
T2 - Chapitre 4
— Holmes, pourquoi y a-t-il un rasoir sur mon lit ? Demanda le docteur en passant la tête dans l'entrebâillement de la porte.
Le détective ne daigna pas relever son nez du carnet de Van Helsing.
— Pour vous raser la moustache, Watson, répondit-il distraitement. C'est étrange, je jurerais qu'il manque au min une page, à la fin...
— Me raser la moustache ?!
— Peut-être est-elle tombée lorsque Van Helsing à si négligemment jeté son carnet à travers la pièce ? Continua l'autre, pensif.
— Holmes ?
— Mais il va être difficile de les retrouver, soupira le détective en jetant un coup d'œil au capharnaüm ambiant, qui s'était accentué depuis la mort de leur logeuse.
— HOLMES !
— Oui, Watson, qui a-t-il ? Répondit enfin le détective d'une voix excédée.
— J'aimerais, si cela ne vous indispose pas trop, que vous m'expliquiez pourquoi vous voudriez que je rase l'ornement pileux qui me tient lieu de moustache. Si vous êtes disposé à répondre, bien entendu. Je ne voudrais pas interrompre vos activités spéculatives.
Holmes lui lança un regard amusé.
— Watson, avez-vous déjà réfléchi au fait que nous sommes, vous est moi, les seuls à connaître votre état vampirique ?
— Non, il y a aussi...
Le docteur s'interrompit, se rendant soudain compte que Holmes avait raison. Le vampire qui l'avait transformé était mort, et tous ceux qu'ils avaient rencontré depuis avait partagé son sort.
— Qui se douterait que John Watson, biographe et collaborateur du nouveau chasseur de vampire attitré de Londres, soit lui-même atteint de cette étrange maladie ?
— N'en rajoutez pas, Holmes, et dites-moi ce que vous avez fomenté.
— Une « modeste » réception est donné ce soir dans l'hôtel particulier de lady Lawdor. Étant donné les temps troublés, la sécurité est renforcée à son maximum, seul les vampires peuvent y pénétrer. Même les serviteurs ne seront pas humains.
— Vous voulez... que je m'infiltre ?
— Exactement. Nous somme le 22. La cérémonie à lieu demain, et je n'ai pas l'ombre d'une idée sur sa localisation. Moriarty est rusé. Il sait comment je pense.
— Mais si... Si je suis forcé de violenter quelqu'un ? De boire du sang d'innocente victime ?
L'idée de boire le sang de quelqu'un contre son gré le révulsait de tout son être.
— Vous trouverez une solution, répondit le détective en haussant les épaules.
— Non, Holmes, vous ne comprenez pas, je ne veux pas boire de...
— Bien sûr, le coupa l'autre, vous devrez aussi vous teindre les cheveux. Le noir corbeau vous ira plutôt bien.
— Quoi ? Holmes !
— J'ai disposé le nécessaire sur votre lit. Je vous laisse faire, ajouta-t-il en repiquant du nez dans son précieux carnet.
Watson leva les yeux au ciel et s'apprêta à faire ce qu'il faisait toujours : obéir aveuglément au détective en croisant les doigts.
*
— Je continue à penser que c'est une très mauvaise idée, souffla Watson. Vous n'arrêtez pas de dire que je ne sais pas jouer la comédie. Il vous est même arrivé de me faire croire que vous étiez mourant pour ne pas que je vous trahisse auprès du coupable !
— Certes, certes... Mais là, mon cher Watson, nous n'avons pas vraiment le choix. Vous n'avez qu'à vous tenir le plus proche possible de la réalité. Vous vous appelez John Stevenson, vous avez été soldat en Inde, rapatrié pour blessure, et vous êtes devenu médecin traitant. C'est lors d'une de vos visites à un malade de Withchapel qu'un vampire vous a trouvé à son goût, et vous a transformé.
Watson était mal à l'aise.
— Si vous le dites...
— Tout ira bien, le conforta Holmes en tapotant son bras d'un air emprunté. Et si quelque chose tournait mal – ce qui est bien entendu hautement improbable – vous n'aurez qu'à sortir par l'arrière. Je vous y attendrais dans un cab. Le docteur eu une moue dubitative. Watson, ajouta Holmes en baissant le ton sur un air conspirateur, n'avez-vous pas remarqué que toutes les vampires que nous avons croisés jusqu'ici sont très belles ? La maladie vampirique conserve apparemment le sujet dans une sorte de jeunesse éternelle...
Le docteur le fusilla du regard, mais ne pu s'empêcher de sourire. Son ami le connaissait bien.
Il descendit du cab, qui patientait depuis tout à l'heure, et rajusta son costume.
— Comment suis-je ?
— Parfait, mon ami, parfait ! Lui lança Sherlock Holmes en disparaissant dans les ombres.
Watson soupira et se dirigea d'un pas qu'il espérait confiant vers l'entrée des convives.
La mascarade pouvait commencer.
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