Chapitre 9
-Bonjour, Watson, bien dormit ?
-Étonnamment, oui, répondit le médecin en s'asseyant en face de son ami. Et vous ?
-Peu, mais bien, répondit le détective en reposant le Times.
-Des nouvelles ?
-Horribles, répondit-il en souriant. Figurez-vous qu'on a retrouvé les corps mutilés et brûlés d'une vingtaine de noble, à Abney Park. La police est complètement dépassée. Lestrade est passé tout à l'heure, d'ailleurs, je n'ai pas voulu vous réveiller. Je lui ai dit que je savais qui était le malfaiteur, et que j'étais sur sa piste.
-Ce qui n'est pas entièrement faux, souris le docteur.
Le détective porta sa tasse de thé à ses lèvres et s'interrompit a mis chemin, croisant le regard coupable de son ami.
-Qu'y a t-il, Watson ? Vous ne vous sentez pas bien ?
-Holmes, j'ai... j'ai faim, répondit-il en baissant honteusement la tête. Et l'idée même de nourriture me dégoûte.
-Eh bien, faisons au plus simple, déclara le détective en haussant les épaules.
Sans rien ajouter de plus, il se saisit de la tasse encore vide du docteur, pris son couteau, et s'entailla le poignet en grimaçant. Le sang coula lentement de la plaie.
-Holmes ! S'écria le médecin en partant en catastrophe chercher sa trousse médicale, vous ne pouvez pas vous saigner à tout bout de champs de cette façon !
-Tout vas bien, Watson, répondit-il tandis que son ami lui bandait le poignet. D'après Van Helsing, cent millilitres de sang par jour suffisent à un vampire pour survivre.
-Vous voulez me donner du sang tous les jours ?
-Je n'en mourrais pas ! Et vous non plus, ce qui est tout de même le but de l'opération.
Les coudes sur la table, Watson cacha son visage dans ses mains.
-Quelle histoire de fous... murmura t-il. Ça ne va pas fonctionner, Holmes... Ça ne peut pas...
-Mais si, vous verrez, Watson, tout ira bien. Vous changez juste de régime alimentaire.
-Et ça ne vous gêne pas d'en être le plat principal ?
-Ma foi, je m'y ferais.
-Soit, capitula le docteur, mais à plusieurs conditions. D'abord, vous arrêtez de vous taillader les veines. Je vous prendrais moi-même du sang, avec une seringue.
-Ça sera en effet plus civil, répondit le détective.
-Ensuite, vous allez devoir manger plus que ça, et ne plus vous droguer. Et non, Holmes, ce n'est pas négociable. Si je vous vois encore traîner près de votre solution à sept pourcents ou si vous sautez des repas à la chaîne, j'arrête de boire votre sang et je me laisse mourir dans un coin.
-Eh bien, Watson, soupira le détective, vous voila bien autoritaire soudain...
-Holmes ! Je suis encore médecin, et je refuse de vous mettre en danger ! Lorsque vous serez malade, je me débrouillerais pour trouver du sang autre part !
-Très bien, docteur, abdiqua le détective. Je vais aussi faire jouer quelques relations. Je devrais pouvoir faire monter un réseau efficace. Mes affaires m'ont rapporté largement assez d'argent pour cela. Et je suis certain que beaucoup seraient heureux de donner leur sang pour de l'argent.
-Si vous le dites, Holmes... mais surtout, qu'ils le fassent tous volontairement, d'accord ? Je ne veux pas ressembler à ces autres... Monstres. Mon Dieu, voila que nous avons une discussion sur la manière de me procurer quotidiennement du sang !
-N'en parlez pas à Conan Doyle, rit le détective, je ne suis pas sûr qu'il apprécie cette nouvelle histoire !
-Oh, vous savez, on ne dirait pas, mais il a lui-même écrits quelques nouvelles plutôt excentriques ! Avec des dinosaures, notamment.
-Des dinosaures ?
-Mais oui.
Il y eu un silence.
-Pourquoi, Holmes, pourquoi ne suis-je pas devenue semblable aux autres vampires ?
-Je ne sais pas, mon cher Watson. Mais je n'ai pas fini de lire le carnet. La réponse est peut-être là... Allez, cessez de perdre du temps, et buvez votre tasse. Vous êtes livide.
-Je crois que ça va devenir un état permanent, grommela le docteur en portant la tasse à ses lèvres.
Il s'était attendu à de la répulsion. Du sang humain, tout de même ! Mais le liquide coula agréablement le long de sa gorge. Il en sentit toutes les saveurs, étranges, déroutantes, puissantes. Étrangement, il reconnut Holmes, dans ce sang, tel qu'il le connaissait depuis si longtemps. Au premier abord froid et cynique. Et pourtant bon et généreux.
-On pourrait vous croire en train de déguster un bon vin, commenta Holmes en souriant. Suis-je goûteux ?
-Je... Oui, répondit franchement le docteur, dérouté par l'expérience. Je me sens... Je me sens plus fort... Plus... Vivant...
-Ce qui est plutôt ironique, vous en conviendrez.
Le docteur lui lança un regard assassin.
-Si vous avez finis de vous moquer de moi, peut-être pourriez-vous m'expliquer la suite des opérations ?
-La « suite des opérations », Watson, ça va être de leur inspirer la crainte à nos seuls nom. Les piéger un par un. Puis détruire Moriarty. Pas forcément dans cet ordre, bien entendu.
-Bien entendu...
-Je pense que nous sommes d'accord pour dire que j'ai fait une erreur, une énorme erreur, la nuit dernière, qui aurait pu vous coûter la vie. Nous ne pouvons pas les affronter stupidement, avec deux sabres contre une armée.
-L'avantage, c'est qu'ils ne s'y attendaient pas, argua Watson.
-Et que maintenant, ils s'y attendront, renchéris Holmes. Ils penseront que c'est ma manière d'agir.
-Et sa sera leur perte, conclu le docteur. Je sais que je ne pourrais jamais le publier, mais je crois que je vais quand même écrire cette histoire, sourit-il. « Sherlock Holmes contre les vampires de Londres » !
-N'oubliez pas le docteur Watson, répondit en souriant Holmes.
- « Sherlock Holmes contre les vampires de Londres, excepté le docteur Watson parce qu'ils sont amis » ?
-C'est vous le romancier, mon cher, rit Holmes. Je vous fais confiance.
A suivre...
(Pourquoi le docteur Watson ne s'est-il pas transformé de la même manière que les autres vampires? Réussira t-il à gérer sa soif de sang? Que prépare Moriarty?
Autant de questions qui trouveront leur réponse dans le "tome" 2: Le Sang des Ennemis...
En espérant que vous avez apprécié cette lecture!! ;) )
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