T4 - Chapitre 6
Watson ouvrit les yeux.
Le monde était flou, incertain. Il se sentait incroyablement faible.
Où était Holmes ?
Dans un effort considérable, il tourna la tête tout autour de lui, dans l'espoir d'apercevoir un visage ami, mais il n'y avait que des silhouettes menaçantes.
Et dieu, qu'il se sentait faible...
Puis il se souvient. La femme en blanc. Elle l'avait pris par surprise.
Il avait dû rester longtemps inconscient. Et il manquait de sang. Terriblement.
— Alors, mon chou, on se réveille ? Commenta une voix féminine.
Il tenta de se redresser, mais retomba de tout son long sur le sol froid.
— Comme on se retrouve... susurra une femme en rouge en le saisissant d'une main à la gorge.
Et grâce à la force prêtée par sa nature vampirique elle le souleva à hauteur de visage, le bras tendu, la main crispée autour de son cou.
Watson, si faible qu'autour de lui le monde tanguait, ne put que porter ses mains à celle qui l'étouffait doucement.
— Du calme, ma chère, intervint une nouvelle voix.
Dépité, Ophelia lâcha le pauvre Watson, qui retomba durement sur le dallage.
Moriarty, car c'était lui, s'accroupit et le saisit par les cheveux pour hisser son visage à la hauteur du sien.
— Docteur Watson, dit-il d'une voix étrangement basse, nous nous rencontrons enfin. Je comprends pourquoi Holmes vous traîne partout, ajouta-t-il d'un ton méprisant mais lourd de sous-entendus, vous êtes plutôt bel homme...
Il passa un doigt le long de la mâchoire du docteur impuissant, qui se crispa tout entier.
— Mmm... Avec du caractère, en plus ! Vous ferez un merveilleux animal de compagnie !
— Je... jamais... balbutia Watson, dont le corps commençait à s'engourdir peu à peu.
Il avait douloureusement conscience de la faim qui le dévorait de l'intérieur, sans pitié, sans répit. Une douleur aiguë, persistante, insupportable. Et, pire que tout, il sentait, à quelques centimètres de sa bouche, battre le cœur de Moriarty, il sentait son sang circuler dans ses veines, et celui de toute l'assemblée.
Il avait faim. Abominablement faim.
— Je crois qu'il a un petit creux, railla Moriarty. Apportez de quoi nourrir le chiot !
Il approcha sa bouche de l'oreille de Watson.
— Je vous goûterai bien, murmura-t-il. Juste pour voir la tête de Holmes... Mais je suppose que ça attendra que vous ayez finit votre repas...
À cet instant entrèrent dans la pièce deux des femmes en blancs. Elles traînaient derrière elle une femme ligotée, qu'elles jetèrent aux pieds de Moriarty.
Le génie du crime plaqua la tête de Watson contre le cou de l'infortuné victime, qui laissa échapper, à travers son bâillon, des cris de terreur.
C'était la pire torture que Watson n'ait jamais connu.
La faim le brûlait de l'intérieur. Chaque cellule de sa peau lui faisait mal, comme chauffée au fer rouge. Et le sang était là, si près. À portée de bouche.
Le sang chaud, le sang rouge, le sang liquide, le sang rafraîchissant, le sang qui calmerait sa douleur, le sang qui le rendrait puissant...
Au prix du plus grand effort de volonté de toute sa vie, Watson détourna la tête.
L'assemblée laissa échapper un cri de stupeur.
— Eh bien, commenta Moriarty, voilà qui est pour le moins inhabituel. Voir complètement inédit. Vous êtes plus intéressant que vous en avez l'air, mon petit docteur... Mais ce n'est pas ça qui vous sauvera.
Il lâcha Watson, qui s'affaissa à nouveau sur le sol froid, la tête rejetée en arrière.
Il avait mal. Tellement... Tellement mal... et faim... comment pouvait-il avoir aussi faim ?
Il entendit très vaguement, à la lisière de sa conscience, un gargouillis étouffé.
Il sentit le sang gicler.
Un liquide chaud coula entre ses lèvres. Il voulut tourner la tête, cracher, faire quelque chose, mais il n'avait plus la moindre force.
Et le sang, empoisonné par la peur de l'infortunée jeune fille, coula le long de sa gorge.
— Avant que vous ne passiez de notre côté, déclara la voix de Moriarty, j'aimerais que vous sachez que vous serez l'instrument de la perte de Holmes.
— Non... laissa échapper Watson dans un râle.
— Oh que si.
Il ferma les yeux. Il sentait déjà celui qu'il était disparaître, se dissoudre dans les limbes de désirs étranges, de pulsions meurtrières et d'envie de violence. Mais Holmes... Pas Holmes... Dieu du ciel, je vous en supplie... Pas...
Sa prière mourut d'elle-même. Mais qu'est-ce qu'il faisait, à penser des choses pareilles ? Il valait plus que ça.
Il ouvrit les yeux.
— Bienvenu parmi nous, lança Moriarty.
Le vampire sourit et se redressa pour mieux s'étirer.
— N'est-ce pas beaucoup mieux ainsi ? Demanda Ophelia en se lovant dans ses bras.
Watson – ou celui qui avait été Watson – lui prit le visage entre deux doigts et l'embrassa sauvagement.
— Oh que si, répondit-il en riant.
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