
T5, Acte 2, Chapitre 11
Les six compères parcoururent à toute allure les couloirs obscurs du passage secret. Watson ne fut même pas étonné que Holmes se souvienne du chemin.
Et puis, devant eux, perçant les ténèbres, jaillit une faible lueur.
Aux aguets, les chasseurs s'approchèrent, les mains crispées sur leurs armes.
La porte était ouverte.
Watson se plaça devant son ami au dernier moment et entra le premier dans la pièce.
Tout était comme ils l'avaient laissé.
Des murs froids, couverts de toiles d'araignée.
Des tombeaux de pierre, où reposaient quelques gisants au sommeil lourd.
Et, sur le sol, un chandelier plein de sang.
Holmes contourna aussitôt le docteur et se dirigea vers le dernier tombeau. Avec horreur, Watson s'aperçut que la personne qui y était allongé n'était pas une statue, mais un être de chair et de sang.
Sa Majesté la Reine Victoria, pour être plus précis.
Ils se précipitèrent à ses côtés.
-Elle vit, déclara Watson en posant ses doigts sur son cou, mais...
-Mais ? Reprit Dean. Mais quoi ?!
Le docteur releva la tête, le visage sombre. Sa voix, lorsqu'elle sortit de sa bouche, n'était plus qu'un murmure caverneux.
-Elle a été transformée en vampire.
Il y eut un instant de flottement.
-Voilà qui est fâcheux, lâcha enfin Spock.
Vous, vous avez le sens de l'euphémisme, railla Sam.
À cet instant retentis l'écho d'un rire lointain.
-Moriarty ! cria Holmes en s'engouffrant dans le passage.
-Holmes ! s'exclama Watson. Attendez !
Mais le détective avait déjà disparu.
-Vous savez quoi faire ! Lança-t-il aux autres en partant à la poursuite de son ami.
Sam, Dean, Spock et Jim restèrent plantés là, dans la crypte de Buckingam, avec sur les bras une reine vampirisée qui n'allait pas tarder à se réveiller.
-Est-ce qu'on sait vraiment quoi faire ? s'enquit Dean.
-Non, répondit son frère.
-C'est bien ce que je pensais.
~
-Holmes ! Appela une nouvelle fois Watson. Holmes !
Il avait perdu son ami de vu, et essayait de ne pas se laisser dévorer par l'angoisse.
Il y eut un mouvement, dans son dos, tout prêt de lui.
-Pas Holmes, déclara une voix tristement familière.
Quelque chose de lourd heurta le crâne du docteur, qui s'effondra.
~
Holmes suivit les traces de Moriarty jusqu'aux toits, obnubilé par sa traque.
Il fallait qu'il élimine Moriarty, sa terrible Némésis, son double maléfique, son ennemi de toujours. Cette traque était le sens de sa vie.
Lorsqu'il déboucha à l'air libre, il s'aperçut que l'aube allait bientôt pointer. Le ciel était noir, mais l'on pouvait déjà distinguer quelques gouttes roses, au-dessus de l'horizon.
Les humains avaient remportés la bataille. Ou presque, se reprit-il. Il fallait encore qu'il rattrape Moriarty...
Il serra dans sa poche la crosse de son revolver. C'était une arme spéciale, qu'il avait conçu pour l'occasion. Un revolver qui lançait des balles en argent pur. Des balles qui explosaient dans le corps de leur victime.
De quoi occire n'importe quel vampire.
Un bruit sourd lui fit tourner la tête. De l'autre côté du toit, une ancre était apparue, attachée à une corde qui grimpait au ciel. Une échelle de corde suivit le même chemin. Holmes leva les yeux. Un dirigeable attendait. La porte de sortie de Moriarty.
Le détective laissa échapper un sourire. Il était arrivé avant lui.
Rien ne l'empêcherait de prendre sa revanche.
Il capta soudain un bruit, et se figea tout entier. Un raclement.
Entre lui et l'échelle de corde, une trappe se souleva.
Holmes arma son revolver et visa soigneusement... Avant de reconnaître la silhouette.
C'était Watson.
Derrière lui, Holmes distingua enfin Moriarty.
La main sur le menton du docteur, il lui tordait la tête sur le côté, exposant son cou à la piqûre d'une grosse seringue emplit d'un liquide qui reflétait étrangement la lumière.
Il y eut un instant de flottement, durant lequel Holmes dévisagea son ami, tandis que son cerveau s'efforçait de trier les données sans paniquer.
Watson avait l'air au bord de l'évanouissement. Une large plaie était ouverte sur le haut de sa tête. S'il avait été humain, il serait mort, songea le détective avec un frisson d'horreur. Le sang coulait de la blessure en ruisseau continu, qui noyait son œil droit, traversait sa joue, teintait sa moustache de rouge et se perdait dans son cou, où il imbibait lentement ses vêtements.
-Holmes ! Railla Moriarty. Ça faisait si longtemps !
Le détective entendit du bruit, derrière lui, mais ne bougea pas d'un souffle, son arme toujours braqué sur la tête de son ennemi.
-Bon sang... Entendit-il murmurer.
C'était Mccoy. Qu'est-ce qu'il faisait là ? Des bruits de pas lui indiquèrent qu'il n'était pas seul. Il devait y avoir environ six personnes...
-C'est fini, déclara la voix du capitaine Kirk. La bataille est terminée. Les vampires agressifs sont morts ou enfermés, et les autres vont subir un traitement qui leur permettra de garder leur personnalité. L'idée d'avoir des vampires dans son armée semblait plaire au chef des gardes. La reine s'est réveillée, au fait. Dean lui a donné de son sang, et elle est restée parfaitement maîtresse d'elle-même. Elle est en ce moment en train de prendre quelques mesures drastiques.
-Les blessés ont été rapatriés dans divers hôpitaux, continua Bones.
-Et... voilà, conclut Dean, qui ne voulait pas être en reste mais n'avait rien à ajouter.
-Toute l'équipe réunie, ironisa Moriarty en appuyant un peu plus sur le cou de Watson, qui grogna de douleur. Comme c'est émouvant. Mais il me semble qu'il vous en manque deux...
-Ce n'est plus l'heure des jeux, l'interrompit Holmes d'une voix dure.
-En effet, répondit sa Némésis d'un ton semblable. C'est l'heure de faire un choix, Holmes. Le docteur Watson, ou moi ?
-Que contient la seringue ?
-Allons, tu ne l'as pas deviné ?
-Je ne devine jamais. Je déduis. Un composé d'argent ?
-Tu vois, quand tu veux ! De quoi tuer un vampire de manière lente et extrêmement douloureuse. Tu te doutes qu'une fois injecté, c'est irrémédiable...
Holmes échangea un regard avec son docteur. Sa main trembla.
-Holmes, dit doucement Watson. Tuez-le.
Le détective lui jeta un regard fou.
-Tuez-le, Holmes ! Reprit Watson, des larmes dans la voix. S'il s'échappe, il reviendra, et toutes les horreurs de ce soir recommenceront. On ne peut pas le laisser s'échapper, Holmes. Holmes ! s'exclama-t-il alors que l'autre ne réagissait pas. Il s'agit de la vie d'un contre des dizaines, des centaines d'innocents ! Je suis un docteur, j'ai passé ma vie à sauver des gens ! Tirez, Holmes ! Je vous en prie ! Vous-même, aux chutes du Reichenbach, vous étiez prêt à mourir pour tuer ce monstre !
-Ce... Ce n'est pas pareil... bredouilla Holmes.
-Non, c'est pire. Parce que maintenant nous savons de quoi il est capable. Tirez, Holmes ! Sherlock !
Holmes, les yeux brûlant, le regard flou, raffermit sa main sur son arme. Ses yeux croisèrent ceux de Moriarty, qui brûlait d'une certitude absolue. Le génie du mal ne cilla même pas. Il se contenta d'enfoncer l'aiguille entièrement dans le cou de Watson, et posa son pouce sur le piston.
Holmes baissa son revolver.
Moriarty partit d'un rire énorme, la tête rejetée en arrière. Le doigt toujours sur le piston.
-Laissez le partir... Lança le détective, presque comme une supplique.
-Je pourrais le tuer, là, maintenant, juste devant vos yeux... dit Moriarty. Ça serait tellement drôle, de voir votre tête...
Holmes lui jeta un regard brûlant d'une haine pure. Moriarty laissa échapper un nouveau rire et retira la seringue du cou du docteur, qui semblait sur le point de s'effondrer. Avec un atroce serrement de cœur, Holmes songea qu'il devait avoir perdu énormément de sang. Il fit un pas dans sa direction.
Et tout se déroula très vite.
Moriarty, sans lâcher le docteur, tendit sa main en arrière. Il attrapa l'échelle de corde.
Aussitôt, la corde tendue qui retenait le dirigeable au sol se défit.
Il y avait beaucoup de vent.
Une seconde plus tard, ils étaient tous les deux au-dessus du vide, Moriarty accroché à l'échelle et Watson désormais inconscient coincé sous son bras.
Holmes s'était précipité vers son revolver... mais pour quoi faire ? Même s'il parvenait à ne pas toucher Watson et que Moriarty mourrait, son ami tomberait dans le vide...
Et, la mort dans l'âme, Sherlock Holmes regarda le dirigeable survoler les toits de Londres, emportant loin de lui son pire ennemi et son plus cher ami.
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