T6 - Chapitre 4
Watson émergea de son sommeil en sursaut. Tout était calme. Trop calme.
Des mois à vivre caché, traqué, l'avait habitué à se réveiller alerte, prêt à l'action, comme au temps de l'armée. Où était Lupin ?
Il tâtonna autour de lui pour mettre la main sur son arme... Et s'aperçut qu'il était dans un lit.
Un lit ?
Londres. Baker Street. Holmes !
La dernière chose dont il se souvenait était le foyer ondoyant de la cheminée du salon et son vieux fauteuil, dans lequel il s'était blotti. Il avait dû s'endormir. Et, visiblement, quelqu'un l'avait transporté dans sa chambre, lui avait enlevé sa veste et ses chaussures, et avait rabattu sur lui les couvertures.
Une odeur de tabac flottait dans l'air, révélant l'identité de ce mystérieux bienfaiteur.
Watson sourit, touché, comme il l'était toujours, par les marques d'affection que le détective consultant lui adressait. L'envie de retrouver ledit détective se fit soudain plus forte, et il sauta de son lit pour changer de vêtement. Il en profita aussi pour faire sa toilette la plus poussée depuis plusieurs mois, couper ses cheveux trop longs, se raser, et retailler correctement son élégante moustache.
Une demi-heure plus tard, il descendit les marches de bois qui menaient au salon, en jetant un coup d'œil au passage à sa montre, qui lui appris qu'il était cinq heures de l'après midi.
-Ah, Watson ! s'exclama Holmes lorsqu'il entra dans la pièce.
-Bonjour, Holmes, répondit le docteur en souriant.
Holmes était attablé et, chose extraordinaire, il était en train de manger.
-J'ai chargé quelques Irréguliers d'aller faire les courses, lança-t-il distraitement. Nous allons tous les deux avoir besoin de force pour affronter les jours à venir !
Il paraissait aussi excité qu'un gamin le soir de Noël. Watson jeta un coup d'œil suspect vers la pile de papier où trônait hier – enfin, ce matin – la terrible seringue. Elle n'y était plus.
Le docteur sourit. Il n'y avait qu'une seule autre promesse que la cocaïne qui pouvait émoustiller le détective à ce point...
-Une affaire ? Demanda-t-il en s'asseyant en face de lui.
Les yeux du détective brillèrent un peu plus.
-Eh comment, mon cher ! Une affaire que vous m'avez vous-même amené ! Vous ne pensiez tout de même pas pouvoir me parler de pierre philosophale, de chasse au trésor et de vieil alchimiste disparu sans éveiller ma curiosité !
Watson rit devant tant d'enthousiasme et s'installa en face de lui.
-Au fait, demanda-t-il, où est Lupin ?
-Disparu ! s'exclama Holmes, au comble du bonheur. Il va certainement tenter de retrouver Flamel avant nous !
-Il aurait pu me dire au-revoir, tout de même, soupira le docteur.
-J'ai entendu dire que c'était sa manière d'agir, répliqua Holmes en levant les épaules.
-Mais tout de même...
-Bon, d'accord, soupira le détective. Il a laissé un mot.
-Holmes ! Donnez-le-moi !
Holmes se leva, plongea la main dans sa poche, et en ressortit une carte de visite qu'il lança sur la table. Puis il leva le doigt en l'air et fit volte face pour se précipiter vers sa chambre.
-Nous partons dans dix minutes, Watson !
Watson secoua affectueusement la tête lorsque la porte de la chambre claqua dans le dos de son ami. Puis, souriant malgré lui, il reporta son attention sur la carte de visite.
D'un côté, se trouvait écris en lettres dorées Raoul d'Avenac, et, de l'autre côté, un petit mot tracé à la hâte : « J'ai défié votre détective en combat singulier, Watson ! Que le meilleur gagne ! Pour toujours, votre, A.L ».
Watson leva une nouvelle fois les yeux au ciel. Bande de gamins, songea-t-il distinctement en allant chercher son revolver.
~
-Où allons-nous ? Demanda Watson au détective qui lui était collé à lui, dans l'espace confiné du cab.
-Toujours commencer par la piste la plus évidente, Watson ! Lui répondit l'interressé.
-C'est-à-dire ? Quelle est la piste la plus évidente pour traquer une personne qui a changé de nom dans une métropole telle que Londres ?
-Voyons, Watson ! Réfléchissez ! Répliqua le détective, trop heureux de se retrouver de nouveau dans cette situation. Que savons-nous sur Flamel ?
-Eh bien... Il a décidé de revenir à Londres lorsque son amant est mort...
-Watson, vous commencez encore par la fin ! Remontez dans le temps.
-Il a entretenu une relation avec Leonard Nimoy ?
-Oui...
-Il a financé une expédition pour retrouver sa sœur !
-Exactement !
-Mais en quoi cela nous aide-t-il ?
Holmes soupira. Watson constata, avec un petit sourire, que leur séparation n'avait en rien arrangé son manque de patience envers les esprits moins vifs que le sien.
-Une telle expédition, Watson...
-Les journaux ! s'exclama le docteur, prit d'une illumination.
Holmes l'encouragea à continuer d'un signe de tête.
-Les journaux se sont forcément penchés sur une histoire aussi dramatique, développa Watson. Ils ont dû faire quelques articles sur ce généreux bienfaiteur. Il devait bien appartenir à quelques clubs... Avoir une banque... Ce genre de choses.
-Vous faites des étincelles, aujourd'hui, Watson, s'amusa Holmes.
À cet instant, le cab s'arrêta. Holmes ouvrit la porte et descendit aussitôt, sans se soucier le moins du monde d'interrompre la conversation.
Watson descendit à son tour et paya le cocher avant de rejoindre le détective qui piétinait devant la porte, impatient. Heureusement, le jour était assez gris, et ponctué d'assez de smog – ce brouillard compact, typiquement londonien – pour qu'il puisse sans danger de combustion passer du fiacre au bâtiment, le chapeau solidement vissé sur l'occiput.
Et, alors qu'il entrait, le vampire reconnu enfin où ils se trouvaient : les bureaux du Times.
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