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T5, Acte 2, Chapitre 7: Jim, Spock, Mccoy


-Qui êtes-vous ? Demanda Jim en tentant de s'asseoir plus confortablement.

C'était plutôt compliqué, les mains liées derrière le dos et les pieds attachés, mais à force de se retrouver entraîné – où, plus fréquemment, d'entraîner ses amis – dans ses situations rocambolesques, il avait une certaine pratique.

L'aristocrate qui le retenait prisonnier ne répondit pas, ne lui accorda même pas un regard, tout occupé qu'il était à nettoyer son étrange fusil. C'était un homme grand aux épaules larges et à la mâchoire carrée. Kirk ne doutait pas un instant qu'il ait eu un grand succès auprès des deux sexes, avant qu'une cicatrice boursouflée ne vienne barrer en deux la partie droite de son visage, de son menton à son front, en passant par son œil.

-C'est bien ma veine, ironisa le capitaine avec son aplomb habituel (qui lui aurait valut des yeux au ciel de la part de Bones et un regard réprobateur de Spock). Je suis tombé sur le seul méchant de l'univers à rester silencieux. Vous ne voudriez pas faire un rire diabolique et vous vanter ensuite de votre plan devant moi ? Comme ça, lorsque mes amis viendront me délivrer et qu'on vous aura botté les fesses, nous saurons à quoi nous en tenir.

-Ou alors, rétorqua l'autre d'une voix rocailleuse, je décide qu'il ne m'est pas réellement nécessaire que vous soyez vivants pour attirer vos amis, je vous tue, et j'ai enfin la paix.

-C'est une vision des choses, admit Jim en déglutissant.

-Je vais tout de même vous faire une faveur : je m'appelle Sebastian Moran.

-Le bras droit de Moriarty ? s'exclama Kirk. Quel honneur. Si j'avais su, je me serais habillé un peu plus dignem...

Une gifle monumentale lui coupa le sifflet. Le goût du sang envahit sa bouche, et des étoiles dansèrent un instant devant ses yeux. Il cligna des paupières jusqu'à ce qu'elles le laissent tranquille.

-Pas très fair-play, grommela-t-il avant de se taire.

Il soupira. Ses liens lui faisaient mal. Que faisait Spock et Bones ? Pourvu qu'il ne leur soit rien arrivé...

À vrai dire, il ne savait pas très bien s'il espérait que ses amis viennent le délivrer ou non. Il ne savait pas quel piège tordu son ravisseur avait mis en place, mais son impassibilité l'effrayait.

Soudain, l'objet de ses pensées se figea. Un sourire naquit doucement sur ses lèvres, tordu par la cicatrice. Le sourire d'un prédateur qui venait de sentir l'odeur du sang.

-SPOCK ! Hurla Jim. BONES ! C'EST UN PIÈGE !

L'autre ne fit rien pour l'en empêcher, et le capitaine ne put que se maudire de son impuissance. Évidemment que c'était un piège. Tout le monde savait que c'était un piège. Il était complètement inutile. Soudain prit d'une bouffée de panique, Jim tira de toutes ses forces sur ses liens, ce qui n'eut pour effet que de les enfoncer un peu plus profondément dans sa chair. S'il arrivait quelque chose à ses amis... Alors il aurait tout perdu. Tout.

Et soudain, il fit noir. Complètement noir.

Le piège était simple. À pleurer de simplicité. Moran ne s'était même pas donné la peine d'élaborer un dispositif particulier.

Il pouvait voir dans le noir, et ses amis non. Pour venir le chercher, ils allaient être obligé de traverser la pièce.

-Jim ? Appela une voix familière.

Spock ! PARS ! Hurla-t-il dans sa tête. PARS, SPOCK ! PRENDS MCCOY ET VA-T'EN ! LOIN ! Loin de ce fichu manoir, loin de ces monstres tueurs d'amis...

Il retint sa respiration, et pris garde à ne faire aucun bruit.

-Jim ? Appela une autre voix. Jim ? Où êtes-vous ?

Aucun son, se répéta le capitaine. Ils ne doivent pas savoir où...

Quelque chose – un pied, estima-t-il – le frappa violemment dans le ventre. Il s'effondra sur le sol avec un cri de douleur.

-JIM ! Appela Mccoy.

Il y eut un frottement ténu, et une minuscule lueur apparut, à l'autre bout de la pièce. Bones venait d'enflammer une allumette.

Kirk aperçu fugitivement le visage de Spock, dans le halo lumineux. Le scientifique retirait sa chemise pour la déchirer et la rouler en boule avant d'y mettre le feu. Des lueurs jaunes, tremblotantes, étirèrent leurs ombres à travers la pièce.

-Capitaine ! s'exclama Spock en se précipitant vers lui.

Ou du moins ce fut son intention, avant d'être fauché à mi-course par un projectile de la taille d'un homme. Enfin, d'un vampire.

Sebastian Moran plaqua violemment sa victime contre le sol et planta ses dents dans son épaule. Spock lâcha un cri de douleur. Le monstre releva la tête, le sourire dégoulinant de sang, et se pencha sur son cou.

-MORIARTY EST MORT ! Hurla Bones de l'autre côté de la salle.

Moran se figea.

Puis, avec une lenteur terrifiante, il releva son visage luisant du sang de Spock et planta son regard sur le docteur.

Le feu, de plus en plus faible, jetait sur sa face des ombres inquiétantes, mouvantes, qui donnait à la scène un caractère onirique, entre le cauchemar et le délire.

Moran souleva Spock d'une main et, comme s'il s'agissait d'un bout de papier, le balança par-dessus son épaule. L'officier scientifique alla s'écraser contre Jim, qui avait proprement cessé de respirer, étranglé par l'angoisse.

-Pardon ? Dit lentement Sebastian Moran en s'approchant du docteur, un pas après l'autre.

-Holmes l'a tué, répliqua Bones en puisant dans ses dernières ressources le courage nécessaire pour faire face sans trembler. À l'heure qu'il est, il repose six pieds sous terre. Sans tête.

Le vampire balafré laissa échapper un horrible rire. Mccoy jeta un coup d'œil par-dessus son épaule. Spock était en train de défaire les liens du capitaine.

-Et si je vous vous disais ce qu'il en est réellement « à l'heure qu'il est » ? ricana Moran. Vos amis les Winchester se sont fait mettre en pièce par le clan Crowley, qui n'a pas bougé de son manoir. Holmes et Watson sont arrivés trop tard pour sauver la reine et subissent les foudres de Moriarty, Holmes en servant de cantine, et Watson... Ma foi, je laisse ça à votre imagination. Quant à Violet De Salle, je crains qu'elle n'ait eut à faire gérer la trahison de son cher frère. Mais ne vous inquiétez pas, vous n'êtes pas laissé pour compte. Moriarty avait prévu chacun de vos mouvements de ce soir. Il savait exactement qui allaient où, quand... et comment vous tuer.

-Et si c'était ce que Holmes voulait lui faire croire ?

-Dans tous les cas, gronda Sebastian Moran, vous allez mourir. Le reste vous importera peu, après...

Et il se jeta sur lui.

-BONES ! Hurla Jim.

-MCCOY ! Fit écho Spock.

La tête du Docteur heurta le sol avec un bruit mat. Il sentit une intense brûlure sur la poitrine, là où les ongles du vampire venaient de tracer de profonds sillons. Il plongea sa main dans sa poche. Sa tête le lançait atrocement. Il entendait son sang pulser à ses oreilles, régulièrement, comme un canon infernal. Il allait perdre conscience. Ou perdre la vie. Mais il fallait qu'il se concentre. Il fallait qu'il fasse une chose, avant, juste une chose...

Kirk et Spock se précipitaient vers le vampire penché au-dessus de leur ami lorsqu'un immense flash de lumière déchira l'espace, accompagné d'un hurlement de douleur si profond qu'il leur arracha un frisson d'horreur.

Affalés sur le sol, ils se trouvèrent momentanément aveuglés, incapable de voir au-delà des points lumineux, douloureux, qui hantaient leurs rétines.

Le feu, au milieu de la pièce, était presque éteint.

À tâtons, Kirk enleva sa propre chemise et l'offrit aux flammes. Il ne fallait pas qu'ils retombent dans l'obscurité.

-Spock ? Appela-t-il.

-Une bombe solaire, dit l'officier scientifique. Le docteur savait ce qu'il faisait en l'attira près de lui.

-Spock, je ne vois rien, répondit Kirk en tentant désespérément de rendre aux choses leur netteté. Bones ?

-Je ne vois pas non plus. Docteur ? Quelle est votre position ?

Un silence.

Jim refoula avec énergie la vague d'angoisse qui menaçait de le submerger.

Et puis, enfin, il put voir de nouveau.

D'abord, le tas de cendres, sur le sol, qu'il supposa être les restes de Moran. Et puis Bones. Inanimé.

-Docteur ! s'exclama Spock, qui venait aussi de retrouver la vue, en se précipitant à son chevet.

La base de son cou était barbouillée de sang. Impossible de savoir où était précisément la blessure. Il échangea un regard angoissé avec Jim et chercha le pouls de son cher ami.

-Il vit, souffla-t-il.

-Dieu soit loué ! s'exclama Jim dans un énorme soupire de soulagement. Bones ? Bones ? Demanda-t-il doucement en serrant le bras de son ami inconscient. Vous m'entendez ? Il faut vous réveiller...

Comme il n'y avait aucune réaction, Spock souleva la tête du docteur et la posa sur ses genoux. Ses doigts, lorsqu'il les porta à ses yeux, était luisant de sang.

-Il s'est cogné la tête, dit-il d'un ton si neutre que Jim, s'il ne l'avait pas connu, n'aurait jamais remarqué l'angoisse qui dansait dans son regard.

-Nous ne pouvons pas rester ici plus longtemps, dit le capitaine en se frottant les yeux. J'espère que ce que Moran a dit était faux, et que les autres ont trouvé un moyen d'éviter de se faire tuer. Dans tous les cas, il faut que nous remplissions notre part du contrat.

Spock s'accroupit et souleva le docteur dans ses bras, aussi facilement que s'il se fut agit d'une poupée de chiffon.

-Faisons exploser ce manoir, conclut Jim, et tirons-nous.

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