mère et mi décidions de nous installer ensemble, il va de soi que j'ai très largement de quoi subvenir à ses besoins.
-Qui vous fait croire que vous laisserai faire une chose pareille ?
-Tu n'aurais pas ton mot à dire Brian en réalité. J'ai cru Sarah que tu adorais faire du surf ? Brian aussi.
-Tu fais du surf ?
La fille qui paraissait si sûre d'elle rosit et acquiesça. C'était ça les filles avec mon frère, elles étaient toutes folles de lui et elles devenaient un peu bêtes après.
-Je me débrouille. Je pourrais peut-être me mesurer à toi ce week-end si le cœur t'en dit...
Elle lui sourit gentiment et mon frère lui jeta en retour son regard « d'empereur du mal ». Il était très froid et je vis qu'elle le prit comme un coup dans l'estomac.
-Non merci, j'ai des choses prévues ce week-end. D'ailleurs j'ai des choses prévues tout de suite.
Brian se leva d'un geste et rattrapa
C'était sympa de vous voir John. Maman m'a dit que vous aimiez le basket, on devrait se faire un match... jeudi soir ?
-Je préfèrerai mercredi soir. Je suis de garde à l'hôpital jeudi. Mercredi ce serait parfait.
-Très bien. À mercredi.
Brian lui tendit la main et John sourit avant de se redresser pour la lui serrer. Je savais ce qu'il venait de se passer. Brian l'avait analysé mais avait besoin de le tester plus avant. Maman paraissait horrifiée et amoureuse. C'était étrange comme mélange, mais je savais que c'était nécessaire. Si nous ne vérifiions pas si John McAllister était un homme bien pour Maman, elle le regretterait et nous aussi. Je ne voulais plus jamais voir de larmes dans les yeux de Maman. Jamais.
-Thomas !
-J'arrive !
Je me lève et je rejoins Sarah dans la cuisine. Elle est entrain de faire une tarte, Brian est entrain de cuire la dinde, Maman est entrain de s'occuper des accompagnements pendant que Grand-Mère Penny fait du thé.
-Vous n'avez pas besoin de moi en fait. Vous vous débrouillez très bien tous ensemble là !
Ils me regardent tous avec un regard assassin et je souris.
-C'est bon, on est le dernier jour de l'année ! Détendez-vous les mecs. Détendez-vous. Je vais mettre le couvert. C'est dommage que Papa soit encore à l'hôpital, je trouve. Tu es sûre qu'il ne peut pas se libérer Sarah ?
-Non ! Il a une opération assez longue à faire, le temps qu'il revienne, il ne sera pas présent pour la nouvelle année ! Il sera forcément en retard !
Je suis déçu. J'adore quand Papa est là pour la nouvelle année. Il fait toujours le pitre comme Oncle James. Je vais devoir faire l'idiot tout seul, alors que l'année d'avant, nous avions pu faire un mini-feu d'artifices tous les deux dans le jardin. Je mets le couvert et j'entends la voix de Grand-Père dans le jardin. Il est au téléphone avec Martin sûrement. Il s'agite et lève les yeux au ciel.
Nous dînons tous ensemble dans une bonne ambiance, mais moi, j'ai les yeux rivés vers la pendule. Après le dessert, je vais dans le jardin pour voir les étoiles. Dans un an, je serai à la fac. Je serai à Stanford. C'est l'université où je veux aller depuis que Papa m'a ramené un sweat de là-bas au moment des visites des universités avec Sarah et Brian. Je souris et la voix de Brian me tire de ma rêverie.
-Tu penses à Giulia ?
-Giulia ? Non pourquoi ? Tout le monde sait qu'elle en pince pour toi depuis des lustres.
-Tom. T'es à la fois un McAllister et un Miller. Et pourtant, t'y connais rien de rien en filles. C'est déprimant. Tu devrais pas faire comme Sarah et attendre le grand Amour. Tu devrais le chercher. Activement. Enfin... si tu vois ce que je veux dire...
-Brian.
-Quoi ?
-Tu sais. Je suis plus puceau hein.
-Mais pourquoi tu me l'as pas dit ??? Je suis choqué. Tu ne me fais plus confiance ?
Je contemple mon frère et soupire.
-Quand j'avais 14 ans, je t'ai entendu avec Papa, oncle James et oncle Martin. Vous étiez entrain de dire que vous alliez m'offrir du champagne et me faire une fête quand je ne serai plus puceau. Je suis pas comme ça. Aussi.. extraverti. Aussi... dévergondé.
-Oh Thomas, sourit Brian. C'était une blague tu sais. Pour la fête, j'entends. Il y a des choses dans la vie qu'on peut partager avec les hommes de sa famille. Qu'on doit partager avec sa famille. On ne se serait pas moqué de toi ou de tes questions. On ne se moquera jamais de toi ou de tes questions ou du récit de tes performances. Si tu savais tout ce que je leur ai raconté au fil de ma vie... tu peux pas avoir loupé autant de trucs que moi. Alors, pourquoi tu ne penserais pas à Giulia ? Tu l'aimes non ? Notre petite Lia ?
-Oui. Je l'aime. C'est ma meilleure amie.
-Je veux dire... tu l'aimes vraiment non ?
-Pas comme un homme doit aimer une femme. De toute façon, nous avons un pacte. Si à 30 ans, nous ne sommes pas mariés, nous nous marierons ensemble. Avant cette date, nous sommes libres comme l'air.
Brian se met à rire et me dit qu'il a fait un pacte similaire à mon âge.
-Avec qui ?
-Tu verras bien dans quatre ans si je décide de me marier tout à coup !
Nous tournons la tête quand Sarah nous appelle pour le décompte. J'entends le bruit de la serrure et je vois Papa arriver quand il ne reste plus que six secondes.
-5..4..3..2..1.. BONNE ANNÉE.
Maman se retourne voit Papa et saute dans ses bras pour l'embrasser tendrement. Je lis la même tendresse dans les yeux de Papa que le jour où je l'ai rencontré. Toute notre grande famille s'embrasse et Papa m'attire vers lui.
-J'en profite tant que tu veux encore de mes câlins.
-Ça ne me gêne pas du tout !
-Ça ne te gêne pas ?
-Pas du tout.
Mon père adoptif me sourit et grimace un peu.
-Même pas un tout petit peu ?
-Même pas un tout petit peu.
-Qu'est-ce qui me fait croire que c'est vrai ?
-Parce que je suis ton fils, que tu es mon père et que je t'aime trop pour te mentir... Je ne pensais pas que tu t'en souviendrais.
Mon père me serre un peu plus dans ses bras.
-Ne pas me rappeler du jour où j'ai compris que tu serais mon fils un jour ? Je n'oublierai jamais. Passe une très belle et bonne année Thomas Miller-McAllister. Donne toujours le meilleur de toi. Aide toujours ton prochain et trouve toujours le juste milieu entre l'Amour et la Raison. Avance avec droiture et avec honneur. Sois un homme bon et juste et tu seras heureux. Je te le promets. Et n'oublie pas... tu nous rends fier, ta mère, tes frères et sœurs et moi.
Je me mets à rire et à pleurer en même temps avant d'être arraché de l'étreinte paternelle pour finir contre les seins de Sarah. Je relève les yeux et je la fixe.
-Ça fait 10 ans qu'on se connait et ça fait 10 ans que je t'aime. Je te changerai pour rien au monde.
Je la serre contre moi et je sais que cette année va bien se dérouler. Il suffit que je fasse de mon mieux, en chaque circonstance.
***
Je vous souhaite encore une très bonne année 2018 :) Love you ! xoxo M.
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