T5, Acte 2, Chapitre 3: Les Winchesters
-Son of a bitch.
Le juron, prononcé à voix basse, retentit brièvement dans la petite ruelle avant de s'éteindre.
Dean, Sam et Castiel se trouvait devant le Manoir Crowley depuis une heure, et ses occupants ne faisaient pas mine de vouloir se rendre à l'anniversaire de la bien-aimée souveraine.
-Mais qu'est-ce qui foutent ? Ronchonna Dean. Pourquoi ne vont-ils pas se remplir la panse au frais du royaume ?
-Crowley est rusé, intervint Castiel. Je l'ai rencontré de loin, une fois. Il est imprévisible.
-Moriarty aussi, répondit Sam.
-D'une autre manière. Crowley n'est pas un génie du crime. Il est fourbe, pragmatique et, contrairement aux autres, ne se laisse pas aveugler par son orgueil. Enfin, la plupart du temps. Il a dû comprendre qu'il se passait quelque chose et décider de ne pas prendre de risque.
-Bon, qu'est-ce qu'on fait ? Demanda Dean. On va pas rester ici toute la nuit. Je me gèle les fesses, moi !
-On ne peut pas attaquer vingt vampires sur leurs gardes à nous trois ! Répondit Sam.
-Y faudra bien, pourtant, déclara son frère avec un soupir. On ne peut pas laisser tomber les autres.
Il y eut un long moment de silence.
-Voilà ce qu'on va faire, dit enfin l'aîné de Winchester. Je vais entrer par l'arrière, seul, et je placerai la bombe.
-Non ! s'exclama Castiel.
-Il en est absolument hors de question, répondit Sam d'un ton sans appel.
-J'aurais plus de chance seul !
-Bullshit, répliqua le cadet.
Dean lâcha un énorme soupir et lança aux deux êtres qui lui étaient le plus cher un regard implorant.
-Je refuse que l'un de vous deux meure ce soir, dit-il enfin. Je refuse. Sammy, tu es mon petit frère. Cas, je viens juste de te retrouver, et en plus je t'aime. C'est mon boulot de veiller sur vous.
-Et tu crois que c'est quoi, notre boulot à nous, espèce d'idiot ? Répondit Sam tandis que Castiel rougissait furieusement.
Dean lui jeta un regard surpris, comme s'il n'avait jamais envisagé qu'il méritait qu'on le sauve. Ce qui était certainement le cas, songea Castiel avec une immense tristesse en cherchant sa main pour la serrer dans la sienne.
-On y va ensemble, dit doucement le vampire.
Sam posa sa main sur l'épaule de son frère pour souligner qu'il était d'accord. Dean acquiesça finalement, et se racla la gorge pour dissimuler son émotion.
-Le plan initial prévoyait de passer par les toits, dit Sam. Mais vu la concentration de buveur de sang qui y est posté – sans offense, Cas – on va devoir improviser.
-On a qu'à passer par la grande porte, lâcha Dean. Il n'y a que deux gardes. Je suppose qu'ils ne s'attendent pas à ce que quelqu'un entre par ici.
-J'aime bien la façon dont tu dis « que deux gardes » ironisa Sam. Tu oublies juste de préciser « deux vampires si costauds qu'ils font au moins deux fois ma taille en hauteur et en largeur ».
-Personne ne fait deux fois ta taille, Sammy.
-Shut up, bitch ! Répondit l'autre en lui donnant une petite tape sur la tête.
-Jerk.
-Je me charge d'eux, dit soudain Castiel. Faites une diversion.
-Quoi ?! s'exclama Dean. Il n'en est pas quest...
L'autre le coupa d'un bref baiser.
-Les gars ! protesta Sam en regardant ostensiblement ailleurs.
-Faites-moi confiance, dit Castiel en disparaissant dans l'ombre. Comptez jusqu'à quinze, puis attirez leur attention.
Et les deux frères furent seuls dans la ruelle.
-Ce plan est complètement suicidaire, grommela le cadet.
-Nos plans sont toujours suicidaires, Sammy. C'est à ça qu'on les reconnaît.
-On y va ?
-KAWABUNGA !! hurla Dean tandis qu'il jaillissait dans la rue en agitant ses machettes dans tous les sens. EH, LES AFFREUX ! ON VOUS A DIT QUE VOUS ÉTIEZ... euh... AFFREUX ?
-C'était nul, Dean, commenta Sam en se mettant à sa hauteur.
-Ouais, je sais, j'ai eu un trou.
Les deux colosses vampiriques se tournèrent vers les importuns. Le plus épais étira ses lèvres en un sourire qui dévoila ses crocs de manière plus qu'inquiétante et s'avança, tandis que l'autre restait devant la porte.
Ça ne dura qu'un instant. Une ombre jaillit derrière celui qui n'avait pas bougé. Une ombre vêtue d'un trench-coat beige.
Castiel referma ses dents autour du cou de sa victime.
Et lui arracha la gorge.
Le gargouillis d'agonie fit se retourner l'autre ennemi. Il n'en fallait pas plus pour se retrouver avec une machette Winchester à la place de la jugulaire.
Le tout n'avait pris que quelques minutes.
Les deux frères traînèrent le corps inanimé jusqu'à l'entrée du manoir, où il était moins visible.
Castiel se rendit soudain compte de ce qu'il venait de faire devant ses amis, qu'il avait le visage et la poitrine couvert de sang, et dans ses bras un cadavre à la gorge arrachée. Il lâcha le vampire, qui s'affala sur le sol avec un bruit flasque.
Et si... Et si Sam et Dean le prenaient pour un monstre, désormais ? S'ils décidaient de le rejeter à nouveau, de le traquer, de le tuer... Si Dean...
Il se rendit compte que ses mains tremblaient légèrement, et les serra l'une contre l'autre.
Dean se tourna vers lui.
-T'as une tâche, là, plaisanta le chasseur en désignant sa joue.
Et Castiel, sous la couche de sang, rougis subitement.
-C'est pas le moment de flirter, l'interrompit son frère. La porte est fermée.
-Comment ça, fermé ?
-À clef.
-C'était pas dans le plan, ça...
-On a qu'à passer par la fenêtre, intervint Casiel en brisant une vitre.
-Du coup, commenta Dean en suivant son amant, je me demande qui est le plus con : nous pour ne pas avoir pensé que la porte pouvait être fermé à clef ou eux pour ne pas avoir pensé qu'on rentrerait pas la fenêtre ?
-Je dirais vous, lança une autre voix. Pour ne pas avoir pensé qu'on pouvait vous attendre à l'intérieur.
-Son of a bitch, conclut Castiel.
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