
T5, Acte 2, Chapitre 8: Les Winchesters
-Crowley, je présume ? Lâcha Dean. Vous êtes encore plus moche que ce que j'imaginais.
Devant les trois chasseurs se tenaient une dizaine de vampires immobiles, la face seulement perturbée par un rictus d'ironie. Celui que Dean venait d'apostropher si poliment s'avança.
C'était un individu de taille moyenne à la silhouette un peu ronde. Son visage aux yeux dégoulinant de cynisme était encadré par une barbe de quelques jours – apparemment soigneusement entretenue – et des cheveux foncés, assez court.
-On dirait, commenta le vampire, que j'ai bien fait de ne pas me rendre au bal, ce soir, où j'aurais pu me retrouver sans maison. Ce qui aurait été dommage, avouez-le.
-Arrêtez, railla Dean, vous allez me faire pleurer.
L'autre soupira théâtralement.
-Vous, les chasseurs, êtes vraiment sans cœur. Vous condamneriez un pauvre vampire tel que moi...
-Arrêtez vos pitreries, le coupa Sam. Qu'est-ce que vous voulez ?
-Je pensais que c'était évident. Vous vider de votre sang, bien sûr. Et vous regarder mourir tout doucement. Douloureusement, devrai-je plutôt dire.
-J'ai peur de ne pas aimer le programme, répliqua Dean. Vous nous excuserez, mais on a promit à un copain qu'on lui ferait une petite visite et on est légèrement en retard, donc...
-Vous savez pourquoi je suis resté là, ce soir ? Le coupa Crowley. Parce que je suis prudent, et pragmatique. Moriarty est persuadé qu'il est le plus fort, mais Holmes l'a déjà battu trois fois, alors que les chances étaient toutes contre lui. Vous savez ce que disait Einstein sur la folie : refaire sans cesse les mêmes choses en s'attendant à des résultats différents. Moriarty battra peut-être Holmes, et peut-être pas. Moi, je reste à l'écart, je deale avec le gagnant... Et je protège mon manoir contre les chasseurs un peu trop entreprenants. Allez les enfants !
À cette injonction, les « enfants » (c'est-à-dire la dizaine de vampire assoiffés de sang qui se tenait derrière lui) bondirent en avant.
Sam plongea sa main dans sa poche pour ressortir une bombe solaire, mais une main attrapa la sienne avant, et, une seconde plus tard, son visage se retrouvait plaqué contre le sol froid.
-SAMMY ! Hurla Dean en se précipitant sur le vampire qui se situait entre lui et son frère.
Quelqu'un aurait du dire à ce vampire que c'était vraiment un mauvais endroit où se placer. Vraiment. Mais personne n'aurait l'occasion de le faire, de toute façon, puisque sa tête vola dans les airs, proprement détaché du reste de son corps.
Castiel égorgea la brute qui voulait le prendre en traître et se retourna vers son amant.
À cet instant, un vampire jaillit de nulle part et s'écrasa sur l'aîné des Winchester, qui laissa échapper un cri de frustration en perdant son arme.
-DEAN ! Hurla Cas en blessant un autre assaillant.
-Rends-toi, Castiel, lança Crowley.
Le vampire au trench-coat beige répondit d'un grognement animal, sortit du plus profond de sa gorge. Il était prêt à bondir, et déchiqueter sans pitié tout ce qui se mettrait entre lui et sa famille.
Crowley fit jaillir de sa manche une dague. Le vampire qui tenait Dean l'agrippa par les cheveux pour le redresser, et la lame de Crowley vint se pointer sur sa gorge.
-Je reformule, lança le chef du manoir. Rends-toi, Castiel, ou tu pourras boire le sang de ton petit chéri à même le sol.
Castiel abandonna aussitôt sa posture menaçante.
-Je préfère ça, commenta Crowley, railleur. Si l'empaffé en trench-coat bouge d'un poil, déclara-t-il en se tournant vers ceux qui tenaient Sam et Dean en joue, vous les égorgez.
-Avec plaisir, chef.
Crowley s'approcha de Castiel, qui n'osait pas bouger, et rapprocha son visage du sien, comme pour étudier un phénomène de foire.
-Ainsi, un vampire peut réellement passer dans l'autre camp, marmonna-t-il. Ce vieux fou de John Winchester avait raison...
Et, sans plus de parole, il fit jaillir une lame de sa manche et fit un large geste.
Il y eu un instant de suspension, entre deux respirations.
Et une ligne rouge apparue sur la gorge de Castiel.
Un filet de sang se mit à couler. Le filet se changea en ruisseau. Puis en torrent.
Le vampire s'effondra sur le sol, les mains plaquées sur son cou.
-CAAAAAAAAAS ! Hurla Dean en essayant de se débattre. CAAAAS ! ÉSPÈCE DE CONNARD ! JE VAIS TE FAIRE LA PEAU ! CAAS !
-Allez chercher de quoi prélever du sang, lança tranquillement Crowley à l'un de ses hommes. J'ai envie de mener une petite étude sur les vampires non transformés.
Dean laissa échapper un gémissement. Les bords de sa vision s'étaient obscurcies, brouillés par un liquide salé qui lui brûlait les joues. Il ne voyait plus que le vampire allongé sur le sol, l'incroyable quantité de sang qui jaillissait à flots entre les crispés, et les soubresauts de son corps qui se tordaient de douleur.
-Il n'est pas encore mort, vous savez dit tranquillement Crowley en tapotant du pied le flanc de Castiel. Pour tuer un vampire, il faut lui couper la tête, le brûler vif... Ou le laisser se vider de son tout sang. D'après ce que j'ai compris, la dernière solution est de loin la plus douloureuse. Mais si c'est pour la gloire de la science...
Un de ses hommes lui tendit un tube à essai. Le chef vampire se pencha sur Castiel, qui ne bougeait plus, et se saisit d'une main pour l'éloigner de son cou.
Soudain, Castiel ouvrit les yeux, renversa Crowley, et planta ses dents dans son cou.
Tout s'était déroulé si vite qu'il fallut un instant au reste des vampires pour assimiler l'information. Il n'en fallait pas plus au deux Winchester pour se défaire de leur emprise, sauter sur leurs armes, et reprendre le combat.
Un combat bref, qui se solda par quatre têtes détachées de leur corps. Les deux qui restaient prirent la fuite, sans même un regard pour leur patron coincé sous Castiel, qui buvait toujours son sang.
-Cas ? Appela doucement – très doucement – Dean.
-Dean... souffla le vampire en tournant son visage couvert de sang vers son ami. Heureusement, Crowley n'avait pas eu le temps d'avoir peur, et son sang n'était pas contaminé.
Pour se défouler, Dean lui tira tout de même trois balles dans la tête.
Sam fouilla dans sa poche et lança à son aîné un rouleau de bandage.
-Dean, prends Cas et sortez d'ici. Je pose les explosifs et je vous rejoins.
-Non, répondit son grand frère en enroulant le bandage autour de la gorge de Castiel. On reste tous les trois, on survit tous les trois ou on meurt tous les trois. Pas de survivants solitaire, Sammy.
-D'accord, dit doucement son frère en posant brièvement sa main sur son épaule.
Il ouvrit son sac, et en sortit la petite boite noire que Holmes avait confié à chaque équipe.
-Quatre minutes, dit-il en se retournant vers son aîné, qui portait Castiel en travers de ses épaules.
-Tirons-nous, conclut Dean.
Au moment où ils mettaient le pied dans la rue, une explosion lointaine ébranla le sol.
-Le manoir Moriarty, commenta Sam en regardant au loin. Le capitaine a remplit sa mission.
Une minute plus tard, une nouvelle explosion emportait le manoir Crowley. Les flammes rouges et or illuminèrent si bien la nuit qu'on y voyait comme en plein jour.
-Il ne reste plus que Violet et James, murmura Sam en tentant vainement de regarder dans la direction du manoir Nosfératus.
-T'inquiète pas, vas, plaisanta Dean d'une voix fatiguée en posant Castiel sur le sol, quelques rues plus loin, pour éviter les pompiers. Elle est résistante, ta petite Violet.
Son frère ne répondit rien.
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