T6 - Chapitre 8
Watson et Holmes se précipitèrent vers la source de l'explosion, suivit comme leur ombre par Lupin, qui les bouscula presque pour passer.
Dans la pièce qu'ils venaient de visiter, les murs dégoulinaient... de peinture bleue.
-Mais qu'est-ce que... lâcha Lestrade, légèrement moins réactif, en les rejoignant trois secondes plus tard.
Holmes se pencha sur le sol pour attraper la petite sphère métallique qui roulait encore doucement.
-Alchimie, lâcha-t-il. Une simple diversion.
Comprenant aussitôt où il voulait en venir, Watson fit volte-face et se précipita dans la pièce où se trouvait les coupures de journaux.
Un cadre gisait au milieu de la table, éventré. Vide.
Sur la petite plaque dorée qui y était accroché, on pouvait lire « Nicholas Flamel et Leonard Nimoy, Octobre 1810 ».
-LE CONCIERGE ! S'exclama Lupin en sortant de la pièce en trombe.
Cette fois, ce fut Lestrade qui lui emboita le pas, suivit de Watson et d'un Holmes plus que contrarié.
Ils débouchèrent tous les quatre dans l'entrée.
L'homme qui les avait accueillit n'était pas là.
-Où est votre collègue ? Demanda aussitôt Lupin à un jeune homme en livrée qui mangeait un sandwich à côté des porte-manteaux.
-L'est partit, répliqua l'homme en mâchonnant son pain d'un air blasé.
-On s'est fait avoir... Ragea Lupin en tapant du pied. Comme des bleus !
-Calmez-vous, lui intima Watson. Nous n'avons plus rien à faire ici. Sortons.
-Que je sois calme ! Tempêta le cambrioleur. Alors que Flamel vient peut-être de nous passer sous le nez ! Est-ce qu'il est calme, votre détective ? Il a beau faire le fier dans le Strand, il ne s'en est pas mieux sortit !
-Lupin ! s'exclama Watson. Ce n'est pas parce que...
-Laissez parlez ce triste sire, le coupa Holmes. Il gère bien trop mal la frustration de l'échec. Le pauvre, il a dû vivre cette situation si souvent... Rentrons à Baker Street. Il sera toujours temps de reprendre l'investigation demain. Enfin, si monsieur Lupin a fini de taper du pied, bien sûr...
Il prit d'autorité le bras de Watson et, sans accorder un regard à son rival, sortit du club. Lestrade les suivit, visiblement déboussolé.
-Holmes, dit-il, je n'y comprends rien ! Qui est ce Russel-Lupin que vous venez de rembarrer si froidement ? Et qui est ce Flamel qui vient apparemment de nous jouer un tour ? Pas le même que sur la photographie qui a été volé, tout de même ! S'il n'avait que vingt ans à l'époque il aurait... dans les quatre-vingt-dix ans !
-Plutôt cinq-cent soixante, en fait, répondit distraitement Holmes. Et en ce qui concerne l'individu que je viens d'admonester... Je vous conseille vivement de faire des recherches sur lui !
-Holmes ! Protesta Watson.
Le détective lui adressa un sourire désarmant.
-À demain, inspecteur ! Lâcha-t-il en faisant volte-face, entrainant Watson dans son sillage.
Le pauvre inspecteur ne répondit pas, visiblement plongé dans ses pensées.
~
Holmes avait passé son bras sous celui de Watson. Ils marchaient côte à côte, tranquillement, comme au bon vieux temps, cette époque pas si lointaine sans vampires, sans loup-garou, et sans vieillard de cinq-cent-ans. C'était comme s'ils ne s'étaient jamais séparés.
Holmes serra un peu plus le bras de Watson. L'illusion, que tout était comme avant, ne pouvait durer plus d'un instant. Il avait cette amertume, au bord de la conscience...
Jamais la possibilité de l'échec, au cours d'une affaire, ne lui avait autant fait peur.
Il avait besoin d'impressionner Watson. Il fallait qu'il lui rappelle qu'il était génial, formidable, et digne d'être suivit... Il ne pouvait pas se permettre de se faire battre, pas maintenant. Il ne pouvait pas perdre la face. Car si Watson s'apercevait qu'il était moins intelligent qu'un autre...
Ah, il avait bien vu leur complicité, à tous les deux. La complicité de ces gens qui ont affronté la mort ensemble, survécu ensemble, voyagé ensemble...
Et si Watson l'avait oublié ? Remplacé ?
-Ne faites pas cette tête, Holmes, intervint l'objet de ses pensées en souriant gentiment. Flamel ne nous échappera pas éternellement. Et puis, vous m'avez toujours dit que c'était bon signe, lorsque le coupable se sentait assez menacé pour agir !
Holmes répondit à son sourire.
-En effet. Quoique... Certains éléments me paraissent assez obscurs. Pourquoi attendre notre arrivée pour dérober la photographie ? Le concierge était visiblement là avant l'arrivée de Lupin, et avait parfaitement accès à toutes les salles.
-En effet... répondit Watson, troublé. Mais... Si c'était Flamel ? S'il avait paniqué en nous voyant arriver ?
-Si c'était bien lui, mon cher Watson, répondit Holmes avec un brin d'ironie, il n'aurait pas eu grand intérêt à voler la photographie, puisque nous avons vu son visage.
-Vous avez raison, bien sûr, s'amusa le docteur.
Ils étaient arrivés devant la porte du 221b. Leurs visages s'assombrirent de concert en songeant à ce qui ne les attendait pas à l'intérieur, ce témoignage du bon vieux temps définitivement révolu. Madame Hudson...
-J'ai une faim de loup ! Déclara Watson avec un enthousiasme un peu forcé.
Le visage de Holmes s'assombrit encore un peu plus.
-Mais vous ne pourrez pas boire mon sang avant que la cocaïne n'en ait totalement disparu... Dans une dizaine de jours...
Pour une obscure raison, il brûlait d'envie que Watson boive son sang, enfin. C'était comme si... Comme si le laisser boire son sang lui donnerait l'assurance qu'ils s'appartenaient l'un à l'autre, seulement l'un à l'autre, loin de l'ombre menaçante de son rival. Comme si c'était le meilleur moyen qu'avait trouvé son esprit fatigué pour se rassurer sur la présence de Watson à ses côtés.
-J'ai une idée ! s'exclama Watson. Et si on allait au Simpson's ?
Holmes haussa un sourcil dubitatif. Le Simpson's était leur restaurant préféré, avant que Watson ne change de régime, celui où ils se rendaient (la plupart de temps, Holmes invitait) pour célébrer la fin d'une enquête, un heureux évènement, ou simplement une bonne après-midi ensemble.
-Je doute qu'ils apprécient vos goûts, mon cher Watson, railla-t-il.
-Vous croyez ? Répondit Watson avec fausse candeur. Pourtant, on m'a dit que leur pudding au sang était excellent...
Holmes ouvrit la bouche pour répliquer... Et la referma. En effet. Le pudding traditionnel utilisait du sang animal comme liant, un peu comme le boudin français, dont il tenait son nom.
-Mais vous pouvez... tenta-t-il.
-Ce n'est pas le sang le plus agréable à boire, répondit Watson en haussant les épaules. Mais je peux bien, discrètement, amener ma propre boisson à côté...
En riant, Holmes ouvrit la porte de la maison et alla se changer tandis que Watson descendait à la cave, chercher une bouteille de bon « vin » à emporter.
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