-Où allons-nous ? Demanda Watson au détective qui réfléchissait, les yeux perdus dans le vague. Au Travellers Club ?

-Le Travellers Club a changé deux fois de localisation depuis sa création, répondit Holmes. Je doute qu'il reste assez d'indice sur Flamel pour nous éclairer en quoi que ce soit. Ce dont nous avons besoin, c'est de leurs archives.

-Mais ils ne vont pas vous les donner aussi facilement...

-Exact. Je ne sais pas comment Lupin va s'y prendre, mais je préfère opter pour la solution la plus directe et la plus pratique.

Le cab s'arrêta. Watson en sortit, intrigué.

Ils étaient devant Scotland Yard.

-Lestrade ! s'eclama Watson en suivant Holmes à l'intérieur.

Bien entendu, le détective n'avait besoin de se présenter à personne au Yard. C'est tout juste si les agents de l'accueil ne s'inclinèrent pas pour lui céder le passage. Holmes se rengorgea imperceptiblement. Il avait beau râler en permanence sur les histoires de son ami et colocataire, il fallait avouer que la célébrité avait du bon ; même si sa réputation parmi les policiers était tout autant dues aux histoires de Watson qu'aux très nombreuses affaires sur lesquelles Holmes avait officieusement apporté ses lumières.

Ils accédèrent donc sans obstacles au bureau de l'inspecteur Gabriel Lestrade, présentement occupé à taper un rapport des plus laborieux.

-Holmes ! s'exclama-t-il en voyant le détective faire irruption dans son bureau. Je ne vous ais pas vu depuis que... Docteur Watson ! s'exclama-t-il une deuxième fois, ravis, en voyant le docteur entrer à la suite du détective. Vous êtes revenus à Londres ! Ah, comme je suis content de vous voir en un seul morceau !

Enthousiaste, il se leva et serra la main de Watson, qui le lui rendit bien.

-Holmes n'était plus le même, depuis votre disparition ! Continua le policier en souriant. À peine si un mystère pouvait éveiller son intérêt ! Et pourtant, on a eu du lourd, avec tous ces nouveaux vampires en circulation, après la défaire de Moriarty... Et Holmes qui refusait de nous dire où vous étiez et ce qui vous était arrivé ! Nous avions peur que vous ne reveniez pas, et qu'il reste à tout jamais imbuvable !

-Les « nouveaux vampires » !? s'exclama Watson en s'étouffant presque. Lestrade, depuis combien de temps savez-vous que les vampires existent ?!

-Le docteur vient juste de revenir... intervint affectueusement Holmes en mettant une main sur l'épaule de son ami.

-Et vous l'entraînez déjà dans les ennuis, n'est-ce pas ?

-... Il n'a donc pas eus vent des dernières nouvelles, continua le détective en ignorant superbement l'intervention. L'inspecteur que voici, dit-il à Watson, a été promis à la Brigade des forces Surnaturelles, mis en place par sa gracieuse Majesté, sur ma proposition. Il a donc été mis au courant, au grand dam de mon frère, de la plupart des informations que nous possédons sur les créatures à crocs, à griffes et à fourrures. D'ailleurs, sa brigade à accès au centre de données mis en place par mon réseau.

Est-ce qu'il sait, pour moi ? L'interrogea silencieusement le docteur. Holmes fit non de la tête.

-Quel rapport avec votre frère ?! Demanda Lestrade, un peu perdu.

-Hum ? Mon frère ? Quel frère ? Répondit Holmes en feintant l'innocence.

-Félicitation pour votre promotion, en tout cas ! Déclara Watson en lui serrant la main.

-Oh, répondit le policier d'un air faussement modeste, il s'agit surtout d'une double occasion de me faire trouver la panse...

-Bien ! Lâcha Holmes en se laissant tomber sur la chaise qui faisait face au bureau de Lestrade. Maintenant que les salutations sont passées, est-ce qu'on pourrait se pencher sur l'objet de notre visite ? Lestrade, nous (il apprécia visiblement l'utilisation du pronom) avons besoin d'avoir accès aux archives du Travellers Club. Maintenant.

-Hein ? Quoi ? Pourquoi ?

-Rien qui ne doive vous inquiétez, inspecteur. Vous pouvez bien me rendre ce petit service.

-Mais...

-Nous recherchons quelqu'un, intervint gentiment Watson. Ou plutôt quelque chose, qu'un ancien membre aurait eus en sa possession.

-Watson ! Protesta Holmes en se relevant.

Watson lui adressa un sourire contrit, et le détective prit l'air vaguement réprobateur.

-Soit, déclara le policier. Mais à une condition : je vous accompagne.

-Il n'en est pas... commença Holmes avant de procéder à un savant calcul.

Lupin = cambrioleur. Lestrade = policier. Lupin + Lestrade = bien. Trèèèès bien.

-Il n'est pas question de protester contre ça, voyons, reprit Holmes, arrachant un hoquet de stupéfaction aux deux témoins. En route !

Et, sur ces mots, il quitta la pièce, laissant le policier ébahis (il s'était attendu à de rudes négociations) partir en quête de son manteau.

Watson rattrapa son ami dans le couloir.

-Holmes ! s'exclama-t-il en lui prenant le bras.

Ce dernier lui jeta un regard qui se voulait courroucé (après tout, il avait vendu la mèche à Lestrade!) mais s'adoucit bien vite en rencontrant l'excuse muette dans les yeux du docteur, son docteur, le docteur qu'il avait crains de perdre et qu'il venait juste de retrouver.

-Pourquoi permettre à Lestrade de venir ? s'enquit Watson, qui avait comprit qu'il était pardonné.

-Vous ne vouliez pas qu'il vienne ?

-Si, mais...

-Alors de quoi vous plaignez vous ?

-Holmes ! Je ne me plains pas, je suis surpris que... Oh, attendez ! S'interrompit-il. Ne me dites pas que... Holmes, Lupin est trop malin pour fournir à Lestrade de quoi l'arrêter !

-On ne sait jamais, répondit le détective en quittant le commissariat pour quêter un fiacre. On ne sait jamais...